20 juin 2012

Au bistro, proche du trône !

A la station Sèvres-Babylone, ce matin, un lascar est monté et s’est installé en face de moi, et a commencé à lire le Canard Enchaîné en commençant par la dernière page. Je pouvais donc lire le grand titre en première page. Il annonçait une probable augmentation des impôts maintenant que la gauche est au pouvoir. Je n’en sais pas plus, je n’ai pas lu.

Toujours est-il que pendant 10 ans, j’ai eu le Canard Enchaîné, avec moi, tapant essentiellement sur le gouvernement. Maintenant, il continue mais je soutiens le gouvernement.

A Jussieu, j’ai croisé Gérard D sur le quai du métro. Nous avons voyagé ensemble, jusqu’à Sèvres-Babylone, justement. J’étais copain avec lui depuis longtemps sur Facebook et nous nous sommes croisés plusieurs fois, au cours de la campagne, vu qu’il faisait partie, lui-aussi de l’équipe web de François Hollande. C’est, par ailleurs, un copain de Gularu et de JJU.

Nous ne nous étions pas croisés depuis la Présidentielle. Au cours des quelques minutes de trajet en commun, nous avons discuté de cette campagne, des moments en commun, des copains, ce qu’ils étaient devenus, … Justement, c’était l’objet de mon billetpolitique, ce matin : Frédéric, Romain et Mehdi bossent dorénavant à l’Elysée.

Je me suis décidé à faire ce billet, ce matin, après avoir vu un Tweet de Vincent Feltesse qui annonçait un article de Sud Ouest où l’on parlait de lui. Vincent Feltesse était le chef de l’équipe web de François Hollande. Il est suppléant de Michèle Delaunay, la députée qui avait battu Alain Juppé, en 2007. Ils viennent d’être réélus. Madame Delaunay étant au Gouvernement, Vincent deviendra député (dans un mois, je crois). Je l’ai croisé deux ou trois pendant la campagne.

J’ai trois potes qui bossent à l’Elysée et je tutoie un député (on se tutoie assez facilement entre camarades… je me demande même si je n’ai pas tutoyé François Hollande lorsqu’il avait rencontré les blogueurs à l’Assemblée, pendant la Primaire). Sans compter que je suis assez proche de Jean-Luc Laurent, notre nouveau député-maire. Avant, comme député, je ne connaissais que Julien Dray que j’ai rencontré deux ou trois fois mais il était député d’opposition.

Tiens ! Ca serait bien qu’il repasse à la Comète. Il semble mis en quarantaine par ses copains du PS. Pas par les blogueurs !

Ca fait bizarre de connaître des gens si près du pouvoir tout en se sentant aussi proche d’eux. Avec Gérard, dans le métro, on se demandait si tout le boulot qu’on a pu faire dans les blogs et dans Twitter avait eu la moindre incidence sur le résultat de l’élection. Probablement pas à  part qu’en gagnant les concours de hashtag, on minait le moral des militants UMP…

Cela étant, je ne suis pas dans mon blog politique ni dans son annexe mais bien dans le blog bistro.

Il y a quelques temps, j’étais passé dans le mensuel édité par la mairie pour mon blog. Du coup les connaissances que j’ai dans le quartier s’interrogent sur mon rôle exact dans la « sphère gouvernementale » et je me garde bien de leur expliquer que je ne suis que blogueur. Et encore, je pourrais le faire, ils ne savent pas ce qu’est un blog (la plupart de mes billets du blog politique ont moins de 500 lecteurs, je pense, soit rien).

Ce matin, je suis arrivé à la Comète pour prendre mon café. Comme au bon vieux temps (du temps de Jean, avant fin 2007), le Gros Jean-Luc, Jean-Marc, Roger l’ancien patron (propriétaire du bistro du temps de Jean) étaient là à discuter. Souvent ils sont accompagnés du patron du laboratoire d’analyses médicales, juste en face. Tous les trois bien à droite, Jean-Marc ayant en plus le manque d’objectivité qui caractérise les anticommunistes primaires (et probablement les communistes primaires également mais la question n’est pas là), incapable donc de tenir une discussion politique !

Je me rappelle notamment de la période 1997 – 2002, quand la gauche était au pouvoir, et qu’il fallait que je défende le gouvernement et notamment la diminution du temps de travail tout en prenant mon café et en lisant le Parisien… Jean-Marc est le genre de type qui est retraité mais voudrait que les autres bossent plus pour payer sa retraite. Après le départ de Jean, ils avaient plus ou moins disparu pendant plus de trois ans. Jean-Marc a recommencé à venir tous les matins, vers 7h30 ou 8 heures. D’ailleurs dès le 7 mai, il a commencé à me refaire la gueule. S’il n’y avait pas les trois autres, on ne se parlerait plus…

Je ne comprends pas qu’un type à la retraite aille au bistro tous les matins de bonne heure pour boire un café, surtout qu’il n’habite pas à côté et doit prendre sa moto.

Toujours est-il que lundi matin et ce matin, Jean-Luc m’a accueilli en me disant « Bonjour Monsieur Le Ministre… » Ce qui fait que les autres clients me croient important. Après nous avons embrayé sur une discussion sur les coulisses de l’Assemblée, que Roger a bien connues à une époque où il faisait de la politique (il y a plus de vingt-ans).

Hier et avant-hier, quand je suis arrivé à l’Amandine, Michel m’a accueilli, hilare « Attention, voila le copain du député. » ce qui étonne également les autres clients.

Jean-Luc et Michel sont probablement les gugusses qui me connaissent le mieux dans la bande (Jean-Luc pour cause de bordées communes et Michel parce que je passe dans son bistro assez tard et que je suis un des seuls clients avec qui il a le temps de discuter).

C’est comme si je connaissais un état de grâce dans les bistros !

Pourtant, je me rappelle d’un billet que j’ai fait ici, récemment, pour dire que j’étais souvent tout seul au bistro. Les commentateurs avaient pris ça pour de la mélancolie. Ce n’était pas ainsi que j’aurais voulu le rédiger mais en faisant un constat froid : les bistros sont vides, les gens n’ont plus d’oseille et mes copains pendant le début du deuxième trimestre ne venaient plus (Tonnégrande était souvent en déplacement professionnel et Djibril devait boucler ses congés et est souvent allé au Sénégal).

Pendant ces périodes tout seul, avant le second tour, j’ai souvent pensé au billet que j’allais faire dans le blog politique, après la victoire, vu qu’elle semblait promise. Les mots étaient près dans ma tête mais je ne suis jamais passé à l’acte. Je voulais dire un tas de banalités, comment j’étais fier du candidat, des lascars qui avaient menés la campagne et de moi, à mon modeste niveau.

Pourtant, je suis tombé dedans par hasard. J’ai créé mon blog politique parce que je m’emmerdais pendant des vacances et que je ne voulais pas déranger mes lecteurs, ici, avec ma défense de la réduction du temps de travail et autres machins qui me vont au cœur. Ensuite, j’ai rencontré Eric, vieux blogueur (plus jeune que moi), qui m’a tout appris sur les blogs et qui m’a fait rencontrer d’autres blogueurs de gauche, dont Dagrouik qui m’a entrainé dans l’aventure des leftblogs. Sont venus les Kremlin des Blogs et tout ça puis un gugusse qui m’a poussé à aller à l’Université d’Eté du PS et un autre qui m’a inscrit dans le groupe Google des soutiens de François Hollande.

Tout est le fruit du hasard. Tiens ! Vous savez pourquoi j’ai une relation particulière avec mon député maire ? Parce qu’un soir il est venu discuter avec moi alors qu’il était venu acheter des pizzas avec son fils, place de la Comète, en attendant la cuisson… Je l’ai alors traité comme un type qui attend des pizzas et pas comme le Maire dont j’avais relayé la campagne dans mon blog. Et vice versa : il a vu un type qui papotait au comptoir, bien loin des blogs et de la politique…

Ce billet n’a ni queue ni tête. Je savais ce que j’avais à écrire en commençant mais je ne savais pas comment articuler le tout. Tant pis.

On est reparti pour une période de blogage. Un blog techno. Un blog bistro. Un blog politique. Une annexe joyeuse. Et un blogpolitique spécialisé. Un blog personnel avec rien dedans.

Ca sera mon nouveau jeu, au bistro : faire croire aux gens que je suis proche du pouvoir pour faire chier les gugusses de droite. Un iPhone dans une main et une bière dans l'autre.

12 commentaires:

  1. Mais si, y'a une cohérence dans ce billet ! Elle ressemble à celle-ci, que je raccourçis : un jour dans une "dalle" près de la frontière suisse, un guide dont je me méfiais - mais ça fait rien, tu es dépendant de lui, il te fout en galère ! - me fait prendre une rincée qui aurait pu être évitéé ! En 6B+/6C (les amateurs se reconnaitront ...),quand la flotte dégouline partout et que t'es mère de famille, t'as les boules contre lui ! ...
    J'avais plus de prises, c'était lisse et ruisselant de flotte, sous l'orage ... j'en vois une, avec j'te donne en mille, une petite herbe courbée sous le poids de plusieurs gouttes d'eau. Mais qu'est-ce qu'elle fout là, au milieu de nulle part, à près de 4000m d'altitude ? Et plus haut, je vois une autre prise trop haute pour moi, sauf à bondir dans le vide ... J'ai bondis.
    Le hasard et la ténacité avaient fait pousser la vie en pleine paroi ... j'aurais pas pu l'écraser, j'aurais eu cette hésitation inconsciente qui te fait te krascher ...
    Hasard, ténacité ... ou bien plus humblement "monomanie" :)))
    Et quant à ne pas se prendre tout à coup pour la queue d'une cerise ... La souveraineté est populaire, elle est une et indivisible : ce qui signifie que tu es le peuple à toi tout seul et moi aussi ... et qu'en aucun cas nous ne détenons chacun un petit bout de souveraineté, sinon nous nous battrions pour savoir qui en a le plus gros ...
    Tu es donc à toi tout seul, le Prince, moi aussi et ceux que NOUS avons porté au pouvoir, ne sont pas l'empereur de Chine ! ... on n'est plus sous le 3ème Empire !
    Ils ne détiennent que de NOUS, une simple délégation des attributs de la souveraineté (et non de la souveraineté elle-même) : ceux nécessaires au maintien de la paix sociale et de la démocratie :
    - le pouvoir de faire loi
    - le pouvoir de juger (de dire quelle loi s'applique pour garantir les droits et libertés)
    - le pouvoir d'exécuter les lois et les jugements.
    ./
    Bz

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    1. Oui, mais le sentiment est étrange. Le côté "un peu privilégié mais qui s'en fout, n'ayant aucun privilège à demander et n'en n'ayant jamais demandé".

      Privilégié car je me retrouve du fait d'une succession de hasard au "centre" de la vie politique française, beaucoup plus informé que beaucoup, y compris des braves gens très sérieux. Privilégié car j'ai une relation presque intime avec le pouvoir.

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  2. C'est une belle expérience.Reste à bien la gérer.
    ça m'évoque mon copain Gilbert Simon, haut fonctionnaire, DCD le 28 janvier 2012 : Monsieur classement du site du Carlaveyron,des vignobles de Bourgogne pour qu'on y plante pas des hôtels,de tant d'autres endroits prévieux ... Monsieur Ours, Monsieur Loup ... C'était mon pote ... mon grand frère, mon Gigi ... et peu importe qu'il soit devenu un type important.

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    1. Justement, c'est un des paradoxes : je n'arrive pas à voir les gens que je connais comme des gens importants. C'est pareil pour certains ministres que j'ai croisé (sans leur parler) à l'occasion de la campagne.

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  3. Et le livre de ces années de blogage!
    Au boulot, Merde!

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  4. Merde, je me suis encore trompé de compte!

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