29 mai 2025

Debout, les damnés de la bière ! [Lucky Luke et les séries de BD qui vivent toujours]

 


Dans le dernier opus de Lucky Luke, Un cowboy sous pression (paru en novembre 2024), notre héros est confronté à une grève des brasseurs qui empêche l’approvisionnement de l’ouest en bière ! Inutile que le sujet m’a tenu en haleine (pas forcément bonne) mais ne m’a pas laissé sur ma soif…

L’album est très correct et les auteurs s’en donnent à cœur joie pour se foutre de la gueule des syndicats, du patronat, des communistes et surtout des Allemand (les Français y sont passés dans un récent « numéro »). Quelques bons jeux de mots, la bêtise des Dalton et de Rantanplan. Tout y est ! Y compris les références historiques ou culturelles amusantes. Je suis resté scotché sur le "Lulu Marlène"...

 


Comme beaucoup de vieux cons, j’ai beaucoup de nostalgie pour les grandes bandes dessinées de ma jeunesse : Lucky Luke, Tintin, Astérix et Achile Talon, pour ne citer que les principaux (à une époque j’ai beaucoup lu, aussi, les Blake et Mortimer et d’autres séries, Alix, Les tuniques bleues, Lagaffe, Spirou et Fantasio…). J’ai une belle pile de bandes dessinées, composée presque exclusivement de ces classiques (la plupart des séries sont presque complètes… mais presque seulement ! Par exemple, j’ai perdu « l’Affaire Tournesol »).

« Pile » au sens propre, même si le pluriel s’imposerait. Dans les aléas de ma vie et du règlement de la succession de ma mère, j’ai un tiers de mon stock dans ma bibliothèque parisienne et le reste a été rapatrié dans la maison que j’ai gardée, à Loudéac, mais je n’ai encore rien rangé (il faut que je fasse quelques travaux, auparavant, dont le réaménagement du petit « salon, bureau, bibliothèque » où je passe mes heures de télétravail ; à l’origine de la construction de la maison, cette pièce était le séjour puis, suite à l’agrandissement, les parents en avaient fait un bureau – comme ils étaient enseignants ils bossaient beaucoup à la maison – qui servait aussi de bibliothèque et ma mère l’avait transformé, progressivement, en salon pour profiter de l’ensoleillement… Tout ça pour dire que je compte bien le transformer en « chambre d’amis – bibliothèque de BD » d’ici un an).

Les aléas en question ont fait que, si je relisais tous les albums à peu près tous les ans, j’ai arrêté il y a six ou sept ans. Parmi les aléas, il y a le fait que je n’ai pas de voiture (les copains comprendront) et le fait que je ne puisse plus lire au lit depuis que je mets un appareil contre l’apnée du sommeil ! Je ne peux même plus regarder mon iPhone s’il est raccordé à sa batterie de secours aimantée, pour vous dire.

On est peu de chose.

 


Parmi ces classiques, il y en a qui sont survécu à leurs créateurs ou auteurs « du début » (ne citons que les grands Morris, Goscinny et Uderzo) et des albums continuent à sortir tous les deux ou trois ans. Je dois avouer que je les aime bien ! Certains sont d’une très grande qualité et valent largement certains tomes des premières séries. Si je dis « dois avouer », c’est que je connais quelques réactionnaires en coton-tige qui trouvent hérétique de continuer à faire vivre les personnages et ne peuvent s’imaginer que des « petits jeunes » puissent avoir un talent qui approche ceux des mythes cités.

D’un autre côté, Achille Talon et Tintin n’ont pas survécu à Hergé et Greg et c’est sans doute aussi bien. Quand aux derniers Blake et Mortimer (j’avais acheté l’avant-dernier et on m’avait offert l’ultime), je me demande si ça ne serait pas aussi bien que les séries s’arrêtent là !

 

Alors on va dire que « un cowboy sous pression » s’inscrit dans la lignée des grands « Lucky Luke post Morris » !

D’un autre côté, les bandes dessinées connaissent une évolution naturelle. Il y a eu les Lucky Luke d’avant Goscinny et ceux d’après. Les seconds étaient peut-être mieux mais j’ai l’impression que Morris se débrouillait mieux avant que le duo ne rode vraiment. D’un autre côté, il y a un côté affectif ou subjectif qui fait ressortir une certaine nostalgie. Par exemple, je crois que le premier Lucky Luke que j’ai lu sérieusement est Le fil qui chante. C’était vers 1978 ou 1980 chez mon oncle et ma tante à Saint Brieuc ! J’ai toujours bien aimé ce « numéro » mais j’ai mis des années (peut-être vingt) avant de l’acheter alors que j’ai lu presque tous les ans tous les exemplaires de mes numéros fétiches.

D’autres phénomènes interviennent. Par exemple, plus on vieillit, plus le temps passe vite. On a donc l’impression que la lecture d’une BD dure très peu de temps ce qui fait que l’on ressort avec l’impression que la production a été bâclée, ce qui n’arrive pas avec les exemplaires que l’on connait par cœur et qui vous font ressortir la nostalgie dont je parlais.

 

Et toi, tu en pense quoi ?

24 mai 2025

Une carte pour des souvenirs

 


En trainant dans Facebook, je suis tombé sur le plan des derniers kilomètres de la dernière étape du Tour de France, celle qui se termine généralement sur les Champs-Elysées. J’ai commencé à la regarder pour savoir à quoi nous allons être mangés. Comme beaucoup de Français, je passe des heures, tous les mois de juillet, devant mon poste pour voir ces pauvres gars pédaler, me prêtant un peu au jeu, soutenant, depuis mon fauteuil, des gugusses que j’aime bien ou des champions que j’admire.

La dernière étape est souvent très chiante, avec tous ces tours des Champs. Elle finit généralement au sprint et on s’emmerde jusqu’à dernière descente avant d’espérer un final en beauté, si possible autrement qu’avec un sprint massif. Cette année, la monotonie est rompue par un détour vers Montmartre, avant le dernier tour des Champs.

Je n’ai absolument pas les compétences pour juger cela à un niveau sportif. Je me dis qu’on aura peut-être des échappées et que le suspens, y compris pour le maillot jaune final pourrait durer jusqu’au bout. Et surtout que ça sera moins chiant que d’habitude.

 


La semaine dernière, Miranda est morte. C’était l’épouse de « Marcel le fiacre », grand copain « du vieux Jacques », tous deux anciens éminents personnages de mon blog. Miranda avait notamment organisé les obsèques du vieux, sachant que le fiacre était mort quelques années avant. Un tas de souvenir de cette époque, où ils faisaient les 400 coups et où nous nous retrouvions très souvent à la Comète pour raconter des souvenirs.

Parmi eux, il y a celui de cette dernière étape du Tour quand le peloton était passé devant la Comète (l’année de l’inauguration du siège du Crédit Lyonnais qui se trouve un peu plus haut). Nous avions mangé à la Comète et attendu le passage. Fatalement, nous étions un peu chauds et mes deux vieux étaient franchement pompettes. La « nationale » était en travaux et j’avais aidé le fiacre à traverser la moitié la plus proche, la course passant sur la seconde. Il nous avait fallu enjamber des barrières et plot de sécurité.

En fait, on n’avait pas vu grand-chose de la course (les coureurs passent trop vite) et j’avais passé une partie de mon temps à prendre des photos avec l’iPhone (ce qui est complètement con, on ne les regarde jamais ; depuis, j’ai arrêté de photographier tous les événements auxquels j’assiste, me contenant de quelques clichés alors que, maintenant, à chaque fois qu’il se passe quelque chose, on voit des milliers de types avec leurs smartphones. Ils sont ridicules.

On avait bien rigolé et Marcel était content (il faisait beaucoup de vélo… Je vais essayer de retrouver des photos, il faut bien que celles que j’ai prises savent à quelque chose).

 

Miranda est la quatrième personne, sur cinq, dont j’ai appris la mort, en trois semaines, toutes ayant un rapport avec la Comète, même Didier Goux qui y est déjà venu. Je voulais faire un billet pour dire à quel point il me manque mais ça aurait été difficile à expliquer. Je pense à lui en rédigeant mes billets de blog, cherchant à deviner ce qu’il en aurait pensé et les critiques qu’il aurait pu faire, voir les reproches si cela concernait mon piètre maniement de la langue. Cette fois, je l’imaginais se dire : « mais il nous fait chier avec ses souvenirs », tout en sachant qu’il aimait bien ma manière de rédiger ce qu’il appelait « des billets de rien ». Nous échangions beaucoup par SMS, souvent à propos de séries télévisées ou de films, mais aussi pour se signaler des tweets, des articles… qui montraient les délires de notre société. Nous étions politiquement opposés, il était un grand lettré alors que moi, heu… Il m’avait tout de même fait prendre conscience des dérives de l’utilisation de la langue et nous étions d’accord avec tous les délires « modernistes » de nos camarades, souvent de gauche. Avant de le connaitre, d’ailleurs, je n’osais pas en parler dans le blog avant de le connaitre.

A propos de tout cela mais aussi bien sûr de l’amour des blogs, nous étions très proches, sans doute réactionnaires, et devenus amis.

Par contre, nous n’échangions jamais par SMS sur des choses personnelles, comme la santé, et je dois avouer que je suis tombé sur le cul quand j’ai appris, par Catherine, que la fin était proche.

 

Catherine était bien sûr son épouse et nous continuons à échanger sur plein de trucs. Catherine était aussi le prénom de mon grand copain de bistro, « le vieux Joël ». Nous passions toutes les soirées ensemble, allant de l’Aéro à la Comète, en passant par l’Amandine où nous nous égarions dans les mots fléchés de France Soir. J’avais horreur quand le vieux Jacques les terminait avant nous, comme si nous avions des droits particuliers sur le journal du bistro, comme s’il nous privait d’un moment de plaisir rituel… Je l’avais engueulé. Il était très fort en morts croisés mais avait la manie de remplir toutes les grilles passant sous son nez alors que je n’ai jamais fait les mots croisés d’un journal de bistro quand ils étaient très faciles pour moi, préférant les laisser à des gens qui y passeraient plus de plaisir.

Finalement, j’avais converti le vieux Jacques au sudoku et il avait fini par délaissé les mots croisés.

Sauf à une époque, Jean, le patron de la Comète, me demandait de remplir les grilles en prenant mon café du matin pour emmerder un de ses clients qui passait trop de temps sur le journal à midi. On est cons, des fois…

 

En regardant la carte de l’étape du tour de France, j’ai vu qu’il y avait une artère qui s’appelait « quai Jacques Chirac ». Je pense qu’elle avait été inaugurée lorsque j’étais malade et que j’avais complètement zappé l’information. J’ai passé du temps à vérifier cela puis, de fil, en aiguille, je me suis intéressé à l’histoire du Quai Branly…

Surtout, cette carte est sur un coin de Paris, du 8ème arrondissement, que je connaissais bien. Le premier cabinet de conseil pour lequel j’ai bossé, en 1987, avait son siège rue Marbeuf, et le premier client chez qui j’ai fait une véritable longue mission, de 1996 à 2003, était rue de Berry. C’est justement vers cette époque j’ai commencé à fréquenter les bistros de Bicêtre et donc à fréquenter les lascars dont je parlais.

Comme c’est près des Champs Elysées, de l’Etoile, de l’Avenue Georges V, du faubourg Saint Honoré, avec des habitants très riches, les gens ont une vision faussée de ces coins. Ce sont, en fait, des petits villages, avec une vraie vie ! Mais même quand on parle de quartier, à Paris, les gens se trompent. Ils ont une image, peut-être en rapport avec ce que l’on voit dans « Emilie à Paris ». Ils s’imaginent des bistros qui sont de vrais restaurant et où il faut lâcher cinquante balle pour en entrée plat dessert, ils pensent que les fromages et « marchands de primeurs » sont fréquentés par « les vrais gens du peuple »…

Or, les villageois s’en foutent un peu. Ils vont chez le fromager parce qu’il n’y a pas de supermarché dans le coin et se retrouvent comme tout le monde, au comptoir des bistros, à raconter des conneries avec les copains.

Ce qu’il y avait d’amusant, tout de même, c’est de rencontrer des gens plus ou moins connus. Par exemple, un petit neveu de Mitterrand fréquentait le même bistro que moi. Henri Lecomte habitait dans le quartier et faisait ses courses chez l’épicier arabe en face. Micheline Dax passait parfois. Il parait qu’elle venait quelques fois avec ses copines actrices, toutes connues. Le personnel du Taillevent venait boire des cafés avec nous, pendant le service…

 

C’est fou ce qu’une simple carte peut faire remonter comme souvenirs…

16 mai 2025

L'art d'utiliser l'Air Fryer pour le réchauffage des nems

 


Comme beaucoup de célibataires endurci, je mange beaucoup de plats préparés achetés au rayon frais des supermarchés et, parmi eux, il y a les barquettes de nems. Ces machins ont la capacité à se faire mettre dans le récipient de l’Air Fryer contrairement à beaucoup de bazars très célibateuresque comme les pizzas, les croissants farcis au jambon, les croque-monsieur, les galettes complètes déjà prêtes…

Pour ces dernières, je conseille de les réchauffer au micro-onde en ajoutant un peu de beure coupé très finement (pour qu’il ait le temps de fondre) mais, disons-le, je suis franchement hors sujet.

Alors revenons aux nems qui vous aurez délicatement posé ans le récipient en question… Vous aurez pris le temps, auparavant, de mettre un peu d’eau, dans le fond afin de limiter le dessèchement des trucs !

Une grosse dizaine de minutes à 180, et hop ! L’avantage de l’Air Machin par rapport à un four classique : vous pouvez vous asseoir sur le préchauffage. Et le temps de cuisson des nems doit être légèrement inférieur à celui indiqué sur l’emballage des nems.

 

Au fait ! Vous savez comment bien laver votre Air Fryer ? C’est un vrai sujet, croyez-le ! Il est évident que l’ont peut passer le récipient avec le reste de la vaisselle (en tant que célibataire, j’ai renoncé au lave-vaisselle) mais il reste les résistances et tout le bazar dans le truc. Vous coller dans le récipient une dose de produit vaisselle (une capsule) avec un peu d’eau et vous laissez « cuire » 10 minutes… En plus, le récipient sera beaucoup plus facile à laver (parce que les machins plein de gras, hein...).

 

Un célibataire digne de ce nom aura rarement de la salade ou de la menthe chez lui. Il ne pourra donc pas céder au rite d’entourer délicatement les saucisses bridées dans les feuilles vertes et les tremper avec amour dans le truc avec la sauce fournie avec. Surtout que le nems qui sortent de la cuisson sont bien trop chauds pour être tenus à la main.

Sans compte que la sauce fournie avec ces machins est un tantinet insipide.

Vous allez donc prendre le sachet, le verser dans une tasse, y mettre le triple du volume en crème fraiche liquide (voila la recette des nems à la Normande par un Breton) et vous ajouter un peu de piment. Vous mélangez bien le tout puis, quand les nems sont chauds, vous les déposez soigneusement dans une assiette et vous versez dessus la sauce imaginée à l’instant.

Vous aurez l’impression d’avoir fait la cuisine tout en ayant sublimé une sauce et transformer un plat exotique en ce qui devrait être un chef d’œuvre de notre gastronomie nationale.

14 mai 2025

Le droit à la déconnexion


 

Presque tout le monde a entendu parler du « droit à la déconnexion », ce principe selon lequel on ne peut pas obliger les gens à se foutre au boulot pendant les heures de loisir, mais beaucoup de monde oublie les règles de bon sens qui vont avec. Et ça m’énerve ! Hier, j’ai envoyé chier un collègue qui m’a envoyé un SMS sur mon téléphone perso alors qu’il n’y avait aucune urgence et surtout pas la moindre utilité.

Je vous raconte ça pour commencer ce billet, je suis sûr que ça vous fait plaisir. Nous échangeons souvent nos numéros de téléphone personnels car il arrive assez souvent que nous ayons des problèmes de connexion en télétravail. On s’envoie alors des SMS… On le fait aussi quand on n’a pas la possibilité d’utiliser un ordinateur (par exemple, si on a rendez-vous chez un client, on va échanger des SMS pour se retrouver avant d’aller voir les gens).

Hier matin, mon collègue n’arrivait à démarrer son ordinateur. Il m’a prévenu par SMS car il allait être absent d’une réunion. Nous en avons profité pour échanger au sujet de sa panne, que je puisse essayer de l’aider. Finalement, les services de hotline ont réussi à le décoincer et nous avons continué notre conversation par Teams. Je ne sais pas ce qui lui ai passé par le crane à 20h30 mais il s’est rendu comte qu’il n’avait pas répondu par SMS au dernier que je lui avais envoyé. Ca m’a mis hors de moi, disais-je. Déjà qu’on reçoit plein de SMS de publicité ou de spam ce qui est franchement casse.

C’était pour l’anecdote.

 


La règle première du droit à la déconnexion est de ne jamais contacter une relation professionnelle pour des raisons en relation avec le boulot à l’aide d’un moyen personnel en dehors de ses heures de travail.

La seule exception possible est quand cela peut arrange le destinataire d’être contacter en urgence. Par exemple, si ma cheffe a un impératif subi et ne peut pas être à la réunion à 9 heures, le lendemain, me prévenir par SMS à 23 heures m’évitera de devoir prendre les transports en commun à 7 heures…

Vous pouvez le tourner dans tous les sens, il n’y a pas d’autres types d’exception que contacter quelqu’un pour lui rendre un service urgent. Chaque autre type d’exception laisserait entendre que l’on peut être sollicité en urgence à toute heure.

Nous parlions donc des contacts par des moyens personnels en dehors des heures de service pour des raisons professionnelles ! Evidemment, vous pouvez souhaiter la bonne année ou féliciter pour la naissance du petit dernier mais préférez donc vous abstenir…

 

Ainsi, j’ai une relation professionnelle (un collège d’un autre service mais qui est aussi un client) qui a l’habitude de souhaiter les anniversaires et les fêtes par mail personnel. C’est bien aimable de sa part mais c’est une faute de goût : il intervient dans ma vie privée. Mais je suis hors sujet.

 


Par contre, il y a beaucoup de monde qui prennent le droit à la déconnexion sous le seul volet d’un règlement intérieur élaboré par des RH ou des représentants du personnel qui feraient mieux de s’occuper de leurs fesses. Par exemple, dans ma boite, on n’avait pas le droit d’envoyer des mails en dehors de la plage horaire « 8h30 – 20h » pendant les jours ouvrés.

C’est confondre mon droit à me déconnecter (et son pendant : l’interdiction de me contacter en urgence pendant mes heures de repos) avec mon droit inscrit dans mon contrat de travail de choisir librement une partie de mes heures de travail. C’est donner une mauvaise réponse à un vrai problème comme des chefs qui donneraient trop de travail à des subalternes (ou à des fournisseurs…) les obligeant à accomplir des tâches à des heures inadaptées. Genre, à 18 heures : « tu penseras à faire la présentation Powerpoint pour la réunion de demain ? »

Il n’y a pas besoin d’avoir la messagerie ouverte pour faire le boulot… On peut le faire sans être connecté. Donner des instructions sur l’utilisation de la messagerie est botter en touche pour un problème qui frise le harcèlement.

 

Par contre, j’ai une collègue qui bosse de 7h à 15h30 parce que son travail lui impose une présence sur site, que ces horaires ne sont pas du tout pénalisants pour son travail et qu’ils lui permettent de ne pas prendre les transports en commun aux heures de pointe. Je ne vois pas pourquoi elle ne pourrait pas envoyer des mails dès sept heures. En l’occurrence, je ne vois pas pourquoi je ne lui enverrai pas des mails à sept heures compte tenu de mes propres souhaits (faire beaucoup d’heures quand je ne suis pas en télétravail pour gagner du temps, voire faire une large pause le midi quand je suis à côté de mes bistros de quartiers tout en étant à mon poste aux horaires contractuels).

Par ailleurs, j’aime bien lire mes mails au fil de l’eau et surtout tout lire, le matin, avant d’organiser ma journée de travail. Je ne vois pas pourquoi dans mon fameux droit à la déconnexion je n’aurais pas aussi le droit à me connecter quand je veux, y compris à quatre heures du matin si je fais une insomnie ?

Et en poursuivant mon raisonnement, je ne vois pas pourquoi je n’enverrai pas un mail à quatre heures si j’ai décidé de travailler à ce moment-là.

 

Il ne faut donc pas surinterpréter ce droit à la déconnexion. Il faut le prendre « à la lettre » : avoir le droit de ne pas se connecter en dehors de la plage horaire de présence obligatoire du règlement intérieur (genre 9h30 – 12h, 14h – 16h30) dans le cadre de votre contrat de travail (congés payés, temps de travail de 39 heures par semaine, par exemple).

Et, si on a le droit de se déconnecter à ces horaires, on a aussi le droit de se connecter mais aussi celui de ne pas traiter immédiatement.

Par exemple, je prends souvent des demi-journées de congés pour aller en Bretagne ou à l’hôpital. Lire et traiter des mails professionnels est une de mes occupations quand je suis dans le train ou dans une salle d’attente. Mes collègues le savent et n’hésitent pas à me solliciter pour des points relativement urgents mais ils savent aussi que j’ai le droit de ne pas répondre…

Il faut bien analyser ces nuances…

 

Mais je me répète : il ne faut pas confondre le droit à la déconnexion à la lutte contre le harcèlement.

Ainsi, quand j’envoie des mails, notamment à des « subordonnés » ou à des fournisseurs, en dehors des « horaires logiques », je prends bien soin de ne pas faire de demande nécessitant une réponse urgente qui nécessiterait un travail en dehors des « horaires logiques » voire nécessiterait une charge qui est loin d’être planifiée.

Ca serait du harcèlement car il est possible que la personne contactée se sente obligée de répondre rapidement pour une raison ou une autre. Donc, j’évite d’envoyer des mails à des heures louches parce que la personne « au bout » pourrait se sentir harcelée même si mon intention n’est que de rédiger un mail au moment où j’y pense sauf en ajoutant une précision du genre « j’ai pensé à ça en me levant pour pisser donc je t’envoie un mail maintenant car le fait d’avoir peur d’oublier m’empêcherait de me rendormir mais il n’y a pas d’urgence »…

 


Tout cela semble évident quand le problème est bien posé. Mais beaucoup de salariés sont un peu perdus ou, au contraire, revendicatifs.

 

N.B. : Il existe des solutions techniques pour contourner certains problèmes, comme l’envoi différé de mails, mais je préfère former les gens à ce qu’est le droit à la déconnexion : ne pas être obligé de lire ses mails en dehors des horaires adaptés. Par ailleurs, on minimise beaucoup le symptôme du harcèlement et l'aggravation de la pénibilité du travail, réelle, qu'il implique. On peut toujours dire que maçon est un métier pénible, je ne sais si ce n'est pas pire de devoir souvent veiller après avoir couché les gamins pour rendre des rapports débiles pour faire plaisir au chef. 

08 mai 2025

Ma recette de purée à l'Air Fryer et autres considérations


 

Joël Robuchon est le chef qui a remis des galons à la purée de pomme de terre en la remettant à la carte de ses restaurants. Elle est surtout connue pour sa recette qui comporte beaucoup de beurre (25% du poids des pommes de terre). Philippe Etchebest a diffusé sa recette qui se caractérise par une cuisson au four (elles sont déposées sur une couche de gros sel afin qu’elles ne brulent pas au point de contact avec le plat et la cuisson peut durer assez longtemps).

Internet est votre ami pour avoir les détails au sujet de leurs méthodes…

 

J’ai essayé les deux, évidemment, mais elles ont un gros défaut : il faut éplucher les pommes de terre quand elles sont chaudes et je trouve cela très pénible. Pourtant, on ne peut pas vraiment les laisser refroidir puisqu’il faudrait les réchauffer ensuite pour la fin de la préparation et le service ce qui les rendrait peut-être trop cuites.

En outre, ils recommandent de prendre certaines variétés de patates mais je dois avouer que, quand je fais de la purée, je prends ce que j’ai en stock. Ils veulent qu’on utilise des pommes de terre de même calibre pour rendre la cuisson plus uniforme. J’ai mieux à faire que d’acheter des patates spéciales puis d’en sélectionner selon la taille.

Leurs recettes sont certainement valables quand vous la mettez en accompagnement d’un plat à 70€, que vous avez du personnel pour s’occuper de tout, que vous avez la possibilité de cuire les pommes de terre dès neuf heures trente pour un repas à midi…

 

Alors voilà :

 

Petit 1 : vous prenez des pommes de terre que vous avez en stock et vous les épluchez immédiatement. Vous les coupez en morceaux de tailles comparables (de l’ordre de 3 ou 4 cm). Vous les rincez rapidement et les égouttez.

Petit 2 : vous les mettez dans un saladier et vous les badigeonnez de certains trucs comme de la noix de muscade, du sel (pas trop si vous utilisez par la suite du beurre salé) et du poivre (moi j’avais mis du paprika mais je crois que c’était une erreur)… et bien sûr un peu d’huile. Vous mélangez copieusement.

Petit 3 : vous les faites cuire à l’Air Fryer. Disons 15 minutes à 180 degrés en les mélangeant bien à mi-cuisson. Pour vérifier la fin de cuisson, vous essayez d’enfoncer un couteau dedans : il faut qu’elles soient suffisamment tendre pour que vous pensiez qu’elles seront faciles à écraser.

 

A ce sujet, il est temps d’expliquer la différence entre une purée de pommes de terre et un écrasé de pommes de terre. En fait, elle est très minime : la purée sera parfaitement lisse, molle et pulpeuse alors que l’écrasé sera un peu granuleux.

 Les gens qui parlent « d’écrasé de pommes de terre » sont des grosses fainéasses qui ne veulent pas mélanger longtemps ou, plus souvent, qui pètent plus haut que leur cul, trouvant l’appellation « écrasé » plus noble voire rustique.

Pour ma part, j’aime bien les purées assez grossières comme moi sans toutefois apprécier de tomber sur des morceaux. Voir la photo.

 

Petit 4 : vous faites chauffer à fond une casserole (vous réduirez largement « le feu » dès la température maximum atteinte et, le temps du chauffage, vous ajoutez les pommes de terre avec un tout petit peu de lait (uniquement au cas où la casserole serait trop chaude). Il faut choisir une casserole assez grande pour pouvoir y manier le fouet. Une cocotte est sans doute, même, préférable.

Petit 5 : vous les écrasez avec une fourchette (ou un presse-purée, c’est mieux) jusqu’à ce que vous n’ayez plus de morceaux. Vous ajoutez progressivement un peu de lait en mélangeant avec une cuillère en bois (ou en acier, ou en plastique, si vous saviez à quel point je m’en fous).

 

Attention à ne pas trop en mettre ! On oublie assez que le lait peut devenir le meilleur ennemi du cuisinier : s’il y a trop de lait, il est impossible de revenir en arrière… Il faudrait chauffer trop longtemps pour le faire évaporer et tout ce bordel serait alors trop cuit. L’incorporation doit donc se faire par petites doses.

 

Petit 6 : vous commencez à mélanger au fouet (vous pourriez commencer avant mais c’est un peu chiant quand la « pate » n’est pas assez molle.

Petit 7 : vous incorporez progressivement des petits morceaux de beurre tout en continuant à touiller au fouet.

Petit 8 : quand le beurre et fondu et que la consistance vous va, vous pouvez arrêter (à condition d’avoir mis assez de beurre : entre 20 et 25% de la masse de pommes de terre) et servir.

 

Il ne faut pas être complexé par la dose de beurre. Outre le fait que vous ne fassiez pas de purée tous les jours, il n’est pas cuit donc n’est pas trop mauvais pour la santé. Et le gras, c’est la vie. Vous aurez un produit bien moins gras que, par exemple, des frites ou des pommes de terre sarladaise, voire des vulgaires patates sautées. Beaucoup de types qui se vantent de faire de la purée "à la Robuchon" sont souvent des menteurs : ils ne mettent pas beaucoup de beurre (d'autant que ce n'est pas gratuit non plus : une purée coute plus bien plus cher en beurre qu'en patates, au fond).

 

Je n’ai jamais compris les gens qui utilisaient de la purée en sachet alors qu’il est assez simple d’en faire de la vraie. Je ne suis néanmoins pas bégueule : je n’ai pas à faire de la purée pour une famille nombreuse et, c’est comme pour les frites surgelés, les sociétés qui achètent les produits peuvent les sélectionner plus facilement que vous.

 

Certains auront noté, à la vue de la photo, que ma purée, dans l’assiette, est mal présentée ! Ne faites pas attention, je ne soigne jamais la présentation (j’en suis incapable) et je me sers largement (je remplis mon assiette dans la cuisine pour manger au salon et j’ai la flemme de revenir à l’office ensuite pour chercher du rab) donc je n’avais pas de place pour faire quelque chose de joli.

 

Pour l’anecdote, ma viande était trop cuite (plus que « à point », quoi !) mais c’est presque un choix : je l’ai récupérée dans le congélateur où elle avait déjà passé huit mois. Il ne faut pas prendre de risque. Etrangement pour moi qui suis un bouffeur de viande rouge, je l’ai trouvée très bonne.

Pas autant que la purée.