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12 décembre 2012

Patron de la Comète une demi-heure

C’était lundi soir, vers 21 heures, à la Comète. Quelques personnes dînaient en salle et en terrasse. Guillaume était au service et son pote Noël lui filait un vague coup de main, débarrassant les tables. Nous étions quatre au comptoir. Un type tout seul, à un bout. J’étais avec Laverdure et le vieux Joël et nous refaisions calmement le monde. On était en famille, quoi !

Un type, tout gros, tout rouge, entre… Il se met à côté de nous et prend une Grimbergen de Noël. Il commence à discuter mais nous lui faisons comprendre gentiment qu’il est malvenu. Il essaie de discuter avec Guillaume qui n’avait pas grand-chose d’autre à faire.

Il vide sa bière et en commande une autre puis demande un sandwich. Guillaume lui explique qu’ils n’en font pas et Laverdure lui tend une carte. Le type commence à ronchonner, regarde la carte, la critique, trop cher et tout ça… « Je ne comprends pas qu’un bistro ne fasse pas de sandwich. » « C’est comme ça, ce n’est pas un bistro mais un restaurant » lui réponds-je.

Le type, ne reculant devant aucun pléonasme, sort dehors pour fumer une cigarette. Guillaume me regarde et me dit « Quel casse-couilles, je n’avais pas vu qu’il était saoul, je ne vais pas le resservir. » « Ben non, vaudrait mieux pas » « Je peux te faire passer pour le patron et lui dire que c’est toi qui m’as dit de ne plus le servir ? » On faisait ça, parfois, avec Clémence. Ma cravate à chier me donne de l’autorité et ma carrure fait que les gens n’osent pas regimber.

Je dis à Guillaume : « Ah ! On va rigoler, ça te dérange pas si je passe derrière le comptoir ? » « Non non ». J’enlève le manteau et passe de l’autre côté. Je crois bien qu’en 16 ans, c’est la première fois que j’arpentais cette partie du bistro. J’en profite pour me servir une bière pour voir si j’avais gardé la main.

Le client rentre et continue à ronchonner parce qu’il avait faim tout en me complimentant pour le service et la qualité de mon personnel. Je jouais à faire le patron, ramassant le pourboire qu’il avait laissé et rangeant dans le panier le verre de l’autre client qui s’était barré.

Le type vide son verre et m’en commande un autre. « Ah non, m’sieur, je ne vous sers plus. » « Ben pourquoi ? » « Parce que vous avez trop bu, parce que vous critiquez ma carte, parce que vous critiquez mes serveurs… » « Mais non, je n’ai pas bu et je n’ai pas critiqué les serveurs, au contraire, j’ai dit que c’était très bien. » « Je ne veux pas l’savoir »… Bref…

Les derniers clients en salle et en terrasse s’étant barrés, je dis aux serveurs : « C’est bon les gras, commencez à plier la petite terrasse. » Je vous l’ai dis : je jouais au patron et ils jouaient aux loufiats. Des vrais gosses !

« Allez, remettez-moi un verre, s’il vous plait, votre bar est génial ! » « Ah non, Monsieur, je ne vous sers plus, je vous ai dit. D’ailleurs on ferme, les serveurs ont commencé à rentrer la terrasse. »

Le vieux Joël vide son verre. « T’en veux un autre, le vieux, c’est ma tournée ? » Ben oui, tant qu’à jouer au patron… « Ouais mais le dernier. » Je le sers. « Ben vous le servez lui et pas moi, vous pouvez me servir aussi, je boirai vite » dit le gros con. « Je vous ai dit que je ne vous servais plus, partez, maintenant ! »

Il est parti.

Les serveurs qui rentraient la petite terrasse l’ont clairement entendu me traiter d’enculé. Ce n’est pas gentil.

(photo)

20 septembre 2012

Vive la liberté d'expression (au comptoir)

Je suis bien dans mon blog bistro ? Vous êtes sûr ? C’est bon. Je peux me lâcher à propos des blogs politiques et des andouilles qui les fréquentent. D’ailleurs, les blogs politiques sont un peu comme les bistros, j’en parlais la semaine dernière.

Dans les blogs politiques comme dans les bistros, il nous arrive de nous engueuler plus ou moins violemment. L’engueulade ne dure généralement pas. Après on s’ignore, on se déteste et plus souvent, on devient les meilleurs copains du monde.

Se pose la question la question de savoir ce qu’on doit faire quand on est violemment agressé. C’est un peu l’objet du billet de Sarkofrance, ce matin, mais je crois qu’il a oublié un élément très important : quand on se fait agresser, il faut d’abord s’interroger à propos des motifs. C’est très important.

Par exemple, hier, je me suis fait agresser par un type, j’ai du réagir mais, à la base, l’agression était de ma faute. Je l’avais traité d’abruti et il l’a mal pris… Logique… Pourtant, il y a des gens, tel que le vieux et Gildan, que je traite souvent d’abrutis. Ils savent que je n’emploie pas ce mot méchamment mais presque affectivement. Comme imbécile ou andouille. Le lecteur de mon blog politique ne peut effectivement pas le savoir. J’ai fait une connerie, je le reconnais.

J’avais donc plusieurs réactions possibles, à cette agression, après avoir analysé froidement la cause. J’aurais pu, par exemple, formuler des excuses. J’ai choisi autre chose : accepter de discuter avec lui. J’avais un autre choix, l’envoyer chier fermement. Justifier l’utilisation du terme abruti (j’en avais les moyens, il m’avait pourri le fil de discussion d’un billet précédent).

Dans son billet, Sarkofrance cite deux billets de deux blogueurs qui se plaignent d’agression. Je suis mis en cause dans un. Il se trouve que j’étais à l’origine d’une des deux. J’ai agressé quelqu’un. Mais cette fois, je plaide non coupable. C’est pour ça que je dis aujourd’hui que Sarkofrance aurait pu, dans son billet, expliquer que l’agressé devrait réfléchir. Et comme c’est avec des mots qu’on peut fâcher quelqu’un, dans les blogs (et Twitter), se demander sérieusement si mon ire n’était pas parfaitement justifiée.

Dans celui des deux billets lié à mon cas, je suis nommément mis en cause. La personne tente de justifier ses propres agissements. Elle explique par exemple que j’ai des gros racistes dans ma blogroll et qu’ils me manipulent et je ne sais plus quoi. Elle fait d’elle une victime de moi qui serait une victime des gros racistes. Mais on s’en fout. L’important est qu’elle n’a pas analysé la situation.

Sarkofrance, dans son billet, aurait du le rappeler.

Dans les commentaires de son billet, il y a une folle, Euterpe, qui s’en prend violemment à moi. Pour une fois, c’est moi qui suis agressé. Elle ment comme elle respire pour justifier son agression. Du coup, j’analyse froidement ces faits. Pas immédiatement, je prends le temps de penser à autre chose.

La question est : pourquoi je suis agressée ?

Il y a trois raisons.

La première est qu’elle me prend depuis des années pour un gros macho, ce qui est lié au ton que j’emploie sur mon blog et je ne compte pas changer.

La deuxième est qu’elle est folle. C’est de notoriété publique, elle s’est engueulée avec tout le monde dans les blogs. Je crois bien avoir assisté à une escarmouche, avec Olympe, il y a quelques temps.

La troisième est qu’on la laisse faire. Peut-être même au nom de la liberté d’expression, ce qui est très drôle en cette période.

Alors, froidement, je décide d’un plan d’action.

Première action : je laisse un commentaire pour répondre à la deuxième raison. Pour bien prouver aux lecteurs qu’elle est folle et menteuse. Je ne m’abonne pas aux commentaires, je ne veux pas qu’une éventuelle réponse me foute hors de mois, j’ai bistro.

Deuxième action : je viens dans mon blog bistro et je parle de bistro.

Je suis dans mon blog bistro.

Quand un patron de bistro trouve qu’un client s’engueule souvent avec les autres, intervient dans toutes les conversations, raconte n’importe quoi, parle trop fort voire crie, il le vire du bistro.

Il y a différents moyens pour cela mais un patron efficace choisira la seule possible, la violence verbale : « Je ne veux plus te voir ici. » Et s’il revient, viré direct « Je te rappelle que tu es tricard. »

On n'a qu'à dire que c'est au nom de la liberté d'expression des autres clients... Sinon, le bistro va fermer.

Pourrait-on trouver une morale à cette histoire ?

07 octobre 2008

Putain de patrons de bistro !

Vache ! Je ne m’étais jamais engueulé avec un patron de bistro pour raisons politiques ! C’est chose faite. Avec le patron de mon bistro fétiche, en plus. Il n’est pas professionnel : quand on n’est pas d’accord avec un client sur la politique, on ne l’engueule pas, on met fin à la conversation.

J’ai discuté des centaines de fois de politique avec Jean. Déjà, nous n’étions que rarement en désaccord total et quand le ton montait, on se mettait chacun à un bout du comptoir et boudions… jusqu’à la prochaine tournée.

Hier, on discutait avec Tonnegrande de choses et d’autres vers 19h dont la politique, la bourse, la crise, … Le patron s’est mêlé de notre conversation, ce dont il a bien le droit dans la mesure où s’est son boulot et le ton s’est envenimé comme ça arrive parfois. Comment ça a démarré, je ne sais plus…

On a tout entendu de la part du patron, les fainéants de fonctionnaires, les commerçants obligés de bosser 16 heures par jour, les gens trop assistés, … Comme il gueule très fort, c’est impossible de lui répondre. Il fait partie de ces pingouins qui pensent tout savoir et ne peuvent donc écouter les arguments des autres !

A propos de fonctionnaires, par exemple, il n’arrêtait pas de dire à Tonnegrande et à moi : « Vous autres les fonctionnaires ». Il a fallu que je me fâche et crie très fort : « Bordel de merde, Bruno, cette fois tu vas m’écouter deux minutes car tes conneries commencent à bien faire : ni Tonnegrande ni moi ne sommes fonctionnaires, nous sommes des salariés de boites privées comme tu l’as été pendant des années ». J’aurais pu finir ma tirade par une défense des fonctionnaires mais ça n’aurait servi à rien : quand un type ne veut pas écouter

Du coup avec Tonnegrande, on s’est barrés à l’Amandine. Ce patron de bistro n’a rien compris au commerce… Qu’est-ce qu’il en a à foutre de tenter de nous convaincre de voter à droite ? Serait-il aussi con qu’un blogueur politique ? Il ferait mieux de tenter de nous convaincre de bouffer chez lui le soir…

A l’Amandine, le vieux Joël était là et commençait sa revue de presse. Tonnegrande a bu son verre et s’est barré, et je suis resté avec Jojo faire les mots croisés du France Soir.

Puis Martin P., blogueur Jospiniste Kremlinois, s’est pointé. Comme l’Amandine était déserte, nous ne pouvions pas rester faire chier Michel, le patron, qui pouvait boucler sa caisse et rentrer chez lui, nous sommes redescendus à la Comète.

Et la discussion a repris de plus de belle… L’autre s’énervait toujours et criait ! On a encore tout entendu !

Pour Bruno, tous les maux du monde viennent de la gauche. Il a même dit à un moment que 75% des Français étaient à droite et qu’il ne comprenait pas que la gauche avait été au pouvoir. Il a même prétendu qu’aux dernières élections, Ségolène Royal avait fait moins d’un tiers des voix et niait presque quand je lui ai dit qu’elle avait fait 47% au second tour…

Le problème de ces patrons de bistros bornés est qu’ils sont… bornés.

Par exemple, à un moment de la discussion, il a dit qu’il en avait marre de payer la TVA. J’ai tenté de lui rappeler que ce n’est pas lui qui la paye mais nous. Rien à y faire. En fait, si j’étais sur le blog politique, je pourrais crier à la manipulation. Il a l’esprit déformé à cause de son principal fournisseur, le brasseur. Ce dernier ne le lui impute pas la TVA sur les factures fournies à chaque livraison mais trimestriellement ! Ce qu’il fait qu’il se retrouve, tous les trois mois, à devoir 60% de sa facture mensuelle en plus !

Son brasseur étant probablement une multinationale quelconque, ça l’arrange bien de manipuler ainsi ses clients en lui faisant croire qu’il les aide : ça les maintient dans une ligne bien droitière, ils peuvent faire de la propagande auprès du personnel et des clients !

Car un patron de bistro, ça a du charisme ! Tiens ! A la fin, Jim, le serveur, m’a engueulé parce que j’avais fait fuir ses clients en gueulant… alors que c’est son patron qui a gueulé.

Je le lui ai pas rappelé que la TVA est typiquement un impôt de droite, droite qui a augmenté la TVA en 1995, TVA baissée par la gauche en 1997.

Ils sont comme ça ses commerçants… Impossible d’argumenter. A un moment, je lui dit « si tu es si fatigué, prends des vacances plutôt que de gueuler après les clients ». Il a évidemment répondu sur les charges à payer et tout ça et ne pouvait pas se permettre de prendre des vacances.

J’ai essayé de lui faire comprendre que quand il ferme, les seules charges restantes sont le loyer pour les murs et le remboursement du fond de commerce… Des trucs bêtement issus de la spéculation et du pire capitalisme, mais non… Pour lui, ce sont les charges sociales qui ruinent les commerces.

Et de toute manière, nanère, « vous vous aurez une retraite peinard, moi, il faut que je bosse ». Non, Bruno. Si les commerçants cotisaient comme les salariés, ils auraient une retraite correcte. Et un salarié, quand il part en retraite, il ne vend pas un fond de commerce deux fois le prix d’achat.

Quand les patrons de bistros (et de toutes entreprises) penseront un jour à faire de la marge sur du chiffre d’affaire pour gagner de l’oseille et verser des salaires et non pas pour valoriser un fond de commerce (ou une action en bourse), l’économie s’en portera un peu mieux

Mais je ne suis pas sur le blog politique, juste sur le blog bistro. Mais ça m’énerve quand même.