27 octobre 2025

Renaissance d'un quartier ?

 


Je le disais dans mon dernier billet, la Comète va changer de taulier et je suis content : c’est un ancien patron qui reprend la boutique et c’est un copain. Mais cette satisfaction personnelle fera l’objet d’un prochain billet. Ce qui me réjouit, « maintenant », c’est qu’un type qui avait vendu l’affaire y revienne : il a estimé que le bistro et le quartier avaient du potentiel alors que te trouvais que le coin partait en couilles ! Les commerces n’étaient progressivement plus à la hauteur d’un quartier où j’aimerais habiter.

Oups ! Soyons honnête : j’y habite déjà et je compte bien me barrer quand je serai à la retraite, dans quelques années.

 

Le dernier gros changement survenu dans le quartier est le remplacement d’un chausseur par un grossiste en épicerie orientale. C’est vraiment le genre de commerce qui ne m’intéresse pas (je fais mes courses au Leclerc du coin, encore plus près de chez mo) et qui n’apporte rien au quartier. Il y a déjà un ou deux commerces équivalents à moins de deux cents mètres. Par contre, on ne peut plus acheter de chaussure dans le quartier.

Un peu après, un magasin d’appareils auditifs (qui ne servait à rien, les gens préfèrent acheter chez des opticiens, dont le quartier est bien pourvu) par une petite épicerie orientale, complètement inutile (il y a les grossistes, le Leclerc et un « arabe du coin »). Ces deux commerces n’apportent rien mais prennent des emplacements qui auraient pu être plus utiles (j’espérais un magasin de prêt à porter mais chacun ses besoins…). Ils ne drainent pas de clientèle intéressante, tout au plus des jeunes du quartier qui y achètent des sodas et s’entassent devant, faisant fuir d’éventuels badauds qui, au moins, feraient croire que le quartier bouge.

Dans ce coin, outre les épiceries orientales, on a beaucoup de petits commerces de restauration raide : des sandwicheries, des « boutiques asiatiques », des kébabs… Entre nous, je n’aime pas ces trucs : ils ont des prix élevés mais juste en dessous de ce qu’on pourrait acheter dans une brasserie où il y a un vrai service… Nous avons aussi, je le disais plus ou moins, deux opticiens mais aussi quatre ou cinq banques (et trois autres cent mètres plus loin), deux ou trois boucher hallal, une pâtisserie orientale… Mais il n’y a plus de magasin d’alimentation spécialisée ou traditionnelle (boucher – charcutier, fromager, poissonnier), de boutique de fringues, de fleuriste (le dernier à fermé il y a moins d’un an).

 

Je vous assure que c’est assez déprimant pour un lascar comme moi qui aime bien baguenauder dans les rues… (j’avais raconté une vague de décès dans mon entourage vers mai : j’ai été obligé de commander les fleurs par Internet au lieu de trouver un commerçant spécialisé qui aurait pu me trouver les lieux de livraisons, les horaires de cérémonie et de donner des conseils).

La première bonne nouvelle dans le quartier vient d’un magasin un peu plus loin (à côté de l’hôpital) où une espèce d’arabe du coin (j’entends par là une épicerie qui vend un peu de tout) a été remplacé par un libraire !

Enfin un commerce qui ne nous fait pas sombrer dans le tiers monde ou, a contrario, dans le tertiaire !

 

Il y a quelques semaines, on a appris que « le Théâtre », une brasserie du quartier allait rouvrir après avoir été remplacée quelques années par un vendeur de spécialité asiatiques… Enfin un commerce qui s’adresse aux gens du coin et pas à trois locdus qui passent par là en sortant de l’hôpital pour rejoindre le métro !

J’ai appris, juste après, les changements à la Comète. Tiens ! Le quartier allait revivre !

 

Depuis quelques temps, on savait que l’Ephad en face de l’Amandine allait fermer. Samedi, j’ai discuté avec le maire et je sais maintenant ce qu’ils vont faire à la place (des petits logements mais je n’en dirai pas plus, je ne sais pas ce qui a été déclaré dans la presse !). Enfin des nouveaux appartements de petite taille, donc pour des célibataires qui pourraient faire vivre le quartier !

 

Le quartier revit ?

Voir la photo, au début. Vous auriez vraiment envie d'habiter ce quartier ?

24 octobre 2025

La Comète est morte, vive la Comète !

 


La Comète va changer de patron ! Ca mérite bien un billet de blog, non ? Même si elle n’est plus mon fief depuis un peu avant le Covid. Elle est pratique, cette épidémie, elle permet de fixer des repères, dans le temps… A l’époque, c’était François le patron. Il travaillait avec son épouse, Ambre, mais ils avaient des enfants en bas âge et elle était rarement présente. Je me rappelle la première fois où je l’ai vu, en 2015, elle était si grosse qu’elle passait à peine derrière le comptoir !

Vers 2018, François avait pris une autre affaire, à la Mutualité, et n’était que rarement présent, contrairement à Ambre mais il a eu la mauvaise idée de nommer un responsable (« l’Espagnol ») pour les soirées. Or cette andouille foutait une mauvaise ambiance, il n’arrêtait pas de parler, passait de la musique à chier (désolé, mais apprécier en permanence de la musique espagnol dans un bistro était un peu au-dessus de mes forces). En septembre 2019, je n’en pouvais plus et commençais déjà à fréquenter moins ce bistro.

Peu après, ils ont vendu l’affaire. C’était prévu pour début avril 2020, je crois, mais ça a été décalé un peu à cause du Covid. Je n’ai que très peu connu  Jérôme, surtout à cause de cette saloperie qui nous empêchait de fréquenter les comptoirs. Jérôme ayant repris l’affaire à une mauvaise époque était perturbé et il a fait une grosse connerie : il n’a pas compris que quand les bistros pouvaient servir en terrasse mais pas à l’intérieur, il avait l’occasion de gagner un maximum d’oseille car il avait la possibilité d’avoir la plus grande du quartier.

Disons-le : il a été très con !

Moi-aussi, peut-être ! En tant que défenseur des bistros en général et de celui-là en particulier, je n’ai pas supporté qu’il se saborde ! Je l’ai pris en grippe (et je crois que je ne m’en suis pas encore remis). Je me suis mis à fréquenter plus l’Amandine que j’avais un peu délaissé lorsque le patron, Michel, avait vendu à Lounès quelques années avant.

De toute manière, entre la fin de l’été 2020 et le début de l’automne 2021, j’ai passé beaucoup plus de temps en Bretagne… Puis il a bien fallu que je revienne de temps en temps au bureau !

 


Entre temps, la Comète avait coulé et Jérôme a été obligé de vendre. C’est le propriétaire d’une autre brasserie qui a racheté et il a mis, à partir de septembre ou octobre 2021, André comme « patron salarié ». C’était la deuxième fois de ma vie où le patron d’un bistro que je fréquentais assidument n’était ni propriétaire ni locataire du fond (la première était aussi à la Comète de janvier à mai 2008). Pour le commun des mortels, ça ne devrait rien changé mais j’ai une relation particulière avec ces commerces… En fait, quand le patron est salarié, s’il fait des efforts pour faire tourner l’affaire, il ne gagne rien. S’il y a un surcroit de chiffre d’affaires, le proprio va considérer que c’est conjoncturel et ne va pas filer plus de pognon aux types qui bossent et qui ont pris des initiatives pour lui rapporter plus d’oseille.

D’ailleurs, André a rapidement arrêté de bosser le samedi ! Il faisait déjà midi à 23 heures tous les jours, il n’avait aucune raison de se casser le cul.  

Ni André ni moi n’étions des bavards alors on discutait peu mais on s’aimait bien, tout de même. Il était très gentil et m’a rendu des services son négligeables dès le début (par exemple, il m’avait apporté des affaires personnelles quand j’étais hospitalisé pour la deuxième fois en quelques mois alors qu’on ne s’était côtoyés que deux ou trois semaines). On a été ainsi assez complice jusqu’à son départ sans être ami comme j’ai pu l’être, à différents niveaux, avec ses prédécesseurs, surtout que j’avais remplacé la Comète par l’Amandine comme fief.

D’un côté personnel, j’ai vécu une sale époque (première hospitalisation dès octobre 2021, deuxième le mois suivant, avec un mois de convalescence ensuite, un lourd suivi hospitalier puis une opération des poumons en juillet 2022).

Fin 2022, André est parti et les propriétaires ont mis en gérance : un homonyme, Nicolas, est devenu patron.

 


A noter que cette période, disons de juillet 2018 à fin 2022 a correspondu à beaucoup de changement, pour moi. Ma mère a été malade et j’ai dû passer plus de temps près d’elle, j’ai donc réussi à avoir droit à du télétravail sur place. Ensuite, elle est entrée en maison de retraite et je suis devenu le principal occupant de sa maison car j’ai augmenté mes déplacements au bled, pour qu’elle ne soit pas seule et pour soulager ma sœur et mon frère qui habitaient à proximité mais avaient plus de contraintes alors que mon boulot me fichait la paix. Ensuite, il y a eu le Covid puis mes maladies et comme elles concernaient mes poumons, je n’avais plus le droit d’aller au bureau donc j’ai commencé à passer la moitié de ma vie en Bretagne.

Il y a eu d’autres changements après, comme la mort de ma mère et le fait que j’hérite de la maison mais cela a peu d’importance (dans le contexte de ce billet, évidemment !).

Et tout cela a des impacts sur ma fréquentation des bistros à Loudéac ! Mon fief était le 1880 mais comme il est fermé les lundis et mardis, j’ai pris l’habitude d’aller de plus en plus souvent au Café de la gare. En outre, avec la maladie, j’ai arrêté de trainer tard (le 1880 ferme à une heure les vendredis et samedis soir – dire les samedis et dimanches matin serait plus exact), d’autant que les patrons ont eu une petite fille ce qui fait que Cécile n’était plus disponible pour me ramener à la maison. Et comme le Café de la gare est plus proche de la maison, j’ai souvent la flemme d’aller plus loin… Les aléas de la vie… C’est même pire que ça ! Le Café de la gare ferme à 20 heures. J’ai pris l’habitude de m’arranger pour y arriver avant 19 quand j’allais au 1880 avant ce qui fait que j’ai carrément arrêté de passer les soirées au bistro quand je suis à Loudéac. Ma crainte est la suivante : si je finis au 1880, je n’ai plus de contrainte horaire les vendredis et samedis, je pourrais être tenter par l’envie de multiplier « les dernières pintes » et de devoir rentrer en vélo saoul comme un cochon (je l’ai fait une fois après 17 pintes alors que j’avais déjà plus de 55 ans ; ne le dites à personne). La sagesse… D'un autre côté, je suis bien dans les deux bistros !


Tant que j’en suis à parler de mon vélo et de l’été 2018… Je crois que c’était en juillet de cette année que ma mère a cassé sa voiture. J’ai donc acheté mon premier vélo électrique et, surtout, je n’avais plus d’automobile à ma disposition pour les vacances et j’ai arrêté de bouger alors que, à une époque de ma vie, je faisais près de 60 000 km par an.

 


Cette période de 2018 (symbolisé par l’arrivée de l’Espagnol) à 2022 (symbolisée par le départ d’André et ma reprise d’une alternance normale entre le télétravail et les passages au bureau) n’est pas la première de ma vie où des changements, à la Comète, coïncident avec des changements autour de ma vie « personnelle ».

En marge, bien sûr, il y a eu 1996. Cette année-là, j’ai changé de métier (passant de maîtrise d’œuvre à maîtrise d’ouvrage), la petite SSII familiale dans laquelle je bossais a été achetée par un grand groupe, j’ai quitté une association dans laquelle j’étais militant depuis 1977, ne me laissant plus aucune attache en Bretagne (à part, bien sûr, les copains et la famille), j’ai fait un « gros coup de déprime » avec arrêt maladie (mon toubib craignait un début de dépression), j’ai recommencé à travailler dans Paris intra-muros ce qui nécessitait, pour moi, la reprise quotidienne des transports en commun et limitait mes capacités de revenir au bled… Un soir, en rentrant à l’appartement, j’ai décidé de « refaire ma vie ». Je suis donc rentré dans la Comète où j’ai été rapidement royalement accueilli par les patrons, le personnel et les clients. Je m’y suis fait des vrais amis et la Comète a rythmé ma vie.

J’y ai passé toutes les soirées jusqu’au Covid et pas mal de dimanches midi. Plus de 25 ans.

Il y a eu 2008. Déjà, au début de l’année, Martine et Jean qui tenaient la Comète depuis très longtemps (ils étaient là en 1996) ont pris leurs retraites. Vers avril, j’ai changé d’employeur presque pour la première fois de ma vie (ça m’était déjà arrivé une fois mais j’avais suivi mon chef de l’époque). J’ai changé à nouveau de métier (passant de consultant à employé d’une banque). J’étais très perturbé, avait changé de points de repère plusieurs fois en quelques mois et en mai, les patrons depuis cinq mois (j’en parle un peu plus haut) ont jeté l’éponge. La Comète a été revendue, toute la décoration a été refaite, la véranda a été supprimée (depuis le début de l’année, il était devenu interdit de fumer dans les bars, il fallait donc refaire des terrasses), l’établissement a carrément changé, passant de vieille brasserie de banlieue à ce qu’on appelle « un bistro parisien », cherchant plutôt une clientèle de bobos, assez riches pour le quartier et fermant le comptoir à partir de 19 heures… J’étais perdu.

 


Et, aujourd’hui (ou plutôt au 1er janvier), les patrons vont encore changer. Je ne suis pas du tout inquiet ! Il n’y aura pas beaucoup d’impacts pour moi : je connais le nouveau patron, c’est François, celui qui était là de 2015 pour plusieurs années, jusqu’à ce qu’il se fasse remplacer par « l’Espagnol ».

Avant son arrivée, je vous en dirai plus sur les circonstances, dans un ou deux nouveaux billets.

 

J’ai presque oublié un changement. Après 2008, j’avais presque comme slogan « la Comète est magique ». En 2022 (je finis par m’y perdre), ils ont refait la décoration ce qui était plus que nécessaire ! Mais les couleurs ont changé, la luminosité a changé… et la Comète a perdu sa magie, ce petit truc qui faisait qu’on y était si bien, dans la salle du fond ou la petite terrasse, en soirée, lors de tablées avec des copains.

 

P.S. : juste en dessus, je parlais des « circonstances » qui restent à raconter. Il n’y a rien d’exceptionnel mais j’ai de quoi faire quelques billets… Notamment, je n'ai encore jamais de l'époque récente, depuis 2023.

07 octobre 2025

Adieu Philippe !

 


J’ai appris la mort de mon copain Philippe. Il allait avoir 65 ans le 23 de ce mois, il me semble. Je n’en sais pas plus. Je l’ai connu en 1980 et on s’est perdus de vue une vingtaine d’année plus tard. On s’est retrouvés dans les réseaux sociaux (Twitter et Facebook) mais on ne communiquait pas. Tous les jours, en likant les tweets où je diffusais mes billets de blog, il me rappelait qu’il était là, comme une sorte d’ange gardien. Je n’ai jamais su s’il appréciait mes billets ou s’il ne faisait que me saluer.

Politiquement, nous n’étions pas éloignés (mais la politique n’était pas au cœur de nos relations). C’est un peu lui, tout de même, qui a provoqué mon affirmation publique pour ma chose du même métal. En 1990, il m’appelait « le jospinien ». Non seulement, j’étais souvent d’accord avec celui qui était ministre de l’Education nationale mais, en plus, il parait que j’avais une réelle ressemblance physique avec lui (les lunettes, la coiffure…).

Parfois, il m’appelait Jegoun ou yegoun pour se foutre de certains de mes « traits juifs » comme, par exemple une radinerie à l’excès dans certains cas alors que j’étais déjà flambeur pour les sorties ! J’ai déjà raconté comment mon pseudo sur le web était devenu « jegoun » (njegou était déjà pris quand j’ai créé mon premier compte chez Wanadoo) mais l’ombre de Philippe planait au-dessus de moi…

 

Quand on s’est connus, j’avais 14 ans. J’étais membre de la section locale d’une association, à Loudéac. Lui était jeune responsable dans la section de Lannion. Nous nous voyions à l’occasion d’activités départementales, notamment pendant des séjours de vacances à Pâques et à l’été. Dès l’été 1980, il nous avait à bonne, avec Dominique. Progressivement, les copains de Loudéac, Gilles et un autre Philippe, puis le jeune Marc, se sont joints à nous. Il a commencé à vernir de plus souvent à Loudéac, faire la fête avec nous, notamment pour les réveillons et il s’était lié avec les autres personnes de la bande.

La fête ? Même si j’avais commencé à boire quelques bières avant, j’ai pris ma première vraie cuite à 17 ans, pendant les vacances de Pâques, alors qu’il était directeur d’un de nos séjours. N’y voyez pas de mal, au contraire ! Il se doutait bien que des loustics comme nous n’allions pas tarder à faire le mur pour picoler alors il préférait nous garder près de lui pour nous surveiller. C’est un des principes éducatifs que j’ai appris de lui quand j’ai pris des galons dans l’association, non pas d’encourage la boisson, mais de faire semblant d’ignorer les conneries des mômes pour leurs éviter de faire des conneries plus graves. Par exemple, s’ils fumaient en cachette dans les chiottes, je faisais semblant de ne rien voir pour qu’ils n’aillent pas mieux se cacher, voire faire le mur.

Ainsi, nous avons « grimpé » les échelons de l’association. Je crois qu’il a été responsable du groupe de Lannion, responsable départemental et membre de l’échelon régional. Quant à moi, je suis devenu trésorier départemental puis régional et surtout directeur adjoint de gros centres de vacances puis directeur. Il a toujours été à mes côtés, comme une espèce d’éminence grise. Je prenais une responsabilité, il s’arrangeait pour être près de moi, il se désignait, par exemple, comme responsable du matériel. Un protecteur.

Tout ça s’est terminé en 1996, pour moi, quand j’ai quitté les instances autres que locale de l’association. Lui a continué. Par la suite, nous sommes partis quelques fois en vacances ensemble, avec Gilles mais tout s’est terminé au bout de peu de temps. Nous retrouver dans l’association nous « fédérait ». Parallèlement, nous avons eu nos carrières professionnelles. Lui a obtenu une mutation de Paris à Lannion et, moi, j’ai commencé à revenir au bled de moins en moins souvent car je n’y étais plus appelé par des activités associatives.

Ainsi va la vie.

 

Mais reprenons quelques années avant.

Au début des années 80, je crois, il a passé un concours de la fonction publique et est « monté à Paris ». Pour ma part, j’ai eu mon bac, fait le minimum d’études puis ai fini par trouver un emploi à Paris. Il m’a alors pris sous son aile, m’a fait découvrir la capitale, a partagé avec moi ses loisirs et surtout son goût pour les petits restaurants sympathiques…

Pascal (que j’avais connu par la même association et qui était proche de Philippe) se joignait souvent à nous mais nous n’avions pas les mêmes goûts en matière de restauration, il préférait quand nous allions chez Chartier ou quand ce n’était pas son tour de payer – je n’ai aucune nouvelle de lui depuis cette époque.

Nous allions souvent à des concerts. Pascal était un fan de Jonathan Richman (et il m’avait fait partager son vice bien avant mon arrivé à Paris, dès 1984, je crois). Il nous a emmené deux ou trois fois le voir au New Morning. Quant à moi, je les avais trainés à un concert de la Mano Négra, à l’Olympia. C’était fabuleux. Un des plus grands groupes français de l’époque dans cette salle mythique ! Deux heures et demie de prestation non-stop… (le tout pour 65 francs, autant dire rien).

Pascal était un peu plus âgé que Philippe, il avait donc près de dix ans de plus que moi mais il m’a toujours eu à la bonne dans le cadre de l’association. Il n’empêche que, à part certains groupes musicaux, nous n’avions pas grand-chose en commun. Politiquement, il était de gauche mais très fermé, se fâchant dès que nous n’étions pas d’accord. Alors, quand Philippe a quitté Paris, nous avons arrêté de nous voir. Mais ça montre aussi à quel point Philippe était fédérateur ! Et c’est grâce à lui que je suis resté en contact avec plein de copains.

 

Les restaurants ! C’était donc son dada. Je me rappelle quand on encadrait des centres de vacances et quand un pique-nique était prévu pour les mômes, nous trouvions toujours des prétextes pour nous éclipser et finir autour d’une bonne table. Nous avions à peu près les mêmes goûts genre « bistro français pas trop cher mais de qualité » mais c’est surtout lui qui me poussait (j’étais plutôt du genre à trainer au comptoir ou à organiser des bouffes à la maison) mais il n’avait franchement pas à me pousser… Quand il a quitté Paris, nous nous voyions surtout en Bretagne et toujours avec une bonne bouffe comme prétexte quand on était hors du cadre associatif.

Le « pas trop cher » a vite fini par être une notion relative. Nous n’avions pas les moyens de nous offrir des étoilés mais on ne rechignait pas à quelques extras… Je me rappelle un déjeuner au « Grand Largue » à Port Navalo ! C’était géant avec des huitres chaudes au caviar en entrée par exemple. Je me rappelle le montant que j’avais dû payer (nous alternions) : 977 euros. Bah ! Vous me direz que ce n’était que 75 euros chacun mais c’était il y a près de 40 ans et nous n’avions pas des salaires spécialement élevés. Je me rappelle même qu’il avait donné un billet de 100 francs, en pourboire ! Cela me paraissait délirant. C’était Philippe…

 

Enfin, on ne peut pas faire de billet sans évoquer sa tenue vestimentaire : il était toujours en costume, généralement noir, avec une chemise en soie (ou imitation), même quand nous étions dans des centres de vacances à faire des activités manuelles avec des gamins. Souvent, il avait une longue écharpe rouge. Je n’ai jamais compris pourquoi il ne s’habillait pas comme les autres (shorts, jeans…) mais il avait une certaine classe et, parfois, ça ne manquait pas de piquant, comme pour nos réveillons quand il mettait un ridicule chapeau triangulaire…

Pendant les centres de vacances, il était connu pour l’organisation de grands jeux, sur une journée, avec une cinquantaine de gamins à la recherche d’indices, de points… dans les bois ! Tout le monde courrait dans tous les sens. Les autres animateurs (dont moi…) ne comprenaient absolument rien aux règles mais les mômes étaient à fond de dedans. Il gérait ainsi presque tout seul et avait toujours prévu une longue montée en charge de l’intensité du jeu.

Une année, en 1985, je crois, il avait décidé que ma 2CV servirait « de prison ». Je pense qu’on arrivait à y faire monter une quinzaine de gosses qui sautaient dans tous les sens pour vérifier les suspensions… J’étais le seul inquiet.

 

Ne dites rien à mes parents, hein !

 


Et mes pensées à ses parents et à ses proches. 

Voila une publication qu'il ne likera pas. Moi non plus.


L'association était les Eclaireuses et Eclaireurs de France. J'avais horreur du foulard et ne le portait jamais. Il s'en séparait rarement "en activité" ce qui fait qu'il le portait par dessus son costume. Qu'est-ce qu'on a pu se foutre de sa gueule.

 

P.S. : ne voyez pas de tristesse dans mes propos (ça serait faux-cul, je ne l’ai pas vu depuis si longtemps !). Simplement de la nostalgie pour une autre époque, près d’un tiers de ma vie. Des souvenirs d’un mentor.