29 novembre 2014

Brèves de comptoir

Un copain en début de soirée (21 h ?) : je ne suis pas un alcoolique, il m'arrive de ne boire qu'un verre de vin en mangeant. 

Une gamine (18 ans ?), à l'instant : il faut encore que j'aille faire les courses de ma mère alors que je veux plus. C'est toujours pareil. Un cubi de 10 litres de rouge. J'ai honte. 

28 novembre 2014

La stratégie 2048

Je vous l'ai dit, je joue beaucoup au 2048, ce jeu qui a moins d'un an et qui a eu un très grand succès. Il est très particulièrement addictif mais ce n'est pas très grave. Je ne joue plus qu'à ce jeu. Le seul problème est que les parties peuvent être assez longues... 

Tiens ! Calculons la durée d'une partie. Pour fait un 4, il faut deux 2. Pour faire un 8, il faut deux 4. Donc trois coup. Pour faire un 16, il faut deux huit. Donc 7 coups. Pour faire un 32, il faut deux 16, donc 15 coups.  Pour faire 64, il faut deux 32, donc 31 coups,... Tu as vu la suite ? Pour faire 2048, il faut deux 1024 donc 1023 coups au minimum (mon résultat est pas exact, pour plusieursraisons : il arrive que des 4 sortent à la place des deux, on ne fait pas une combinaison à chaque coup et on n'a jamais les combinaisons idéales vu qu'il n'y a que 16 cases. Des gens ont fait le calcul, j'ai trouvé le nombre théorique minimum sur internet).  

Des braves ont gens ont calculé qu'il faut plus de 6 heures pour faire un 2048 avec de la méthode, c'est-à-dire en étant à peu près sûr de réussir. Ça vous surprend ? Normal vous êtes comme moi, quand vous faites un 2048, vous le faites en une demi heure par hasard en appliquant la stratégie du coin. Et comme vous étiez à fond dedans, ça vous a paru durer 10 minutes. 

Vous êtes comme moi. Mais je le suis plus que vous. Et paf ! Bon pour les modernoeuds. Je me comprends. Je suis informaticien (donc fasciné par ce qu'on peut faire avec des puissances de 2) et statisticien (donc...). 

J'étais en train de jouer à 2048 dans mon TGV qui me tgvise jusqu'en Bretagne. J'ai fait un 2048 et j'ai battu mon record en points sur iPad (mais j'ai fait mieux sur iPhone, de l'ordre de 33000 (les points ne servent à rien). Mais j'ai eu une pensée bizarre, j'étais même presque frustré de ne pas en faire plus souvent. Alors je me suis demandé si ma stratégie est la bonne. 

J'applique celle du coin. Il s'agit d'entasser les gros chiffres dans un coin et de n'avoir que des séries croissantes (ou décroissantes selon le coin choisi). 

Ainsi, j'ai eu l'idée de chercher "stratégie 4096" dans Google (je n'ai pas fait exprès, je me suis trompé de puissance de 2 !). La stratégie du coin est la bonne. On y arrive tous par instinct. Une dame dans un bistro que son mari lui avait dit qu'il fallait regrouper les gros sur un bord. Elle avait tort mais elle mériterait un billet de blog entier. 

La stratégie du coin est la bonne mais n'est pas suffisante. Notons que, sauf lors des premiers coups, si le gros se barre du coin, vous auriez tout intérêt à abandonner immédiatement. Impossible n'est pas Français mais la probabilité que vous le fassiez rentrer dans ses pénates est dérisoire. 

Arrêtons de stigmatiser les gros. 

Il y a trois règles à respecter dont celle de la stratégie du coin. 

Petit 1 : il faut tenter de faire des suites. Par exemple, avoir 64 - 32 - 16 - 8 sur une ligne ou une colonne est préférable à 512 - 64 - 16 - 2

Petit 2 : il faut faire le ménage en permanence pour laisser un maximum de case vide. 

Et on fait tous les mêmes erreurs : on se précipite pour faire des 256, 512 ou 1024 et on se fout du ménage car on sait que la grille peut se vider ou presque en trois coups. 

En fait, à chaque coup, il faut réfléchir à ce qu'on doit faire. Faire une suite est préférable que de faire un 1024. C'est con hein mais il fallait y penser. Tans pis si les boches nous piquent nos deux 512 voisins. L'objectif n'est pas 1024 mais 2048. 

Alors, j'ai essayé. A chaque coup, j'analyse les trois déplacements possibles (un sens est impossible, on perdrait notre coin... Sauf que, des fois, on n'a pas le choix). C'est trop chiant. A raison d'une seconde par analyse de chaque déplacement, plus deux secondes pour faire le choix et le mouvement : 5 secondes par coup.  Plus de 6 heures pour une partie. 

Mais il y a des gens qui le font. 

26 novembre 2014

La genèse de la grande cuisine

Hier soir, rentrant à la maison à une heure un tantinet tardive vu que Jean-Claude étant malade, j'ai préféré servir de chaperon à la patronne qui faisait la fermeture toute seule, j'avais faim. J'ai donc regardé le contenu de mon réfrigérateur pour un état les lieux. J'avais bien un certain nombre de conserves (que je range au frigo vu qu'il est trop grand pour mes besoins de célibataires) et des produits frais (j'entends par là qu'ils ne se conservent pas indéfiniment ; les surgelés se trouvant dans la catégorie "produits frais") qu'il me fallait terminer dans la semaine vu que je vais en Bretagne ce week-end. 

Il me restait, outre des pommes de terre (mon côté Breton), des saucisses de Frankfort, des andouillettes et du rôti de porc cuit. Sans compter du surimi. Le surimi me gonfle mais j'ai horreur de manger du poisson quand il n'est pas préparé par ma mère. Du coup, j'achète du surimi pour me donner bonne conscience. 

J'ai donc décidé de manger des saucisse de Frankfort avec des patates. Je colle donc mes Frankfort dans de l'eau pour les réchauffer et je me prépare à mettre trois pommes de terre au microonde. C'est alors que je dis mon calcul. Le surimi se conserve bien moins que nos produits parmentieresque, j'ai donc décidé de remplacer les patates par du surimi pour aller avec mes Frankfort. 

J'ai donc mangé mon premier bâton de surimi avec de la mayonnaise en attendant que les saucisses se réchauffent. J'ai trouvé ça bien fade. J'ai donc décidé d'ajouter de l'échalote et du poivre. 

C'est alors que j'ai eu l'idée de génie. J'ai haché l'échalote et le surimi et ai foutu le tout dans la casserole où chauffaient les saucisses. Et du poivre. Beaucoup de poivre (j'aime ça). J'ai attendu que ça arrive à ébullition. J'ai goûté. Les Frankfort chaude avec de la mayonnaise froide, ce n'est pas bon. J'ai donc placé ma casserole sous l'eau froide et le contenu dans une passoire. échalotes, Frankfort et surimi. Hop. 

Le tout arrivant à une température comestible (contrairement au thermomètre qui n'est pas comestible mais anal), j'ai servi le tout dans une assiette et j'ai ajouté de la mayonnaise (en boîte). J'ai mélangé le tout. 

C'était très bon et je vous le conseille. Sans les échalotes si vous comptez baiser ensuite mais c'est moins bon. 

Ce qui est la preuve qu'il ne faut pas être obsédé par le cul mais c'est dommage. 

Le sèche-mains des toilettes du bureau

Il est temps d’aborder un des vrais sujets, de ceux qui sont particulièrement importants et qui ne sont jamais traités dans les blogs. J’ai nommé : les toilettes du bureau et les règles de savoir-vivre qui s’y pratiquent, notamment un détail pratique. 

Pourquoi ce sujet aujourd’hui ?  Parce que je suis en retard et que Sciences et Avenir dévoilait récemment que les essuie-mains à air pulsé propulsaient un tas de bactéries et de cochonneries non propice à un maintien en bonne santé. Vous me direz que cela n’a rien à voir puisque ces machins équipent généralement les stations-service mais pas les bureaux. Je retiens l’objection mais n’oublions pas qu’il y a des progressistes qui vont finir par rendre obligatoire ce genre de dispositif.

Figurez-vous qu’un de mes collègues est grand et un peu timide. Avant l’arrivée d’un autre type, il ne parlait quasiment jamais à personne. Ca fait deux fois que je le croise alors qu’il sortait des toilettes. J’ai horreur de ça. On ne peut pas savoir si ses mains sont propres ou pas. Si elles sont humides, c’est désagréable mais on ne peut pas être sûr qu’il s’agisse d’eau et qu’il s’est réellement lavé les mains.

De même, j’ai horreur de serrer la main à quelqu’un quand je sors des toilettes du bureau. On ne sait pas si l’autre ne va pas se dire : ah mais quel gros porc !

Quand le type sort des toilettes et vous tend la main, vous ne pouvez pas refuser de la serrer. La tentation est forte d’aller à son tour aux toilettes pour un lavage de main (au singulier, ce n’est pas la peine de vous laver les deux dans ce cas précis). Quand c’est vous qui sortez des toilettes et que quelqu’un veut vous serrer la main, ce qui est une pratique usuelle, il est délicat de refuser sauf si vous avez les mains mouillées auquel cas vous pouvez répondre : ah désolé, j’ai les mains mouillées, je te fais pas la bise mais le cœur y est. Car il faut, en plus, faire preuve d’un humour fin et délicat.

C’est ainsi que je ne m’essuie jamais les mains après les avoir lavées, au bureau.

En poussant le bouchon un peu plus loin, je me demande si je ne me passe pas les mains sous l’eau uniquement pour pouvoir refuser de serrer des mains.

Toujours est-il que tous les dispositifs pour se laver les mains pourraient être supprimés sauf, peut-être les machins qui distribuent du papier car c’est bien pratique quand on n’a plus de mouchoir.


Ce que je dis pour les bureaux est également variable pour les bistros mais avec d’autres proportions.

24 novembre 2014

Les solitaires

Laurent, c'est notre SDF, celui des marches entre Leclerc et La Comète. Avant l'hiver sa dernier, ils étaient deux : Johnny et lui. Johnny a disparu. J'avais eu des nouvelles par les services sociaux de la mairie. Laurent est seul maintenant. J'en parle parfois dans ce blog. Je me rappelle avoir écrit qu'il était toujours poli et qu'il me saluait d'un tonitruant "Salut Nico" avec un sourire et cette intonation qu'on a quand on est content de voir quelqu'un.

Ce matin, il n'était pas là. C'est très rare. Vous dire que j'ai remarqué son absence serait mentir pour faire pleurer dans les chaumières. C'est en disant "bonjour" à Christian, à la Comète, que je me suis rendu compte qu'il me manquait quelque chose. En prenant le métro, j'ai vu Laurent arriver. Il avait deux grosses valises. "Salut Nico !"  Moi : "salut Laurent ! T'es en retard au travail ?"  Lui : "hu hu".

Nos échanges dépassent rarement ces quelques mots. Et encore, ça ne fait pas un an que je connais son prénom.

Si je sais qu'il passe ces journées là, c'est que je le vois aussi le samedi soir. Et s'il passe ces journées sur ces marches (ou souvent debout devant, voire allongé au pied quand il est saoul), je suppose que c'est parce qu'il y est bien. Deux ou toujours par semaine, il y a une vendeuse de fleurs, à la sauvette, qui s'installe là. Ils papotent un peu. Parfois, un autre type, un petit gros avec les cheveux très court, vient discuter avec lui. Je ne crois pas qu'il soit sdf. Il fait plutôt penser à l'idiot du village.

Ce matin, quand je l'ai vu, j'ai mis une seconde à le reconnaître, vu qu'il n'était pas dans son coin habituel. J'ai eu une pensée bizarre, comme si tous les solitaires que je connais dans la commune me sont passés dans la tête.

Ce ne sont pas des sdf. J'en connais avec assez de moyens pour manger tous les jours à la Comète ou à l'Amandine. Une façon de ne pas manger seul ? Une habitude ? La flemme de se faire à manger ? Je ne leur jette pas la pierre, je mange souvent au bistro mais, auparavant, je suis avec mes potes.

C'est presque à ça que je les sépare du reste de la population dans mon crâne : ils semblent ne pas avoir de pote ou de vie sociale, même au bistro. C'est presque effrayant. On les connaît assez pour savoir qu'ils n'ont pas de famille et, quand ils sortent, ils ne font rien pour avoir des potes comme s'ils savaient qu'ils allaient échouer. Certains disent bonjour, d’autres répondent poliment, voire font un geste pour montrer qu’ils vous aiment bien… Puis ils s’isolent, en salle, en terrasse ou au comptoir.

Parfois, on les englobe dans nos discussions mais ça se termine souvent mal. Soit on les fait chier et ils le font comprendre, soit ils deviennent exubérant, comme s’ils étaient le centre du monde et on comprend alors que tous leurs autres copains ont fui. Alors le ton monte et ils retournent dans leur coin.

Je parle souvent de mes potes, les petits vieux de Bicêtre, qui sont aussi solitaires ou, plus exactement, seuls, mais s’ils viennent au bistro, c’est pour avoir une vie sociale. Je parle aussi de ceux que je connais bien mais qui sont toujours au bistro, comme « la vieille » qui boit son café à l’Amandine tous les midis puis descend en prendre un à la Comète. Elle n’a rien à dire mais elle aime bien son train-train. Je parle parfois de Geneviève qui est repoussée par tous, tellement elle chiante. Elle a été viré de quelques bistros parce qu’elle n’arrêtait pas de parler aux clients. Il y a le vieux Roger, pilier du comptoir de l’Amandine de 10h à 12h30/13h. Il n’est pas chiant. Les copains l’ont pris dans le groupe, on ne peut pas l’éviter. Il radote. Surtout, après quelques verres, il devient raciste. On s’est encore engueulés, hier midi, quand il y a atteint le sommet du grotesque ou de l’ignominie : « tu te rends compte, les étrangers ne peuvent pas éduquer leurs enfants, ils ne parlent pas français ».

Mais c’est aux autres que je pensais, ce matin, en voyant Laurent, ceux qui vont au bistro mais n’y recherchent aucune compagnie. Ils font ce qu’ils veulent. Moi-même, il m’arrive d’aller au PMU pour être sûr de ne trouver aucun des casse-couilles de la bande… mais pas au quotidien pendant plus d’une demi-heure.

Je ne connais rien de la vie de Laurent. Je suppose qu’il n’est pas réellement SDF et qu’il vit dans un foyer dans lequel il rentre relativement de bonne heure, le soir.

Je suppose qu’il a des potes.


Je suppose.

21 novembre 2014

Léonard Cohen

Il faut avouer que ce type est un des chanteurs les plus chiants mais avec les plus belles chansons. A la Comète, "alléluia" est passé dans le poste le vieux Joël m'a avoué qu'il connaissait peu voir pas. Pourtant, cette andouille a bossé dans le milieu de la musique (cherchez Joel Jovignot dans YouTube). On a parlé de Léo. Et j'ai avoué que je le connaissais surtout grâce à un album sorti avec des reprises de ses différentes chansons par différents chanteurs. 

Je suis un fan de Léonard Cohen chanté par les autres. Et, évidemment, j'adore ses tubes, dont celui qui je citais mais aussi Suzanne. Comme beaucoup. Et les autres chansons chantées par d'autres. 

Toujours est-il que parmi ces chansons reprises dans dans cet album, il y en a une qui était chantée par un francophone dans une version traduite en français. 

Pendant une heure, avec le vieux Joel à coté, je me suis demandé de qui il s'agissait d'où ce billet pour vous demander, cher public, de qui il s'agit.  Bizarrement ou pas (ça arrive souvent) je m'en suis rappelé en rédigeant le précédent paragraphe, le vieux Joël est parti. 

https://m.youtube.com/watch?v=n4iUYn8FK-s

Ne cliquez pas ou attendez un peu. Je vais envoyer le lien au vieux Joël. 

Je pose deux questions :

1. Je ne me rappelais pas le nom du chanteur, les paroles de la chanson,...mais je me rappelais de lui comme étant un abruti. C'est normal ?

2. Suis-le seul à aimer Leonard Cohen grâce aux chansons reprises par d'autres ?

Alleluia. 

Paris à chier

"La Comète, son gros noir, son gros frisé et son gros vieux au comptoir, racontant n'importe quoi au comptoir en se foutant de la gueule des autres fientes qui les entourent, voila ce que l'on pourrait retenir de la Comète avec ses serveurs, certes sympathiques mais n'ayant rien à cirer patati patata,...".

Tel est le début d'un billet qui pourrait figurer dans l'excellent blog Paris à chier (avec le style du taulier, pas le mien) qui dézingue les bistros parisiens un par un. Sauf que la Comète n'est pas à Paris. 

Il est réactionnaire, grossier, c'est un bonheur !

Je suis inquiet. Il n'a rien produit depuis deux mois.

20 novembre 2014

L'appli idéale ou la rencontre inévitable

J'ai un blog politique où je parle souvent des entrepreneurs. J'ai un blog bistro où je parle souvent des bistros du Kremlin-Bicêtre. J'ai un blog geek où je parle souvent des nouvelles applications. 

Des types du Kremlin-Bicêtre ont créé une boîte pour lancer une application largement orientée vers les bistros qu'ils restent dans ceux de la commune...

Le hasard (sous le pseudonyme d'El Camino) nous a fait croiser nos chemins. C'était hier soir, à la Comète, et je n'ai pas fini de vous parler de ce machin dans mes blogs. 

Mettons les bobos en prison pour le Beaujolais nouveau

J'ai déjà fait part de mon hostilité pour le resto entre la Comète et chez moi dans mon blog annexe. Il faut dire que le patron m'avait invité à boire un coup alors que je passais dans la rue et qu'il me l'avait fait payer, ce que j'avais trouvé très fort.

Ce soir, je rentre à la maison et je constate qu'il faisait de la publicité pour sa soirée Beaujolais de demain soir. C'est son droit. C'est mon droit, aussi, de lui rappeler que le Beaujolais nouveau est un truc populaire qui se boit dès le matin, voire le midi quand on est petit joueur (pour ma part, ça sera le soir, désolé) et pas un truc festif du soir, d'autant que le pinard en question est généralement dégueulasse et ne devrait qu'être un prétexte pour aller au bistro avec les copains.

Cette andouille vient de rendre cette tradition ringarde tout en la réservant aux bobos branchés. Il coule son propre job, c'est à pisser de rire.

Je vais lui expliquer ; tu fais le Beaujolais nouveau dès le midi et tu auras un tas de clients qui viendront des entreprises du quartier. Pas le soir avec des locdus qui auront la possibilité de prendre le métro et d'être dans le quartier latin en dix minutes.

Les moments historiques de la blogosphère française

Jeudi. C'est le Beaujolais nouveau. Comme tous les ans, on essaie de faire tenir le patron jusqu'à minuit pour boire un verre dès le premier jour. Je me suis donc mis dans un coin pour attendre l'heure fatidique et j'ai fais des trucs avec mon iPhone. La batterie est légitimement tombée en panne. Ça faisait longtemps que je n'avais pas fait de billet sur ce blog. Je branche donc la batterie de secours que j'ai foutue dans la poche de mon jean. 

Je vais, tout aussi légitimement, uriner.  Une andouille m'envoya alors un sms. Par réflexe, je sors l'iPhone qui était dans la poche opposée. Et paf ! Le câble se prend dans le machin. 

On mène une vie très pidante et cette anecdote est véridique. 

17 novembre 2014

Le stress

Ce matin, j'ai reçu un sms un collègue : "tu es attendu pour la formation "gestion du stress" à 9h30". Il était 9h30. J'avais encore une demi-heure de trajet. Je me demande si j'ai vraiment besoin de cette formation. Je ne suis pas stressé. J'ai d'autres défauts. Ma patience et ma politesse peuvent parfois être remises en cause. Ma capacité à stresser, non. D'ailleurs mes collègues pourraient me le reprocher parfois. "Ah mon dieu tous les serveurs sont HS". Ça les angoisse. Moi pas. Je me dis que le chef se fera engueuler par le directeur qui se fera engueuler par les actionnaires mais que je m'en fous. Je me dis par contre qu'il serait bien de rétablir le service parce que les clients ont besoin du service et qu'il faut rendre service au chef et au directeur pour qu'ils ne se fassent pas engueuler. 

Il peut y avoir une catastrophe majeure, je ne stresse pas. J'engueule les responsables mais à l'instar d'un Juppé, je reste droit dans mes bottes. Il faut résoudre le problème. Ainsi, ce matin, je n'ai pas stressé. J'étais en retard mais ne pouvait rien y faire. Ma seule gêne était de devoir présenter des excuses à une brave personne qui s'est déplacée pour nous faire cette formation. Arriver en retard alors qu'elle avait fait un effort était d'une grande grossièreté. 

Je me suis retrouvé pendant quelques minutes à devoir sortir une excuse aux organisateurs, la DRH. Une excuse ou un prétexte d'ailleurs ? J'avais les couilles propres. Les RH m'avaient convoqué par mail sans inscrire le truc dans mon agenda. Cela était donc annexe mais il ne me fallait pas accuser la secrétaire qui m'avait inscrit par mail à une formation qui ne m'intéressait pas mais qui est obligatoire. 

Finalement, je suis arrivé au bureau en retard, ou du moins à cette formation. J'ai foncé au secrétariat où il n'y avait d'ailleurs personne. J'ai donc pris ma décision : ne pas aller à la formation. Je suis donc allé directement à la machine à café où j'ai trouvé les secrétaires qui m'on dit que je n'étais pas le seul à être arrivé en retard. Je devais donc y aller. Elles ne sont pas stressées non plus. 

Je suis allé. 

La formatrice était une pro. Je suis entré dans la salle. J'ai bredouillé des excuses. Mais je n'en avais aucune valable et elle le savait. Elle n'a donc pas répondu à mes excuses ce qui m'a mis en état de stress. Un autre collègue est arrivé après mais lui avait une vraie excuse et en plus il avait prévenu. Elle a fini par nous demandé ce qu'on foutait là, question qu'elle avait déjà posée aux autres avant notre arrivée. 

C'était rigolo (je suis passé avant le collègue). Elle a voulu me faire retomber mon stress qui n'en était pas un en me faisant avouer devant tout le monde que je me foutais de sa formation mais qu'elle était imposée par la direction. Je me suis évidemment retrouvé comme un con. J'ai avoué. 

La journée était lancée. 

14 novembre 2014

Mes pieds

Toi, je ne sais pas, mais moi, je déteste aller chez le coiffeur et faire des courses. En fait, je déteste faire autre chose que de bloguer, d’aller au bistro, de conduire ou de prendre le train. Je suis tordu. Comme tout le monde, je fais des courses, tous les samedis ou presque : je vais chez Leclerc et je prends précisément ce dont j’ai besoin pour la semaine ou la quinzaine qui vient : bouffe, entretien de la maison et entretien personnel.

Je pense que ce que je redoute le plus est de tenir une conversation avec un commerçant. Tiens ! La dernière fois où j’ai fait des courses, lundi dernier, l’aimable caissière me dit : « on ne reprend pas les sous-vêtements ». Je n’avais jamais entendu quelque chose d’aussi stupide ou presque (je l'ai même fait répéter). J’aurais pu aller à la caisse, elle m’aurait dit « bonjour » et j’aurais répondu avec l’amabilité qui me caractérise. Elle m’aurait annoncé le prix, j’aurais tendu la carte, elle m’aurait rendu ma carte avec le ticket de caisse et disant « merci bonne journée » et elle m’aurait répondu en souriant. Pourquoi a-t-il fallu qu’elle ajoute cette remarque stupide ? J’aurais dû lui répondre : « hé connasse, si j’achète des sous-vêtements, ce n’est pas pour les rendre ensuite. »

Les dialogues les pires sont sûrement chez le coiffeur mais, chez le marchand de chaussures, les échanges peuvent dépenser des niveaux abyssaux dans le ridicule. Déjà, vous entrez et il se trouve un type qui vous demande : « vous désirez ? » La prochaine fois, je répondrai : « un litre de betteraves » pour voir.

A cette détestation de fréquenter les commerces, je dois avouer que j’ai aussi horreur de dépenser du pognon pour des conneries (ce en quoi, j’ai bien changé), sauf, parfois, pour les pompes mais mon calcul est purement financier (une paire de pompes à 200 euros dure cinq fois plus qu’une paire à 100). Ce n’est pas de la radinerie, je crois, vu que je suis assez flambeur par ailleurs.

Toujours est-il que, lundi dernier, je me suis enfin décidé à acheter des chaussures. Tiens ! Parlons chaussures. Je fais partie de ces gugusses qui n’ont que deux ou trois paires de chaussures : celle de tous les jours, celle toute déformée pour les week-ends et les vacances et celle en réserve, que vous n’aimez pas trop mais qui est très bien dans les grandes occasions. A part les braves gens qui ont une activité qui nécessite des pompes spécifiques, je ne vois pas l’intérêt d’avoir plusieurs paires. Pendant des années, je n’ai fait ma vie qu’avec une seule (et des vieilles en réserve pour les urgences). Et encore, si actuellement j’ai une deuxième paire pour les vacances, c’est parce que j’ai retrouvée par hasard en faisant du ménage. Je ne la mets pas pour aller au boulot parce qu’elle n’est franchement pas faite pour…

Je ne comprends pas le rapport que peuvent avoir les hommes avec leurs chaussures. Au bureau, par exemple, j’ai des collègues qui en ont des splendides, bien cirées, pointues, mais le reste de leurs fringues est plus qu’ordinaire quand il n’est pas sale, froissé,… C’est masculin, presque viril, de cirer des pompes. Il faudra faire une thèse. C’est surtout très facile, à la portée du premier abruti : il suffit d’ajouter une couche de cirage par-dessus la crasse. Cela n’a évidemment rien d’hygiénique mais je suis prêt à parier qu’il y a encore des types qui cirent leurs groles tous les jours mais ne prennent qu’une ou deux douches par semaine.

Ce qui explique aussi ma haine des chaussures, comme signe extérieur d’élégance ou de propreté.

Ce qu’il y a de bien avec mes billets de blogs c’est que vous ne regarderez jamais plus les chaussures des autres comme avant. Vous imaginerez le porteur de beaux souliers les arborer pour faire croire qu’il est propre.

Toujours est-il que ma précédente paire de pompes datait d’environ 18 mois. Je l’avais achetée en Bretagne et j’avais fait l’erreur de les mettre pour rentrer à Paris. 4h45 assis : pas de problème, puis, à Montparnasse remonter tout le long du TGV pour aller jusqu’au métro, sans compter les couloirs à Place d’Italie et le trajet jusqu’à chez moi. Ces quelques centaines de mètres avaient été fatals à mes pieds ou, du moins, à mes talons, le cuir à l’arrière de la chaussure n’était pas souple. Le lendemain matin, je n’avais pas fait attention et les avais remises. Le soir, mes pieds étaient en sang, avec des cloques. Je me soignais normalement donc cela a fini par passer, puis à revenir, puis à passer définitivement. Un jour, n’y tenant plus, j’ai cassé le talon, mettant les machins comme des babouches, tellement j’avais mal. Et j’ai pris l’habitude de le faire assez souvent, ne mettant les chaussures normalement que pour les grandes occasions. Toujours est-il que j’avais passé environ deux mois à boiter. Au début, vous boitez parce que vous avez mal, le mal disparait mais votre musculature s’est plus ou moins déformée et vous prenez des mauvaises habitudes. C’était avant l’été 2013…

En janvier 2014, les braves gens de la RATP ont fait des travaux. La station où je faisais traditionnellement mon changement a fermé. J’ai fait le choix de changer à Chatelet ce qui nécessite de remonter des grands couloirs et de prendre des escaliers dans tous les sens. Un jour, j’ai fait une vague entorse ou un truc comme ça, en me « tordant le pied ». Rien de grave, avais-je jugé mais, toujours le même phénomène qu’avec mes cloques : ne pouvant pas plier la chaussure, je boitais et j’avais mal à tous les muscles de la jambe qui rattrapaient le coup, ce qui me faisait boiter encore plus. J’avais fini par mettre une bande pour soutenir la cheville, donc elle ne me faisait plus mal mais je boitais toujours. Ca a duré plusieurs mois. Les collègues qui ne se foutaient pas de ma gueule me disaient d’aller chez le toubib. Au bout de quelques temps, j’ai constaté que la douleur était moins forte le week-end et je mettais ça sur le fait que je marchais beaucoup moins, n’ayant pas Chatelet à franchir. Ce qui fait que je n’étais pas du tout inquiet : ma cheville allait se remettre. Je raconte la fin parce qu’elle est rigolote : j’ai remarqué aussi que j’avais beaucoup moins mal le dimanche après un séjour en Bretagne. Quoi de plus normal, vu que, quand je rentre, je prends mon vendredi. Les engrenages de mon crane se sont néanmoins mis en branle : quand je suis en Bretagne, je marche plus qu’à Paris car les bistros sont plus éloignés… J’ai alors eu l’idée de génie. Le lundi matin, au bureau, j’ai levé mon siège d’un centimètre et je n’ai plus jamais eu mal. Mon entorse n’arrivait pas à se guérir à cause d’une mauvaise position que j’avais quand j’étais devant mon ordinateur…

Toujours est-il que j’étais bien loin d’avoir envie de remettre des pompes sans le talon cassé.

En septembre ou octobre, c’est une collègue à moi qui s’est mise à boiter. Je me foutais gentiment de sa gueule parce qu’elle s’était foutue de la mienne. Elle avait aussi une vague entorse qui ne nécessite pas l’intervention d’un toubib. Cela a duré quelques semaines, je lui ai donc signalé le coup de la hauteur du siège. Elle est guérie. Je pourrais faire fortune dans la médecine.

Lundi dernier, j’ai donc décidé de mettre fin à ma période de chaussures bancales. Les commerces du centre-ville de Loudéac étant fermé, je suis allé dans un grande surface (Distri Center, de mémoire) de l’immonde zone commerciale que je boycotterais bien mais on n’a pas le choix. J’étais fermement décidé à acheter la première pompe que je trouvais si elle n’avait pas de lacets.

Tiens ! Je n’ai pas parlé des lacets. C’est un des machins les plus crétins que je connaisse. Quel imbécile a inventé les lacets ? On ne fait que les faire et les défaire. Les chaussures tiennent aussi bien quand ils sont défaits mais on risque de se casser la gueule. Ainsi, on est obligés de faire ses lacets pour ne pas tomber et c’est la SEULE utilité de ce geste.

Par contre, les mocassins sont toujours moches. Je ne sais pas pourquoi. C’est une règle. Je pense que les chausseurs ont une charte de déontologie, un serment d’Hippocrate à eux avec deux règles : avoir des conversations débiles avec les clients et vendre des mocassins affreux.

Il me fallait donc des chaussures fermant avec autre chose que des lacets mais pas des mocassins. J’ia trouvé d’horribles chaussures fermant avec un velcro mais pas aussi horrible que des mocassins. Le choix du modèle m’a donc pris environ 17 seconds. Le modèle d’exposition était du 43. Ca tombait bien. J’ai essayé. Ca m’allait. Consultant l’étiquette pour vérifier le tarif, je lis 19€99. C’était parfait. J’avais prévu un budget de 50 euros que j’ai cramés en achetant des caleçons et des chaussettes, ça sera déjà ça à ne pas acheter ultérieurement mais ça m’a valu une remarque idiote de la caissière. Ne revenons pas dessus.

Pour les chaussettes, j’ai pris 10 paires identiques.  Je vous conseille de faire pareil. De toute manière, personne ne regarde vos chaussettes. Prendre des paires identiques permet d’éviter de perdre du temps à en trouver deux, des chaussettes, pas des paires, qui puissent aller ensemble. Cinq minutes de gagnées à chaque lessive. Au moins ! Je suis un garçon très organisé. La plupart des ménagères lavent séparément le blanc des couleurs, par exemple. Moi pas. Je lave séparément les sous-vêtements et les chemises : à la sortie de la machine, les sous-vêtements vont directement dans un bac en plastique sans le moindre rangement méthodique que l’on pourrait attendre de la part d’un célibataire de mon cru.

Voila, j’ai terminé le préambule de mon billet. Vous savez pourquoi j’ai acheté des chaussures, pourquoi je l’ai fait dans une espèce de machin discount.

Je sais pourquoi ces chaussures ne coûtent que 19€99.

J’étais très bien dans ces chaussures neuves, je les avais prises légèrement trop grande. Je fais du 42 et demie. Ou « et demi » d’ailleurs. Bonne question. Donc j’achète soit du 42 soit du 43. Cette fois c’était du 43. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi on ne prendrait pas toujours des pompes trop grandes (sauf si on a à marcher, évidemment, je ne suis pas fou). Mais ne recommençons pas le préambule.

Ce matin, j’avais mal aux pieds en arrivant au bureau. Toute la journée, ça m’a tracassé. Et j’ai compris.

Les chaussures ont rétréci, hier soir, alors qu’il pleuvait. C’est pour ça qu’elles ne valaient que 19€99.

J’espère que les caleçons que j’ai achetés en même temps ne rétrécissent pas.


Amen.

13 novembre 2014

Connaître les bistros ?

Récemment, la patronne de la Comete faisait la fermeture toute seule. Il lui fallait rentrer les chaises et tables de la terrasse. Je lui souhaite bon courage et elle me dit " tu sais qu'il y a pire que de rentrer la terrasse". Avant qu'elle ne finisse sa phrase, je lui réponds : "oui, la sortir". 

Elle éclate de rire et me dit : "c'est exactement ce que je voulais dire, comment tu as deviné ?"  

Tous les matins, j'arrive au bureau vers 10 heures (ce qui explique pourquoi j'y suis encore à 19h30) et je vois les salariés des brasseries qui bossent. Ils sortent les terrasses. Les chaises, les tables, les parasols et leurs pieds lourds pour qu'ils résistent au vent. 

Ces lascars ne savent pas si c'est utile, s'ils vont faire du chiffre d'affaire avec. En novembre, ils arrêtent. Mais en octobre, ils ne savent pas. Ils sortent la terrasse s'il pleut à midi, le chiffre d'affaire coule. 

Et tous les soirs, on trouve au bistro des abrutis qui donnent des conseils au patron. C'est un rituel. Il faut que le pochetron donne des conseils. IL LE FAUT. Le patron écoute. C'est son job. Le client ne sait pas que c'est son job. Le client est persuadé connaître le boulot autant que le patron. C'est facile. Il faut un comptoir et de la bière pression. La fortune est faite. L'andouille donne des conseils. 

La patronne. Débutante dans le métier ? Bof ! Elle a des années de comptoir. Je suis le premier client a lui avoir dit que je pensais que sortir la terrasse était pire, comme corvée, que de la rentrer. 

Et les pochetrons donnent des conseils. 

12 novembre 2014

On ne pleure pas un copain

Hier soir, je rentre de Bretagne, l'Aéro était ouvert. Je décide d'y boire une verre (pour dire bonjour uniquement, hein !). Le patron était saoul comme s'il avait bu ce qui fait que je me demande s'il n'avait pas un peu picolé. Je me plonge donc dans l'iPhone jusqu'à l'arrivée du vieux Joël. Il arrive. On papote. Je me replonge. 

Je vais dans Facebook. Un copain (un vrai que je connais depuis près de vingt ans) repère que je suis là. Il m'envoie un MP (message privé). On discute et il m'apprend qu'un copain à lui (qui aurait pu être à nous, mais j'ai quitté les milieux qu'on fréquentait ensemble avant son arrivée) est mort. Je le sentais seul, derrière son PC, se sentant con de vouloir pleurer mais ne pouvant y résister. J'ai balancé deux ou trois banalités pour essayer de le réconforter sachant que je ne pouvais pas faire grand chose. 

Comme tous, il a une vie sociale, voit beaucoup de monde, mais à 21 heures, il est seul. Il ne veut pas déranger sa famille et n'a que les réseaux sociaux pour contacter les vieux potes. 

A un moment, il me demande : "on pleure comment un copain ?"  

J'ai répondu : "on ne pleure pas un copain. Je l'ai trop fait."  

J'ai en gros 15 ans de plus que lui, et, effectivement, j'ai eu plus l'occasion que lui de perdre des potes. C'est mathématique. Ne serait-ce que dans les blogs. Jean-Louis, Olivier, Philippe, Jean,... 

Je l'ai trop fait, de pleurer, disais-je. Je me rappelle de la mort du Coucou, Jean-Louis. Non seulement, je chialais colle une madeleine, mais il fallait en plus que je réponde aux questions des potes : on fait comment pour les fleurs et tout ça. J'étais resté droit dans mes bottes mais j'avais envie de répondre : vous me faites chier. C'est moi qui suis en deuil. Vous ne le connaissiez pas dans la vraie vie, moi si. C'est à vous d'acheter des fleurs et d'écrire un mot débile. Pour moi. J'avais perdu un vrai pote. Pas un personnage des réseaux sociaux. 

Sylvain, on ne pleure pas la mort d'un pote, je l'ai trop fait et tu le feras trop. Tu pleurerass la mienne (enfin, j'espère que je n'aurais pas à pleurer la tienne, compte tenu de la différence d'âge). 

On ne pleure pas pas la mort d'un pote, JE l'ai assez fait. 

Considérations capillicultrices

Coiffure normale
Certains oseront penser que je ne suis pas le mieux placé pour des donner des conseils en matière de capilliculture. C’est une erreur. Il suffit de regarder ma tignasse légendaire pour se rendre compte que je suis un éminent spécialiste. Il faudrait, en plus, que je me peigne avec un ustensile conçu pour, contrairement à mes doigts boudinés.

Il y a avait une grande dame rousse aux cheveux longs, ce matin, dans le métro. Elle n’était plus une première main mais a probablement été très belle. Elle mesurait probablement environ 1m90. A un moment, elle s’est penchée. On voyait les racines noires de sa tignasse. C’est laid. Une teinture de cheveux s’entretient. Regardez François Hollande, par exemple. On ne voit pas les racines.

Peu après, je me retrouve à côté d’un mickey, 25/30 ans. Grand, mince… et visiblement tout droit sorti du 16ème arrondissement. Costume trois pièces gris sous un manteau gris, épingle de cravate en or, montre en or. Ne pas confondre l’épingle à cravate, ou, plus exactement la tige pour col, avec la pince à cravate qui se pratique encore souvent pour empêcher la cravate de tomber dans la soupe. La tige se plante dans le nœud, à travers le col de la chemise. Ca se fait de moins en moins. Je me suis mis à le regarder fixement parce qu’il me rappelait quelqu’un (Antony qui officiait au PS à Loudéac, je m’en suis rappelé après). Il m’a repéré et a commencé à me fixer à son tour, me prenant sans doute pour une vieille pédale voulant le draguer. J’ai maintenu mon regard fixe, comme si ce n’était pas lui que je regardais et que j’étais perdu dans mes rêves.

C’est un excellent truc que j’ai appris dans les bistros, à force d’observer les gens au comptoir. Un jour, une armoire à glace ivre a voulu me casser la gueule après avoir surpris mon regard. Quand il s’est approché de moi et m’a adressé la parole, j’ai fait semblant de sortir de mes rêves…

Le mickey a baissé le regard puis la tête et s’est légèrement tourné. J’étais encore hanté ma grande rousse et j’ai observé sa coiffure. Il était très bien peigné, la raie sur le côté, allant jusqu’à l’arrière du crâne. Impressionnant. Il semblait avoir mis du gel pour que ça tienne. C’est alors que j’ai vu les points blancs. Ce type avait des grosses pellicules dans les cheveux. J’en ai conclu que ce n’était pas du gel mais de la crasse. Le gars n’avait visiblement pas pris de shampoing depuis longtemps…

En sortant du métro, je suivais une magnifique blonde. Après le portillon, elle me tenait la porte. Je n’avais rien demandé mais c’est l’usage. Je fais pareil aussi, je me retourne et je regarde si quelqu’un me suit pour éviter de lui fermer la porte au nez. La politesse, quoi. Elle m’a jeté un regard voulant dire : bon, tu te dépêches gros con, je n’ai pas que cela à foutre. J’ai donc accéléré par réflexe alors que la bienséance aurait voulu que je l’insulte copieusement pour m’avoir fait comprendre qu’on n’était pas dans le même monde, qu’elle faisait partie des personnes de qualité, élégantes, belles, et que je n’étais que la plèbe…

Quand j’ai tendu la main pour retenir la porte, elle s’est tournée brutalement faisant virevolter sa coiffure. C’était une fausse blonde et ça se voyait. Deux bons centimètres de racines. J’ai donc dit « belles racines », ce qu’elle a pris pour « merci ».

Désespéré de mes concitoyens, dans l’escalator qui nous tirait de là, j’observais les gens, à la recherche d’un quatrième exemple pour faire un billet de blogs.


Ces cons-là étaient tous coiffés normalement.

10 novembre 2014

Après l'Eveil, faut-il regarder Breaking the waves ?

Je le dis souvent, je ne regarde la télé que le matin des jours fériés quand il y a des cérémonies genre 14 juillet et 11 novembre (je ne sais pas pourquoi) et le soir, quand je suis chez ma mère et que nous ne sommes pas un samedi ou un vendredi. Dans ce cas, il y a la traditionnelle discussion : « qu'est-ce qu'on regarde, ce soir ? » La décision est toujours prise assez rapidement. S'il y a un truc que l'un veut voir et que ça ne dérange franchement pas l'autre, on retient le truc. Comme chacune des parties sait que l'autre n'aime pas, il n'y a aucune difficulté. Sinon, on cherche un truc regardable par tous. Les choix ne sont pas toujours heureux mais ce n'est pas très grave.

Je suppose que c'est à peu près pareil dans toutes les familles.

Hier soir, elle me dit : « je regarderais bien Breaking the waves ». N'ayant pas le programme sous les yeux, je cherche sur Google. Film primé et tout ça. Je me dis : « pourquoi pas ». Le choix était fait en quelques secondes.

Arrive 20h50, on se met devant la télé, elle met la chaîne, ça ne ressemblait pas du tout à Breaking the waves. Elle vérifie la chaîne, c'était OK. Elle vérifie le programme ! Oups ! C'est ce soir que passe ce film.

Sur la chaîne en question, il y avait « L'éveil ». Elle n'était pas spécialement favorable et je ne l'aurais certainement pas regardé sans un brin de hasard. Je regarde le programme. Une paire de grands acteurs (Robert de Niro, Robin Williams). Je regarde internet. Une bonne critique. Pas le temps de changer de chaîne, nous aurions loupé le début. Le choix était fait.

Le choix fut bon. Très bon film à deux détails près. D'une part, on comprend mal le déclic qui fait qu'entre le moment où le toubib réussi à faire s'exprimer le gamin avec le machin avec les lettres, la fiche qu'il prend dans le tiroir et le bouquin qu'il lit devant la grille et l'espèce de léopard, que le docteur pense au médicament pour Parkinson. Tant pis ! C'est lui le spécialiste. Peut-être me suis-je égaré dans mon iPhone quelques minutes et ai-je perdu le fil.

Le deuxième plus gênant. A parti du moment où tout va bien et qu'il reste plus d'une demi-heure de film, on se doute bien que la fin sera malheureuse. Que le remède n'allait pas fonctionner sur le type, sauf pendant quelques jours. De fait, c'est ce qui se passe. On se met à espérer que le toubib va trouver autre chose et on comprend vite que ça va échouer. C'est alors que ça part en couilles ! Les acteurs se mettent à jouer de travers ou à « surjouer ». C'est abominable et vous décrochez...

J'avais totalement oublié ce film quand, dans twitter, je suis tombé sur cet article « 3 bonnes raisons de regarder "Breaking the waves" ce soir à 20 h 50 sur Arte. » Et je me suis rappelé que je connaissais la fin. Elle est racontée dans Wikipedia. C'est souvent le cas pour les films au dessus des autres.

Je ne sais pas si c'est volontaire, si le type qui a rédigé la page n'a pas aimé le film ou a voulu faire de l'humour, toujours est-il que le volet mystique du film apparaît complètement ridicule. Ou alors c'est mon athéisme forcené qui déforme la pensée de l'auteur...

C'est un drame, une histoire triste,dont la fin semble tournée en dérision. Il a une belle critique, des récompenses,...

Faut-il le regarder ?

06 novembre 2014

Santé ! Mais pas de la tête

J'ai l'habitude de donner des nouvelles de mon petit monde, ici. Dans un récent billet, je me moquais du soi-disant AVC qu'aurait eu Marcel Le Fiacre. En fait, il a été opéré en urgence d'une tumeur au cerveau, hier. Ca s'est bien passé, merci. 

Il m'a appellé vers 11h30. Je ne comprenais rien à ce qu'il me disait sauf l'essentiel : l'opération. J'ai donc envoyé un mail à Patrice qui m'a confirmé l'information. Il m'a appelé par erreur alors que j'étais en réunion. J'ai répondu parce que j'avais peur que ça soit important (ca l'était). Et me suis fait engueuler par la chef parce que je répondais au téléphone. Je me suis vengé par la suite : elle est rentrée d'un repas d'affaire et j'aurais dû exiger une prise de sang. 

L'opération du cerveau n'aide pas à utiliser correctement un téléphone. 

Toujours est-il que je n'ai pas spécialement le moral, connaissant un tas de gens morts d'un cancer guéri après une opération. Heureusement que je peux raconter des conneries dans Twitter suite à l'émission avec François Hollande. Heureusement qu'il est là. 

Par contre, le vieux Jacques est sorti de l'hôpital. A mon avis, dans trente ans, je ferai encore des billets annonçant sa fin proche. Si je n'ai pas un cancer du cerveau avant. Marcel en a bien un. 

05 novembre 2014

Toilettes pour homme

Au bureau, les toilettes pour homme sont dans la cage avec les ascenseurs. Du coup, il faut prendre son badge pour aller pisser, ce qui est une discrimation grave : les toilettes des femmes et celles des handicapés sont accessibles sans le badge. 

Il est temps que la blogosphère se saisisse de vrais sujets. 

Toujours est-il qu'une bonne partie des mecs vont pisser dans les toilettes pour handicapés. Pas moi, sauf en cas d'urgence. Mais comme ils ne s'assoient pas et qu'il n'y a pas de pissotières (les mecs en chaise roulante sont assez peu sensibles aux vrais sujets), certains pissent à coté et c'est degueulasse. Pire que chez moi. 

C'est mal. Mais les vrais sujets, hein !

Toujours est-il que j'ai interpellé un collègue hier. C'est simple. Dans la mesure où on a toujours notre badge sur nous, je parle des hommes, les grosses les foutent dans le sac à main, nous dans la poche, ce qui réduit le degré de la discrimination de mon premier paragraphe. 

Comme quoi, les vrais sujets,... On ferait mieux de s'occuper de ma précédente phrase qui n'est pas terminée. 

J'ai donc demandé à un collègue pourquoi il allait pisser chez les habdicapés, ou, pour être politiquement correct, chez les PMR. 

Il m'a répondu qu'il préférait parce qu'il y avait plus d'espace. 

Je lui ai donc demandé par réflexe s'il avait une bite si longue que ça. 

Je crois que c'est la première fois dans l'histoire de l'honorable administration qui m'emploie qu'un cadre superieur pose ce genre de question à un autre cadre superieur d'un échelon hiérarchique superieur. 

Et c'est aussi bien. 

J'ai des réflexes idiots. 

04 novembre 2014

On oublie toujours de remercier la Comète

La soirée avec Jean-Luc Bennahmias fut parfaite. Rondement menée avec un personnel efficace et une patronne aux anges. 


J'ai déjà diffusé cette photo dans le blog politique. Autant la reconvertir dans le blog photo. 

03 novembre 2014

L'Ecir, le bar des seigneurs

Quand je suis entré dans ce bistro, je n'étais pas dépaysé : il y avait un gros noir qui buvait du rouge au comptoir. C'est, en revanche, la seule comparaison que l'on peut faire avec la Comète. Il n'y avait aucun vieux regardant son Perrier en espérant qu'elle se transforme en 1664. 

Décernons un bon point d'emblée avant d'entrer dans des considérations hasardeuses. La bière de base est de la Paulaner. Cela mériterait que l'on embrasse le patron mais il est aussi gros que moi : on n'y arrive pas. Tiens. Une photo. 


Le type qui tourne le dos au comptoir est Styven qui habite dans le quartier. C'est un copain. Ça m'a fait autant plaisir de le revoir que le patron de ce bistro sympathique qui n'est autre que Mathieu, l'ancien patron de la Comète. Il a repris ce bistro avec Yannick qui était serveur à la Comète. On reconnaît Mathieu à sa légère surcharge pondérale et Yannick à sa calvitie naissante. 

Que dire de plus à part qu'il se trouve au 59 boulevard Saint Jacques, à l'angle de la rue de La Tombe Issoire, de mémoire, ce qui m'a fait rigoler en préparant ce billet. Il y a une quinzaine d'années, il y avait à côté le siège de la monétique des Caisses d'Epargne. Sortant d'un entretien avec des andouilles qui avaient fait l'erreur de nous faire croire qu'ils voulaient nous vendre une mission longue, nous avaient fait comprendre qu'ils ne voulaient qu'avoir un avis d'experts. On était donc rentrés dans ce bistro avec mon commercial pour boire une biere. On l'a fait. Tant qu'à faire on a bu une deuxième. Une troisième. Une quatrième. Ce qu'il y a de rigolo, c'est que je n'ai aucun souvenir du bistro. Seulement de la soirée. Il y a aucun doute possible. C'était là. Aucun doute. Ce n'est qu'une heure après, en arrivant à la Comète et retrouvant la wifi pour faire ce billet que je m'en suis rappelé. Cette cuite que j'ai prise en 1997 dans ce bistro alors que Styven n'était pas né, dépité par un client débile. 


02 novembre 2014

Un petit tour au bistro ?

Quand je pense qu’il y a encore des gens qui ne connaissent pas l’Aéro, ça me laisse pantois. J’y vais assez souvent mais je ne reste jamais très longtemps, sauf parfois le samedi soir, quand il est ouvert. C’est un tout petit bistro où seul le patron bosse, aidé parfois par un pote à lui pour qu’il puisse avoir quelques disponibilités pour régler des histoires personnelles. De mémoire, le patron est là depuis avril 2007. Au départ, ils étaient deux mais ils ne s’entendaient pas bien. Du coup, deux ans après l’ouverture, Karim a racheté les parts d’Idir. Il est ouvert tous les jours depuis le début. Jamais de repos, jamais de vacances.

En avril, il a fini de rembourser son prêt. Il est propriétaire. C’est une toute petite affaire, mais, en région Parisienne, ne nous trompons, ça représente 20 ans de SMIC, uniquement pour le fonds de commerce, pas les murs.

Quand il n’est pas en retard, il ouvre à 6 heures du matin. Pour nous autres, grosses fainéasses, ça parait très tôt, mais il y a un tas de gens qui prennent un café avant d’aller bosser, des ouvriers ou alors des types qui reviennent de Rungis. Jusqu’en 2007, je prenais souvent l’avion et choppais le premier métro, vers 6h05. Je passais prendre un café, juste avant, à la Comète ou à l’Aéro. Il y avait toujours des clients. Il ferme souvent vers 19 heures, parfois il traine jusqu’à plus de minuit.

C’est un des derniers bistros n’ayant que la vente de boisson comme activité. Regardez autour de vous, hors bars de nuit et zones touristiques, tous les bistros font autre chose : restauration, tabac, jeux,… Pas l’Aéro. Tout le monde lui donne des conseils, notamment pour qu’il fasse restauration mais il serait obligé d’employer un cuisinier et un serveur. Il gagnerait moins d’oseille. Beaucoup de types ont prédit qu’il ne réussirait pas et qu’il serait obligé de revendre. Il a réussi. J’étais un des seuls à y croire et, avec mon flair, je ne me suis pas planté. C’était un peu pareil avec la Comète, mais dans l’autre sens. Tout le monde prédisait que l’ancien patron ferait un tabac, sauf moi. J’ai malheureusement eu raison.

D’autres lui conseillent de mettent une grande terrasse vu que la place vient d’être refaite et qu’il y a un bel ensoleillement. Le problème est le même : il serait obligé de prendre du personnel. Alors, il a mis quatre ou cinq petites tables et se débrouille tout seul. Gérer une grande terrasse est très chiant : le matin, il faut sortir les tables, les chaises, même s’il fait mauvais (elles sont stockées dans le bistro). Le soir, après une journée de boulot, il faut les rentrer. Il y a un marché deux ou trois jours par semaine. Il serait emmerdé, ne pouvant pas sortir toutes les tables et étant donc obligé de les descendre à la cave pour avoir de la place.

Dernière précision : l’Aéro est juste après la sortie du métro, dans la direction de l’Hôpital (un des plus gros d’Ile-de-France), à quoi des arrêts des bus qui desservent une partie de Villejuif et tout le sud-ouest de la commune. Il y a donc beaucoup de passage.

La clientèle

Dans le temps, le bistro était tenu par un couple, Christiane et Loulou. Il me semble qu’elle était auvergnate et lui Kabyle. A l’époque, il faisait à manger le midi. Je crois que c’est Abdel qui faisait la cuisine. Bicêtre était une ville ouvrière et ce genre de bistro avec une bouffe traditionnelle (bœuf bourguignon, blanquette et couscous) marchait du tonnerre. Le bistro a été ensuite repris par Abdel et son frère puis Abdel tout seul, dans les années 90. Le quartier commençait à changer. C’est d’ailleurs à cette époque que j’ai acheté mon appartement (94) et commencé à vernir à l’Aéro (96 ?). C’est le genre de boutique où il faut être trois : un barman, un cuisinier et un serveur. A deux, Abdel et son frangin, ce n’était plus possible. Il faut un barman, si possible le patron, à plein temps pour assurer la relation avec la clientèle. S’il est occupé au service, le comptoir est vite déserté et les gens prennent l’habitude d’aller ailleurs, d’autant que les deux n’arrêtent pas de s’engueuler pour différentes raisons.

Abdel a donc pris l’affaire tout seul, sans cuisine. Sa femme était infirmière et rentrait souvent tard le soir donc le bistro était progressivement devenu festif. Ainsi, en plus de la clientèle de kabyles, d’ouvriers, d’amateur de bistros « bougnat », l’Aéro s’est retrouvé avec une clientèle plus jeune, le soir,… Ou plus vieille, d’ailleurs, puisque les vieux potes y venaient plus souvent.

Ainsi, la clientèle est hétéroclite mais assez « communautariste ». On peut facilement distinguer les groupes :
-          Les vieux Kabyles qui restent assis des heures le matin,
-          Les vieilles françaises, remplaçantes des Auvergnates, qui les remplacent l’après-midi,
-          Les noirs qui, quant à eux, remplacent plus les ouvriers,
-          Les jeunes kabyles,
-          Les anciens de Bicêtre, remplaçant aussi les ouvriers.
Et moi, au bout du bar, soit tout seul, soit dans un de ces trois derniers groupes. Je précise les « origines » parce que les détails comptent pour la suite de l’histoire mais aussi parce que le vivre ensemble est amusant à regarder.

Je suis le plus ancien client de Karim. J’étais là le jour de la réouverture, en 2007. Je suis toujours là. Patrice avec qui j’ai bu un coup hier fréquentait le bistro avant moi, mais je suis peut-être le plus ancien client régulier.

Karim est humain : il prend des cuites. Mais, quand il est bourré, il répète toujours les mêmes histoires, 20 fois, 50 fois, 100 fois. Heureusement qu’il change d’histoire tous les soirs. Hier, il nous a cassé les burnes pendant une heure en répétant en boucle que son fils avait cassé la clé dans la serrure. Je vous jure, c’est la vérité ! Et il répète aussi « j’te jure, c’est la vérité » et « sur la tête de mon fils » des centaines de fois. A part ça, il est d’une grande gentillesse mais a tendance à se fâcher avec tout le monde. Sauf avec les clients d’origine bretonne quasiment certifiée. Sa femme, la mère de son fils, était bretonne. J’ai donc un statut particulier dans le bistro… D’autant que je suis à peu près le seul fêtard à ne pas brailler au comptoir, tout comme mes acolytes Tonnégrande et le vieux Joël, le reste de la bande n’y passant plus de soirées.

Quand Jean, de la Comète, a pris sa retraite et les propriétaires ont changé la boutique pour en faire un truc plus branché, en virant les pochetrons et en augmentant les tarifs, l’Aéro a récupéré une partie de la clientèle d’ouvriers.

Pour en terminer de planter de décor, il y a une catégorie de clients que je déteste : les bobos du quartier, ce genre d’abrutis quinquagénaires qui se croient toujours jeunes et regorgent de pognon et viennent boire un coup dans mignon petit bistro de quartier… Ils sont arrogants mais cherchent à copiner avec le patron.

Acte 1 – Scène 1

 Je numérote, c’est pour faire joli.
12h45, hier. L’Amandine et la Comète étant fermées, je me pointe directement à l’Aéro en espérant y trouver des potes. Les vieux Kabyles étaient là, assis à la rangée de tables face au comptoir, assis côte à côte, tous tournés dans même direction. On aurait dit les petits vieux dans Astérix en Corse. Je les salue d’un tonitruant « Bonjour messieurs ». Ils me répondent. Quand il y en a un que je connais bien, je serre la main à tout le monde mais ils n’aiment pas…

Patrice se pointe, nous buvons le coup. Il se barre.

La bande de noirs arrivent. Il y a José. Une armoire à glace. Il a une voix aigüe éraillée, c’est affreux. Il est client depuis deux ou trois ans. On n’a pas les mêmes horaires donc on se voit assez peu mais comme on sait qu’on a des copains en commune, on fait comme si on était des amis d’enfance le temps de se dire bonjour. Il est Guadeloupéen. Il y a Edouard. Lui, je le connais depuis 2008. C’est un des militaires qui loge à Bicêtre. Lui, je ne sais pas d’où il vient. Il est assez petit et relativement attachant. On a envie de le prendre dans les bras pour le consoler. Le genre de gars tout timide. On a l’impression qu’il a envie de parler mais n’ose pas. Et il y avait un autre type, sénégalais, que je ne connaissais pas. A priori, il travaillait dans le quartier et avait donc des horaires de bureau et y habite maintenant, depuis très peu.

Il était venu emprunter une clé de 10 pour monter un lit. Et voila Karim qui nous raconte la fois où il s’est fait voler sa caisse à outil qu’il avait prêté à un Kabyle qu’il n’a jamais revus (le Kabyle et la caisse). Nos noirs apportent leur caution mais avec Karim, en fin d’apéro, ça dure. Notre Sénégalais se casse.

Karim explique alors qu’il a rendez-vous avec Mustapha pour manger des moules frites. Mustapha ! Je ne sais pas d’où il vient, lui. Dans le quartier, certains l’appellent « le Turc ». On va dire que c’est vrai. Toujours est-il qu’il est couturier dans le coin dans une petite boutique à côté de chez moi. Après le boulot, il prend des cuites mémorables. J’en ai déjà parlé ici. Toujours est-il qu’on ne l’a pas vu de la journée, finalement.

Pour faire des moules frites, il manquait un ingrédient essentiel : les pommes de terre. Pendant ce temps, le gars qui aide Karim était arrivé. Quand je dis qui l’aide, ça mérite des précisions : c’est un avocat à la retraite, très réputé au pays, il fait la comptabilité de Karim et le remplace au bistro occasionnellement, je l’ai dit. J’ai oublié son prénom. C’est étrange, c’est un bon pote, un supporter de François Hollande. On a fait les mêmes meetings en région Parisienne. C’est avec lui que je chialais comme une madeleine au soir du 6 mai 2012… Du coup, son prénom me revient ! Majid.

Majid est donc allé acheter des pommes de terre chez Leclerc, plus une demi-baguette et un camembert.

Acte 1 – Scène 2

Majid revient, passe derrière le bar, y dépose ses achats et bricole un truc dos à nous.

Voilà Karim qui se met à gueuler : mais tu n’as pas acheté des pommes de terre pour faire des frites ! Majid : mais si, c’est marqué dessus ! Karim : mais non, elles sont trop petites, ce sont des pommes de terre pour faire de la purée, il faut les cuire à l’eau. Voila nos noirs et nos deux Kabyles qui se lancent dans une discussion sur les pommes de terre. Une bonne demi-heure.

Voilà le Sénégalais qui se repointe avec un barquette qu’il donne à Karim : tiens, voilà, c’est du veau, tu peux le réchauffer ? Karim : ah non, je mange avec Mustapha des moules frites mais Majid n’a pas acheté les bonnes pommes de terre, ce con.

Majid finit par se casser : je vais à l’hôpital voir quelqu’un, je reviens.
Karim : on t’attend pour les moules frites.
Les autres qui avaient vu ce que Majid bricolait se mettent à rigoler. Majid avait mangé sa demi-baguette et son camembert.

Je dois reconnaitre qu’à ce moment, je me suis dit que s’il y a des moules pour trois dont un est parti, il y en a pour quatre dont un est parti. La Comète et l’Amandine étant fermées, il aurait fallu que je mange chez moi (j’avais prévu le coup mais bon, des moules frites…).

Le Sénégalais commence à trépigner ! Tu peux faire chauffer ma barquette de veau ? Karim : ah non, je vais manger des moules avec Moustapha mais Majid n’a pas acheté les bonnes pommes de terre, celles-là sont chiantes à éplucher. Le Sénégalais : mais c’est pour moi, avec ma femme, on emménage, et on n’a pas encore de microonde. Karim : ah mais tu fais chier, je ne peux pas m’absenter, Majid n’est pas là, bon les gars soyez sages, je descends, je vais en profiter pour faire les frites.

Un jeune noir arrive et voulait acheter des boissons à emporter. Désolé, monsieur, le patron est parti faire une course. José intervient : laisse, c’est un frère, je vais m’en occuper. Il sert le gars et prend l’oseille qu’il met sur le comptoir.

Acte 1 – Scène 3

Karim remonte avec la barquette. Quelques minutes après, il redescend et remonte avec des frites.

Il les propose aux noirs et à moi et j’en grignote quelques-unes. On papote. Des vieilles françaises arrivent. Elles prennent la place des vieux Kabyles. Je n’avais pas vu qu’ils étaient partis. Bonjour Mesdames, Bonjour Messieurs,… Deux thés, s’il vous plait.

Karim : bon, je vais appeler Moustapha et faire les moules et d’autres frites mais Majid n’est toujours pas là pour manger avec nous. Je regarde ma montre (enfin mon iPhone) : 16 heures. Oups. 3h15 de bistro (sans picoler). Je me casse.

Interlude

 Je rentre à la maison, fais à bouffer, manger, une sieste.

Acte 2 – Scène 1
                                                                                                                                        
18h30, je suis de retour à l’Aéro. Il y a toujours le Sénégalais, José, Edouard, côté noirs, et « Macrame » (?) et un autre gars que j’aime bien, une armoire à glace, comme José. C’est un peu le chef de la bande de Kabyles, ou, plus exactement, le modérateur, celui qui les empêche de faire des conneries.

Jean-Luc, artisan dans le quartier, gendre de l’ancien propriétaire de la commerce, arrive. J’en ai parlé vendredi soir, c’est lui m’a dit que Led Zep avait joué à Bicêtre en 1969. Il était accompagné du serrurier de chez Leclerc.

Karim le reconnait et commence à raconter son histoire de clé cassée par son fils dans la serrure. A mais c’est vraiment de la mauvaise qualité et tout ça. Il la raconte 50 fois, au moins ! Le serrurier prend ça pour lui et part.

Acte 2 – Scène 3

Jean-Luc et moi buvons un verre puis il part. Voila le vieux Joël. Nous discutons normalement mais il était pressé.

Acte 2 – Scène 4

JP (Jean-Pierre, Jean-Paul,… qui sait ?) se pointe. Il vient de Guyane, je le connais depuis longtemps. Il m’énerve. Depuis le début, il me serre la main en disant « bonjour directeur ». Si José et Edouard avaient pris leur cuite à l’Aéro, je ne sais pas d’où venait celle de JP. Mais il était visiblement atteint. Je vais tout seul, dans mon coin, étant le seul à jeun (ce qui ne durera pas).

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé…

J’ai entendu JP s’énerver : je t’ai dit de ne jamais me servir un verre avec deux bouteilles (je traduits : la première bouteille étant vide, le serveur le complète avec une autre bouteille). Karim l’engueule : mais tu rigoles, je viens d’ouvrir la bouteille devant toi, regarde, il manque la dose pour un verre. Le ton montre, je ne comprends rien. Karim commence à engueuler tous les noirs : « Vous les noirs… » et à leur sortir un tas d’imbécilités de pochetron avinés.

Le Sénégalais était parti avant et je me disais que José et Edouard n’allaient pas supporter les propos très racistes et allaient se barrer. Il aurait fallu que je les suive pas solidarité. Outre le fait que j’aurais eu du mal à trouver un autre bistro ouvert dans le quartier, je n’avais du tout envie de me fâcher avec Karim à qui ce genre de propos de ressemblent vraiment pas. Comme quoi, l’alcool fait ressortir le nationalisme et le racisme…  D’un autre côté, j’espérais bien qu’ils allaient partir : je ne voyais pas d’autre solution pour rétablir un certain ordre que de fermer le bistro.

Le ton a vraiment monté. José a voulu payer mais Karim l’a engueulé : ah, cette fois tu veux payer, ça change, avec le nombre de fois où tu as oublié. Je vous passe le détail.

 Mon pote, la grande armoire à glace Kabyle, le « modérateur », intervient et calme un peu le jeu. Surtout, pendant ce temps-là, le neveu de Karim arrive, un jeune gars qu’il héberge puisqu’il fait ses études à Paris. Karim s’est calmé immédiatement, a servi une tournée générale… sauf à moi. Mais y compris à JP.

José, Edouard et moi nous sortons faire le point. Mes camarades n’étaient pas fâchés. Ils étaient simplement peinés. Ils avaient bien vu que Karim n’en voulait qu’à JP et qu’il les avait englobés par erreur dans son délire. Je le confirme en reportant deux ou trois propos… Il est convenu que José allait rentrer chez lui sans payer immédiatement (il commençait à être tard, sa femme l’attendait) et qu’Edouard allait attendre JP vu qu’ils habitent à côté.

Acte 2 – Scène 5

On était donc deux Kabyles plus le patron du même métal, deux noirs et un gros. Edouard va aux toilettes. JP part en disant : je l’attends au bus.

Edouard revient, lui courre après. Macrame lui dit : « t’inquiète pas le bus n’est pas passé ». Edouard revient finir son verre puis va à l’arrêt de bus. Le bus était passé et personne ne l’avait vu. Du coup, il offre un verre aux deux Kabyles (et pas à moi, je vais finir par croire qu’ils m’en veulent).

Les deux Kabyles partent. Karim n’arrêtait pas de parler.

Je voyais bien qu’Edouard voulait me dire quelque chose. Je finis par comprendre qu’il veut s’excuser d’être comme ça ce soir mais qu’il est très triste, c’est un gars de son unité qui est mort au Mali récemment.

Il pleurait presque, d’autant que, comme Karim nous interrompais sans cesse, il n’arrivait pas à m’expliquer. Alors, je l’ai pris dans mes bras (d’où ce que je racontais en introduction).

Il finit par partir. Le neveu au patron avait rentré les tables de la terrasse, il restait à ce dernier à faire le ménage. Je m’attendais à partir.

Le téléphone sonne. C’était un ancien client qui téléphonait pour savoir si c’était ouvert et s’il pouvait passer. Dans une heure. Il était environ 22h00. Karim a répondu : ben oui, si c’est toi, je t’attends !

Chic ! Me dis-je alors, on va pouvoir trainer un peu…

Le gars a téléphoné tous les quarts d’heure pendant deux heures en disant à chaque fois qu’il arrivait dans une heure. Je commençais à me foutre de la gueule de Karim : il ne viendra pas. Mais je pouvais rester, ce qui était bien l’essentiel. Il est arrivé vers minuit.

Mais, entre-temps, je vous le jure, ça a duré deux heures, nous n’avons parlé que de ce gars, à un seul sujet : mais si tu le connais, Christophe, il est déjà venu ici, tu t’étais engueulé avec lui, tu vas voir, tu vas le reconnaitre quand il va rentrer, ça va te revenir, mais ce n’est pas possible, tu as Alzheimer ou quoi, déjà à ton âge, tu le connais, tu t’étais engueulé avec lui, tu l’avais envoyé chier alors qu’il te cassait les couilles, tu vas le reconnaitre, un militaire, il habitait Bicêtre, il est parti à Nanterre, mais si, tu connais, tu te fous de moi, là, tu vas le reconnaitre quand il va entrer, tu jouais avec ton iPhone, il voulait parler avec toi, tu ne voulais pas, tu l’as envoyé chier, j’te jure, c’est la vérité, sur la tête de mon fils.

Je vous jure, c’est la vérité : deux heures.

Acte 2 – Scène 5

Minuit. Le gars arrive amené par une grosse voiture (il est militaire et bosse dans une ambassade). Je ne peux jurer que je n’avais pas déjà vu.

Il avait quitté le quartier depuis 18 mois. Ils se sont donc raconté ce qu’ils avaient fait. Karim mentait sur à peu près tout. Il a réussi à convaincre le gars que son fils (18 ans…) avait acheté une grande brasserie et en était le patron et me demandait sans cesse de confirmer, et d’autres trucs comme ça…

J’ai laissé faire. Je ne savais pas qu’on pouvait mentir à ce point-là. Mais jamais, suite à un mensonge, il a dit : j’te jure, c’est la vérité, sur la tête de mon fils. Je conclus donc que quand il ne termine pas une phrase ainsi, c’est qu’il ment.

Je regarde l’heure sur mon iPhone. 1h30. J’étais resté sept heures à ce comptoir, après les trois du début d’après-midi, debout, à ce comptoir, à observer le monde qui tournait.


Je suis rentré : j’avais faim.