Je m’étais juré de ne jamais regarder cette série récente,
sur l’affaire Cantat, mais je suis tombé dessus par hasard en cherchant un truc
à regarder en attendant ma femme de ménage (c’est un résumé).
Je n’ai regardé que les deux premiers épisodes (jusqu’au
début du procès, en fait) et je ne sais pas si je vais poursuivre. Disons-le
franchement, cette série est foireuse et je vais m’en expliquer.
Tout d’abord, deux précisions…
La première : peu importent les circonstances, s’ils
étaient saouls, si Marie Trintignant l’a provoqué…, il l’a tué à coups de
poings. C’est un meurtre. Il n’y a pas photo. On peut même dire que sa condamnation
est assez légère. Au début de l’affaire, j’ai cru à « ces circonstances »,
je me disais qu’il était devenu fou ou un truc comme ça mais cela ne change
rien et j’ai vite arrêté de penser. C’est un meurtre. Point barre.
La deuxième : je n’ai jamais été un fan de Noir Désir
mais j’ai été dans des lieux festifs où l’on passait leurs chansons, j’ai fredonné,
sans doute pogoté… En outre, j’ai toujours de l’admiration pour les gens qui
réussissent avec un certain talent. Le meilleur exemple est Johnny Hallyday :
je n’aimais pas ses chansons et le personnage mais j’ai toujours reconnu qu’il
avait une voix exceptionnelle et un sens du spectacle fabuleux. Bref, ma
complaisance de l’époque avec Cantat n’a rien à voir avec un quelconque
fanatisme. En fait, c’est plus lié à une certaine pitié. Mais ça ne change
rien, c’est un meurtre.
Venons-en à la série que je vous conseille de ne pas
regarder (ou de le faire avec beaucoup de recul) : après la description d’une
belle et difficile histoire d’amour qui pourrait nous donner une légère érection,
elle fait le procès de Bertrand Cantat, non pas pour le meurtre (il a été jugé)
mais pour son comportement pendant l’instruction. On lui reproche de ne pas
avoir dit la vérité dès le début. Il y a évidement le fait que tout cela devait
être bien confus dans sa tête mais de toute manière, un accusé a le droit de se
défendre.
Il y a le procès de la justice de Vilnius qui, si elle a
bien qualifié l’acte en meurtre n’a pas alourdi la peine pour une des
circonstances aggravantes, le fait que Cantat ait attendu beaucoup trop
longtemps avant d’appeler les secours. Mais c’est ainsi.
Il y a le procès de la presse qui a beaucoup insisté sur le
volet « crime passionnel » qui est évidemment une connerie.
Il y a le procès des fans de Noir Désir qui ont beaucoup
défendu leur idole comme si c’était vraiment un crime, comme si le public n’avait
pas que les médias pour donner des informations ! Et comme si on ne verrait
pas encore plus de connerie maintenant avec l’essor des réseaux sociaux…
Ainsi, la « série reportage » fait la part belle
au manque d’objectivité des gens du « camp Cantat » en manquant franchement
d’objectivité. C’est naturel. Les réalisateurs n’avaient pas d’autre choix,
peut-être, sauf à faire un reportage insipide, mais c’est une raison valable
pour ne pas regarder.
Je vais faire un autre reproche, sans rapport : on nous
montre beaucoup trop de choses qui ne nous regardent pas. Tout d’abord, on nous
fait trop de baratin sur l’intimité du couple. Ils s’aimaient, point barre, ça
suffit. Le reste ne nous regarde pas, même les volets qui auraient pu expliquer
l’acte de violence par Cantat (d’autant que ça n’enlève rien à sa culpabilité).
Il y a ensuite des extraits de vidéos (des images de vidéo surveillance, des
vidéos des interrogatoires de Cantat) et ça me gène de voir que cela ne reste
pas dans le secret de l’instruction. On me dira que c’est du travail
journalistique. Non ! C’est du voyeurisme pour vendre une série.
Il y a quand même quelques volets bien traités. Je pense en
particulier à « Lio » qui était la seule « de la profession »
à charger Cantat et qui avait sans doute raison dans la plupart de ses
arguments. Elle aurait presque mérité un reportage pour elle toute seule. J’aime
bien aussi la manière avec laquelle on nous rappelle quelques éléments comme la
façon avec laquelle nous avons eu progressivement des informations sur le
meurtre, le déroulement de l’instruction, du procès…
Il n’empêche que cet embryon de reportage reproche à un
accusé d’avoir voulu se défendre. Ce n’est pas ma notion de la justice (ni le
fait qu’un meurtrier soit libéré au bout de quatre ans mais je ne suis arrivé
qu’à la fin du deuxième épisode).
A noter que, si je suis tombé par hasard sur la série, cela coïncide avec l'actualité : un dossier vient d'être ouvert, sans doute grâce à la série, au sujet du suicide de la mère des enfants de Cantat. Mais rappelons que cela ne nous regarde pas...
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