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06 novembre 2013

Les princes de la cuite

Les tontons flingueurs fêtent ses cinquante ans. C'est probablement mon film préféré. Du moins, c'est ce que je répondrais si on me posait la question. La scène de la cuite est d'anthologie. Dimanche soir, "un singe en hiver" passait à la télé. En faisant le choix de le regarder, je me disais que j'allais voir l'autre cuite d'anthologie du cinéma français.

J'ai été très déçu. Le film est génial, Gabin et Belmondo sont deux immenses acteurs, ils jouent leurs rôles à merveille. Du rire, de l'émotion, tout ce qu'il faut. Il n'empêche que la cuite n'est pas d'anthologie. C'est une cuite de deux trous du cul prétentieux.

Gabin a une parole malheureuse, c'est quand il discute avec le patron du bistro autour de l'étal du poissonnier. Il prétend que Belmondo bourré est supérieur aux autres pochetrons. Je ne sais plus quels termes il emploie : il voyage, il tutoie les anges ? Il parle de cuite mesquine pour les autres.

Non. Ils ne sont que deux cons exemplaires qui se croient supérieurs aux autres. Ils me faisaient penser au connard qui s'était prétendu journaliste au Parisien (tu parles d'un rêve !) et qui avait emmerdé le serveur de la Comète.

Dans les tontons flingueurs, ils sont différents. Ils sont normaux. Ils picolent, commencent à raconter des conneries,... Certains s'endorment. Un va draguer une petite jeune, sûr de lui. Et à la fin, tous ces vieux cons vont virer les jeunes cons qu'ils jugent insupportables.

Ils sont humains. Ils sont vrais. Ils sont nous. Ça aurait pu être moi, certaines soirées au 1880, quand, sur le tard, je n'arrive plus à commander une nouvelle bière parce que les deux serveurs et le patron sont occupés à préparer des cocktails pour des petits jeunes qui ne sauront pas les apprécier... Alors je peste. J'ai envie de tous les virer mais je me rends à la raison.

Les princes de la cuite comme le voudraient Gabin et Belmondo (enfin leurs personnages...) n'existent pas.

J'ai connu quelques types exceptionnels quand ils étaient ivres mais la répétition des soirées fait qu'ils passaient toujours pour des cons, des cons qu'on adore comme dirait le vieux Jacques, s'ils sont gentils, mais aussi des cons qu'on fuit, parce qu'on ne supporte pas cette répétition des soirées.

Je préfère les petits trucs de chacun qui font un côté exceptionnel à tous les personnages. Patrice, qui s'endort debout au comptoir, parfois sans le toucher. Tonnégrande qui nie être saoul et nous explique que sa femme ne verra rien. Karim qui nie avoir été saoul la veille. Je me rappelle de Pascal qui allait toujours retirer du pognon après une cuite pour conserver le ticket pour se rappeler à qu'elle heure il a allait rentrer. Jeff racontait toujours les mêmes histoires de militaires en rigolant tout seul... Ou presque, sa joue de vivre était communicative. Et Abdel qui se prenait pour le roi du Maroc (pas le vrai, celui de Bicêtre). Et Robert, le petit Robert, ancien facteur, qui voulait absolument boire avec nous mais qui n'arrivait pas à tenir le rythme à la bière et buvait un petit blanc une tournée sur deux. Et "Églantine" (j'ai oublié son nom) qui n'arrêtait pas de répéter "santé mais pas des pieds" à chaque tournée non pas pour le plaisir du jeu de mot mais pour se moquer des ivrognes. Et Bruno qui allait tirer 100 francs tous les soirs pour ne pas dépenser plus mais qui buvait à crédit quand il avait dépassé le plafond ce qui fait qu'il devait au moins 1000 francs toutes les fins de mois (c'est rigolo, les patrons se rappellent assez bien de la date à laquelle les clients touchent leurs salaires). Et moi qui… non, rien.

Le « singe en hiver » a deux défauts. Le premier est de faire croire que c’est possible. Non. Deux types saouls n’arrivent pas à installer un feu d’artifice. Les efforts physiques les auraient anéanti ou les auraient fait dessaouler ce qui fait qu’ils auraient abandonné avant la fin. Des heures de travail… Il ne s’agit pas que de porter des caisses mais aussi, par exemple, monter des poteaux pour les « machins qui tournent ». La deuxième est de faire croire que c’est exceptionnel. Le personnage joué par Gabin avait arrêté de boire pendant 15 ans mais celui joué par Belmondo prenait sa cuite, la même, tous les soirs. Rien d’exceptionnel. Une espèce de routine au cours de laquelle on devient fatalement aigri. Au début du film, on voit la cuite de Gabin sous les bombardements, comme s’il s’agissait d’un acte de bravoure d’un pochetron or c’est vraisemblablement le genre de connerie qu’il fait tous les soirs… Et, en fin de soirée, on le voit faire un acte de tendresse, avec sa femme : « promis, si on s’en sort et que j’arrive à rouvrir l’hôtel, j’arrête de boire ». Tu parles ! Tous les pochetrons le font, de promettre. Le lendemain, ils ont oublié. Et on voit sa femme le croire. Ne pas penser qu'il s'agit d'une promesse d'ivrogne...

C’est une belle histoire. Le vieux, ancien alcoolique, rencontre un jeune alcoolique et le sauve en acceptant de prendre la cuite du siècle avec lui. Mais les propos de Gabin « chez le poissonnier » font qu’il montre qu’il se croit supérieur.

La patron du 1880 a diffusé sur son compte Facebook les photos de la soirée de vendredi, celle d’où je suis parti avant la fin parce que je n’étais pas à l’aise. Parmi elle, il y en a une où je suis au comptoir avec mon iPhone (on ne le voit pas sur la photo, mais quand on me connaît…) avec un gros bordel derrière, plein de jeunes qui font les cons. J’ai l’air figé, comme si je n’étais qu’un élément du décor ou comme s’il n’y avait rien autour de moi. Mes copains (Bernard Blier, Francis Blanche, Jean Lefèvre, Robert Dalban,…) étaient partis. Seul restait celui qui joue le rôle de chef de bande.

C’est la vie.

Un singe en hiver ne l’est pas. Une cuite, c'est glauque ou rigolo. Ca n'est jamais exceptionnel. Henri Verneuil n'aurait pas du décrire ses personnages comme des princes de la cuite mais comme des pochetrons ordinaires avec simplement un petit truc différent, des grandes gueules,... Il n'y avait pas grand chose à changer, principalement la scène "chez le poissonnier". C'est ballot.

07 décembre 2012

L'inégalité des citoyens face au chouchen

Jacques Étienne appelle magistralement à défendre la Cuite à la Française dans son dernier billet. Suzanne réponds en défendant la cuite à la Bretonne, et évoque le chouchen.

C'est amusant dans mon billet d'hier je voulais parler de cuite au Chouchen. J'y parle de Stéphane un animateur du centre de vacances qui vomissait par la fenêtre.

Il s'agit maintenant de faire un billet à caractère hautement scientifique. Le chouchen a une réputation : celui de faire tomber en arrière dès le troisième verre. C'est un peu la sensation que j'avais. Le Stéphane a vomi par la fenêtre et est tombé dans un sommeil de juste.

Notre camp se trouvait près du village de Chaussenac, de 250 habitants, près de Mauriac.

Le 14 juillet, nous avions participé aux festivités. En fin d'après midi, la municipalité avait invité l'équipe d'animation à un vin d'honneur. Comme ils étaient persuadés que nous ne buvions que du Chouchen, ils n'avaient acheté que ça. En fait, je n'en avais jamais goûté : c'est un truc qu'on ne boit quasiment jamais dans les Cotes d'Armor.

Les enfants étant livrés à eux-mêmes au sein de la fête, la quinzaine d'adultes s'était pointée à la salle municipale. Les voilà qui servent un verre à chacun après le traditionnel discours. Seul Stéphane et moi aimions le chouchen. Pour ne pas vexer les gens du cru, il fallait que tous les verres soient vides. La seule solution était que Stéphane et moi buvions ceux des autres. C’était rigolo, ils s’étaient donné le mot et venaient pleurer à mon oreille : « heu… Nicolas, tu sais, je ne peux pas le finir… »

De fait, Stéphane avait bu quatre ou cinq verres et moi huit ou neuf puisque j’étais resté, après, avec l’équipe de direction et le Maire…

Deux heures après, Stéphane dormait dans un coin et, au cours du retour en minibus, s’était mis à vomir. Pour ma part, je n’ai franchement rien ressenti sinon je n’aurais pas conduit : je suis d’une prudence maladive (à l’époque, néanmoins, on ne se souciait pas de la maréchaussée). A posteriori, je ne suis pas spécialement fier…

Ceci est la preuve scientifique que le breton natif de Loudéac de 100 kg tient mieux la route qu'un natif de Saint Brieuc de 60 kg.

18 juin 2008

Comment ne pas se faire repérer quand on rentre saoul

L’autre jour, je relayais une histoire du cul trouvée chez Avanie et Framboise. Je ne suis pas un spécialiste. Cette fois, ils nous expliquent comment ne pas se faire repérer en rentrant bourré à la maison. Ayant certaines compétences dans le domaine, je peux donner mon avis.

D’emblée, je triche : j’ai choisi le célibat. J’ai moins de chance que d’autres de me faire repérer par les voisins. Contrairement à mon copain Michou, mais le sujet du jour n’est pas là bien que l’anecdote soit croustillante. Je vais d’ailleurs la raconter vite-fait. Un jour, il s’était endormi sur le paillasson chez lui car il n’arrivait pas ouvrir sa porte. Jusque là, rien de plus normal. Un voisin passant par là s’est inquiété et appelé les pompiers. Michou s’est réveillé au poste de police. Une enquête discrète a permis de reconstituer à peu près l’histoire : Michou aurait insulté les pompiers qui auraient appelé la police. Nos valeureux combattants du feu ont un côté facétieux qu’on ignorait.

C’est une bonne raison de ne pas se faire repérer en rentrant chez soi.

J’ai un ami blogueur que je ne citerais pas qui a trouvé une autre technique, assez proche de celle de mon pote Michou. Il le raconte très bien lui-même, mais je vais le résumer. Rentrant d’un diner avec des blogueurs littéraires ou gros, il a lui-même préféré se jeter dans les bras de la police qui l’attendait sur le bord de l’autoroute plutôt que de risquer de réveiller sa tendre épouse en rentrant à la maison. La tendre en question servant maintenant de chauffeur, je ne suis pas persuadé qu’elle goute toute la finesse de la stratégie de son époux.

Moi-même je pourrais raconter deux anecdotes contradictoires amusantes.

La première est une fois où j’ai eu la chance de ne pas me faire repérer. C’était en Bretagne, dans la zone pavillonnaire où habite ma mère il y a environ deux ans. Je rentre à la maison avec dix minutes d’avances sur mon horaire habituel (il était deux heures du matin) mais j’avais subi un coup de fatigue assez facilement excusable. Si j’étais arrivé 10 minutes plus tard, je serais tombé sur les pompiers venus chercher le voisin qui avait eu la triste idée de décéder cette nuit là. Vu mon état, il est heureux pour la morale que je ne les ai pas rencontré.

La deuxième date de l’an dernier à la fête des voisins qui devait se dérouler dans le parking sous l’immeuble mais comme il faisait très beau, ils avaient décidé de manger dehors devant l’entrée de l’immeuble. Ce jour là, j’aurais du rentrer par le parking vu que j’étais tombé dans une embuscade. Mon arrivée a été remarquée et ma réputation de garçon sérieux toujours impeccablement vêtu d’une cravate à chier mais du dernier cri et poli avec les dames en pris un coup.

Tout cela me remémore un tas d’anecdotes que je ne peux pas raconter ici, vous pourrez toujours insister, la décence m’en empêche et ça nous écarte du sujet de billet que j’ai d’ailleurs oublié. Je vais aller le lire pour m’en souvenir.

Ah oui ! Des conseils complémentaires pour ne pas se faire repéré quand on rentre saoul.

Un exemple ! Vous avez un pot de départ en retraite d’un collègue. Vous êtes sérieux et vous vous dites « Ah ! Je vais faire attention, je ne vais boire que trois verres ». Mais comme vous un êtes un alcoolique vous tombez dans le piège et vous finissez à 20 heures au restaurant avec des collègues et vous rentrez à 23 heures plein comme un vache. Votre épouse vous attend et vous engueule car elle vous repère facilement.

Je vais donc donner le meilleur conseil pour ne pas se faire repéré (outre celui de ne pas boire, c’est impossible), prenez les devants ! Si votre épouse SAIT que vous allez rentrer bourré, elle ne vous repèrera pas et à votre retour à la maison, elle vous ôtera vos chaussures avec affection.

C’était mon premier conseil pour ne pas être repéré. Ce conseil peut avoir d’autres avantages dont le fait d’éviter à vos proches de ne pas s’inquiéter quand vous n’êtes pas rentrés à trois heures du matin. Il faut savoir tirer d’autres avantages de cette contrainte.

Avec mon exemple, vous auriez pu prévenir votre épouse 3 jours avant pour vous faire plaindre : « Tu te rappelles de Robert, ma chérie, tu sais, on l’avait rencontré à la foire aux bestiaux de Versailles Plage, l’an dernier. Hé bien, il part en retraite à la fin de la semaine. Il était vraiment gentil et m’a bien aidé à gérer les nouveaux clients quand j’ai commencé à bosser avec lui. Tu te rappelles les primes que ça m’avait rapporté avec lesquelles j’avais pu acheter ta jolie table de nuit, ben c’était grâce à lui. Tu vois, il fait son pot de départ vendredi et je ne vois pas comment je pourrais me dérober s’il insiste pour qu’aille au resto après alors que je voulais tant aller diner avec toi et les enfants chez ta mère ».

Hop ! Vous pouvez prendre des notes.

Si vous oubliez de prévenir à l’avance, passez un petit coup de fil dès que vous avez commencé le troisième verre puisque vous savez, à ce moment là, que vous n’aurez pas la volonté de résister au 15 suivants. Pourquoi le troisième ? C’est facile à se rappeler : après le troisième verre, vous n’avez plus le droit de conduire, donc c’est l’heure précise où il faut réorganiser la soirée.

Mon deuxième conseil est d’habituer vos proches à ce que vous rentriez plein mais à une heure assez précise (par exemple, si à chaque sortie, vous êtes rentrés à 3 heures du matin, votre épouse ne s’inquiétera que vers 4 heures), il s’apparente au premier conseil : il vaut mieux prévenir que guérir. Néanmoins, en considérant ce dicton idiot sous un angle médical, je me demande si ce conseil est très bon. Habituez vos proches à ce que vous rentriez souvent plein est aussi vous habituer à rentrer plein. Cela dit, un certain entrainement évite de faire des conneries.

Cependant, vu sous un autre angle, c’est un excellent conseil. Si vos proches sont habitués à vous entendre claqué la porte à 3 heures du matin et à tituber dans l’escalier et à crier merde quand vous manquez de vous casser la gueule en vous déshabillant, ça ne le réveille même plus. Les premiers temps ils diront : « Ah ! Il fait chier ! Il fout le bordel ». Au bout de quelques mois : « Tiens ! Le vieux est encore bourré ». Au bout d’un an, plus rien : ils dorment.

Mon troisième conseil est de ne jamais rentrer plein. Je l’applique souvent (pas toujours, mais il y a rarement plus d’un ou deux écarts par an, et encore cette année était exceptionnelle). Je veux dire « ne jamais rentrer plein au-delà du raisonnable ».

C’est facile. Il suffit de gérer correctement et de ne jamais boire le verre de trop. Ca parait con mais c’est évident. Si un soir vous êtes de sortie, il faut vous fixer une limite absolue. Pas de type « Je rentre à 11 heures, quoiqu’il arrive ». Ca, c’est une promesse d’ivrogne. Non. Moi je fixe une heure entre une et trois heures du matin. Ensuite, vous calculez le nombre de verres qu’il vous faut pour être sûr d’être saoul à cette heure là si c’est le but du jeu ou le nombre de verres maximum qu’il vous faut avoir bu être cette heure là pour ne pas être trop plein. Ensuite, vous calculez la moyenne horaire et vous l’appliquez.

Attention ! Ce n’est pas une démarche scientifique… De toute manière, après avoir abusé, vous n’arrivez plus à compter. Il s’agit juste d’optimiser la cuite. Deux cas de figure peuvent se présenter.

Le premier : vous avez bu 18 apéritifs. Dites vous bien que 3 litres de rouge seront de trop pendant le repas. Le deuxième : vous avez bu un seul apéritif mais vos copains ont commencé à boire avant vous. Vous pouvez boire 3 litres de rouge pour être sûr d’être aussi saoul qu’eux au moment d’entamer les digestifs.

C’est quand même bien le but du jeu. Après, vous faire repérer n’est qu’annexe.

(photo)