Putain de crabe. 10 ans avec, qu’il  a vécu, Bernard Giraudeau. Dans 8 jours, ça fera dix-huit ans que mon  père en est mort. 18 ans, c’est énorme. J’en ai fait des choses,  depuis ! Changé deux fois de boulot, acheté un appartement, deux  voitures, quatre ou cinq ordinateurs,… 18 ans.  
Et maintenant, on vit  dans l’instant. L’information la plus rapide qu’il soit. C’est dans  twitter que j’ai appris la mort de Bernard Giraudeau, hier. Un twit  d’Antoine, résumant parfaitement ma pensée.
J’ai été vérifier Google News. Il avait  raison. Un peu après, je tombe sur un twit d’Yann, qui annonçait son  billet d’hommage. 
J’ai répondu, je crois : « moi aussi, je ne sais pas pourquoi ». Olympe et Doudette ont tenté de  trouver des explications. Olympe nous a retrouvé une récente interview  de Giraudeau, dans  Libé (lisez, je vous le conseille).
Mais non, c’est autre chose, une espèce de mélancolie,  une page de ma jeunesse qui se tourne. Même si ça n’a rien à voir, ça  fait un peu le même sentiment que lors de la mort de Ginette Garcin, le mois  dernier. « Un peu triste » était le titre de mon billet, suite à une  réflexion de Gaël.Là, c’est pareil.
Yann a fait un  billet. Je voulais le faire, aussi. Sortir ma tristesse en versant sans  talent un modeste hommage. Ca aurait été mon boulot de blogueur. Brandir  Partageons mon avis pour annoncer la mort d’un acteur. Ginette Garcin  n’avait eu droit qu’au présent blog. 
Mais j’ai renoncé. Je n’ai même pas  pensé à faire dans la sobriété, comme Yann. Trois lignes. J’ai ouvert  mon Word pour commencer mais qu’allais-je écrire ! Depuis 16 ans que  j’habite bicêtre, je n’ai pas été au cinéma, j’en ai perdu l’envie, je  n’aime pas ça. Dans le blog politique, je citais, ce matin, la patronne  de la Comète.  Au   cours du même apéro, c’est moi qui ai appris à mes camarades de  comptoir la mort de Bernard Giraudeau. La patronne ne le connaissait  pas ! Tu parles, quand on fait les fermetures des comptoirs, l’activité  au ciné du coin ou à la télé nous est étrangère.
J’ai ouvert mon Word  puis j’ai pensé. J’avais appris l’information grâce à Twitter. J’étais  probablement le premier blogueur à être au courant. L’information ne  faisait même pas, encore, la une de la presse en ligne, juste une vague  dépêche était reprise, le temps que les nécrologies soient rédigées.  Dans ces conditions, si j’avais fait le billet sur PMA rapidement, comme  je sais le faire, j’aurais été bien référencé. J’aurais eu un bon  millier de visiteurs de plus.
Mais j’en ai marre, je ne joue plus. Putain de crabe.
La mort de Bernard  Giraudeau a fait remonter en moi des souvenirs de jeunesse. Pas  nécessairement plaisants, l’Année des méduses étant un des film les plus  chiants que j’ai vu pendant ma carrière de cinéphile !
Je ne sais pas quoi.
Hier soir, à la  Comète , j’étais le  seul client au comptoir, avec Djibril. Deux ou trois gugusse dînaient  en salle. La serveuse avait oublié son iPod et la patronne l’avait  branché sur la sono. On a eu le droit à REM. Les souvenirs de la même  période de ma vie me sont remontés en mémoire. Je ne sais pas pourquoi,  j’ai pensé à nouveau à Bernard Giraudeau.


Joli billet... Oui, putain de maladie. Putain de vie qui fait chier des fois...
RépondreSupprimerBon dimanche quand même
Bon dimanche !
RépondreSupprimerBel hommage qui nous ramène tous à notre propre histoire.
RépondreSupprimerYann,
RépondreSupprimerMerci. Ouais, ces histoires nous touchent pour notre propre vie.
Très joli billet. J'avais rencontré Giraudeau, c'était un homme de coeur et d'une grande gentillesse. Je l'ai vu sur scène. Il était un comédien épatant.
RépondreSupprimerA la télé, il passe une interview de lui datant de moins de 4 mois... comment peut-on passer de cet état de "vivant" sans stigmates à un état de mort ?
Tu as raison, ce Cancer est une sale bestiole !
J'avais vu cette interview dont tu parles peu après le décès de mon épouse : ça m'avait retourné, car ses mots étaient si justes, que je m'étais cramponné pour aller au bout... J'y avais retrouvé le courage de ma chère et tendre, encore active dix jours avant son décès, malgré la douleur.
RépondreSupprimerLe mot de Doudette qui s'interroge sur le passage de la vie à la mort est très juste lui aussi. On a beau savoir l'épée suspendue, on essaie de se persuader que le fil est en acier, et que le pire n'arrivera pas. Et toujours, quand le fil a cassé, on se demande : et si on avait fait ci, plutôt que ça...
Une grande pensée pour Giraudeau, homme de cœur, et pour ses proches.
Philippe Chevé
Doudette,
RépondreSupprimerMerci. Oui, ça va trop vite.
Philippe,
Oui, j'ai été assez proche de plusieurs personnes mortes du crabe (un oncle, mais j'étais trop jeune, peut-être, mon père, Véronique, l'ancienne patronne de la Grenouille, ...) et à chaque fois, c'est pareil, on est persuadé que l'issue sera positive.
J'aimais beaucoup Giraudeau, sa discrétion, sa visible gentillesse. J'ai été peinée d'apprendre qu'il avait lutté toutes ces années pour ne retarder que l'échéance, finalement.
RépondreSupprimerComme toi, j'ai hésité à écrire un billet mais qu'aurais-je dit ? Il est des gens comme lui qu'on n'a jamais appproché mais pour lesquels on éprouve une forme de tendresse.
C'est toujours con à dire mais il faudrait chaque jour vivre comme si c'était le dernier et arrêter de se branler la nouille sur des conneries.
J'aimais beaucoup Giraudeau, sa discrétion, sa visible gentillesse. J'ai été peinée d'apprendre qu'il avait lutté toutes ces années pour ne retarder que l'échéance, finalement.
RépondreSupprimerComme toi, j'ai hésité à écrire un billet mais qu'aurais-je dit ? Il est des gens comme lui qu'on n'a jamais appproché mais pour lesquels on éprouve une forme de tendresse.
C'est toujours con à dire mais il faudrait chaque jour vivre comme si c'était le dernier et arrêter de se branler la nouille sur des conneries.
C'est une belle saloperie le cancer, ça vient t'apprendre que tu es toi-même vivant temporairement. C'est aussi mystérieux à cause de ses propres cellules qui décident de ne plus respecter l'harmonie de l'ensemble et à proliférer toutes seules, jusqu'à détruire l'organisme.
RépondreSupprimerMon père, c'était en mai 2000…
:-)
Fiso,
RépondreSupprimerJ'ai vu des gens qui avaient fait un billet de trois lignes. Ca suffit peut-être pour Giraudeau : il n'y a pas besoin d'en dire plus.
Poireau,
Ouais, saloperie...