30 janvier 2015

Qui sont ces solitaires du comptoir ?

Tous les midis, je mange dans une grosse brasserie, le Tourbillon, à la Défense. J’en ai fait des billets sur à peu près tous mes blogs. Je mange en silence sans écouter les conversations des gens au comptoir mais elles finissent par entrer dans mes oreilles. Par exemple, le quartier étant plein d’informaticiens, comme moi, je comprends les conversations sans les écouter. De fil en aiguille, j’ai fini par y passer quasiment tous les soirs, d’autant qu’ils font happy hour, ce qui nous fait le demi à 1€50… J’y retrouve souvent des collègues, ceux qui bossent en soirée pour faire les installations de nouvelles versions de logiciels pour nos serveurs.

Comme je n’ai plus de temps de bloguer au travail, j’y fais ma revue de blogs avant de sauter dans le métro.

J’ai ainsi repéré que nous sommes trois solitaires, trois types qui venons tous les soirs ou presque et qui ne parlent qu’aux serveurs. Il y a ce grand type qui fume des cigarettes électroniques et ce type tout maigre avec une sorte de boule sur la joue, comme s’il avait une rage de dents ou un abcès. Les autres clients sont des groupes de cadres du quartier – cons comme des bites, en général – qui viennent boire des coups après le boulot, ce qui mériterait un billet…. Toujours est-il que nous sommes trois, précisément, pas 3,14197…, 3, à boire une bière tout seul à peu près tous les soirs. Je dis une bière, c’est une façon de parler.

Nous ne nous sommes jamais parlé, en deux ou trois ans. Tous les trois, on est identiques, a priori, on vient là pour boire un coup (pour ma part en attendant 20 heures, pour avoir une place assise dans le métro). Contrairement à d’autres crétins, on ne vient pas au bistro pour voir des gens, on s’en fout.

Ce soir, le hasard a fait que j’étais juste à côté de l’un d’entre eux, de l’un de nous trois, donc ce n’était pas l’autre. Je ne lui ai jamais parlé, je me répète. Son smartphone n’avait plus de batterie. Il a donc demandé au serveur de le lui mettre en charge. Le serveur a refusé car d’autres clients avaient fait la demande et toutes les prises étaient occupées.

Je ne sais pas ce qui m’est passé par la tête mais à force de passer une demi-heure ou deux dans ce bistro avec ce type, il m’est sympathique. Il avait posé son smartphone sur le comptoir avec le câble. J’ai sorti ma batterie de secours et l’ai branchée en lui disant que ça lui remettrait une vingtaine de pourcent de charge mais que je devais partir dans une dizaine de minutes. Je ne lui ai pas demandé son autorisation, je l’ai fait : j’ai branché le truc. Comme un geste d’autorité. Je n’étais pas pressé de rentrer, le vieux Joël est à l’hôpital et Tonnégrande en déplacement professionnel en province. J’ai rendu service à ce type spontanément, presque par réflexe ! Pas par altruisme, comme ça, par réflexe. Quand je tombe en panne de batterie, j’aimerais bien pouvoir compter sur les autres, ce type était dans la merde, je suis intervenu.

Un quart d’heure après, il avait récupéré, principe (je ne suis pas là pour vérifier) assez de batterie pour finir la soiré,e j’avais réglé ma note donc voulais partir, il m’a rendu le chargeur pour que je puisse me casser. Il m’a remercié et bredouillé trois mots. J’ai répondu une banalité, du genre : vous devriez faire pareil, acheter une batterie de secours, ça coute moins de 50 euros et ça aide bien. Il m’a dit : ah oui, tiens !

En deux ans de comptoir commun, c’est la première fois que nous parlions. Je le faisais parce que je m’en foutais : je rendais service parce que ça ne me coutait rien de rendre service. J’ignore ce qu’il fait là. J’ignore ce que l’autre fait là, celui qui fume des cigarettes électroniques en buvant des Grim alors que je bois de la bière ordinaire et l’autre, mon pote du soir, boit des digestifs. Je m’en fous et ils s’en foutent. Je ne vais pas au bistro pour me faire des copains, j’en ai déjà assez. Ils font ce qu’ils veulent.

Toujours est-il qu’un truc m’a surpris : le type en question avait l’air de ne pas me connaître alors qu’on se voit une ou deux fois par semaine dans le métro, le matin, et tous les soirs au bistro.

Putain de solitude ! Moi, j’ai mes potes qui m’attendent, à la Comète. Personne n’attend les deux lascars. Ils boivent des bières au comptoir pour attendre que la vie tourne. Le plus drôle est qu’ils m’ont forcément repéré (un gros frisé buvant de la bière plongé dans son iPhone) et pensent la même chose de moi ce qui prouve que j’ai probablement tort dans mon analyse ! Aussi bien, la femme du grand qui fume des cigarettes électronique a un boulot qui fait qui fait qu’elle rentre à la maison à 21 heures ce qui fait qu’il n’a aucune raison de rentrer avant. On n’en sait rien.

Ce soir, je suis arrivé à la Comète plus tard que d’habitude. Il y avait les copains (y compris Tonnégrande rentré de déplacement plus tôt que prévu). Il y avait deux femmes seules et saoules au comptoir. Je parle parfois de Geneviève qui m’a encore demandé, ce soir, si je cherchais une femme de ménage. Je ne connaissais pas l’autre. Je n’étais même pas sûr que c’était une femme, tant elle ne ressemblait rien. Ce sont les copains qui me l’ont dit. Le serveur m’a dit qu’elle était là depuis plus d’une heure mais qu’elle n’avait rien consommé car elle n’avait pas d’oseille.

Je lui aurais bien payé un coup, mais ça n’aurait pas été rendre service à la boutique.

Les copains sont partis, les inconnus aussi. Je suis resté avec les serveurs le temps qu’ils fassent le ménage, la caisse, qu’ils rentrent le mobilier de la terrasse, une sorte de routine. Ils n’étaient pas pressés. Du coup, je leur ai dit qu’il y avait une grève du RER A et qu’ils pouvaient être emmerdés. Ils m’ont répondu que la grève était terminée. Je leur ai signalée qu’elle avait été relancée.


J’étais à deux minutes de chez moi et ils allaient galérer pour rentrer.

Qui sont ces solitaires de comptoir ? Qui est ce type surpris que je lui propose de recharger son smartphone avec ma batterie de secours me demandant humblement si ça n'allait pas me déranger.

J'aurais pu lui répondre ; mais non, ducon, si je te le propose, c'est que je n'en ai rien à cirer. Dans tous les sens de la locution.

16 janvier 2015

Du nouveau ou presque au 1880 !

Les tauliers ont enfin acheté un nouveau couvercle pour les toilettes. On ne sera plus obligé de tenir la lunette à la main, la mettant ainsi sur l'urine de ceux qui n'avaient pas eu le courage de le faire et qui prenaient le risque de voir le couvercle se rabattre. 

C'était néanmoins un des charmes de ce bistro : on avait envie de laver les pognes dès le début de la pause. 

14 janvier 2015

Envoyons chier les religions


J'aime bien rappeler ce truc, cet élément qui fait que je suis non seulement content mais presque fier d'habiter Le Kremlin-Bicêtre. 

N'oublions pas ce qu'il a fallu pour faire de notre truc une République laïque. 

On ne lâche rien. Paf. 

13 janvier 2015

Marre des cons

On traine un peu à la Comète parce qu'il y a eu un groupe qui a débarqué sur le tard. Il y a un nouveau serveur. Il essaie de se "positionner". Le pauvre. Plus de vingt ans que je suis client. 

Il y a une jeune cliente qui vient là depuis quelques mois. Le serveur lui faisait du gringue, normal. Nous on la connaît. 

Elle lui dit : "hé ho ! Ca se voit que je suis lesbienne. Ca se voit que tu es juif. Alors arrête". 

J'ai honte. Mon bistro préféré. 

08 janvier 2015

Émotion (ou colère ?)


Ma copine Nancy est bien française mais habite au bout du monde, en Colombie ou au Vietnam, dans ce coin-là. Elle a fait un billet "je suis Charlie". Je voulais passer chez elle laisser un commentaire, ce soir (j'ai vu son billet ce matin) mais elle a fermé les commentaires, ce que j'apprécie d'ailleurs. Elle fait un billet pour exprimer sa tristesse pas pour laisser les autres exprimer la leur. J'ai exprimé la mienne dans mon blog politique, je n'avais pas à le faire chez elle. J'avais néanmoins autre chose à lui dire. Alors je voulais lui envoyer un mail. Mais je vais faire un billet. Nous sommes blogueurs. 

Mon premier vrai billet dans ce blog, cette année (néanmoins fait avec un iPhone, excusez les fautes). Pas un billet drôle. 

Dans mon dernier billet du blog politique (voir la bloguerolle avec mes blogs), je dis ce qui m'a emu avec cette histoire de Charlie. 

Il y a notamment le discours de mon chef   Et les témoignages de solidarité qui viennent du monde entier et d'inconnus. Ce que je voulais dire à Nancy, c'est que son billet m'a emu, non pas parce qu'elle habite au bout du monde, elle est guyano-normande, un peu comme si elle était issue de la copulation de Didier Goux et Tonnégrande, mais parce qu'elle ne fait pas partie de mon cercle habituel de blogueurs, les politiques, les influents, les historiques du Wikio. 

Ce matin, je voulais fait faire un billet sur l'émotion, ici, pas dans le blog politique, tant j'en avais marre de voir des types dire qu'ils étaient émus par le massacre islamo terroriste de Charlie. 

Émotion à pas été mon premier sentiment quand j'ai appris la nouvelle. Il y a eu la tristesse, la peur, la colère,... Je ne sais pas comment l'exprimer. 

D'autres choses m'ont emu comme les condoléances de la reine d'Angleterre au peuple français (comme quoi, je ne crains pas le ridicule), car c'est un symbole de la solidarité nationale. 

Le discours de mon chef (plus précisément le président de la boîte) m'a ému ce soir, quand il nous a dit qu'il avait maintenu la galette des rois traditionnelle malgré le deuil qui touche le pays parce qu'elle nous permettrait de partager une minute de silence. 

Ce matin, j'ai eu l'idée de ce billet sur l'émotion en pensant à un truc. Pour moi, l'émotion est ce truc idiot qui vous met les larmes aux yeux mais vous empêche de pleurer comme quand la France gagne la coupe du monde ou que le patron paye une tournée. Ce truc idiot vous met les larmes aux yeux mais vous vous abstenez parce que cela serait idiot. C'est ainsi que des détails m'ont emu avec cette histoire de Charlie. 

Toujours est-il que ce truc idiot, auquel je pensais, j'ai décidé de le raconter en pensant à la reine d'Angleterre, tellement il est idiot. C'est la première fois où j'ai eu le sentiment que cette émotion qui vous met les larmes aux yeux est ridule et inexplicable. 

C'était en 1994, j'avais 28 ans. Je faisais partie d'une association nationale depuis depuis mes 11 ans. Le responsable régional passait la main pour prendre d'autres responsabilités et n'intégrait la nouvelle équipe régionale en tant que trésorier. Lors du congrès régional, au moment du pot du soir après une journée de palabres sans intérêt (il y a jamais assez de candidats aux responsabilités), il a fait un discours. "Je vous remercie pour le travail effectué qui nous permet de maintenir notre action auprès de la jeunesse et tout ça" (dix minutes). 

J'ai eu une boule, là. J'étais ému. Les larmes aux yeux. Non pas parce que je contais ma "montée" ou parce que l'année suivante il me serait revenu de présenter mes félicitations aux trésoriers locaux. Non. Rien. C'était comme ça. Ça m'est venu du fond du ventre. 

Merci Loïc. 

Alors je vais aussi raconter ma première émotion "avec" les blogs. 

J'avais organisé, avec CC, une soirée de blogueurs en août 2009. Elle m'avait dit : pour une fois fais nous ton truc en août pour que les blogueurs provinciaux puisse venir. Le hasard a fait que mon blog politique est passé ce mois-là premier au classement général d'un truc bidon. 

Nous étions une petite cinquantaine. Un type est arrivé. J'étais près de la porte. Il m'a dit "bonsoir, tu es Nicolas ? Moi, c'est Guy Birenbaum". Putain ! Le Guy ! Il marquait un peu la consécration de ma conception des blogs : les copains avant tout, ce qui avait valu le classement de mon blog. Il m'avait appris à bloguer (alors que j'avais commencé avant lui). Il t'y avait un tas de potes, je ne vais en citer que deux : Gaël, parce qu'il est le seul à savoir qui est le Loïc, et FalconHil, parce qu'il était venu de loin dans ce repère de gauchiste pour la seule raison que nous avons la même vision des blogs. 

Je ai pas été emu par la visite de Guy. J'avais d'autres chats à fouetter. J'ai été emu (cette boule, les larmes aux yeux et toutes ces conneries) en rédigeant mon billet de compte rendu le lendemain, pour differentes raisons, dont la présence de Guy mais aussi par un jeu que nous avions avec Balmeyer et Gael dans nos blogs : nous serons les rois du monde. Et on l'était. 

Le lendemain Guy était reparti dans sa Normandie (non Guyanaise). Sur la plage, il a assisté à l'intervention des pompiers suite à la noyade d'un môme. Il est rentré chez lui. Et il a tweeté sa détresse. C'était au début de Twitter, pas le machin que c'est devenu aujourd'hui. J'étais seul avec Guy. Je l'ai déjà raconté deux ou trois fois. J'ai essayé de lui apporter le réconfort que je pouvais. 

Toujours est-il qu'à chaque fois que je raconte ces deux jours, je suis ému. 

Pas quand des types se font massacrer par des connards à qui j'ai envie de foutre un entonnoir dans le cul avec du Destop et en ne les achevant que lorsqu'ils auront fini de lire à haute voix tous les billets de mon blog politique. 

La colère ou l'émotion ? 

03 janvier 2015

Des lunettes pour lire

A midi, j'ai vu le vieux Jacques. Je ne sais plus quel âge il a, sans doute 71 mais ma mémoire peut flancher. Il avait des lunettes. Il est presbyte. On a toujours dit qu'en tant que myope, je serai presbyte à 48 ans. Mes collègues de bureau ayant passé les 45 ont tous des lunettes pour lire.

Tiendrais-je comme le vieux Jacques et n'aborderai-je la presbytie qu'à 70 ans ? 

Telle est la question qui me perturbe aujourd'hui. 

01 janvier 2015

Innovons réveillons

C'est la première fois depuis 31 ou 32 ans que je ne passe pas le réveillon avec des potes. C'est la première fois depuis 31 ou 32 ans que je ne commence pas une année avec une légère ébriété. 

Tout est possible. 

A un moment, j'ai pensé me faire inviter. Cela aurait été possible, il m'aurait suffit d'aller prendre l'apéro au Théâtre, hier midi. Cela étant, je préfère passer une soirée seul qu'avec des inconnus. Le vieux décrit assez bien les raisons :

http://didiergouxbis.blogspot.fr/2014/12/gehenne-serpentins-cotillons-et-cephalee.html

Vers 19 heures, au décidé de sortir et suis allé au PMU. Bonne ambiance mais avec des gens qui avaient décidé qu'il fallait faire la fête. J'ai fui. Prévoyant, j'avais fait quelques courses pour améliorer l'ordinaire. J'ai bien bu une flûte de Champagne à la maison mais j'ai eu la flemme de me mettre aux fourneaux. Au lit !

Du coup, je me demande si je suis le seul type au monde à etre sorti tous les soirs de l'année sauf le dernier jour.