04 décembre 2023

Parle à mon cul !

 


Heureusement qu’il faisait froid, hier ! J’ai eu un prétexte pour mettre fin à une conversation. Je fumais une des mes clopes restantes en terrasse de l’Amandine quand une petite dame de ma connaissance passant devant l’honorable brasserie, ce jour de marché, m’a reconnu et venait me raconter qu’elle revenait de la banque où elle avait retiré quelque menue monnaie en coupures moyennes pour procéder à l’acquisition d’un vêtement plus adapté à la température compte tenu qu’elle n’entrait plus dans son manteau suite à une impromptue prise de poids.

Je suis, certes, un spécialiste, non seulement du retrait d’espèces mais aussi de la prise subite de surcharge ventrale mais je n’avais rien à cirer de ce qu’elle me racontait. J’ai été poli comme une pierre et j’ai donc répondu que « oui, tu as raison, il fait froid, je vais rentrer ».

 

Ce midi, pendant notre repas partagé au Restaurant Inter Entreprise de notre immeuble de bureau, un collège bavard, du genre à trouver en permanence des sujets de conversation alors que le silence est bien pu seyant, a commencé à nous parler de la crise monétaire qui secouait le Liban et de l’opportunité d’y faire des investissements. Evidemment, nous travaillons dans la filiale de quelques établissements de la place, comme on dit, il n’empêche que ce sujet de conversation ne m’intéressait nullement et j’ai trouvé surréaliste que les autres convives en viennent à argumenter comme s’ils avaient les connaissances nécessaires pour nous enrichir intellectuellement à défaut de financièrement. « Oh merde » ai-je dit « vous m’excuserez mais je viens de me rappeler que j’avais des courses à faire. » Et je me suis levé, emportant mon plateau repas que, par chance, j’avais fini de délester des choses comestibles qui y siégeaient.

 

Hier soir, bien forcé de boire afin d’éviter la déshydratation putative, j’étais accoudé au comptoir quand les lascars qui m’entouraient fustigeaient la crise sanitaire qui avait empêché je ne sais plus quel pousseur de ballon d’obtenir le précieux ballon d’or, trophée mis en place par le périodique France Football ce qui explique que la cérémonie était retransmise sur TF1 à l’époque.

Ne connaissant pas le gentil sportif qu’ils évoquaient et ne me suspendant qu’assez rarement aux choses du ballon rond, j’ai appris immédiatement beaucoup de choses que j’ai assez rapidement oubliée. Malheureusement, c’était le seul bistro ouvert dans le quartier et je n’ai pas eu l’envie de trouver un prétexte pour décarrer dans les plus brefs délais : il me fallait être foutu dehors par la méchante mais traditionnelle heure de fermeture.

 

Dans les commentaires de mon blog politique, un précieux suiveurs s’est étonne du fait que je prétende être assez peu bavard dans la vraie vie alors que je pondais couramment des tartines dans mon blog. Il se trouve que je n’arrive pas à prendre part à certaines conversations notamment celles au sujet… de beaucoup de sujets et, plutôt que de ramener ma fraise, je préfère fuir, pas nécessairement physiquement mais au moins par l’esprit (qui n’est pas là, d’ailleurs).

Je préfère disserter dans mon blog à propos d’éléments qui m’intéressent comme, par exemple, les discussions qui ne m’intéressent pas ce qui ne manque pas d’intéresser les lecteurs qui me suivent jusqu’au bout.

 

Ce qui me fait penser que la dernière conversation que j’ai eue était avec une collègue qui m’indiquait qu’il était temps de monter le sapin de Noël du service mais qu’elle n’avait pas envie de le faire. Elle essayait de me faire comprendre qu’étant voisin du bureau de nos chefs, je pourrais leur faire passer le message.

J’ai oublié ses arguments.

14 commentaires:

  1. Ce qui me fascine, c'est ta capacité à parler de futilités et captiver autant! Même quand tu causes un niveau au-dessus! Un régal, autant que les moules aux croûtons!

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    1. J'suis comme ça ! Des fois je passe des heures à pondre des conneries, d'autres ça ne me prends que quelques minutes.

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  2. Moralité : vivent le télétravail, les courses livrées par porteur et les bitures à domicile !

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  3. On m'a reproché à plusieurs reprises de ne pas me joindre à ces conversations de rien qui ont cours dans l'open space. S'ils savaient à quel point je me contrepignole à deux mains de toutes ces conneries à propos du temps qu'il fait, du temps qu'il devrait faire et du on n'a plus de saison? Et pis faudrait aussi disserter sans fin sur le dernier match des pousseux de ballon du coin
    Rajouter du bruit au bruit ? Très peu pour moi.

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    1. On a reproché de parler travail pendant les pauses alors que c’est tout ce qui nous unit.

      A une époque, j’avais arrêté de manger à la cantine parce qu’une collègue n’arrêtait pas de parler de ses gamins.

      Je ne comprends pas les gens qui s’intéressent plus aux gamins des autres qu’à leur boulot…

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  4. Il me revient une citation : "Il est impossible, ici-bas, d'échapper totalement aux souffrances des conversations sans intérêt."
    (Martha Gellhorn - Mes saisons en enfer)

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    1. C’est pas pire que les commentaires pas signés (sauf ceux du taulier du blog).

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    2. Hervé (Bretagne)09 décembre, 2023 08:55

      Désolé d'avoir contrevenu aux bonnes manières, mais je suis dépourvu d'identifiant google.

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  5. En parlant de citation, une que j'aime bien sur l'intérêt du silence : "c'est mieux de passer pour un con en ne disant rien que de l'ouvrir et ne laisser plus aucun doute sur la question".

    J'aime bien le silence, et me taire et écouter. Parfois, quand y a des avis qui me gonflent, un peu, je dis "bon, tu sais, t'es pas sur RMC, "c'est pas que j'ai rien à dire que je ne vais pas en faire profiter les autres"".

    C'est un beau billet.

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    1. Merci.

      Oui, c'est bien, le silence.

      Hier soir, au bistro, il y avait trois personnes qui avaient une discussion très intéressante (sujets originaux, personnes cultivées...) mais je me suis vite lassé et j'ai changé de place.

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    2. « (sujets originaux, personnes cultivées...) »

      C'est très étrange : je ne me souviens absolument pas d'être allé au bistrot hier…

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    3. Ils ne picolaient pas, andouille !

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