28 février 2024

Les jargons du métier

 


Quand on fréquente dans les blogs des ex gros blogueurs normands, on devient vite assez pointilleux avec l’utilisation de certains mots à la place d’autres, non pas que l’on découvre le français mais on ne supporte plus ces erreurs…  Au bureau, c’est vite l’enfer ! Je ne parle pas des expressions moderneuses dont on se moque à l’occasion mais des trucs les plus bêtes…

C’est ainsi que je suis devenu la bête noire de mes collègues qui parlent fréquemment de clôturer un incident ou une fiche budgétaire (appellation d’ailleurs à chier), de renseigner un formulaire ou un fichier Excel sans compter ce qui sort souvent du cadre du boulot comme le « j’ai un souci avec l’application » ou, pire, « l’application a un souci » !

J’imagine cette pauvre application se tournant dans son lit en attendant d’oublier ses soucis et de trouver le sommeil ou le comptable plantant des piquets pour bâtir une clôture autour de son logiciel de comptabilité dûment renseigné… Quant au fichier Excel qui s’arrête au bord de la route pour demander des renseignements aux passants, il me laisse sans voix.

 

Le plus exaspérant est de voir des andouilles écrire « scenarii » pour le pluriel de « scenario » que l’on devrait d’ailleurs écrire « scénario » vu que l’Académie conseille la « francisation » des termes étrangers entrés dans la langue. La sagesse serait de s’en foutre mais ces couillons se permettent de vous reprendre en vous faisant remarquer que vous avez écrit « scénarios » au lieu de « scenarii ». Depuis quand les mots italiens se terminant par « o » se terminent-ils par « ii » au pluriel ? Doit-on dire « des pianii » ?

Ces gens n’ont pas mauvais fond mais ils se prennent pour des intellectuels… Ils en arrivent à utiliser des mots assez rares en se trompant dans l’usage. J’ai une collègue qui emploie souvent le terme « conscientiser » mais en voulant dire « prendre conscience ».

En plus, ce mot est laid.

 

Il y a aussi les anglicismes. Ils ne me gênent pas trop. Ils sont d’ailleurs beaucoup moins vilains que les versions françaises tirées par les cheveux… Il n’empêche que j’avais une réunion, ce matin, avec des collègues, afin de mettre au point un document. Je suis tombé sur la phrase « nous allons installer la version N de l’application downgradée en N-1 puis upgradée en N+1 ». L’utilisation de l’anglais empêche les auteurs de se rendre compte des énormités qu’ils débitent…

Tout cela m’énerve !

19 commentaires:

  1. J'aime bien ce billet : on dirait du moi...

    DG

    RépondreSupprimer
  2. Ouais... votre réputation d'infatigable homme de gauche va en prendre un vieux coup derrière les étagères à mégots !

    DG

    RépondreSupprimer
  3. Savez-vous que vous travaillez dans une organisation assez préservée ? Soyez heureux de n'avoir à engager le fer que contre quelques anglicismes mal maitrisés, ou quelques fautes d'accord sur des mots italiens. Avez-vous pensé à ceux qui doivent affronter les meetouffes (j'adore cette expression normande) qui expriment en langage inclusif dans leur entreprise ou leur administration, les iels qui traquent des machismes dans vos lignes de code ou des biais suprémacistes dans les données d'apprentissage de vos modèles ?
    Une des joies du grand age, elles sont peu nombreuses, est de n'avoir qu'à en sourire lorsque ces bêtises apparaissent dans la lecture quotidienne de Centre-Presse. Je vous souhaite force, gloire et honneur pour continuer à défendre le bon usage de notre langue en milieu professionnel.

    La Dive

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne me suis pas donné de mission particulière mais ces détails m'embêtent (tout comme l'inclusif, d'ailleurs) pour différentes raisons, dont le ridicule qui rejaillit de tout ça.

      Supprimer
    2. Henri, ma réponse était courte car je n'avais pas eu le temps d'y travailler. Le langage peut "évoluer" pour des raisons politiques : c'est déplaisant, certes... De même, comme je l'explique ci-dessous à Petit Louis, ce ne sont pas les anglicismes qui me dérangent (au contraire, même) mais leur emploi de façon grotesque. Bref... Ce qui m'énerve le plus est bien l'utilisation des mauvais mots, parfois avec des prétextes "pseudo intellectuels" comme pour "scenarii", par des gens qui pensent maitriser la langue.

      A propos du "féminisme" : dans mon domaine (l'informatique des banques), le problème (pour certains, heu... certain.e.s) est qu'il n'attire pas les femmes donc il y a des groupes de travail et tout ça, avec une vraie "mission politique" pour la boite... Mais, dans le fond, 90% de l'encadrement des équipes techniques est masculin et personne ne voit ça comme un problème.
      Nous sommes bien loin de l'utilisation de l'écriture inclusive qui reste marginal dans les entreprises.
      bien éol
      Pour ce qui concerne les anglicismes, on travaille, par exemple, beaucoup avec des présentations PowerPoint. On appelle ça des "diapositives" ou "transparents" car, dans le temps, on les imprimait sur des feuilles en plastique transparentes pour pouvoir les projeter avec des "rétro projecteurs". Les technologies ont bien évolué et on ne projette plus, on affiche sur des écrans. Mais des gens ont gardé les anciennes nomenclatures, surtout "diapositives" et pas trop "transparents", et, à défaut de mieux dans l'usage courant, je préfère prendre le mot anglais (voire l'anglicisme) "slide". La langue doit évoluer et les Québécois sont souvent ridicules -surtout que toutes les langues sont composées de mots empruntés à d'autres).

      Je suis bavard, ce soir, et je vais être en retard pour l'apéro. C'est malin.

      Supprimer
    3. L'étymologie de slide est amusante (je viens de regarder et je me trompe peut-être vu que cela vient de l'anglais). "To slide" veut dire "glisser" et slide vient du fait que l'on fasse glisser les "diapositives" les unes après les autres.

      Moquons nous des anglais.

      Supprimer
  4. Gros... n’exagérons pas tout de même. Côté breton, c'est pas mal aussi.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je ne parlais pas de toi... J'ai d'ailleurs dit "ex gros".

      Supprimer
  5. Et du coup, est-ce qu'on peut downloader la version N, du coup ?
    Ou la version N+1, etc ?
    Au jour d'aujourd'hui, je le dis aussi, tous ces tics de langages et anglicismes m'énervent.
    Merci pour cet update !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Je n'ai pas parlé de "downloader" mais de "downgrader puis upgrader"...

      Les anglicismes ne me dérangent pas toujours, par ailleurs.

      Supprimer
    2. Ce sont essentiellement les tics de langages qui m'énervent : du coup, etc, au jour d'aujourd'hui.
      Je me suis mal exprimé du coup.

      Supprimer
  6. c'est marrant ce N+1 cela s'emploie aussi pour les étagères et la hiérarchie ce qui revient aux même. (plus c'est haut moins ça sert )
    N étant défini comme une quantité entière et les version de programmes toujours avec une décimale, voire plusieurs , ( la version de W11au 29.02 était 22631.3235 ) je pense qu'il peut être erroné d'employer la, ce N+1.
    Ceci étant juste un remarque farfelue pour mettre un commentaire , joli billet car je me suis toujours demandé d'où sortait ce scénarii

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. En l'occurrence, mes "N+1" étaient mal choisis, pour l'exemple. Les versions sont simples, en fait, mais c'est tellement grotesque que ça en devient incompréhensible. Dans notre "monde", ça ferait : on installe Windows 10 en limitant aux fonctions de Windows 7 mais en faisant croire aux autres applications qu'on est en Windows 11 pour les rendre compatibles ce qui ne pose aucun problème car, de toute manière, elles n'utilisent que les fonctions déjà offertes par Windows 7.

      Tant que j'en suis, la justification serait la suivante : la version Windows 7 n'est plus maintenue donc on est obligés d'installer au minimum la 10 mais les applications autres ne sont maintenues officiellement que pour Windows 11 mais nous n'avons pas de contrat pour le 11 alors on reste en 10 en faisant croire aux autres qu'on est en 11 mais on se fout de tout car nous n'avons besoin que de ce que fait la 7. C'est "compliqué" mais c'est une pratique courante (des histoires de maintenance, de contrat...).

      Ce qui ne va pas, c'est, malgré mes réticences, d'avoir tenu à conserver des anglicismes qui perturbent le tout et sont grotesques (downgrader puis upgrader) vu qu'il ne s'agit que de paramétrage. A la décharge de mes collègues, je n'ai pas trouvé de phrase plus simple.

      Supprimer
  7. Mais alors est-ce qu'on doit vraiment fouetter d'autres chats ou enculer des mouches ? 😉

    RépondreSupprimer
  8. Ca m'a rappelé quelques souvenirs... j'avias écrit un truc pareil du temps où je bossais encore aux champs. Mais le pire aujourd'hui c'est quand je dois supporter les réunions avec les devops et autres full stack developpers...
    Bref j'avais écrit une ou deux conneries à l'époque : https://stephgauthier06.fr/blog/2021/01/11/bouillie-anglaise/

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Comme je le disais plus haut, bon billet ne porte pas sur les anglicismes et les conneries des trous du cul mais sur les erreurs de langage, les mots utilisés à tort…

      Supprimer

La modération des commentaires est activée. Soyez patients !