12 novembre 2014

On ne pleure pas un copain

Hier soir, je rentre de Bretagne, l'Aéro était ouvert. Je décide d'y boire une verre (pour dire bonjour uniquement, hein !). Le patron était saoul comme s'il avait bu ce qui fait que je me demande s'il n'avait pas un peu picolé. Je me plonge donc dans l'iPhone jusqu'à l'arrivée du vieux Joël. Il arrive. On papote. Je me replonge. 

Je vais dans Facebook. Un copain (un vrai que je connais depuis près de vingt ans) repère que je suis là. Il m'envoie un MP (message privé). On discute et il m'apprend qu'un copain à lui (qui aurait pu être à nous, mais j'ai quitté les milieux qu'on fréquentait ensemble avant son arrivée) est mort. Je le sentais seul, derrière son PC, se sentant con de vouloir pleurer mais ne pouvant y résister. J'ai balancé deux ou trois banalités pour essayer de le réconforter sachant que je ne pouvais pas faire grand chose. 

Comme tous, il a une vie sociale, voit beaucoup de monde, mais à 21 heures, il est seul. Il ne veut pas déranger sa famille et n'a que les réseaux sociaux pour contacter les vieux potes. 

A un moment, il me demande : "on pleure comment un copain ?"  

J'ai répondu : "on ne pleure pas un copain. Je l'ai trop fait."  

J'ai en gros 15 ans de plus que lui, et, effectivement, j'ai eu plus l'occasion que lui de perdre des potes. C'est mathématique. Ne serait-ce que dans les blogs. Jean-Louis, Olivier, Philippe, Jean,... 

Je l'ai trop fait, de pleurer, disais-je. Je me rappelle de la mort du Coucou, Jean-Louis. Non seulement, je chialais colle une madeleine, mais il fallait en plus que je réponde aux questions des potes : on fait comment pour les fleurs et tout ça. J'étais resté droit dans mes bottes mais j'avais envie de répondre : vous me faites chier. C'est moi qui suis en deuil. Vous ne le connaissiez pas dans la vraie vie, moi si. C'est à vous d'acheter des fleurs et d'écrire un mot débile. Pour moi. J'avais perdu un vrai pote. Pas un personnage des réseaux sociaux. 

Sylvain, on ne pleure pas la mort d'un pote, je l'ai trop fait et tu le feras trop. Tu pleurerass la mienne (enfin, j'espère que je n'aurais pas à pleurer la tienne, compte tenu de la différence d'âge). 

On ne pleure pas pas la mort d'un pote, JE l'ai assez fait. 

13 commentaires:

  1. Putain, comment tu veux trouver un commentaire rigolo après ça ?
    :-/

    [Beau billet évidemment !]

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci. On n'est pas toujours là pour rigoler

      Supprimer
    2. Mais si, c'est ce qu'il y a de mieuxà faire.

      Depuis quelques années, chaque fois que je vais au cimetière, je me demande si ce n'est pas la dernière fois que j'y viens en accompagnateur.

      Inutile de venir à mon enterrement, je n'y serai pas.

      etc., etc.

      Supprimer
    3. A quand le premier rôle ?

      En fait, c'est complètement con, un enterrement. Le type reçoit des louanges mais ne peux pas les entendre.

      Supprimer
  2. Parfois les larmes ne viennent plus ... elles ont déjà trop coulé !
    Mais la peine est la même.

    Merci pour ce beau billet Nico et j'ai une pensée pour cet homme, ce copain qui s'en est allé.

    Bises

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. De rien. Tu as raison : elles ne viennent plus quand elles ont trop coulé.

      Supprimer
  3. Et puis s'il fallait chialer à chaque fois qu'une personne qu'on a connu beaucoup, un peu ou vaguement décède on n'arrêterait plus
    Perso dans ces cas, ce sont les paroles qui ne sortent plus

    RépondreSupprimer
  4. Pas d'accord. Ben si, on pleure ! (mais comme dirait mon fils, je suis une fille) qu'est-ce que tu veux faire d'autre ?

    RépondreSupprimer
  5. Mais on choisit pas de pleurer ou pas.
    Quand je perds quelqu'un de cher, soit c'est une sécheresse totale et qui fait mal ou ce sont les larmes, qui finalement soulagent.
    Pour le Coucou ce furent les larmes, j'espérais faire sa connaissance à la journée du Polar à Nyons mais il est parti avant.

    RépondreSupprimer
  6. Catherine, Solveig,

    Ce que je voulais dire à mon pote, c'est qu'on ne choisit pas de pleurer. On pleure ou pas peu importe. Et on ne pleure pas pour la personne mais pour soi. Pour le Coucou, par exemple, je n'ai pas pleuré quand j'ai appris sa mort mais après, avec du recul. Mon pote était devant son PC, tout seul. Il était dans une démarche : c'est mon pote, il faut que je pleure. Il aurait mieux fait d'aller rejoindre sa femme. Mais je le comprends. J'ai fait pareil, désemparé...

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Soyez patients !