22 avril 2006

Washington le glas ?

De fil en aiguille, on est amenés à devenir de plus en plus sérieux sur les blogs (ce qui est aussi bien, ça donne de la matière). Tonnegrande vient de nous décrire avec beaucoup d’affection quelques heures à la Comète. C’est dommage que le patron ne pratique pas les technologies modernes, il aurait versé une larme.
Je viens de laisser un commentaire sur le blog d’Eric (j’ai oublié l’adresse, mais vous la retrouverez sur mon blog, il a fait une réponse à un de mes articles où je parlais de la lecture de la presse dans les bistros et dans les avions). Ce commentaire était tout à fait sérieux et portait sur les relations avec la religion d’un mec qui n’est absolument pas croyant. Je déteste qu’on parle de ma foi alors que je n’ai aucune foi. Juste un foie, mais c’est une autre affaire.
Alors, tant qu’on est dans le sérieux, il est temps que je vous parle du Washington, un bar – restaurant – brasserie – tabac, rue… Washington dans le 8ème (arrondissement, pas siècle), du temps d’avant le nouveau patron, Eric, et sa femme Hélène.
Tonnegrande vient en effet de nous décrire sans modération son amour pour la Comète, haut lieu de convivialité Kremlinoise. Avant de connaître le Washington, j’étais déjà un client respectable de la Comète, ce qui ne m’empêche de décrire le Washington.
A 300 mètres des Champ Elysées (vous savez, le truc qui va de la concorde à l’étoile, ce qui nous rapproche de La Comète). Un bar tabac brasserie : la caissière tabac, les deux loufiats, la serveuse, le patron qui ne fait rien et la patronne qui colmate, la cuisinière qui s'active. C’était avant Eric, qui a racheté la boutique il y a cinq ou six ans. C’était du temps du vieil auvergnat et de sa femme. Quoi de plus naturel ?
Une queue au tabac, des clients qui s’entassent en salle (80 couverts par jour ?), des pochtrons du quartier (même dans le 8ème, il y en a) et deux ou trois gugusses comme moi qui boivent un demi en mangeant le plat du jour, tout en portant la cravate pour ne pas oublier qu’ils sont cadres et donc plus près des mecs qui mangent en salle que des zigs au comptoir, en pensant le contraire.
Mais les ouvriers du zinc ne peuvent pas imaginer que le mec en cravate est là pour boire un demi et oublier les trois heures de réunions avec la chef. Haïssons les ouvriers qui pensent que les cadres sont des cadres.
Le décor étant planté, je vais m’empresser de conclure. A propos de décors, il manque des précisions. Tout en formica imitant le bois, sauf les banquettes en skaï qui imitent le cuir.
Le Washington, j’y ai mangé tous les midis pendant 6 ans et demi. Une partie avec Eric comme patron, le reste avec le vieux bougnat. Pas de formule, le plat du jour à 11 euros (et encore, à l’époque je me demande si ce n’était pas en francs). Avec les deux demis et le dessert, faut se le permettre. Voilà l’avantage des cadres sur les ouvriers. Et encore, pour dépenser 15 ou 17 euros par midi pour manger, il faut être cadre célibataire pour éviter de se faire engueuler par madame, mais à l’aube de la quarantaine, je ne vais pas aborder le sujet.
Bon. Le décor est planté. Je peux aborder le vif du sujet ?
C’est grâce au Washington, à son vieux bougnat et sa chère épouse que j’ai compris la différence entre le café et le décaféiné.
Le café est servi dans une tasse blanche, le déca dans une tasse marron. J’ai passé des moments mémorables à discuter avec le barman de la manière dont pouvait s’échapper la caféine en transvasant un café d’une tasse blanche dans une tasse marron.
Comment, dans le même truc du percolateur, à droite dans la tasse blanche coule du café et à gauche du déca ?
Ou le contraire, ceci n’est pas un article politique !
C’est la magie du bistro. Un client commande « un déca s’il vous plait »… et le serveur transverse le café d’une tasse blanche dans une tasse marron. Un client commande « un café et un déca, s’il vous plait », et le serveur place une tasse marron et une tasse blanche sous le perco ! Comment la caféine peut ne partir que d’un seul côté ? La couleur de la tasse…
Vous, lecteurs, qui n’avez pas connu le Washington ne pouvez pas vous rendre compte de la profonde émotion qu’un tel souvenir me provoque. J’en ai la larme à l’œil. C’est bien le seul truc que j’ai eu à l’œil au Washington.
Avec Eric le nouveau patron, et Hélène sa femme, et donc nouvelle patronne, ça a changé.
Le déca et le café sont servis dans des tasses blanches. Pour le café, la cuiller est posée à côté. Pour le déca, sur le dessus.

4 commentaires:

  1. Ton commentaire chez Eric, je le trouve pas.

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  2. Il l'a peut-être viré. A l'occasion je vérifie.

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  3. A propos de commentaire chez les blog, j'ai profité de ton conseil de l'autre jour (le cui cui cui), et j'ai passé deux heures ce matin à consulter les blogs de droite... Et à faire quelques commentaires.

    Ca n'a rien à voir, mais Nancy vient de gagner la coupe de la ligue pour le plus grand plaisir de Platini, parce que moi je m'en fous, mais comme j'ai commencé à regarder le match au bistro, faut bien continuer.

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  4. Je viens de chez Eric, il n'y a effectivement aucun commentaire de ma part sur son article sur judas (pour résumer).

    Soit Eric m'a censuré, soit j'ai fait une connerie. La dernière solution est probablement la bonne, mais ça m'étonne.

    Etant d'une rigueur incroyable, je ne peux pas me tromper... : quand j'ai un doute sur ma capacité à me rappeler ce que j'ai "posté" la veille, je m'envoie un copie sur ma messagerie professionnelle... qui en a vu de belles ! En vingt ans de sortie, je n'ai jamais fauté.

    Donc, je maintiens, j'ai bien laissé un commentaire sur le truc à Eric hier soir.

    Ou alors un bug ?

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