22 novembre 2013

Vie de bureau

Je crois bien que c'est la première fois que je passe une journée de semaine hors vacances sans faire de billet de blog. D'ailleurs, je crois bien, aussi, que ce n'est pas la première fois que je dis ça. Il faut que je m'explique. Quand je dis "il faut", c'est une façon de parler. 

Hier soir, nous avions le Kremlin des Blogs spécial Beaujolais nouveau comme tous les ans depuis 732 sauf en 1792 où nous préparions les cérémonies du début de l'année suivante. Il faut parfois être sérieux. 

Généralement, le Beaujolais nouveau a des conséquences physiques sur moi. La plupart du temps, il me fait dormir. On en rigolait avec l'ancien patron de la Comète. Je n'arrivais pas à me lever le matin et toute la journée, j'étais éteint. Ce matin, ce n'était pas le cas. Je me suis réveillé frais et rose à 7h20. J'ai erré sur le web et à 8h, je me suis dis : mon garçon, faut que tu bouges. Je suis donc allé liquider les affaires courantes et le drame du Beaujolais nouveau commença. Je suis resté 25 minutes sur le trône avec un débit continu.

J'ai tellement chié que je me demande pourquoi je ne suis pas subventionné par la PAC pour toute la pollution que j'ai produite ce matin. Je vous avais dit que le Beaujolais avait des conséquences physiques chez moi. Cette année, elle sont scatologiques. 

Ensuite, j'ai vécu ma vie (torchage, lavage préventif des mains et des dents - deux ou trois fois, à cause du Beaujolais, rasage, douchage, habillage, cafetage à la Comète et voyage en métro). Et je suis parti à 8h45 pour un temps de transport de 45 minutes. J'avais une réunion très importante (comme toutes les réunions où le but principal est de trouver une occupation pour la prochaine réunion) à 9h30. 

Ce n'était donc pas la peine de rédiger un billet de blog dans le métro. Je n'aurais pas eu le temps de le publier. 

Dois-je vous raconter ma journée de travail ? J'arrive au bureau à 9h30. Je commence la réunion de 9h30 à 10 heures (c'est une tradition). Je sors à 13 heures. Je plonge à 14 heures dans une autre réunion d'où l'émerge à 17 pour une dernière jusqu'à 18 heures. Je lis mes mails, bricole deux ou trois trucs...

À 18h20 (un vendredi...) je me casse. 7h50 de travail, c'est énorme. Que les bureaucrates qui me lisent ne rigolent pas. Qu'ils calculent d'abord leur temps de travail en ôtant les pauses café et les discussions sans rapport avec le travail...

Je vais au Tourbillon, sympathique brasserie à côté du bureau, vu que c'était le dernier jour de travail du jeune serveur, Michel. Tous les clients l'adorent. Il a 18 ou 19 ans et un côté juvénile très réjouissant qui nous fait regretter d'être ni homosexuel ni pédophilie. Je lui avais promis de passer... 

À 18h45, je fonce dans le métro. Je fais le compte rendu de la réunion du jour. Et paf ! 45 minutes de boulot en plus. Nous en sommes à 8h35 si je compte bien. 

Ah ! Les bureaucrates ! J'espère que vous avez compté précisément votre temps de travail. J'ai moi-même parfaitement étudié celui de mes collègues (vu que j'étais complexé de bloguer en dehors des heures de loisir). Ça dépasse difficilement 6 heures par jour. 9 heures midi. 13 heures 18 heures. 8 heures. 1 heure perdue en pause café. 1 heure en discussions inutiles. Vérifiez... Calculez vos propres horaires. Vous n'arrivez pas à 9h mais à 9h10 et vous faites le tour des bureaux. Vous commencez à bosser réellement à 9h30. Un lascar vous appelle. 10 minutes de conversation dont cinq minutes de politesse (bonjour tu vas bien et machin tu as des nouvelles). À 10 heures vous décidez de prendre un café... Vous tombez sur machin, vous discutez 15 minutes. En rentrant, vous tombez sur le chef et vous discutez cinq minutes de conneries. Vous arrivez enfin à votre bureau et vous vous rappelez que vous devez réserver un billet de train pour aller voir votre mère en Bretagne. Tant qu'à être sur internet, vous lisez les informations sur l'intranet de la boîte puis vous commencez, tant qu'à faire, à aller sur le site du CE puis allez déclarer vos notes de frais ou poser vos congés. Votre épouse vous appelle pour vous demander de faire une photocopie de votre carte d'identité pour le dossier du crédit pour acheter un frigo neuf à crédit. 

Ne rigolez pas, comptez vos heures. Ce matin, je vais récupérer des documents que j'avais imprimés pour la réunion. Près de l'imprimante, je trouve un cache col, par terre. J'aurais pu le laisser (ce qui aurait été la meilleure solution, la personne l'ayant perdu aurait fini par tomber dessus) mais je l'ai ramassé par réflexe. J'avais une réunion et j'étais à la bourre. Je ne savais pas quoi faire de ce putain de bordel de merde de cache-col. Je suis donc allé le déposer chez la secrétaire du big boss mais elle n'était pas là. Je suis donc resté deux minutes à me demander ce que j'allais en faire avant de me décider à le laisser là. Que ces cons qui perdent des cache-col se débrouillent ! Est-ce que je mets des cache-col, moi, nom de dieu ?!?

Et vous, qu'auriez vous fait ? Le tour des bureaux pour savoir à qui il appartient. Un peu de malchance et vous y passiez une demi-heure. Discuter avec tout le monde et tout ça. 

J'en étais à 6 heures de boulot par jour. En fait, on est plus proche des 5h30. Faites le calcul ! Pas pour vous mais pour votre voisin de bureau... Et vous l'appliquez à vous ensuite. En 1998, le type en face de moi appelait sa femme après déjeuner, lui parlait, parlait à son fils (ça s'est bien passé à l'école, ce matin ?). Ça dirait un quart d'heure. Pas grave... Mais moi même ça me déconcentrait (et ça m'énervait, entrer dans l'intimité d'un type...) à un point que je perdais moi-même ce quart d'heure (j'avais fini par attendre le coup de fil pour aller prendre un café). 

Quand j'ai mené cette étude sur la vie de bureau en observant mon propre rythme et surtout celui de mes collègues (pas pour les dénoncer mais pour me foutre de leur gueule quand ils sont en retard pour un truc), je croyais arriver à une heure par jour. C'était ce que je m'étais fixé pour justifier en moi-même mon temps de blogage. 

Je vais donc résumer devant vos yeux ébahis : un type persuadé de bosser 8 heures par jour en bureau bosse en fait moins de six heures. Vous y ajoutez ensuite les heures de travail inutile (tiens ! Celui où vous faites des statistiques qui pourraient être automatisées !). Vous tombez à cinq heures. 

Oui ! Toi, bureaucrate qui me lis, qui est persuadé être débordé, tu ne passes pas plus de cinq heures par jour à faire du travail productif. Ce n'est pas grave. Parce que que quand je dis productif, tu peux aussi enlever les trois heures de réunion de service, tous les lundis matins, qui ne servent à rien mais te sont imposées par le chef. 

Je parle des bureaucrates mais je pourrais accumuler les exemples. Tiens ! Ça fait une heure que je discute avec les serveurs de la Comète. Ils ont pas trop de boulot mais les clients dînent. Il faut qu'ils patientent en attendant la fin du repas. C'est ainsi. 

Toujours est-il que je ai pas eu le temps de faire un billet de blog, aujourd'hui. Sauf ce soir, en papotant avec les serveurs qui attendent de finir leur journée. 

18 commentaires:

  1. Ça doit quand même dépendre des boites et des gens. J'arrive au boulot à 8h30 je suis prêt à bosser 10 mn plus tard et je débauche à 18h30. 50mn de pause le midi et deux pauses café de 10 mn dans la journée. Même avec les arrêts pipi, je travaille effectivement plus de 8 heures par jour. Mes collègues pareil.

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    1. Oui, ça dépend des boites. Mais tu regardes les métros, tu vois qu'ils sont pleins jusqu'à 9h30... Peu de gens embauchent à 8h30 chez nous... Et jamais tu ne vas sur internet pendant les heures de bureau ? Jamais tu ne commentes les résultats des matchs avec des collègues hors pauses café ? Jamais tu n'interroge ton voisin sur le fonctionnement de ton mobile ? Jamais tu ne passes de coup de fil privé ? Jamais tu es empêché de travailler par une conversation entre collègues ? Jamais tu ne reçois un coup de fil qui dure dix minutes alors que ça aurait pu être réglé en moins d'une par mail ?

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    2. Tout ça pendant mes pauses café et j'ai de la marge. Je mange avec mes collègues, ça me suffit pour avoir des nouvelles. pour le reste je te rassures, je suis comme tous le monde, y'a des jours ou je n'ai pas envie de travailler et ou je glande.

      Pour ce qui est des distractions inhérentes à l'open space et des pertes de temps, ça fais partie du boulot.

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    3. Ça fait parie du boulot mais ça n'est pas du boulot.

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    5. Mais ce n'est pas archaique ! Au contraire. Et je n'oppose personne !

      Je ne sais pas si tu te rends compte de toutes les âneries que tu racontes. Tu te plains d'avoir des 13 semaines de congés imposés... Moi, j'en ai sept (contre 5 pour la plupart des gens) qui ne sont pas imposées mais que je suis moralement obligé de prendre pendant les vacances scolaires sinon je ne peux pas faire mon boulot correctement. Tu as des horaires atypiques mais à part ça...

      Évidemment que les conversations entre collègues sont nécessaires. Mais si elles durent une heure par jour (sans compter les conneries pour gérer les notes de frais, déclarer les congés, se faire rembourser par le CE, commander les dosetres pour le café...), tu arrives vite fait au même résultat que moi.

      Si tu dépasses les horaires légaux ou "normaux" c'est ton problème. Mais un type qui se "plaint" de bosser 9 heures par jour 4,5 jours par semaine et 39 semaines par an prête à rire.

      Cela étant, ce n'est pas grave. J'avais un collègue qui était payé pour faire des statistiques (indispensables). Je lui ai appris à rapatrier les fichiers du gros système sur son PC et à intégré les fichiers dans Excel.

      Il faisait ainsi le boulot de son mois en deux heures.

      J'avais une autre collègue qui faisait aussi des statistiques (désolé, c'est ma formation mais n'a rien à voir avec mon job). Je les jugeais inutile. Un jour je lui ai ordonné d'arrêter (j'insiste sur l'extrême ordonner, ça la dégage de toutes responsabilités). Personne n'a remarqué. J'ai fait ça avec toute la diplomatie nécessaire pour qu'elle ne se rende pas compte qu'elle faisait depuis 10 ans un boulot inutile.

      (Je validé mon commentaire et je continue)

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    6. Pendant 7 ans, je faisais parti d'un organisme interbancaire (que Norby connait). L'essentiel de mon boulot était de faire des notes pour être validées par l'organisme interbancaire en question. Elles faisaient office de réglementation. Un truc vachement important, quoi. J'avais au dessus de moi un chef à la con, un chef de service, un directeur, un big boss et le conseil de direction de l'organisme.

      Chacun faisait son lot de corrections successives : le chef, le chef de service, le directeur, le bigboss et le comité de direction.

      La note finale était identique à ma note initiale. J'avais passé un mois (je passais tous mes mois) à répondre aux exigences de chefs à la con alors que j'étais payé pour faire le boulot parce que j'étais compétent pour ça.

      Ce qui me faisait rigoler c'est que je faisais du premier coup les versions de chacun. Je savais ce que chacun allait faire comme remarque et je prenais tout en compte avant de diffuser une version.

      Bref, je faisais en 160 heures par mois un truc qui m'en prenait 10 ou 20.

      L'important, dans la plupart des bureaux, n'est pas le travail mais la réelle productivité, le rendement.

      Tu peux te vanter de faire 1600 heures par mois dans des conditions abominables...

      Je me fous du temps que prennent les gens pour bosser.

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    7. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    8. Qui n'a pas le temps de travail annualisé ?

      Remarque, quand son preudo est imposé...

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    9. Tiens ! Le connard a effacé ses commentaires

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  2. Si je comprends bien, ce billet a été écrit au comptoir tout en discutant avec le serveur et pendant que les services de la ville débouchait les égouts?

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  3. Merci pour ce partage Nico !!!!
    Tes écrits m'intéressent toujours.
    Bises et bon dimanche.

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  4. Ta journée, imprégnée de délicate poésie, fait penser à du NKM dans le métro.

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