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08 février 2010

Adieu, Simon !

J’ai été désigné par la communauté des blogueurs fréquentant la Comète pour prononcer l’oraison funèbre de Simon le Clochard. On ne l’avait pas vu depuis plusieurs mois et la rumeur commençait à se propager. J’en ai eu la confirmation par Johnny, son affreux collègue, hier : Simon est mort.

Johnny n’est pas d’une grande fiabilité et nous gardons un vague espoir. Mais ça fait un excellent sujet de billet. Car vous connaissez Simon le Clochard, c’est un des héros de ce blog, comme le vieux Jacques mais en encore plus sale. J’en profite pour recycler une vieille photo, du temps de l’ancienne Comète. Jim La Branlette lui avait mis un cendrier sur la tête alors qu’il roupillait dans son coin.

Simon le Clochard avait beaucoup de défauts. Par exemple, il continuait à pisser au milieu de la salle, par mégarde, alors que Josiane, la serveuse, n’aimait pas ça. On se demande bien pourquoi. Mais c’est une dame, il fallait répondre à ses exigences.

Une fois, Simon avait reçu la modeste somme de 53000 euros. On ne sait pas comment. Il nous parlait d’un achat de pension. J’ai d’autres versions dont des arriérés sur la pension de réversion qu’il aurait du toucher à partir du décès de son épouse.

Ah ! Son épouse ! Je le croisais, Simon, dans le métro, souvent. Il avait un excellent truc « A votre bon cœur Messieurs Dames, je n’ai pas les moyens d’offrir un enterrement décent à mon épouse. » Et les braves gens donnaient. Simon avait de l’oseille pour le dépenser au bistro. C’est dingue le nombre de fois où cette brave femme est morte.

Il avait un autre truc, avec sa béquille : « Bonjour M’ssieurs Dames, vous me connaissez, je suis passé à la télé, je suis l’ancien président des garçons de café, mais depuis mon accident, je ne peux plus travailler ». Et hop !

Je reviens à ces 53000 euros. Il a mis un an à les dépenser. Il donnait parfois 50 euros à une autre clocharde pour qu’elle lui roule une pelle et payait des coups à tous ses potes. Une vieille habitante de Bicêtre s’occupait de lui, parfois, pour sa toilette et son hébergement. Surtout en début de mois quand il touchait sa vague pension, elle l’amenait chez Leclerc, il payait les courses.

Il m’aimait bien. Il savait qu’en fin de mois je lui payais des coups. Mais en début de mois, il arrosait le bistro. Il ne venait pas à la nouvelle Comète. L’odeur. Johnny est un clochard propre, il est toléré. Simon le Clochard puait l’urine rancie, donnant une furieuse envie de vomir.

Au moins dans sa tombe – ou plus probablement sa fosse commune – il ne sentira plus mauvais très longtemps.

Quatorze ans que je le voyais tous les jours, sauf au cours de ces séjours à l'hôpital avant de fuir pour retrouver cet escalier, entre Leclerc et la Comète, où il était assis et ne manquait jamais de me saluer quand je montais les marches pour rentrer chez moi. Quatorze ans qu'il entrait dans la Comète pour nous saluer, boire un coup, deux coups, trois coups.

Surtout le matin. Il n'aimait pas trop le café. Alors, il prenait un grand verre de rouge de comptoir. C'était le dernier client à en boire et embrayait sur un calva, puis un demi et un whisky pour faire passer tout ça.

Le soir, quand il était plein et décidé à rentrer dans son centre d'hébergement d'urgence, il rentrait dans la cabine téléphonique et appelait la Croix Rouge, les pompiers et le 17 pour être sûr d'avoir quelqu'un. Il disait qu'il y avait un clochard mal en point qui trainait dans la rue. Pendant 14 ans, au moins une fois par semaine, les trois services se déplaçaient. Nous étions obligés de présenter des excuses aux deux derniers arrivés. La Croix Rouge était souvent la première arrivée. Les pauvres. Il fallait qu'ils supportent Simon dans le camion. Je soupçonne les autres de ne pas se presser pour les appels, Place de la Comète.

Souvent, il tombait ivre mort au milieu de la chaussée, entre les "ilots" protégeant les piétons, sur le carrefour. Les gens se précipitaient vers lui et voulaient appeler les pompiers. Alors je m'adressais à Simon le Clochard : "Alors vieille outre, tu es encore bourré, vieux con !" avec toute l'affection dont je sais faire preuve.

Et les dames patronesses, s'imaginant sauver l'humanité, m'engueulaient. Et Simon rigolait.

S'il était encore conscient.

Il ne l'est plus, semble-t-il.

Amen.

04 août 2008

Blogueur en slip

Samedi midi, je buvais un coup avec Corinne et sa mère à l’Aéro quand nous avons été happé par l’image de Simon le Clochard, le pantalon sur les mollets, derrière les cabines téléphoniques, place de la Comète. Pas facile de remonter un pantalon quand on trois grammes et qu’on ne veut pas lâcher la poignée de sa valise à roulette de peur de se la faire voler par un quidam abusif.

On a bien rigolé.

Dimanche, j’ai pris la route pour la Bretagne. J’aime bien m’arrêter deux ou trois fois un quart d’heure. Lors de la dernière de ces haltes, à la nouvelle station construite sur la nationale 12 entre Rennes et Montauban, j’ai fait une dernière halte. Je vais liquider les affaires courantes dans les toilettes de la station, déambule un peu (il y a une espèce d’expo sur les Côtes-d’Armor) puis rentre à la voiture. J’étais garé près d’une poubelle. Je me décide donc à virer le bordel que j’ai dans la voiture : vieux journaux, bouteilles en plastique, emballage de sandwiches, … Je mets tout ça dans mes petits bras et me dirige vers cette à poubelle, à trois mètres de la voiture.

J’avais oublié que le matin j’avais oublié de mettre une ceinture à mon jean. Ce n’est pas facile de remonter un pantalon quand on a les bras chargés de détritus.

J’ai bien rigolé : ça m’apprendra à me foutre de la gueule de Simon.

Vous avez le droit de vous foutre de ma gueule en commentaire. Je ne suis un pas un blogueur prétentieux : je ne censure pas.

(image)

13 mai 2008

Les poubelles des supermarchés

Dieu me confie une mission urgente : rédiger un long billet sur les poubelles de supermarchés. Pourtant Dieu sait que je ne suis pas un spécialiste des poubelles. Tiens ! Ca me fait penser… Il faut que je pense à vider la mienne ce soir et à changer les draps, ce qui n’a rien à voir, mais la femme de ménage passe demain et j’ai horreur de passer pour un gros dégueulasse.

Par contre, je connais assez bien les supermarchés. Dieu voit tout et sait que je passe parfois boire une pression à la Comète, au Kremlin-Bicêtre, aimable bistro qui se trouve juste à côté d’un supermarché Leclerc.

D’un autre côté, je ne vois pas bien les poubelles. Il faut dire qu’elles sont d’un autre côté, avenue Eugène-Quicoulol, comme dirait l’autre.

Au Kremlin-Bicêtre, nous avons bien notre dose de SDF susceptibles de faire les poubelles, notamment Simon le Clochard (je précise que ce n'est pas la photo qui est floue mais Simon le Clochard et qu'il a effectivement un cendrier sur la tête : nous sommes joueurs). Le problème est qu’on ne le voit plus. L’ancien patron de la Comète, Jean, triait sa recette comme l’atteste cette vidéo de notre informateur anonyme. Le nouveau patron, Patrick, par contre, ne peut pas le sentir. Pour être plus précis, il ne veut pas le sentir car Simon ne sent pas bon. Surtout quand il pisse sur le comptoir. Les patrons de bistros sont comme ça… Enfin ! Le résultat est que :

Petit 1 : nous n’avons plus à supporter l’odeur de Simon à la Comète.
Petit 2 : j’ai perdu le principal témoin qui aurait pu me permettre de raconter des conneries sur les poubelles de Leclerc.

Pourtant, Simon rend des services à Leclerc. Par exemple, le matin, quand les livreurs arrivent avant le patron du Leclerc, ils déposent les palettes devant l’entrée de service et Simon signe le reçu en se faisant passer pour le patron. Les livreurs n’ont pas le nez très fin et je me demande si leur conscience professionnelle ne gagnerait pas à être réévaluée.

A propos de la Comète, il y a une anecdote que je voulais raconter dans le blog hier soir, avant que le Vieux Jacques ne m’appelle pour m’offrir un rafraîchissement car il doit partir en congés. D’ailleurs, comme la Comète fermait de bonne hier soir, le Vieux nous a dit : « Bon, ben je vous paye un coup en face, à l’Aéro ». Marcel, qui passait par là, lui a répondu : « Non ! Je te ramène maintenant chez toi ». Le Vieux : « Mais non je vais rentrer en bus ». Marcel : « Non ». Du coup le Vieux s’est barré avec Marcel sans même nous payer un verre ! Il est gonflé et Marcel a une mauvaise influence sur lui. Aujourd’hui, le Vieux devait partir voir Marcel, pas lui, l’autre, son Vieux à lui, pour deux semaines. Comme il sort de trois semaines d’hosto suite à une maladie qu’il a choppée avec sa chère et tendre en s’adonnant à des pratiques certes amusantes mais probablement illégales et certainement contraires à la morale. Du coup, hier soir, c’était la seule et dernière occasion que nous avions de se foutre de sa gueule pendant plusieurs semaines.

C’est malin.

Bon l’anecdote.

Nous avons une espèce de folle à la Comète. Tous les jours, elle vient après le boulot. Elle est con comme… heu… une bitte d’amarrage, parle très fort, raconte toute sa vie et adresse la parole à tous les clients.

Tous les soirs, quand je viens à la Comète spécialement pour me désaltérer en observant les poubelles de chez Leclerc pour faire un joli billet sur le sujet, elle cause, cause, causse, … J’ai recommandé aux patrons de la virer… mais je dois reconnaître que virer une cliente qui se tape son litre de Kir tous les jours, c’est mauvais pour les affaires.

Elle m’exaspère. Elle exaspère tout le monde.

L’autre jour, il y avait un jeune client, type « minet 18 ans » qui s’enfilait un demi à défaut s’enfiler le serveur. Il parait qu’il a de beaux yeux. Pas le serveur, Jim qui a les yeux exorbités, même qu’il serait surpris que ça s’écrive en un seul mot, mais le minet. Elle se tourne vers lui, et lui « ooooohhhhh, les yeux ».

Evident, on était pliés de rire, la patronne, Jim et moi, mais la question n’est pas là. Le môme était tout rouge.

Hier soir, je rentre de Bretagne vers 16h15 après 6 heures de route. J’avais bien mérité de me taper une 1664. Je gare la voiture et fonce au bistro avant même de défaire mes bagages volumineux.

La patronne : « Ah ! Bonjour Nicolas ! La route s’est bien passée ? »
Moi : « Oh ! Non, j’en ai chié, y’avait plein de monde, ils ont tous eu la même idée que moi, les cons : partir le matin ».
La folle : « Mais pourquoi vous n’êtes pas parti hier, ça aurait roulé mieux. ».

J’aurais pu lui répondre subtilement : « Oui, j’aurais pu aussi partir samedi matin, j’aurais été peinard », j’ai crié (d’où les majuscules) : « AAAHRG ! JE PARS QUAND JE VEUX BORDEL ! ».

Elle n’a pas aimé. Les gens sont susceptibles. Je ne comprends pas. Tous les autres clients étaient pliés de rire.

Bien. Il n’est pas joli mon billet sur les poubelles des supermarchés ?