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16 mars 2011

Christine

Ayant fait une série de billets sur les pochetrons, il serait d’usage que je m’attaque maintenant aux pochtronnes mais je n’ai pas spécialement le courage ni l’envie d’asseoir encore plus ma réputation de gros macho, entretenue par des hordes de furies déchaînées.

La rédaction de ce billet est très instructive, pour moi : mon correcteur orthographique interdit l’écriture de « pochetronne » et oblige « pochtronne » alors qu’au masculin, « pochetron » et « pochtron » sont permis.

Toujours est-il, qu’en général, le comportement des femmes qui picolent au bistro est généralement déplorable. Je vais sortir un affreux cliché : les hommes viennent au bistro pour picoler et rigoler avec les copains alors que les femmes viennent pour picoler et rigoler toutes seules ou avec des inconnus.

Bref ! Le comportement d’une femme saoule est souvent abominable alors que l’homme saoul reste con normal.

Dans cette aversion pour les femmes au bistro, il faut noter un côté culturel (il suffit d’ouvrir les yeux pour regarder la clientèle d’un comptoir) complètement crétin, ce n’est pas Olympe qui me contredira, mais qui prend toute son ampleur quand je suis avec mes copains Djibril et Tonnégrande, "issus d’une autre culture". Il ne viendrait pas à l’idée de leurs épouses de rentrer dans un bistro et si elles consentent à boire un verre pour se désaltérer, c’est en terrasse, en mode « salon de thé ». Alors que l’épouse de Joël vient parfois nous saluer, entrer dans l’antre de leurs époux est une sorte de tabou pour les femmes de mes deux compères.

Ce qui ne m’empêche pas d’avoir passé d’excellentes soirées arrosées avec des copines, notamment blogueuses (pas de lien, bordel, pensons à leurs réputations), ce sont essentiellement les buveuses régulières qui sont imbuvables, pas les fêtardes !

Christine ne fait pas partie de ces pochtronnes : elle se comporte comme un homme à la différence près que si on lui pique son tabouret de comptoir, ce n’est pas pour se reposer mais pour l’obliger à rester debout pour que les copains puissent observer ses fesses.

Ainsi, on aurait tous envie d’introduire Christine mais, aujourd’hui, c’est d’introduire un nouveau personnage de blog dont j’ai besoin.

Nous avons connu Christine il y a une grosse dizaine d’année, j’avais donc un peu plus de trente ans et elle environ quarante. Elle était canon, fine, avec un côté aguicheuse qui nous plaisait assez. Elle venait boire des verres en terrasse, toute seule, à la Comète (c’était avant les travaux, il y avait encore cette véranda en « alu », comme une bonne vieille brasserie). Elle a fini par se fondre dans notre décor et nous, probablement, dans le sien. Nous la mations discrètement et elle nous adressait d’un clins d’œil discret pour nous montrer qu’elle n’était pas insensible à nos gestes.

La routine. Il n’empêche qu’il y avait un hic. Un crétin de la bande (je soupçonne un gros frisé avec une cravate à chier) avait lancé la rumeur qu’il s’agissait d’un travelo et nous n’osions pas trop moufter…

Finalement, au bout de quelques mois, nous avons fini par sympathiser, par discuter. Elle était charmante, rigolote, … J’ai néanmoins fini par ne plus trop la blairer pour deux raisons. La première était qu’en tant que seule femme de la bande, elle en devenait le centre et poussait tout pour l’être. La deuxième était qu’avec un coup dans le nez, elle devenait assez facilement médisante, méchamment, envers les copains absents. J’imagine que mes oreilles ont du sifflé plus d’une fois.

Finalement, nous avons fini par prendre des distances… Puis elle a quitté la région parisienne où elle était coiffeuse dans des salons un peu luxueux pour aller bosser au Maroc. Je suis médisant aussi : j’ai toujours pensé qu’elle s’était barrée pour pouvoir fuir le fisc.

Sa fille habitant alors Bicêtre, nous la revoyions environ deux fois par an et ces rencontres furent toujours plaisantes. Sa fille a quitté Bicêtre mais Christine est revenue, lundi.

Un notaire l’avait appelé, elle venait de recevoir un important héritage et c’est l’objet du billet politique du jour (je vais faire des liens croisés entre les deux billets, on va voir si ça affole les ordinateurs de Wikio).

Ca a été l’occasion d’avoir des nouvelles.

Compte tenu des événements dans les pays arabes et de la vie qu’elle menait au Maroc, elle a préféré quitter le pays il y a environ trois semaines et sur un coup de tête s’est installée à Montpellier où elle vie des « allocations » en attendant de trouver un emploi.

Bonne chance à elle !

(photo sans aucun rapport avec le sujet du billet mais trouvée en cherchant « rousse mince qui boit dans google images)

15 mars 2011

L'ivrogne et le chaînon manquant

Le volet scientifique de ce blog n’aura échappé à personne même s’il m’arrive de me laisser aller à quelques gaillarderies pour amuser la galerie. Ainsi, ce week-end, j’ai commencé une série de billets de la plus haute importance à propos des ivrognes et autres pochetrons réguliers.

Le premier volet tournait autour de l’alcool et des antibiotiques, la conclusion étant qu’il vaut mieux arrêter complètement l’alcool, un verre en appelant généralement un autre.

Le deuxième volet portait sur ces poivrots qui nient être saouls, y compris le lendemain. La conclusion de nos experts dans leurs laboratoires (le 1880, la Comète, l’Aéro et l’Amandine) est formelle : 80 ou 90% des buveurs réguliers ne se rendent tout simplement pas compte qu’ils sont saouls car c’est un « état habituel ». Ils ne « nient » pas, ils ne « mentent » pas, ils ne se rendent tout simplement pas compte.

Je voulais faire un volet intermédiaire disant à quel point les soulots sont chiants, à raconter toujours des histoires sans intérêt, les répétant 15 fois, … J’en parlais d’ailleurs ce week-end avec un patron de bistro auquel je racontais mes trois semaines d’abstinence totale. Il m’a alors fait constater que ça avait été son quotidien, une douzaine d’heures par jour, avec le premier petit vieux qui débarque vers 10 heures du matin pour faire son tiercé et s’enfiler quelques petits blancs, jusqu’aux clients du soir, ceux qu’on a du mal à mettre dehors…

De fait, pendant ces trois semaines, j’avais vérifié : les pochetrons sont chiants. Je ne parle pas de l’aspect festif de la cuite et de l’euphorie qui s’en suivait mais de cette manie qu’ils ont de parler de choses sans intérêt. J’ai un de mes congénères, par exemple, qui me racontait tous les soirs le parcours qu’il avait pour venir au bistro en prenant bien soin de trouver un marchand de journaux sur sa route pour pouvoir acheter le France Soir pour faire les mots fléchés.

C’est un phénomène que j’avais déjà remarqué. Récemment, par exemple, il me fallait faire preuve de trésors d’inventivité pour éviter que Geneviève me raconte sa journée de travail ou qu'Henri me décrive ce qu’il avait pu ramasser en tant que ferrailleur, voire que Camille me dise le nombre de poulets rôtis qu’il avait vendus. Je suis un ours, je préfère ne rien dire (et ne rien entendre) plutôt que d’échanger des propos qui ne m’apprennent rien où ne me permettent pas de sourire ou de faire marcher mon cerveau. Toujours est-il que ces trois individus ne rentrent pas dans le sujet de mon étude : ils sont certes pochetrons mais aussi naturellement cons.

Je me rappelle d’une époque, il y a environ dix ans, où je retardais volontairement mon arrivée au bistro, les soirs où mes chefs ne me retenaient pas pour quelques tâches ingrates, pour laisser partir la première vague de pochetrons, celle des ouvriers qui, commençant leur boulot très tôt, arrivent vers 17 heures au bistro et sont déjà bien éméchés quand les bureaucrates sortent du bureau. Je vous le dis : la lutte n’est pas finie. Mais ceci n’est pas un blog politique.

J’en étais là, ce week-end, dans mon analyse de la pochetronerie ambiante et la préparation d’un billet sur les chieurs de bistro quand je me suis rendu compte qu’il manquait un chaînon dans tout le raisonnement.

Alors j’ai fait le test, hier soir. Une ultime vérification. Mon côté vicieux. J’ai commencé la soirée à boire du Vittel Menthe comme au cours des trois semaines passées laissant sous-entendre que ma décision était finalement définitive (alors que je subis les conséquences de trois semaines au Vittel Menthe : je suis intoxiqué et je crois bien qu’il me faudra bientôt faire une cure pour pouvoir arrêter). Ca n’est qu’ensuite, un peu avant 20 heures, que je suis passé à la bière, comme au bon vieux temps, à la surprise générale (sauf du patron, je l’avais prévenu pour qu’il puisse soigner ses relations avec ses fournisseurs de bière, de Vittel et de menthe).

Mesdames, Messieurs, avec cette expérience du plus haut intérêt scientifique, j’ai découvert un élément important qui permettra de faire un pas important dans la découverte de l’alcoolisme : un type d’intelligence normale (je dis ça pour exclure les cons qu’on évite, de toute manière, de fréquenter) qui picole régulièrement ne tiendra des propos sans intérêt qu’avec un type qui ne picole pas parce qu'il ne peut pas (je ne vous parle évidemment pas des gens complètements bourrés qui disent des conneries en permanence, juste des gens légèrement chauds).

En d’autres termes, jusqu’à ce week-end et après trois semaines d'abstinence, je pensais que c’était les deux premières bières qui me permettaient, avant, de supporter les conneries du vieux Joël (et de quelques autres) alors que la solution est beaucoup plus évidente : il ne racontent pas de connerie (« ah ! Oui, je suis monté là-haut pour acheter le pain mais j’ai préféré y aller en bus mais je suis redescendu à pieds, du coup, en passant, j’ai vu que le vieux Jacques buvait un coca en terrasse du Brazza » ou tout autre propos sans le moindre intérêt – à part la boisson du vieux Jacques, un peu surprenante) quand je bois de la bière.

Je répète pour être sur que ça rentre bien dans votre crâne : je croyais que la bière m’aidait à supporter les propos chiants du vieux Joël alors qu’en fait c’est le fait que je n’en boive pas qui pousse le vieux à les débiter

Et en effet, depuis quatre ou cinq ans que je passe toutes mes soirées avec ce vieux schnock que j’adore sinon je ne passerais pas mes soirées avec lui, il n’y a qu’au cours de ces trois semaines qu’il m’a parlé de conneries (« ah je n’arrivais pas à dormir, du coup j’ai pris un somnifère alors je me suis réveillé trop tard et il a fallu que j’appelle le toubib pour lui dire que j’étais en retard au rendez-vous mais comme ma femme a pu se libérer pour m’y amener parce que ma propre voiture ne marche pas j’ai pu arriver à l’heure », vous pensez bien que je ne vais pas passer mes soirées à entendre ce genre de propos stupides).

Nous pourrions tenter d’en tirer des conclusions, des conséquences ou des raisons mais il faut encore que ça murisse. Je pense qu’on arriverait assez facilement à déduire que le pochetron se sent obligé, inconsciemment, de parler de choses sérieuses à une personne dans l’impossibilité de boire.

Qu’en pensez-vous ? Quand pensez-vous, d’ailleurs ?

12 mars 2011

Et si le poivrot se mentait à lui-même ?

Ayant définitivement arrêté de boire pour trois semaines depuis trois semaines et deux jours, il était juste que je me laisse aller hier soir. Les copains (de comptoir), eux-mêmes échaudés par les fois où une modeste prise de sang pour récupérer un permis ou faire plaisir à un toubib nécessite de se mettre au vert quelques mois, m'avaient prévenu : « Tu vas voir, les premières fois, quand tu vas t'y remettre, tu vas être saoul au bout de 4 ou 5 verres ! »

Hier soir, j'ai donc fait gaffe, mais comme je l'ai dit hier, un verre entraine le suivant. Etant rentré à la même heure que d'habitude, après avoir dépensé le même pognon que d'habitude (donc bu la même chose), dans le même état que d'habitude, j'ai ainsi constaté que cette maxime était totalement fausse !

Je me disais aussi : je ne voyais aucune raison d'avoir plus d'alcool dans le sang avec la même dose d'alcool mais que, peut-être, le manque d'habitude me verrait me comporter différemment. Alors j'ai réfléchi et je peux en tirer la conclusion suivante, même si j'ai déjà employé quatre fois le mot « habitude » en deux paragraphes.

Les pochetrons sont tellement habitués à être dans un état d'ébriété qu'il leur faut une cure de plusieurs jours sans alcool pour se rendre compte, le jour de la reprise, qu'ils sont saouls.

Vous pouvez prendre des notes, surtout si vous êtes étudiants en médecine : ce billet de blog est à haute valeur scientifique.

De fait, c'est un phénomène que je constate depuis très longtemps, près de 30 ans, peut-être, compte tenu de mon âge déjà avancé : il y a une manie chez les poivrots de nier leur propre état, voire de nier l'impact que l'alcool peut avoir sur le comportement.

Je me rappelle d'une conversation avec deux copains, anciens militaires, au comptoir de la Comète où justement, on parlait de ça... Pascal, en particulier, me disait qu'il lui fallait boire une bonne dizaine de bières avant de ressentir les effets de l'alcool alors que je disais moi que deux ou trois verres me suffisaient. Pourtant, ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas un débutant, côté bibine. Il se trouve que la première bière a un effet relaxant. Une ou deux de plus ont un effet « désinhibant ». On est très peu de clients de comptoir à le reconnaître (dans ma bande, par exemple, il n'y a que Djibril et moi). L'effet est presque inverse, chez moi, j'ai peur qu'on voit quand j'ai bu un peu... Un repas professionnel où l'on boit une bouteille à trois est presque un cauchemar, pour moi, avec la peur que les collègues remarquent, quand je rentre au bureau, que j'ai bu un peu.

J'abuse à peine ! En décembre, j'avais déjeuné au comptoir avec l'illustre Balmeyer, de fil en aiguille, j'avais bu quatre bières (pas lui, hein !) (sa femme me lit peut-être) et en rentrant au bureau, je faisais tellement d'effort pour paraître normal que les collègues avaient immédiatement soupçonné du louche !

Pourtant, au risque de me répéter, ceux qui me connaissent savent que quatre bières n'est pas de nature à me faire osciller. Une bête appréhension, quoi ! Mais je vais arrêter cet aparté sur mon cas personnel...

Ainsi, plusieurs soirs, pendant ces trois semaines, j'ai passé des soirées avec des gens qui buvaient à en être très chiant (ce n'est pas l'objet du billet, un écran ne suffirait pas) mais qui niaient avoir bu. Le plus drôle étant qu'ils le niaient également le lendemain. « Ah ! Mais qu'est-ce que tu étais chiant hier soir, tu étais plein comme une vache. » disais-je plusieurs fois à … non, pas de nom. « Ah ! Mais non, j'ai rien bu, juste 6 bières et 2 Ricard » me répondait-il... (le phénomène est accentué par la prise d'âge : en vieillissant, on supporte moins l'alcool, un poivrot de 60 ans qui a du mal à boire 5 bières est toujours nostalgique de ses 25 ans, quand il en buvait une trentaine certains soirs...)

Je vous passe tout ce que j'ai entendu en 25 ans ! « Ah ! Non, j'étais pas saoul, je suis même rentré en voiture sans problème, alors, hein ! »

Ou alors : « Ah, mais non j'étais pas saoul. » « Tu te rappelles que t'as cassé un verre ? » « mais c'est pas vrai, hein patron, je n'ai pas cassé de verre hier ? » « heu... »

Je pensais jusqu'alors qu'il s'agissait d'une espèce de fierté toute masculine. « Moi, je suis pas saoul, je tiens la marée ! »

Pendant ces trois semaines, avec confirmation hier soir et cette histoire de reprise de boisson après trois semaines qui ne m'a fait aucun effet, j'ai constaté que ce n'est pas ça (ou que partiellement). En fait, les pochetrons ne se rendent même pas compte qu'ils sont saouls, jusqu'à le nier le lendemain, … Incroyable, non ?