« Je suis contre le télétravail, d’ailleurs, j’ai
choisi de ne pas en faire ! » C’est ce que ma répondu la médecin du
travail quand nous évoquions le sujet, jeudi. Je souhaitais qu’elle me déclare
apte (ce qu’elle a fini par faire) donc je ne lui ai pas signalé que tous les
métiers ne se prêtaient pas au télétravail… Elle m’a alors expliqué que des
études scientifiques avaient prouvé que le télétravail provoquait un
amoindrissement du cerveau, une baisse des fonctions cognitives et que sais-je ?
J’ai commencé à craindre qu’elle recommande la suppression du travail à
domicile, pour moi…
Plus de peur que de mal. Quelques minutes plus tard, en
apprenant qu’il me fallait une heure pour aller au travail (du Kremlin-Bicêtre
à Nanterre, forcément…), elle s’est félicitée (étrange expression) que j’ai
autant de télétravail ce qui me permet d’éviter les galères de transport. Je
lui ai alors dit que je passais souvent une semaine complète en Bretagne (en
lui expliquant le contexte, tout d’abord la nécessité, avec ma sœur et mon
frère, de passer un maximum de temps près de ma mère puis la mort de cette
dernière et l’héritage). De suite, elle m’a demandé pourquoi j’allais à l’hôtel
au Kremlin-Bicêtre ou si je louais une chambre meublée au mois. Elle ne me
croyait pas quand je lui ai dit que j’étais propriétaire de mon appartement en
banlieue, en plus de la maison en Bretagne. C’est vrai, quoi ! Comment
peut-on choisir d’habiter dans ce patelin… ?
Un peu plus tard, lors de la conversation, elle consultait
mon ordonnance et lisait les médicaments en faisant un petit commentaire
(plusieurs fois, d’ailleurs : « je m’en fous, de ça »). A un moment,
il y a un nom que je ne connais pas. Je lui dis que je ne prends pas ça. Elle m’a
dit « mais si, vous m’avez dit prendre des anticoagulants, voyons ! »
Je lui réponds que ce n’est pas ça mais de l’Innohep (de mémoire). Elle m’a dit
que ce n’était pas possible, l’Innohep est ce qu’on donne la veille et le
lendemain des opérations (comme si on donnait des anticoagulants pour les
opérations…). Elle ajoute : « et ce n’est certainement pas de l’Innohep
que vous donnent les pharmaciens mais ce dont je parlais, à la place ».
Comme si je n’étais pas sûr de ce avec quoi je me faisais
deux piqûres par jour…
A la fin, il fallait prendre ma tension et m’ausculter. Elle
m’a passé le stéthoscope moins de cinq secondes sur la poitrine (par-dessus le
tee-shirt) et n’a pas « écouté dans le dos en me faisant respirer fort »,
comme il convient pour toute personne ayant des problèmes de poumons. Quant au machin
pour la tension, elle ne savait pas comment il fonctionnait. C’était un truc
tout neuf avec un grand écran (genre tablette). Elle a bien réussi à me passer
le machin autour du bras, tout en gueulant parce qu’il était trop long mais
elle ne pouvait pas démarrer le machin… Je lui ai suggéré d’appuyer sur le
bouton on/off. Cela fonctionnait mieux…
En écrivant cela, je me suis souvenu de son arrivée (j’étais
le premier « client » et j’avais une quinzaine de minutes d’avance). Elle
est entrée dans son bureau (qui donnait sur la salle d’attente) et a ronchonné
contre la « numérisation » des dossiers des salariés ce qui fait qu’elle
n’avait aucun papier ou classeur et d’ailleurs elle n’avait pas d’armoire.
Au début de l’espèce de consultation, j’avais dû lui
raconter pourquoi j’étais là. J’ai commencé à lui expliquer mais il fallait
bien que je remonte à octobre 2021 avec ma première hospitalisation puis la
découverte de ma maladie. Elle ne
comprenait absolument rien. J’essayais pourtant d’être assez « pédagogique ».
Elle a alors laissé tomber et a pris les papiers que j’avais apportés en
commençant par le compte rendu de ma dernière journée à l’hôpital pour des
examens, qui avait eu lieu trois semaines après ma reprise et était sans
rapport direct avec mon hospitalisation (mais il reprenait un peu l’historique).
Elle s’est limitée à ce papier. Elle a commencé à prendre des notes sur son ordinateur,
en tapant avec deux doigts et en disant à haute voix ce qu’elle saisissait ce
qui fait que je sais à peu près ce qui est écrit. Comme la conversation était interrompue
par nos propos sur le télétravail et mon ordonnance, je serais assez curieux de
ce que donne le résultat final de sa littérature qui ne pouvait néanmoins pas mentionner
absolument pas que ma reprise, objet de la visite, faisait suite à une opération
de l’aorte avec sternotomie suivie de cinq ou six semaines de rééducation, tout
simplement parce que nous n’avons pas évoqué le sujet…
En quarante ans de carrière, je me serais toujours demandé à
quoi servait la médecine du travail si elle ne m’avait pas été un peu utile
deux fois… La deuxième était quand ils m’ont envoyé aux urgences à la demande
de ma responsable des ressources humaines, en octobre 2021. La première, c’était
il y a une petite vingtaine d’année. La doctoresse avait de vraies compétences
et de l’expérience et avait trouvé la cause de mes crises de goutte ! Il fallait
le faire : elle avait vu que j’avais essayé de réduire mon poids et en
avait déduit que j’avais remplacé les pommes de terre par des légumes plus
recommandables mais avait compris que le vert ne passerait pas par moi. Elle m’avait
regardé puis dit : « vous, vous mangez beaucoup de champignons. »
Elle avait raison ! Je prenais des champignons en entrée à chaque repas
pour éviter la charcuterie et j’en faisais, chez moi, en accompagnement de tous
mes plats de viande !
Je me demande combien cela coûte à nos employeurs, sans même
parler du fait qu’il m’avait fallu aller à Issy-les-Moulineaux et que l’aller-retour
avait pris deux heures et demie.
Sans compter qu’arrivant à Bicêtre à 11h, je n’étais pas
rentré à la maison mais avais bifurqué directement vers le bistro où j’avais
prévu de déjeuner.
La médecine du travail a une utilité certaine mais unique : permettre aux toubibs nuls de ne pas pointer chez Paul Empois.
RépondreSupprimerAh ! C’est social…
SupprimerVoilà. S'il n'y avait pas la médecine du travail, Élodie J. serait obligée d'organiser chaque année un Toubibthon pour leur éviter de crever la dalle.
SupprimerElle serait obligée de faire Tintin pour metoo, alors.
SupprimerÀ moins qu'une toubibesse du travail soit victime d'attouchements de la part d'un salarié blanc de plus de 50 ans...
SupprimerA propos, il y a un acteur qui est mort, Niels je ne sais plus trop quoi. Ceux qui lui rendent hommage dans les réseaux sociaux se font tomber dessus par des bandes de metooffes.
SupprimerLa boîte qui m'emploie a fait l'acquisition d'une de ces toubibs au rabais. La nôtre est une tanche d'un gabarit assez exceptionnel... Et pour ne rien arranger, comme elle vient d'un de ces pays de l'est dont j'ignore le nom, elle parle un sabir dont il est assez ardu de se dépêtrer.
SupprimerJ'ai "eu" ce problème d'accent lors de ma dernière visite à l'hôpital (une journée...). Je ne comprenais pas une infirmière (une noire avec son fort accent) et surtout la jeune interne qui venait, comme "toi", d'un de ces pays de l'est...
SupprimerNiels Arestrup.
SupprimerJe sais mais je ne me rappelais plus l'orthographe...
SupprimerPour une fois je suis d'accord avec Didier. Ne va pas lui répéter. Mais les toubibs du travail sont des ramiers de première bourre. A chaque fois j'étais bon pour une remarque a deux balles. Vous faites trop d'écran, votre poste de travail n'est pas adapté vous n'êtes pas assis Correctement Etc... Et je te dit pas la morale le jour où j'ai pas pissé dans le p'tit flacon, parce que j'avais arrosé un peu avant les tinettes d'un rade. Vu que j'avais droit à une heure de battement pour la visite je m'étais offert un petit noir. Et le café fait pisser autant que la bière.
RépondreSupprimerJe crois qu'on est tous d'accord...
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