04 juin 2008

La page se tournerait-elle vraiment ?

Tu te demandes pourquoi je parle souvent de la Comète. Tu ne trouveras pas la réponse ici. Tu as bien compris que les changements de proprio à répétition m’énervent mais tu demandes si je ne suis pas fou.

Pas du tout. La Comète est le siège social de ce blog d’où en sortent les principaux personnages.

Tiens…

« Salut ! Mais tu n’as pas maigri, toi ». Voilà ce qu’a dit Marcel en voyant Fiso qui papotait avec moi hier soir. Tu comprendras bien qu’avec Fiso nous étions pliés de rire devant les explications de Marcel qui voulait excuser sa gaffe. Seulement, cette scène s’est déroulée à l’Aéro, sympathique bistro d’en face mais qui n’est pas la Comète.

Par contre, j’ai peur de devoir prochainement arrêter complètement de parler de La Comète. Aussi, je vais t’avouer une partie intime de ma vie et tu vas enfin savoir pourquoi ce bistro a une certaine importance pour moi. Une « certaine » seulement, je t’ai dit que je ne suis pas fou.

Ca s’est passé le mardi 29 octobre 1996. Ca faisait pas loin de 10 ans que je bossais à Paris et retournait en Bretagne tous les week-ends pour y mener une vie familiale, associative et festive ensemble. J’étais comme des milliards de jeunes types venus chercher un boulot à Paris et considérait mon appart comme un dortoir en attendant de retrouver un boulot au pays. Fin 1993, j’avais bien compris que j’aimais bien mon job et que je ne pourrais le faire qu’à Paris. Le 2 février 1994, je devenais propriétaire de mon appartement.

Tu te demandes comment je me rappelle de cette date du 2 février 1994 et tu demandes si je vais faire un billet pour l’expliquer. Non. Ce n’est quand même compliqué de se rappeler de la date du plus gros chèque qu’on a fait dans sa vie !

Ce mardi 29 octobre 1996, je sors du métro après le boulot et je vois ce bistro, à mi chemin sur la route de la maison. J’y avais déjà été deux ou trois fois avec des potes venus me voir à Paris. Là, en le voyant, je me suis dit : « Tiens ! Et si j’allais m’enfiler un demi ». Le lendemain pareil. Un type s’était fait avalé sa carte par un méchant distributeur de pognon et se demandait quoi faire. Je lui ai donné le numéro de téléphone à appeler…

Tu te demandes comment j’avais fait pour connaître ce numéro par cœur ? Je ne vais pas faire un billet. C’était tout simplement mon métier de connaître ça. Maintenant j’ai oublié. Mais entre temps, j’ai fait modifier la réglementation pour faire en sorte que l’affichage de la date sur les écrans des machines en question soit obligatoire.

Tu te rends compte de l’importance de la Comète ? Si je n’avais pas eu cette discussion avec ce type au comptoir, on devrait noter quelque part le numéro de téléphone à appeler si on se fait bouffer la carte ou si on la perd.

Cette histoire est à peu près fausse, mais à peu près seulement : j’ai contribué à la modification de la réglementation en question mais pas à cette période. Je vous raconte ça que pour que vous ayez une vague idée de mon boulot puisque j’en suis à un passage intime..

Au bout de trois jours, le 32 octobre donc, j’étais pote avec plusieurs types, au bout d’une semaine nous étions copains d’enfance. La plupart ont disparu depuis : déménagement, engueulades, … J’en ai même enterré deux ou trois… De nouveaux sont arrivés, tu les connais dans le blog.

Voilà comment on peut s’attacher à un bistro : sans lui, j’habiterais probablement toujours à Bicêtre… qui serait restée, pour moi, une cité dortoir alors que maintenant je connais la moitié de la population à force de les observer courir chez Leclerc en sortant du métro.

Mesdames, Messieurs, les passants, vous pensez me connaître à me voir tous les jours à la même position du comptoir. Je vous connais aussi. Nananère. Et pour la plupart, je connais vos horaires de boulot. Oui, toi, le grand Chinois aussi. Toi aussi, la blonde rondouillarde mais sexagénaire. Toi, le gros frisés à lunette, aussi, mais tu n’es pas toujours très ponctuel. Et toi aussi l’arabe chauve vendeur à côté. Et toi, le gros noir… Ah non ! Toi tu es client dans le bistro et dans le blog.

Revenons à pas plus tard que lundi soir, le 2 juin 2008.

J’arrive à Bicêtre en voiture après le boulot et je fonce chez Leclerc faire mes courses. Je me la joue incognito pour que les gens ne pensent pas : « Ah, c’est le type qui supporte le gros noir avec une barbe blanche dans le bistro à côté avec le Vieux tordu et le petit rouge avec une barbe indéterminée. Que fait-il chez Leclerc ? ». Des courses, abruti.

Je sors de Leclerc et j’ai une idée lumineuse : « Tiens ! Si j’allais boire un coup à l’Aéro puisque la Comète est fermée pour travaux ? ». Je range mes courses dans la voiture (je sais, un type normal aurait rangé ses courses dans son frigo, pas moi, la flemme de remonter à la maison).

Sur les marches entre Leclerc et la Comète, je tombe sur le Vieux Jacques en train de remplir des grilles de Sudoku. Il était assis comme Simon le clochard sauf qu’il ne puait pas l’urine plus que de raison et n’était pas habillé de loques informes.

Il me voit et se lève aussi rapidement que le permet son âge avancé. « Tiens ! Salut le vieux, qu’est-ce tu fais là ? » lui demande-je. « Je fais des Sudokus ». Pour le vieux, ça doit être normal de s’asseoir sur les marches entre Leclerc et La Comète pour remplir des grilles de Sudoku. « Tu bois un coup à l’Aéro puisqu’on ne peut pas aller à la Comète ? » je lui dis.

Avant même qu’il ne puisse répondre, je tourne mon regard vers la Comète. L’enseigne avait été démontée. Ce n’était plus marqué « La Comète », le machin « Amstel » avait disparu. Il était temps qu’ils la refassent ! Le logo était sympathique (un œuf au plat en forme de comète ou une comète en forme d’œuf au plat, je n’ai jamais su) mais c’était vraiment crado. Ca vieillissait le bar de 30 ans.

Nous voilà en face, à l’Aéro et la soirée se passe.

Hier soir, j’avais rendez-vous à la douce, tendre et délicate Fiso (il faut que je mette des compliments pour rattraper la bourde de Marcel) à l’Aéro.

Je rentre donc du boulot, range ma voiture et vais à l’Aéro en passant devant la Comète. Légèrement curieux, je regarde l’intérieur. Ils ont cassé la marquise (c’est le machin pour ranger les trucs – bouteilles neuves, paquets de cafés – et pour accrocher les bouteilles avec des doseurs au dessus du comptoir. Dans certains bars, il rangent également les barons sur la marquise, les barons étant les grands verres de bière). « Tiens ! Ils ont cassé la marquise » me dis-je.

C’est après, en discutant avec Fiso en face que je me suis rendu compte que je ne reverrai plus ma Comète et son décor malicieusement très ringard à un point qu’on croyait que c’était fait exprès.

C’est ensuite, toujours avec Fiso, que j’ai compris que s’ils avaient enlevé l’enseigne, c’est peut-être parce que La Comète ne s’appellerait plus La Comète. C’est con ! Un des bistros les plus connus dans les blogs.

(baudruche)

26 commentaires:

  1. c'est rien que des salops les gens qui changent tout quand ils pensent que ça leur appartient !

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  2. Et est-ce que ce sera encore un bistro ? Ou ca va devenir une banque / une agence SFR / un magasins de pompes / une agence Orange / une banque / autre / une agence Bouygues Telecome / une banque ?

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  3. Ant. tu veux tuer Nicolas (ou tout du moins ce blog) ou quoi ?

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  4. Déjà que je ne pourrais pas venir boire un verre à la Comète lors de mon voyage tout bientôt à Paris pour cause de fermeture pour travaux, si en plus ça devait ne plus jamais être possible, est-ce alors vraiment la peine de venir sur Paris et visiter le KB ?

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  5. @gaël
    Sérieusement:
    Faut quand même reconnaître que de plus en plus de petits commerces de proximité (mais pas proxi-miteux) ferment et sont remplacés par les seuls qui ont assez de thune pour payer les loyers exigés par les proprios. Et ceux-là, c'est (dans le désordre) Orange, SFR, Boyugues, les banques et quelques marques de la grande distribution de fringues (Zara et auters). Dès lors, tous les centre-villes se ressemblent et je trouve les mêmes boutiques rue de Béthune à Lille que Rue du Taur à Toulouse, alors que ce n'était pas le cas il y a encore quelques années. C'est visible aussi dans les "sous-préfectures de province", où seules les grandes marques peuvent maintenir une présence.
    Cherche un troquet sympa dans le centre d'une grande ville. A part les grandes chaînes (Bistro Romain et assimilés), combien d'indépendants peuvent tenir face à la pression ?
    Dès lors, ma question sur le devenir du local de la Comète n'est pas complètement idiote... même si j'espère que la réponse ne provoquera pas une syncope chez notre sympatique chroniqueur des libations alcoolisées kremlino-bicêtroise.

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  6. Ant,

    D'après la rumeur, ça restera un bistro mais plus "pub avec bouffe" mais plus la "grande brasserie de banlieue".

    Gaël,

    Il y a d'autres bistros...

    Elza,

    C'est toujours utile !

    Ant,

    Oui, c'est un soucis. Au KB aussi... Il y a quelques temps on a échapé à un Mac Do.

    Mais la municipalité veille. Ce qui n'empêchera pas les petits bistros de fermer un à un (mais la Comète est un des plus gros de Bicêtre, le risque est faible).

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  7. Ah ca fait un choc !
    Du coup, ce ne sera plus jamais le même bistrot qu'avant, ca va faire bizarre…
    Enfin, au début parce qu'après quelques verres, je suis sûr que tout sera devenu "naturel" ! :-)))

    [douce, tendre et délicate en parlant de Fiso, ce n'est pas un compliment, juste une description ! :-))) ].

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  8. [pas un compliment, juste une description]

    Eh les mecs, z'êtes tous amoureux de la même ? :-)

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  9. Vous n'auriez pas dû mettre ce billet dans "Partageons mes âneries", vu que ce n'en est pas une, d'ânerie.

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  10. Je ne suis pas sûre qu'une femme se vexe quand on lui dit qu'elle a maigri... Enfin il faudrait demander à Fiso !

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  11. Rachète le ce troquet!

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  12. Didier,

    C'est mon blog "bistro" ! Où vouliez vous que je le raconte ?

    Zoridae,

    Vois ça avec Fiso.

    Eric,

    Tu me prêtes les sous ?

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  13. Je n'ai pas eu l'occasion de le connaitre longtemps, ce p'tit bistrot, mais c'était agréable.

    Le plus sympa, c'était tout ces gens super aimables et polis qui me disaient bonjour parce que j'étais installé au comptoir a coté d'un Nicolas célèbre...
    Honnêtement, l'Aero ne m'a pas fait le même effet. C'est peut être un problème d'espace, de disposition des tables...

    Enfin, c'est un changement d'ère, un passage dans la modernité.

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  14. C'est beaucoup un problème d'espace...

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  15. Tiens ! J'en fais un billet... J'ai deux ou trois trucs à raconter...

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  16. Que dire à part que ça serre le cœur, cette histoire ?

    Est-ce que ça va rester un bistro, au moins ?

    Ça me rappelle l'histoire du bistro des grands parents et des oncles de Zoridae. C'était un haut lieu de Villefranche sur Saône ! Réputé pour sa cuisine (trop) généreuse. La grand mère a passé l'affaire à sa fille, puis quand l'oncle et la tante sont partis à la retraite : c'est devenu une banque.

    Une belle banque avec des guichets tout neuf.

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  17. Balmeyer,

    Ca ne serre le coeur qu'à moitié (je romance un peu...).

    Le nombre de bistros qui ferment chaque année en France est considérable. C'est "grave" (dans le sens où c'est des seuls lieux de convivialité qui subsistent).

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  18. Ouais c'est bien triste ... on aurait dû prendre des photos de la Comète, d'avant !
    Zoridae,
    En effet, une femme se vexe rarement quand on lui dit qu'elle a migri. J'aurais bien aimé que ce fut le cas ...
    En fait, Marcel ne posait pas une question ... il s'est écrié "dis donc, t'as pas maigir, toi!"
    (ça calme, hein ... voilà pourquoi, désormais, je bois du jus de fraise quand je retrouve mon Nico)

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  19. Je confirme. Fiso a bu un jus de fraise... avant ses 45 demis.

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  20. Le monaco ça existe encore ? Moi j'adore ça, avec ma fraise, un peu de bière, mais sans la fraise.

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  21. Puisqu'on est dans les mélange qui font rire, j'ai appris hier (par lui-même) que Ludovic, le fils de Catherine avait inventé, en Corse, l'été dernier, la mauresque au sirop d'érable (il n'y avait plus de sirop d'orgeat dans le troquet où il était). Et que les autochtones ont trouvé ça très bon : ils lui ont asséché toute la boîte de sirop.

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  22. Arg Fiso,

    Je suis désolée j'avais compris "tu n'aurais pas maigri toi ?"... Je me morfonds !

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  23. Balmeyer,

    Dans le monaco, il y a aussi de la limonade.

    Didier,

    C'était pour un test scientifique ?

    Zoridae,

    Elle n'est pas susceptible. Sinon, elle ferait la gueule à chaque fois qu'elle prend un kilo.

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  24. Didier Goux,
    Une mauresque au sirop d'érable ? A condition qu'on me serve des pancakes arrosés de pastis ...

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