15 juin 2022

[Santé] Mais pas des pieds

 


En fin de compte, je passe plus de temps à l’hôpital qu’à regarder des séries par la grâce de Netflix mais encore moins de temps qu’au bistro et il faudrait que je sois hospitalisé très longtemps pour rattraper les quarante ans de comptoir que j’ai derrière moi. Il n’est néanmoins pas inutile que je raconte mes séances dans le blog.

Reprenons néanmoins l’historique pour permettre aux historiens du futur de retrouver le chaînon manquant. A l’issue des périodes de confinement, quand on a pu raisonnablement retourner au bureau tout en respectant des strictes consignes de sécurité et mettre fin au télétravail à 100%, je n’ai pu constater que j’avais grossi comme une vache – je suis monté à 151 kg – et que j’étais essoufflé pour un rien. Il fallait que je fasse de pause en rentrant de la Comète à chez moi (au moins 200 mètres…). Je mettais le tout sur le dos du confinement pendant lequel je n’avais fait aucun exercice physique mais en étais de moins en moins convaincu. Ma cheffe et ma DRH ont pris les choses en main et, avec mon accord, m’ont envoyé voir la médecine du travail. C’était, je crois, le 6 octobre 2021. Je retiens cette date surtout parce que c’est le jour de ma dernière cigarette.

La doctoresse du boulot, aidée de ses assistantes fort charmantes, ont confirmé que j’étais dans un salle état ! Elles ont appelé les pompiers qui m’ont envoyé à l’Hôpital Cochin. Quand j’ai revu la toubib, six semaines plus tard, je crois, elle m’a dit que les pompiers lui avaient assuré qu’ils n’avaient jamais vu un type à la médecine du travail dans un état aussi moche que le mien.

De fait, à Cochin, j’ai passé un peu de temps en réanimation, tout de même, et je n’en ai qu’un vague souvenir. J’ai ensuite passé quatre semaines dans le service de pneumologie pour soigner un épanchement pleural (la cavité avec les poumons était pleine de liquide). J’étais bien guéri mais les médecines ont transféré mon dossier à l’hôpital de jour de pneumologie qui devaient faire des investigations pour trouver l’origine de la chose. Ils m’ont donc convoqué une journée, le 23 novembre, pour une série d’examens : évaluation fonctionnelle respiratoire, IHM du crâne, échographie du cœur et scanner du thorax.

En faisant ce dernier, ils ont trouvé que les images étaient dégueulasse et m’en ont fait faire un deuxième : en fait, j’avais un thrombus dans l’aorte montante (en français, un gros caillot dans l’artère qui irrigue le ciboulot). Il risquait de boucher complètement le tuyau ou d’éclater provoquant la dispersion de petits morceaux qui auraient provoqué différents AVC. Le tout aurait été bien fâcheux…

J’ai donc été opéré, à Pompidou, en urgence avec ouverture du thorax et arrêt du cœur avec dérivation temporaire, excusez du peu. Après presque cinq nouvelles semaines d’hospitalisation, ils m’ont libéré et j’ai pu rentrer me reposer en Bretagne avec des piqûres d’anticoagulants pour éviter que cela ne se reproduise.

De retour à l’hôpital de jour, mon pneumologue et oncologue avait donc deux pathologies sur les bras : ce qui avait provoqué mon thrombus et ce qui avait généré mon épanchement pleural. Il avait pu avancer, entre les deux hospitalisations mais, à cause de l’opération de l’aorte, nous n’avions pas pu en discuter. Parmi les examens, j’avais fait, aussi, un pet scan et une fibroscopie des poumons avec un prélèvement : cette dernière avait montré une chose pas belle dans les poumons mais très surprenante.

En janvier, on a pu refaire des examens : le scanner a montré que mes anticoagulants étaient insuffisants et qu’il me fallait de l’aspirine en plus, sans compter que j’avais aussi au caillot dans les reins, sans grande importance mais à surveiller. Ils ont par ailleurs rendu plus délicate la fibroscopie (il ne fallait pas me faire saigner…) mais cette dernière à bien retrouvé le truc pas beau mais les volets inquiétants ont disparu comme s’il y avait eu une erreur dans la première.

Il n’empêche qu’ils ont décidé qu’il valait mieux m’opérer pour faire disparaitre cette histoire, ce qui provoque ce billet de blog qui est sans doute le premier d’une série.

Côté sang, ils m’ont trouvé une maladie auto-immune joyeusement appelée « syndrome antiphospholipide » ou un truc comme ça. C’est assez rare et les toubibs l’ont découverte assez récemment. J’ai été reçu par des pontes de Pompidou mais aussi par l’hôpital de jour en médecine générale de l’hôpital Cochin, spécialisé dans la chose. Les deux m’ont prélevé une quantité incroyable de sang pour faire des recherches dans mon ADN même s’ils sont persuadés que ce n’est pas génétique.

 

Ca m’a donné soif.

20 commentaires:

  1. Bref, si on avait vécu au XIXe siècle plutôt qu'au XXIe, vos potes auraient déjà eu l'occasion de picoler à votre enterrement.

    (Sauf moi car, au même XIXe siècle, je serais calanché depuis déjà un bail.)

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    1. Ils n'auraient pas aimé que je ne sois pas là pour leur rincer la gueule.

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  2. Oulala mais oulala 😱🥺
    Quelle angoisse !
    Tu peux ériger une statue de ton médecin du travail et y bruler un cierge tous les soirs.
    Quant à toi, tu m’épates par ton courage.
    Hélène

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  3. Très joli résumé, bien rédigé, d'un état de santé assez moderne !

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  4. la dernière phrase est bizarre : ils cherchent dans ton sang mais mais pensent que ce n'est pas génétique ? En tout cas courage à toi, et surtout espérons que le coté administratif de tout cela ne soit pas une source de stress/lol

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    1. La dernière phrase : en fait, ils font des recherches génétiques poussées pour avoir la preuve que ce n'est pas génétique. S'ils se trompent (ils sont ouverts : ce sont des scientifiques, pas des militants FLI, des gilets jaunes ou des conspirationnistes), ils auront des moyens pour affiner les diagnostics.
      Le côté administratif est un des volets de mon billet en cours de préparation.

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  5. Ah merde c'est un coup à ce que je m'assoies sur ton ADN ça (mon bureau est juste au dessus de la banque d'ADN de Généthon où tes prélèvements ont de fortes chances d'atterrir avec un combo maladie rare / recherche génétique)

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  6. Voilà un résumé bien musclé de l’aorte si je puis me permettre.
    Force et courage !

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    1. Fait chier Google / Blogger, je suis anonyme à chaque fois que je commente maintenant.
      Tout fout l'camp ma brave dame.

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  7. Et donc mon commentaire est anonyme.
    Si Cochin pouvait examiner Blogger, ce serait pas mal aussi.
    Elo

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    1. C'est plus un problème d'accord entre Google et Apple, je pense...

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  8. Eh ben, tout ça. Bises.

    Denis.

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  9. Fais gaffe quand même... (151 kg, tu es quand même monté haut... :( )

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