Dans mon dernier
billet, je disais que j’avais vu les deux premiers épisodes de la série-reportage
consacrée à Marie Trintignant et Bertrand Cantat alors que je m’étais juré de
ne jamais regarder cette horreur… Après avoir rappelé que la culpabilité de
Cantat étant prouvée, je disais bien que c’était un salopard pour qu’il n’y ait
pas d’ambiguïté dans mes propos, je disais que je trouvais ce début très
mauvais car il était à charge contre le positionnement du chanteur de Noir
Désir dans le contexte de l’instruction de son dossier : en fait, la série
critique les propos de Cantat, lui reprochant d’avoir menti en oubliant que
tout accusé avait droit à une défense… Aucun recul, quoi…
J’ai diffusé le lien vers ce billet dans Facebook et, comme
d’habitude, j’y ai plus de réactions que dans les commentaires…
Une amie m’a conseillé de regarder le troisième et dernier
épisode, ce que j’ai fait. Je l’ai trouvé encore pire. Il est essentiellement
consacré à la mère des enfants de Cantat, Krisztina Rády, qui a mis fin à ses
jours en 2010 (le dossier vient d’être rouvert, peut-être suite à cette
saison). Je résume : pendant le procès,
à Vilnius, « KR » a nié la violence de BC de façons à ce que « les
juges » voient le meurtre comme un acte qui ne lui ressemble pas, comme s’il
avait été pris de folie ou que sais-je ? Cela a bien fonctionné et la
condamnation n’a pas été lourde : huit ans avec une possibilité de
transfert en France au bout de quatre ans d’où il a eu une remise de peine immédiate
selon les règles en vigueur. KR a continué à plaider la « non violence »
du zigoto et a même proposé qu’il décide de revenir vivre « à la maison ».
Le « JAP » a, ainsi, accepté la libération conditionnelle.
Même si cela ne nous regarde pas, on peut supposer que KR a
agi ainsi pour la sécurité des enfants, afin qu’ils puissent revoir leur père.
Dans la deuxième partie, les réalisateurs s’attachent à
démontrer que Cantat était bien un homme violent, que KR avait menti devant les
juges. Elle aurait même avoué cette violence par la suite, notamment sur un
message enregistré sur le répondeur de ses parents. Il aurait continué ses
actes de violence après le retour à la maison à sa sortie de prison, en 2007,
jusqu’au suicide de Krisztina Rády, en 2010, car elle n’aurait plus supporté…
Comme pour le meurtre de Marie Trintignant, il ne me
viendrait pas à l’idée de nier le fait que Cantat soit probablement un salopard
et la thèse des réalisateurs (et autres, ce n’est pas récent, non plus), à
savoir que le suicide a été provoqué par cette violence. Ma critique porte sur
l’angle de vue abordé par la série et la conclusion ignoble que l’on pourrait
en tirer : c’est bien fait pour sa gueule qu’elle se soit suicidée, elle n’avait
qu’à pas le soutenir… Il y a même un moment où l’on nous fait comprendre qu’elle
aurait dû retourner dans son pays d’origine, la Hongrie, où elle a encore une
maison…
Excusez du peu… Il y a vraiment un malaise qui ressort du
visionnage de cet épisode. Tout d’abord (de quoi ?), je rappelle ma
position exprimée suite à la première saison mais aussi dès que je parle des affaires
judiciaires dans mon blog politique (comme au début de l’affaire Cahuzac ou
après le jugement de Marine Le Pen) : il y a des choses qui ne nous
regardent pas, comme toutes les dites affaires judiciaires qui concernent des
personnalités (ou des inconnus). J’ai confiance en la justice. Je suis contre
le voyeurisme et pour l’information brute. A savoir : 1. Cantat a
assassiné Trintignant. 2. Il a été condamné et a purgé sa peine. 3. Une
instruction judiciaire vient d’être ouverte, 15 ans après le suicide de la mère
de ses enfants chez qui il vivait.
Je ne dis pas que les détails ne sont pas importants (putain !
La violence des hommes continue à tuer, soit directement, soit en poussant au
suicide) mais que la prudence est de mise quand on en parle !
Par exemple, et à la limite, les raisons du suicide de KR ne
nous regardent pas, surtout si la raison est qu’elle a aidé Cantat à se
défendre et à sortir de prison… Bien sûr, ce sont des personnages publics mais
certains faits relèvent de l’intime. Quand la justice aura prouvé le lien entre
la violence de Cantat et le suicide, si elle y arrive, il est important qu’on
le sache (n’oublions pas les dégâts des salopards) mais, dans l’attente, cela
ne nous regarde pas.
En outre, la série a été tournée avant l’ouverture d’une
nouvelle enquête. Elle lance donc une accusation « en l’air » au
prétexte de l’information du public. Mais, en fin de compte, je ne sais pas si
la preuve sera établie mais il est fort probable qu’il y ait prescription sans
compter que ce n’est pas « réellement » un meurtre.
L’amie dont je parlais en début de billet me disait : « Beaucoup de femmes victimes de violences de leurs
conjoints subissent une véritable emprise et ont du mal à s’en libérer, le
phénomène commence à être bien connu. »
C’est vrai. Mais, à part pour une militante féministe, ce n’est
pas du tout ce qui ressort de la série. Elle est ratée : elle ne donne pas
les clés pour l’interprétation ! On en retient que Krisztina Rády s’est
suicidée car elle a soutenu le père de ses enfants.
En outre, si on formule ainsi (« subir une véritable
emprise »), ce qui est par ailleurs presque contradictoire avec la
conclusion (« elle a soutenu le père de ses enfants »), on a un peu
de mal à en tirer une conclusion.
Cela étant, chacun pourra juger et je ne suis pas militant
féministe. Pour ma part, j’ai une côte de veau à faire cuire, sans doute avec
du vin blanc, des oignons et des champignons et quand on est la vedette d’une
série, on pourrait avoir un nom qui s’écrit plus facilement sur un clavier d’un
ordinateur. Pensons aux blogueurs.
le délai de prescription des crimes est de 20 ans, les délits c'est de 6 ans. Provoquer au suicide est un délit, je viens de faire du gogole search. Merde alors, ce salopard violent est à l'abri alors ?
RépondreSupprimerOui, il est à l'abris. Il a purgé sa première peine, il a le droit à la liberté dans notre système et heureusement (même si on pourrait se dire qu'il devrait être mis à l'isolement...). Il aura peut-être une deuxième peine. Les juges ou policiers pourront sans doute déterminer que ses actes de violence ont poussé au suicide mais de là à démontrer formellement devant un tribunal qu'il a provoqué un suicide, il y a un pas, d'autant qu'il y a prescription pour les gestes violents qu'il aurait pu commettre (et qui sont difficile à prouver).
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