20 août 2015

La paix du Golfe

Ce que j'aime à Baden, c'est aussi ce calme qui règne le matin. Le silence n'est pas absolu. Les oiseaux (moineaux, mouettes voire coucous) s'en donnent à cœur joie et on entend quelques moteurs de bateaux sur le golfe du Morbihan, probablement quelques pêcheurs qui vont remonter les filets et les casiers, voire quelques vedettes promenant les touristes de Vannes à Auray, via l'Ile aux Moines, Locmariaquer et Port Navalo.

Cela fait quelques années, quelques décennies, que les haies des voisins, les arbres, poussant irrémédiablement nous ont pris la vue... imprenable que nous avions sur l'entrée du Golfe et la Rivière d'Auray, sans compter les maisons construites soit par des gens du coins, des Vannetais en quête de tranquillité ou des touristes Parisien se croyant chez eux. Nous avions cette maison au cœur de la campagne, à 200 mètres de la mer, à une époque où les vacanciers préféraient acquérir des studios à Damgan, Carnac voire La Baule.

Quand nous étions petits, nous n'aimions pas vraiment ce calme qui se traduit par l'absence de vent, nous empêchant de sauter sur nos dériveurs ou nos planches à voile. 30 ou 40 ans après, je préfère presque ces matinées, en terrasse, à tapoter des âneries sur un clavier en écoutant l'absence de silence.

Un petit avion de tourisme vient de nous passer au dessus de la tête. Peut-être le pilote veut-il aussi profiter du calme ? Je ne sais pas d'où il est parti ? D'un petit aérodrome vers Quiberon ? Le bruit qu'il peut faire ne dérange pas. Ce type est peinard, là-haut, probablement aussi seul dans son monde que moi à ma terrasse, attendant le retour de la voiture pour aller faire mon tour : un rapide passage près de la grève, un tour dans la campagne, un passage à Larmor-Baden, à Port-Blanc et une pause à Arradon. On y voit les touristes ou les andouilles comme moi qui préparent leur journée, nettoyant les bateaux, les mettant à l'eau,...

Les écoles de voiles ont commencé plus tôt. Les Optimiste seront sur l'eau avec des mômes heureux de jouer au capitaine. Ces fourbes moniteurs et parents profitent de l'absence de vent pour leur enseigner les rudiments de la voile, le comble. Peut-être espèrent-ils en faire des marins célèbres ou, plus simplement, leur apprendre le meilleur loisir qui soit après un séjour au comptoir : rester sur l'eau, naviguer au gré du vent ?

L'après-midi, tout change. Le vent se lève. Le soleil devient moins supportable, à la maison (pas aujourd'hui, probablement, la météo n'est pas avec nous). Les familles amènent les gamins à la plage où ils commencent à brailler en faisant des châteaux de sable sans intérêt. La mer est haute, ce matin. Cette après-midi elle sera basse, les ados ne pourront plus naviguer sur le golfe sans porter leurs engins pendant une centaine de mètres sur la vase. Quelle frustration quand nous étions plus jeunes ! Des journées gâchées à cause de cette imbécile de lune qui n'a pas compris qu'elle pourrait baser son rythme de rotation pour que la marée basse tombe quand il n'y a pas de vent.

Depuis 25 ou 30 ans, je ne fais plus de voile, je n'ai plus ces loisirs d'eau salée. Ce n'est pas qu'une question d'âge mais les vacances sont courtes : un bateau et l'équipement s'entretiennent... Parfois, je me mets à rêver que la bande de gamins que nous étions se reconstitue, que l'un sorte son bateau et que nous foncions sur l'eau mais peut-être se passe-t-il quelque chose vers 22 ou 23 ans, quand on se rend compte que cette liberté presque totale que nous avons sur une planche à voile est éphémère, qu'il faudra bien rentrer à la maison, laver les voiles, ranger le matériel et reprendre le travail, le métro,...

C'est peut-être, pourtant, ce que je recherche, en enfourchant la voiture et en faisant le tour des plages, des embarcadères,... Retrouver cette liberté offerte par la voile, la seule contrainte étant de ne pas se laisser entraîner dans des galères comme des courants fréquents dans le golfe ou le vent qui refuse immodérément de vous laisser rentrer, le bonheur étant de découvrir des havres de paix, fréquentés par des braves gens qui ne pensent qu'à se faire des souvenirs, ceux que vous gardez de votre jeunesse.

22 commentaires:

  1. "Enfourcher la voiture", ça ressemble presque à un coït....

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  2. J'ai des envies de week-end prolongé malgré mes 4 mois de vacances et la Bretagne me manque, cela fait presque 10 ans que j'y suis pas allé.

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  3. "La paix du golfe" quel beau titre, il ne faudrait pas maintenant que Bismuthtruc viennent s'en occuper ou alors dans les cinq minutes qui suivent, c'est le bordel comme en Libye.

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  4. Ce n'est pas dans le même coin, mais c'est tout de même en Bretagne...Il faudrait un jour que je me décide à aller voir mon pote à Guingamp, c'est toujours lui qui descend dans le sud.
    En plus, pire que El Camino, ça fait plus de 20 ans que je ne suis allé en Bretagne, j'y ai pourtant passé, à Rennes, 2 années fabuleuses. En route tous les week-ends au cap du Groin, St-Malo, Cap Frehel, Tu-es-roc (ce nom m'a toujours aimanté) + tous les arrêts dans les bleds sur la route pour bouffer une complète dans un petit gasto ou simplement admirer une église ou la vue...
    On se dit parfois qu'on est bien con de se priver de tous ces plaisirs.

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  5. On a passé un bon moment ce matin avec deux copains. T'as raison sur l'entretien du matériel, on préfère louer un cata. Faire un peu les cons avec, et se faire rappeler par un jeune animateur. Il se serait presque excusé de nous reprendre.

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  6. Moi, je retournerai en Bretagne quand la région repassera à droite : on a sa fierté, quoi, merde !

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    1. ça arrivera peut-être un jour ou l'autre.
      Mais par pitié pas avec Le Fur.

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    2. les bonnets rouges auront changé de tête et seront certainement et surement moins cons

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    3. Le vieux rêve d'habiter Loudéac.

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    4. Non, plutôt Dol-de-Bretagne.

      Cela dit, en ce moment, on est plutôt branché Corrèze, pour parler modernœud.

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  7. C'est un joli billet... (je trouve plein de mélancolie douce dans ce billet...)

    Sinon il est joli le menhir (ou dolmen je sais plus) de Dol-de-Bretagne. Le coté phalique des monuments de nos ancètres bretons reste quand même un grand et beau mystère...

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  8. Le seul qu'avait compris les bretons et surtout les bretonnes, Gauguin, y s'est barré vite fait ce con...


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  9. Oui, jolie atmosphère dans ce post... dans une semaine je serai "en face", à Séné, j'aurai un instant de rêvasserie en hommage à tes souvenirs :-)

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