09 novembre 2022

Les bons mots



De tout temps, j’ai eu horreur de certaines fautes de français (notamment celles des autres, les miennes ne me dérangent qu’à la relecture…), phénomène très certainement amplifié depuis que je fréquente des gros réactionnaires normands. Parmi ces fautes, il y a notamment l’emploi d’un terme à la place d’un autre et ce phénomène est souvent expliqué par l’utilisation d’anglicisme idiot.

Par exemple, le « no soucy » en anglais ne devrait pas être traduit par « pas de souci » à mon avis, mais par « pas de problème ». Si une personne a un problème avec un ordinateur, il va dire « j’ai un souci avec mon ordinateur ». C’est une erreur (sauf si « l’incident » est préoccupant au point d’empêcher de dormir…).

Il y a aussi le mot « sur » employé à tors et à travers. Par exemple, on ne va pas « sur Paris » mais « à Paris ». Pour être « sur Paris », à la limite, il faut être en avion ou, plus simplement, en haut de la Tour Eiffel.

N’oublions pas le « au final » utilisé à la place de locutions comme « en fin de compte ». « Final » n’est pas un nom commun (contrairement à « finale ») sauf dans un contexte précis comme « le final d’un opéra ».

Celui qui m’énerve le plus est l’usage de « maman » à la place de « mère », voire de « génitrice ». L’autre jour, je racontais une anecdote amusante dans Facebook, basée sur le fait que ma mère était à l’hôpital (ce qui n’était pas le cœur de mes propos). Plusieurs personnes mon répondu quelque chose comme « bon rétablissement à ta maman ». C’est absolument intolérable. Je n’utilise « maman » que quand je m’adresse à un petit gamin ou, pour parler de la mienne, à mes frères et sœurs, voire à des proches de ma mère (ses meilleures amies, ses belles-sœurs…), jamais en dehors d’un cercle très restreint.

C’est de l’infantilisation…

C’est comme l’emploi de « décès » à la place de « mort » (et les dérivés tels que « décéder » vs. « mourir »). Comme si c’était moins grave de « décéder » que de « mourir ». Le terme « décès » ne devrait s’appliquer que dans des documents « officiels ».

 

Tout cela a, au fond, assez peu d’importance, d’autant que, comme je le disais, je ne suis sûrement pas le dernier à me planter et je suis mal placé pour donner des leçons… Ainsi (ou « du coup »), ce billet est provoqué par deux « nouveaux » éléments.

 

Le premier est un tableau, dans Facebook, qui tournent en rond à cause de lascars qui se trouvent intelligents, pour montrer l’usage « erroné » de l’expression « du coup » à la place d’autres locutions (« donc », « en conséquence », « aussitôt », « de ce fait »…). Je n’aime pas les donneurs de leçons qui se contentent de copier des tableaux prémâchés. Vous pouvez vérifier dans Google, la littérature est riche à ce sujet mais les théories d’abrutis des réseaux sociaux qui n’écrivent presque rien m’énervent.

Le second est plus récent. C’est l’usage, maintenant très répondu, de « bel » ou « belle » à la place de « bon ou bonne ». On voit par exemple des publications avec « bel anniversaire » ! On lui fait quoi, à l’anniversaire, pour l’embellir ? On lui plante des roses dans le cul ?

On voit des abrutis écrire « je vous souhaite une belle journée ». Heu… S’il fait beau, un type qui aura vu sa famille périr dans un accident de voiture aura quand même connu une belle journée… Pas une bonne. Il y a aussi, parfois, « je vous souhaite un bel anniversaire ». Franchement, ça veut dire quoi ? Une belle fête avec un feu d’artifice et des gonzesses à poil ? (vous trouverez aussi dans Google de la lecture sur le "belle journée")

Je ne suis pas du tout hostile aux évolutions de la langue mais des erreurs grossières m’énervent quand même.

 

En complément, hier, une amie à moi disait dans Twitter qu’on reprochait parfois l’utilisation d’expressions comme « je n’y comprends rien, c’est du chinois » ou « je l’ai appris par le téléphone arabe ». Il parait que c’est raciste. Pour moi, c’est de la connerie, comme, par exemple, le changement de nom de « Dix petits nègres ». Mais je ne suis pas dans mon blog politique.

Bref… « Du coup », j’ai répondu à la copine, pour rigoler, « tu me prends pour un Mongol ? » mais une andouille a répondu que les « chinois » et « arabe » dans ce contexte étaient tolérable, contrairement à mon « Mongol » car il faisait référence à une maladie, à une souffrance. Mon dieu ! Comme si le fait d’appeler « mongol » un trisomique n’avait pas pour origine le faciès de braves gens issus de Mongolie et n’était pas particulièrement raciste.

 

Il y a de ces cons.

7 commentaires:

  1. Tout d'abord, vous auriez dû répondre à votre "copine" qu'il ne faut pas confondre Mongol (habitant de la Mongolie) et mongolien (trisomique).

    Ensuite, pour ce qui est du "no soucy", vous auriez pu noter – si vous regardiez les films et séries en V.O.… – que les anglophones ont laissé eux aussi tomber leur "soucy" : désormais, ils ont des "issues" ou des "situations".

    Bref, on n'est pas les seuls à devenir cons : ça réchauffe le cœur.

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    1. Oui, mais l'appellation "mongolien" a une origine : "En 1866, le médecin britannique Langdon Down décrit les similarités typiques des personnes atteintes de trisomie 21. Il développe ces caractéristiques : des yeux bridés, un petit nez et aplati, des mains courtes, une faible tonicité des muscles, une stature trapue et corpulente, ainsi que des retards dans le développement physique et intellectuel.

      Ce sont leurs yeux bridés qui ont fait dire, pendant de nombreuses années, que ces gens ressemblaient à des Orientaux, habitants de Mongolie ; c’est pourquoi le docteur Down les a appelés « mongoliens » et leur état le « mongolisme »."

      Je reconnais : je ne regarde pas la série en VO.

      Si tout le monde devient con, ça fait effectivement plaisir...

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    2. Bien sûr que mongolien dérive de Mongol ! Néanmoins, si on a pris, à l'époque, la peine de créer un mot nouveau pour le différencier de celui existant, ce serait bête de le laisser tomber.

      Mais je suppose que, en notre époque asilaire, utiliser "mongolien" c'est déjà montrer qu'on est "trisomicophobe"…

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    3. De toutes manières, oui…
      NJ

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  2. Il y a également depuis 4 ou 5 ans : « là, on a un sujet »
    et puis il y a tous les anglicismes utilisées, même par les journalistes, pour qu’uniquement ceux qui parlent anglais comprennent. C’est le « entre nous, on se comprend » et puis « les autres sont des blaireaux » (ils manquent de culture).

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  3. Je n'en peux plus moi aussi des "passez une belle journée" etc.
    Merci, et vous "repassez la vôtre", je peux même vous prêter mon fer.
    Hélène

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