31 mars 2015

Les clients du bistro


Tous les soirs ou presque, on assiste à la même scène. Les serveurs rangent la terrasse et des clients ne comprennent pas que le bistro ferme. 

Ils sont deux couples en terrasse. Le côté positif est que cela me permet de rester. 


Quels imbéciles !

29 mars 2015

Corinne, Roger, Marcel et les autres

J’aime bien l’heure d’été. D’autant qu’à l’heure où je me lève, il fait généralement jour. Autant profiter de la lumière le soir, avec ces longues soirées qui nous pousseraient assez facilement du comptoir en terrasse mais le service y est plus long et c’est plus cher. Par contre, je n’aime pas les changements d’heure. Plus exactement, je m’en foutrais totalement s’il n’y avait pas mes congénères qui font des commentaires comme si c’était l’événement du siècle.

En écrivant ces lignes, je me souviens avoir piqué à peu près la même colère la dernière fois à cause de la même personne, le vieux Roger. Il insistait sur le fait qu’il avait déjà mis à jour ses horloges de peur d’oublier, chose dont je n’ai que faire : je n’ai pas d’horloge mais des gadgets électroniques qui ont la bonne habitude de changer tous seuls. Alors les horloges des autres, hein ! Je veux bien faire dans le social et aller discuter à l’apéro du samedi et du dimanche midis avec mes petits vieux, mais il faudrait qu’ils fassent un effort pour se mettre dans le crâne que ce n’est pas un centre d’intérêt extraordinaire.

Remarque ! Hier, il n’en parlait pas trop. C’est surtout Corinne qui m’a énervé. Roger, hier, il voulait absolument parler de l’actualité et dans l’actualité, on n’a qu’une seul chose : le suicide d’un pilote. Il voulait en parler. Qu’est-ce que vous voulez bien dire à ce propos ? J’ai réussi à en tirer un billet de blog, un peu par défi personnel, mais à un comptoir…

L’autre sujet traditionnel de conversation est Marcel Le Fiacre qui a une tumeur au cerveau. Au départ, on croyait qu’il avait fait un AVC et qu’il finirait encore plus con qu’avant. Mais non ! Les toubibs se sont plantés. C’est un méchant crabe et les personnes ayant quelques neurones se doutent bien que, à 75 ans, on ne guérit pas d’une tumeur au cerveau prise trop tard. J’ai l’air cynique, comme ça, mais je suis particulièrement sérieux. On espère qu’il va guérir mais s’il le fait, il sera probablement très diminué mais on sait que ce n’est pas le cas. Pourquoi se comporter comme si on allait le voir à nouveau se pointer au bistro ? On ferait mieux à préparer son enterrement et les propos convenus qu’il faudra tenir. Genre : ah, il était si gentil, toujours prêt à rendre service, aimable.

Tu parles ! C’était un vieux con qui votait pour le Front National et ne supportait pas le moindre étranger. En plus, il était plein aux as mais rapiat comme pas deux. Au comptoir, il attendait toujours qu’une partie du groupe soit partie pour mettre sa tournée. En plus, il n’arrêtait pas de téléphoner pour un oui ou pour un non. S’il rendait beaucoup de services, il trouvait normal qu’on lui en rende ce qui est relativement logique. Il rendait donc beaucoup de services aux autres et m’en demandait beaucoup. Et donc il téléphonait : « Allo, Nicolas ? Tu as deux minutes ? » « Ben non, je vais en réunion. » « Ce n’est pas grave, j’ai seulement une question à te poser. Est-ce que tu es à la Comète, ce soir ? J’aurais un service à te demander la semaine prochaine car je pars en voyage avec ma femme et je voudrais que tu me réserves un billet d’avion mais je sais que tu n’as pas d’imprimante alors je vais demander à Christian, c’est pour de dire cela que je t’appelais, salut. »

J’espère que Miranda ne me demandera pas de prononcer le discours à la cérémonie. Elle en est pourtant capable.

J’en reviens à Corinne et au changement d’heure. Elle a dit : ce qui m’énerve avec le changement d’heure, c’est qu’on dort une heure de moins.


Admettez quand même que c’est remarquablement con.

27 mars 2015

Le chou-fleur qui pue et la gastronomie

Dans Facebook, un camarade de lutte se plaignait d'un chou-fleur qu'il avait acheté tout préparé et réchauffé par des moyens modernes. Il disait que l'odeur abominable lui gâchait le goût. 

Trop peu de billets de blog parlent de chou-fleur. Au singulier, je ne sais pas comment ça s'écrit au pluriel. 

Soyons clairs : le chou-fleur pue à la cuisson et n'a gustativement aucun intérêt. C'est un peu comme les brocolis. Disons le franchement : aucun légume cuit à l'eau ou à la vapeur n'a le moindre intérêt gustatif sauf, peut-être le haricot vert et le choux de Bruxelles. Chacun ses goûts. J'ai un faible pour ces deux là mais si vous me proposez des patates à la place, je préfère. 

Il n'empêche que tous ces légumes sont identiques quand ils sont cuits à l'eau ou à la vapeur. Aucun intérêt gustatif. Par contre, vous me filez ces machins légèrement préparés, avec de la sauce comme de la béchamel ou légèrement frits, voire avec une noix de beurre salé, ils deviennent un régal. 

Le beurre doit être salé mais c'est un autre sujet. Je ne vois pas l'intérêt du beurre non salé quand il est cru ou que les aliments qui vont avec n'ont pas de goût. 

Prenez les choux fleurs cuits à la vapeur. Vous les mangez en les écrasant avec du beurre salé : ca devient un régal. Comme beaucoup de légumes (mais pas les haricots blancs qui méritent mieux). Vous les passez un peu à la poêle dans de l'huile d'olive, c'est un bonheur. Comme les haricots verts d'ailleurs. Ou les poireaux pour adresser un message subliminal. Une fondue de poireau, c'est bon. Alors qu'un poireau vinaigrette ou le vulgaire poireau que l'on peut mettre dans le pot-au-feu n'a aucun intérêt. 

Parlons de la vinaigrette, tiens ! C'est un cache misère. Un peu comme la moutarde. Le goût fort de ces machins cache le goût de l'aliment qu'ils accompagnent. Contrairement au beurre et à la mayonnaise. Envisageriez vous de manger des langoustines pas cuites au court-bouillon et sans mayonnaise ?

On parlait de pot-au-feu. La plupart des gens mangent la viande avec de la moutarde. Du coup, la moutarde cache le goût de la viande. Un peu comme la mayonnaise avec les langoustines. Chacun ses goûts. Les gens disent : ça relève le goût. C'est une connerie. Seul le beurre salé "relève le goût". 

Du gras et du sel. Il n'y a que ça de vrai. 

C'est un peu comme les amateurs d'huîtres. Ils aiment bien une sauce à l'échalote avec. Moi aussi. Mais je n'aime pas les huîtres. Je mange des pommes de terres avec de l'échalote et du beurre salé. Par contre, je mange la sauce à l'échalote sans les huîtres. 

Nous en venons au poisson. Aucun poisson n'est bon sans rien avec à part quelques exceptions comme la sole et les coquilles saint Jacques qui ne sont même pas un poisson.  Et encore ! Manger de la sole cuite à la vapeur est un motif de suicide. La dernière fois que je l'ai fait, j'ai explosé un Airbus. 

Revenons aux choux-fleurs. 

Leur problème, c'est qu'ils puent. 

24 mars 2015

La France et ses dictons

Aujourd'hui, à l'étude : faute avouée à demi pardonnée". 


Ou : le Figaro et ses alertes...

19 mars 2015

Bon anniversaire Didier Goux !

Toute la semaine, j'ai pensé au billet que je pourrais faire, vu que je le lui devais, à cette vieille andouille (vu que l'an dernier j'ai oublié de le lui souhaiter). 

Je me serais foutu de la gueule de tout ceux qui ne comprennent rien à notre relation (ce n'est pas parce qu'on partage des constats qu'on est d'accord sur les causes, l'analyse et les solutions. Alors autant raconter des conneries dans les blogs). 

Je me serais foutu de sa gueule, non pas parce qu'il a une petite bite, mais parce que tout nous oppose : sa culture et mon ignorance, sa connerie et mon intelligence certifiée par le parti. Tout sauf...

Mais j'ai eu un contretemps que je raconte ici :
http://www.nicolasjegou.com/2015/03/salut-lulu.html

Les anniversaires, c'était mieux avant. Surtout qu'il ne fête même pas l'anniversaire des accords d'Evian. 

Bon anniversaire. 

15 mars 2015

Ramdane est une enflure

Vous vous rappelez quand je pariais de mon coloc dans mon blog ? Vous pouvez chercher. Figurez-vous qu’avec le vieux Joël, il nous a traités de tas de merde, hier. Alors, je suis en colère. Quand il était dans la merde, exilé  à la réunion parce que personne ne voulait plus de lui en métropole, je lui ai envoyé de l’argent. Quand il venait en vacances à Paris, je l’hébergeais à la maison.

Tiens ! Je me rappelle d’une fois où j’étais malade à crever à avec une grosse angine et une rage de dents. Il m’avait acheté un steak à bouffer mais je ne pouvais pas le bouffer. Ainsi, il avait passé une semaine chez moi sais passer le moindre repas à la maison. C’est fort, non ?

Je me rappelle d’une autre fois. Il n’avait plus de smartphone et était dans la merde. Je lui avais donné mon iPhone vu que j’en avais acheté un neuf ou, plus exactement que mon opérateur m’en avait donné un pour un montant dérisoire.

Je l’aimais bien, mon colloc. J’étais un peu partenaliste et ça. Je pourrais vous raconter la fois où je lui ai prêté des chaises car il n’avait rien et qu’il ne me les a jamais rendues. Je pourrais en raconter beaucoup.

Avant l’été, il s’est fâché. Il a essayé de casser la gueule à un type devant un bistro, un pseudo handicapé. La police est intervenue. Moi aussi, j’ai tenté de l’empêcher de tuer le type et j’ai convaincu les flics qui avaient mieux à faire que ce n’était qu’une bataille de pochetrons. Depuis, Ramdane ne nous parle plus. Il essaie de convaincre les patrons de bistro du quarter que je suis une merde et mes copains ne valent pas mieux.

Hier soir, le hasard a fait qu’on se retrouve dans le même bistro. Il nous a traités de merde, avec le vieux Joël, ce que j’ai moyennement accepté. Je fais preuve d’une certaine mansuétude. Sa connerie est un handicap qui pourrait être soigné.

Cela étant, il va falloir qu’il me demande gentiment s’il veut que je retire ce billet de mon blog et il en faudra beaucoup car je n’avais jamais vu une telle enflure.


A la prochaine étape, je rajoute son nom de famille dans le titre du billet, ça serait dommage que des internautes perdent du temps.

14 mars 2015

Des intrus au bistro

Armée de trolls devant la Comète
Ma journée fut moyenne, hier. Je suis arrivé en retard au travail vers 10h10 alors que j’avais une réunion à 10 et trois autres dans la journée, dont deux pour lesquelles il me fallait faire le compte rendu et mener les actions décidées, ce qui fait que j’ai quitté le bureau vers 19h45. N’allez pas dire « ah le pauvre il travaille beaucoup » : vous enlevez l’heure de déjeuner et les pauses diverses, ça fait une journée de moins de 8 heures. Mais fatigante. Ca m’apprendra à glander le matin… Le temps de boire un coup à côté du travail, je suis arrivé dans mon royaume vers 21h20. Il y avait là quelques sujets, de gauche à droite : Francis, un type qui passe tous les soirs boire un Ricard après avoir fait tous les bistros de l’avenue, « Chapeau », l’amant d’Odette, le vieux Joël, Odette et Geneviève.

Mon royaume ? Le comptoir de la Comète. Que des gens « de la bande », des personnages du blog, quoi ! Quelques personnes dinaient en salle et en terrasse. Joël racontait sa jeunesse aux serveurs Roger et Mehdi, un nouveau. Alors qu’on fait depuis une dizaine d’années la fermeture des bistros ensemble, je ne connaissais pas cette époque de sa vie. Je connaissais son enfance, mais pas la période entre elle et le milieu des années 70 quand il a commencé à bosser dans le spectacle. C’est assez rare, chez lui, ce n’est pas le genre de vieux qui ressassent des souvenirs. Ils rigolaient comme des madeleines. Du coup, je lui ai posé des questions, il m’a raconté.

Tout cela pour dire qu’on était bien. A part les loufiats, Joël et moi, tout le monde était cuit. Ces braves gens ont fini par partir. J’étais seul au bar. Il restait deux clientes en terrasses et Mehdi leur a demandé de passer au comptoir pour qu’il puisse faire le ménage. Il a fait les présentations. C’était deux jeunes filles charmantes et rigolotes d’autant qu’elle avait picolé juste ce qu’il fallait pour cela. Par politesse, on entame une conversation mais on se rend compte rapidement qu’on n’avait pas grand-chose à se dire. En fait, elles parlaient entre elles de sujets qui ne m’intéressaient pas. J’ai ressorti mon iPhone qui n’avait quasiment pas servi de la soirée et j’ai foncé dans les réseaux sociaux, m’écartant vaguement des dames pour leur montrer que je n’étais plus avec elles. Au bout d’une minute ou deux, l’une me fait une réflexion, du genre : laisse tomber ton machin, reviens avec nous dans la vraie vie. Ce à quoi j’ai répondu formellement avec des excuses : patati patata, j’étais en conversation dans Twitter avec des potes de la vraie vie et vous venez à côté de moi alors qu’on ne se connait pas et il faudrait qu’on parle. Et tout ça. La vraie vie est un truc assez drôle. Il ne faut pas confondre le réseau social, qui regroupe les gens que l’on connait, et le média social qui peut-être un comptoir ou Facebook.

En fait, le charme était rompu. Je n’attendais qu’une chose : qu’elles se cassent. J’aime bien terminer la soirée seul pendant que les serveurs finissent le ménage, fassent la caisse,… S’il y a des clients inconnus, les serveurs sont obligés de les virer assez tôt parce qu’ils ne savent pas jusqu’à quelle heure ils vont traîner. Il y a toujours des casse-couilles qui veulent boire un dernier verre quand les comptes sont bouclés : c’est impossible de les servir. Quand je suis tout seul ou avec un ou deux clients, ils savent que je partirai avec mon monde quand ils mettront leurs manteaux. Et quand je suis tout seul et qu’ils ne sont pas pressés, on boit un dernier verre…

Je me rappelle d’une époque où je bossais moins loin et plus tôt le matin. J’arrivais donc plus tôt dans le quartier. Je m’arrangeais pour arriver après 19h20 pour que les braves gens qui boivent un coup après le travail, soient partis et qu’il ne reste plus que les habitués du soir. Mon « 19h20 » pourrait sembler précis mais il résulte d’observations précises. Les types qui doivent rentrer pour dîner en famille se fixent une heure précise, 19h, pour rentrer et sont toujours un peu en retard…

Toujours est-il que les deux jeunes femmes m’importunaient pour des raisons foireuses : il y avait des intrus dans mon royaume.

Avant-hier, Alain, un copain, enterrait sa belle-mère. Il vient de moins en moins au bistro mais le soir il est passé, besoin de boire un coup avec les copains. Vers 21h30, les oreilles chauffaient d’autant qu’un groupe de clients rigolaient très fort en terrasse. Il s’est mis en colère et à crier très fort et les a engueulés. Nous le calmions mais a remis ça à plusieurs reprises. Vers 22h, elles (c’était un groupe de fille, ce que nous avons constaté en suite) sont parties. Il continuait à vociférer : « ah, enfin, elles comprennent,… » Les copains le retenaient et je faisais tampon entre elles et eux pendant qu’elles sortaient. C’était rigolo : chacune m’a présenté ses excuses pour le bordel et je répondais que c’était à nous de nous excuser et tout ça.

Toujours est-il qu’Alain était venu à la Comète pour nous voir, pour trouver le calme du comptoir  et qu’il avait été gêné par des rigolades en salle. Il y avait des intrus dans son royaume.

Dans les années 2000, j’allais souvent en déplacement à Brest. Après quelques tâtonnements, j’allais toujours dans le même resto, le soir (grande salle presque vide, bouffe de qualité, service sympa). Au bout d’un an ou deux à raison d’un ou deux repas par semaine, le serveur a changé. Aussi sympa que le précédent mais ne connaissant pas encore mes habitudes, ne m’apportais plus le journal et une bière quand j’arrivais. Je m’étais forgé un royaume, inconsciemment, bien sûr, et tout était à refaire. En moins d’un mois, j’ai fini par déserter.

Parfois, le sentiment est inverse : on a l’impression d’être l’intrus dans le royaume des autres. Le personnel est aux petits soins, avec vous. Au bout de peu de temps, les loufiats vous connaissent mais vous avez l’impression d’importuner les autres clients (qui ne vous accordent pourtant aucun intérêt). Du moins, c’est mon cas, parce que j’aime bien les bistros où je suis habitué. Je suis très fidèle. Je pourrais en faire un billet.

Prenez les deux donzelles d’hier soir. Pour elles, rien de plus normal. Elles sont en salle, le bistro ferme, le serveur leur propose de passer au comptoir et leur présente le seul client présent. Elles n’avaient aucune raison de penser qu’elles interrompaient une sorte de rite. Elles ont dû me prendre pour quelqu’un de passage, comme elles, un type qui avait diné et venait prendre une dernière bière au comptoir. Si j’avais été à leur place, ce qui m’arrivait souvent quand je faisais beaucoup de déplacements professionnels (ailleurs qu’à Brest,…), j’aurais immédiatement compris que j’aurais été un intrus.

Les pires sont les intrus professionnels, qui s’imaginent que vous êtes là pour les mêmes raisons que lui : discuter avec des gens au hasard, et qui n’arrivent pas à comprendre que ce n’est pas le cas. Quand je vais dans un bistro inconnu, c’est parce que j’aime ça. Ce n’est pas pour rencontrer des gens. Les rencontres sont une conséquence, pas une fin en soi.

D’ailleurs, je parlais de l’iPhone et de la réaction de la gonzesse. Les smartphones et les réseaux sociaux m’empêchent clairement de rencontrer des gens dans les bistros, pas d’aller au bistro, d’écouter, de regarder,…. Les rencontres, dans le bistro, ne peuvent se faire qu’au fil du temps. J’ai horreur de la rencontre d’un soir. Vous devenez subitement copain d’enfance avec un type que vous ne reverrez jamais. Il faut qu’il soit drôle pour que cela soit tolérable.

Ainsi, dans le bistro, dans le royaume, les clients habitués sont comme des meubles. Les clients de passage sont la raison d’être du lieu (gagner de l’argent…) mais quand ils ne respectent pas vos habitudes, ils deviennent des intrus, des gênes, vous les haïssez, vous les prenez pour des cons, au sens propre de ce mot, s’il pouvait avoir une définition, des types sans intelligence, grossiers,…

Des trolls.



12 mars 2015

Bon anniversaire, ma poule !

Il a changé tant de fois de pseudo depuis qu'on se connaît que je ne sais plus comment l'appeler ! G, S, P, V, R,... Je crois qu'il avait 19 ans à l'époque et c'était un des premiers types à s'intéresser à mon blog. Comme il en a 29 aujourd'hui (je viole un secret), cela fait donc 10 ans. Comme mon blog a 9 ans de puis octobre, soit il y a une erreur de calcul soit il fréquentait déjà mon blog dans ses cinq premiers mois. De mon blog pas de lui. 

Ce qui fait plaisir c'est qu'il ne soit pas né six semaines plus tard, nous aurions alors plus de vingt ans d'écart et je serais vieux. S'il était né une semaine plus tard, il aurait 30 ans de moins que Didier Goux (note pour jeudi prochain : fêter l'anniversaire du vieux)(note pour plus tard : ne connaître que des types nés une année finissant par 6, en mars ou avril, cela permet de recycler les billets de blog et de faciliter les calculs). (Et en plus non seulement j'ai moins de vingt ans de plus que lui mais Didier Goux a plus de dix ans de plus que moi). (Essayez de suivre. Par exemple avec Poireau, nous avons six semaines d'écart). 

Je lui souhaite donc un bon anniversaire. Comme en plus il passe son CAP prochainement, on a l'impression qu'il a dix ans de moins. C'est un peu compliqué d'autant que cela fait à peu près 10 ans qu'il bosse dans le numérique. 

Toujours-il que nous commentions nos blogs respectifs. De sa lointaine Province, il est monté à Paris. Il a débarqué directement à La Comète. Et on a bu un coup préalablement tiré à la pression. Ça fait un ou deux lustres. 

Bon anniversaire ! 

11 mars 2015

A voile et en réaction

Photo trouvée sur internet par un blogueur ayant oublié le nom du bâteau. Joshua.
Suite à mon billet au sujet de Florence Arthaud, un commentateur me rappelle ces cartes qu’on avait et où on plaçait des épingles ou punaises selon la dernière position connue des bateaux lors des tours du monde et des courses transatlantiques, à la fin des années 70.

Aujourd’hui, les bateaux sont équipés de balise Argos qui donnent leur position en permanence pour des raisons de sécurité. Les navigateurs ont des GPS qui leur donnent leur propre position. A la grande époque, ils faisaient le point « à la main », avec un sextant, une boussole, une horloge et ce genre de bricoles.

Je ne sais pas si les marins actuels savent encore le faire (probablement que si, ils doivent avoir un « permis bateaux », qui contient sûrement des épreuves « théoriques »).

Toujours est-il qu’ils communiquaient leur position par radio à leurs proches, aux organisateurs, aux organes d’informations… s’ils en avaient envie. Certains ne disaient et d’autres allaient jusqu’à mentir. C’était une stratégie pour ne pas indiquer aux concurrents ce qu’ils faisaient.

Nos épingles ne servaient pas à grand-chose si ce n’est à noter les dernières positions connues… Et un jour la radio nous disait que le premier était arrivé alors qu'on ne l'attendait pas.

Il faut dire qu'il n'y avait pas de sponsors qui voulaient qu'on parle d'eux au quotidien dans le poste.

C’était quand même mieux avant dit-il en réactionnant un peu.

10 mars 2015

La dernière légende de la voile

Pen Duick III n'ayant rien d'autre à faire que d'illustrer un billet sur Florence Artaud
Je crois bien que c’est Florence Arthaud qui m’a dégoûté de la voile et, croyez-moi, c’est un bel hommage ! Il me faut donc m’en expliquer…

Tout petit, déjà, j’étais passionné par ce sport, vénérant Tabarly et lisant Sir Francis Chichester et Bernard Moitessier. Je me rappelle que l’on suivait les courses, en famille. On allait à Trinité voir les bateaux. Je me rappelle même d’une course avec Pen Duick VI, dans le golfe du Morbihan. Avec notre 420, nous faisions la couse avec ce géant qui remontait la rivière d’Auray. J’ai de très précis souvenir de la Transat Anglaise, en 1976 (j’avais 10 ans). Tabarly avait gagné après plein de problèmes (il avait même fini par faire demi-tour avant de changer d’avis). La course était promise à Alain Colas sur son énorme Club Méditerranée mais il avait eu quelques avaries dans la dernière ligne droite.

Tabarly ! C’était un peu le Bernard Hinault même si je vois mal pourquoi je fais le rapprochement, celui qui ne renonce jamais, qui 16 ans après sa première victoire dans une grande transatlantique allait révolutionner la voile avec son Paul Ricard et son record de traversée de l’Atlantique. Vraiment rien à voir avec Hinault et il n’est pas le sujet de mon billet. C’est Florence Arthaud qui est morte cette nuit dans un stupide accident pour une émission débile. Pourquoi je parle d’Hinault, moi ? Ah ! Oui ! Les deux grands sportifs français de mon adolescence, avec Tabarly.

Je me rappelle aussi très bien la première route du Rhum, en 1978. Il me semble qu’on était allé au départ, à Saint Malo. Un brin de chauvinisme là-dedans. Un Français avait gagné la transat anglaise et nous avions enfin notre transat à nous, tout comme un peu après, nous avions notre tour du monde, le Vendée Globe. J’ai toujours en tête cette arrivée de Michaël Birch, doublant Michel Malinovsky sur la ligne d’arrivée. Florence Artaud était déjà là, la première femme, arrivée 11ème (de mémoire, j’ai lu ça ce matin, je n’ai plus de souvenirs d’époque).

L’année suivant, on avait eu la transat en double. Ma mémoire me joue des tours, j’étais persuadé qu’elle avait été remportée par Marc Pajot et Eric Tabarly, sur le Paul Ricard, mais ils n’étaient que deuxième, derrière Eugène Riguidel et Gilles Gahinet. Un couple de femme, dont Florence Arthaud, était cinquième.

Les bateaux évoluaient rapidement, devenant des monstres, attirant de plus en plus de visiteurs. La passion a duré jusqu’à mes trente ans environ, les transatlantiques mais aussi les tours du monde, la coupe de l’América, mais, à partir du moment où j’ai commencé à travailler, j’ai arrêté de faire beaucoup de la voile, suivant cela de plus en plus en loin. La technologie et donc le pognon ont commencé à prendre le pas sur les navigateurs (ce qui n’enlève rien au talent des actuels pratiquants, il faut du talent pour avoir la confiance d’investisseurs !).

La voile est un sport particulier. Le dernier vainqueur de la route du Rhum avait 54 ans, Loïck Peyron. C’est peut-être un des seuls sports où les capacités physiques ne sont pas primordiales. Je me rappelle avoir assisté quelques secondes à une conversation avec un petit bonhomme, quand j’avais 14 ans, sur le port de la Trinité. Je ne l’avais pas reconnu. C’était Eric Tabarly. J’avais été impressionné par sa petite taille. Florence Arthaud a été la première femme à gagner une grande course. Elle est entrée dans la légende, comme y rentrera peut-être Peyron mais j’ai bien peur qu’elle soit la dernière. Elle y rejoint d’autres personnages légendaires que j’ai cités ou pas, Tabarly, évidemment, Chichester, Birch, Moitessier,…

Ce sport s’est popularisé. Des millions de braves gens suivent les courses.

Combien d’entre eux se rappelle la folie de Bernard Moitessier qui, en tête d’un tour du monde, a finalement décidé de ne plus rentrer et continuer sa route vers la Polynésie ? Combien d’entre eux voient Kersauson comme un marin et pas un guignol qui fait le con à la radio ?

Le côté aventurier de la course au large a disparu, ce qui n’enlève rien à la capacité des hommes et de la technologie. Des millions d’andouilles simulent des courses sur internet et s’imaginent en mer. Les bateaux sont guidés par GPS et des équipes de météorologues qui agissent depuis le continent.

Florence Artaud était la dernière de ces aventuriers, je crois.

Les exploits de ces hommes et femmes, qui se sont succédés depuis qu’Eric Tabarly a battu le record de la traversée de l’atlantique sur Paul Ricard ont tué la légende. Lui-même, avec son premier bateau qui n’était pas un Pen Duick, l’a tué.

Je me rappelle quand le Pen Duick III avait mouillé en face de la maison de vacances, On l'avait vu de la terrasse, un matin, et reconnu immédiatement. Je m’étais précipité sur ma planche à voile pour le voir de plus prêt. Quel gamin serait capable de reconnaître un bateau au mouillage (sans voir les panneaux publicitaires), aujourd’hui ?


Adieu Florence. Mes condoléances à la famille et aux proches de toutes les victimes de ce tragique accident.