14 mars 2013

Se faire des amis au boulot ?

"Et toi tu pars du principe qu'on peut se faire des amis au boulot ou pas ?" : telle est la question que pose Virginie et comme j'ai parlé plusieurs fois de l'amitié dans mes blogs, je vais tenter d'y répondre sachant qu'on ne sait toujours pas ce qu'est l'amitié. En voyant son billet, ce matin, j'ai immédiatement pensé à une belle réponse. J'ai fait l'erreur de la remettre à plus tard et j'ai complètement oublié ce que je voulais dire...

Néanmoins, je n'ai rien glandé dans ce blog aujourd'hui et je vais me lancer...

Comme le dit bien Virginie, quand on débute dans la vie active, on se fait facilement des potes. On est comme à la fac : on se prête l'appartement, on va en week-end ensemble, on va boire des bières le soir,... Alors pourquoi pas devenir amis ?

Par la suite, on prend des distances pour un tas de raisons,...

Je vais commencer par une vacherie : dans ma carrière, j'ai eu deux ou trois types qui m'ont considérés comme un ami mais ce n'était pas réciproque...

Dans cette carrière, j'ai eu beaucoup d'amitié (j'espère réciproque !) avec quatre types, dont deux que je continue à voir occasionnellement dans un cadre professionnel avec beaucoup de plaisir.

Le premier : c'était Michel, un type bien plus vieux que moi. J'avais été son client entre 90 et 93. Ensuite, j'ai bossé dans la même boîte que lui. Nous avions un tas d'atomes crochus, notamment manger en racontant des conneries et en buvant une bière. Du coup, on était tout le temps fourrés ensemble. Depuis que je suis parti, en 1996, je n'ai aucune nouvelle.

Le deuxième : c'est Bertrand. Il bossait avec nous entre 93 et 96 et c'était mon contact avec le service en relation avec les clients (il bossait donc avec Michel). C'était le plus jeune de la boîte, 22 ou 23 ans peut-être. C'était un des rares à ne pas avoir une vision corporatiste de l'entreprise (je n'en étais pas salarié, j'étais prestataire de service d'une SSII) et donc, avec Michel, un des seuls à ne pas me regarder comme un objet étrange. C'était étrange, c'était le plus jeune qui faisait l'interface entre moi et les autres guignols. Je ne sais pas s'il s'en est rendu compte.

N.B. : je suis vache. Si je ne m'étais pas entendu relativement bien avec la hiérarchie et le service client, je me serais barré.

Le troisième : c'est Patrick. C'était un collègue dans ma SSII et il est devenu commercial au moment où j'ai quitté la boîte de Michel et Bertrand. Sa première mission en tant que commercial (et donc chef) a été de me trouver une mission chez un autre client (ce qui a été fait rapidement). Nous aimions bien bosser ensemble et je suis resté son principal assistant pour les missions commerciales. Ensuite, nous avons connu différentes évolutions dans la boîte. Des rachats, des réorganisations,... Un jour notre grand chef fâché avec les actionnaires de cette boîte de milliers de personnes, a crée une nouvelle boîte. Avec Patrick et 6 autres collègues, on est partis pour créer une boîte qui a été rachetée au bout de trois mois par le bigboss. Une telle aventure crée des liens.

J'ai gardé beaucoup d'affection pour les gens connus à cette époque. On est partis à 8 et on a fini à 22, dans une petite entité au sein d'un groupe. Notamment Catherine et Laurence étaient un peu mes protégées.

Le quatrième : c'était Arnaud. Un petit gars qui avait bossé avec moi en 1996. Comme il ne connaissait personne à Paris, il était tout le temps fourré dans mes jambes (ce n'est pas une critique, au contraire, c'est plus moi qui l'entraînait). Sa copine l'a rejoint et nous avons continué à nous voir pendant des années. Ils faisaient partie de la bande de la Comète une soirée ou deux par mois.

Néanmoins, de l'affection ou un sentiment d'amitié entre deux personnes en font-elles des amis, des vrais, tels qu'on entend dans la littérature réactionnaires ?

Assurément non.

Je bosse actuellement depuis près de dix ans avec les mêmes gens. On a avec à peu près tous, une très grande complicité, souvent de l'affection et cette sensation d'amitié.

Je vais préciser un élément avant de conclure. On habite tous "aux quatre coins" de la région Parisienne avec des temps de trajet importants. Il est donc très compliqué de se voir en dehors du travail. Enfin, je n'aime pas les discussions de cantine de certains : je ne vais manger avec la bande qu'occasionnellement.

Je vais donc répondre avec Virginie. La réponse est : bof. D'ailleurs j'ai oublié la question.

"Et toi tu pars du principe qu'on peut se faire des amis au boulot ou pas ?"

Tout peut arriver mais on reste souvent uniquement des relations professionnelles. Quand on change de boulot, on se perd de vue (sauf, pour moi, Bertrand et Patrick, mais le cadre reste professionnel), surtout en région Parisienne.

Dans ce contexte, on ne peut pas parler d'amis ! Ce qui n'empêche pas la complicité, l'affection voire l'intimité. Ces gens avec qui je bosse depuis 10 ans, je les ai vus avoir des gamins ou en élever, s'il les avaient déjà avant. Et le temps passe !

Hier matin, j'étais avec ma chef. Celle qui m'a recruté comme consultant en décembre 2003, puis qui m'a embauché, comme salarié, en avril 2008. Elle me demande de la remplacer à des réunions l'après-midi parce qu'elle avait pris une demi-journée de congés. Je lui dis : "encore, mais ça fait plusieurs fois depuis une semaine ?" Elle me répond : "Ben oui, je ne veux pas trop laisser les jumelles toutes seules". "Ah ! Oui ! C'est les vacances. Mais tu fais comment pour les autres demi-journées". "Ben elles se débrouillent".

J'avais oublié qu'elles n'ont plus quatre ans. Je bossais avec quelqu'un qui avait des enfants de 4 ans, je l'ai remplacée quand les filles étaient malades ou qu'il fallait les accompagner quand elles sont rentrées au collège...

C'est aussi ça, les relations professionnelles... Une intimité et une distance... Forcément une dose d'amitié.

Ça fait quatre ans que je bosse dans le même bureau qu'un collègue, jeune père de famille,... Comment voulez-vous qu'on ne soit pas intimes ? Il me voit plus que sa femme. Je le vois plus que les serveurs de la Comète.

On est forcément copains et intimes. Par contre, j'ai un rapport hiérarchique avec lui. Comme avec ma chef. Et forcément un rapport conflictuel à quelques rares occasions avec tous les collègues.

Collègues, amis, copains, complices... Va savoir. Ce qu'il y a de sur, c'est qu'il y a de l'affection, de la complicité, du respect, de l'intimité,...

Qu'importe !

10 commentaires:

  1. J'ai rencontré ma deuxième épouse au boulot. J'ai vécu plus de trois ans avec une collègue. C'est pourquoi je pense qu'on peut s'y faire des ami(e)s, même intimes.

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  2. Coucou Nico
    Merci pour cette réflexion intéressante sur l'amitié ou non au travail.
    Je pense qu'il y a des liens qui se créent + ou - forts, + ou - partagés, mais les personnes avec qui l'on sympathisent au travail font partie qu'on le veuille ou non de notre histoire professionnelle, de notre vie aussi, on ne les oublie pas...

    joli billet en tout cas Nico ! merci.
    GROSSES BISES et bonne continuation !!!!!!!

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    1. Merci ! Tu es déjà levée ? Il est temps que je me couche...

      Ils font partie de la vie mais il y un rapport particulier...

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    2. Je pense qu'au travail on se protège beaucoup, on préserve sa vie privée... on cloisonne.
      Quand on débute dans la vie professionnelle, on se méfie moins, on est encore dans l'illusion des relations amicales que l'on a connues en étant étudiant.

      Mais il peut, en effet, y avoir au cours des mois, des années, une ou deux relations plus fortes que les autres (amicales ou amoureuses) ... dans le monde du travail tout n'est pas rose mais tout n'est pas gris non plus ... !

      Bonne nuit Nico !!! :o) :o) :o)

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    3. C'est vrai. Mais le cloisonnement est instinctif. Donc bizarre.

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  3. j'allais réagir de manière salace à ton paragraphe sur tes deux protégées, en te demandant si tout ça et tout ça. Mais ton billet est joli et ne mérite pas des remarques coquines.

    Beau billet

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  4. Merci Nicolas d'avoir pris le relai de mon billet, tu fais ça parfaitement... suis ta muse, non ??? (lol)
    En même temps je ne crois pas que celui du jour t'inspire aussi bien !

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