12 novembre 2011

L'épouvantail

Pendant les premières années de ma carrière professionnelle, je n'avais jamais l'occasion de prendre les transports en commun, les aléas de mes affectation, comme consultant, faisaient que la voiture était plus pratique, voire obligatoire, notamment quand je bossais en Bretagne ou en lointaine banlieue ouest.

Tout à basculé mi 1996, où j'ai commencé à bosser dans le 8ème arrondissement. J'ai bien fait un peu de résistance en allant bosser en voiture pendant quelques mois et j'ai vite compris que les transports en commun était bien agréables, que ce soit le matin ou le soir, mais aussi le vendredi soir pour rentrer à Loudéac. Sortir de Paris vers l'ouest était une galère.

J'avais trouvé un train qui partait à 17h10 de Montparnasse et qui me permettait d'arriver assez tôt en Bretagne pour dîner en famille puis rejoindre les copains au bistro.

Je me suis donc retrouvé subitement avec du temps de transport et donc beaucoup du temps pour lire. Je suis devenu boulimique de polars américains, les commandant par dizaines à la FNAC. Pour l'anecdote, ça m'est arrivé plusieurs fois de commander des bouquins que j'avais déjà lus, ayant oublié le titre... Du coup, j'avais pris mon courage à deux mains et saisi le tout dans un fichier Excel. Quand j'ai arrêté cette boulimie, j'en étais à 700, la moyenne dépassant les deux par semaine.

Fin 2003, j'ai changé de lieu de travail pour me retrouver assez près de chez moi donc sans le temps de lire de bouquin dans le bus ou dans le métro. Fin 2008, j'ai à nouveau changé avec une heure de transport mais trois mois après, j'achetais un iPhone et me passionnais pour des jeux débiles ou pour le tweetage de conneries.

Depuis huit ans, je me retrouve sans lire de bouquin dans le métro.

Fin 2006, la SNCF supprimait un car entre Saint-Brieuc Loudéac. Il me fallait donc prendre un train plus tôt le vendredi si je voulais profiter de ma soirée du vendredi à Loudéac et d'un samedi complet. J'ai donc commencé à prendre des RTT les vendredis après-midi toutes les trois semaines pour rentrer en Bretagne. Je me suis vite dit que quitte à partir du boulot après déjeuner, autant partir avant et tracer la route directe pour la Bretagne... en voiture.

Pour information (mon blog est exhaustif), en 2008, j'ai commencé à bosser à la Défense. Pour y aller en voiture, c'était une galère, souvent plus de 2 heures. Comme je ne voyais pas l'intérêt d'aller bosser à 9h30 pour en repartir à midi, j'ai décidé de prendre tout la journée de congés et de partir un peu plus tôt tout en prenant des voitures de location plutôt que ma propre bagnole.

Ainsi, depuis cinq ans, je ne prends quasiment plus le train donc ne lis plus dans le train.

Il m'arrive néanmoins de le prendre à l'occasion, comme ces week-ends prolongés (d'une part la location est à la journée et d'autre part, le retour vers Paris, dimanche soir, aurait été une galère).

Troisième phénomène : les blogs. J'ai commencé à bloguer en 2004 et ouvert le « trio » fin 2005 mais c'est vers fin 2007, je crois, que je suis réellement tombé dedans, en faisant mon loisir principal. Surtout, quand j'ai commencé à bosser loin de chez moi, en 2008, j'ai perdu une heure de loisir par jour.

Je ne lis plus chez moi. Je ne lis quasiment donc plus, sauf pendant les vacances quand je n'ai pas accès à Internet (mais comme je passe pour partie mes vacances chez des copains blogueurs...).

Hier, je m'y suis remis puisque je venais en train et que la batterie de l'iPhone n'aurait pas tenu le coup... J'aime bien de temps en temps.

Surtout les chefs d'oeuvre.

L'Epouvantail, de Michael Connelly.

L'intérêt de lire moins est de ne plus lire que les plus grands.

8 commentaires:

  1. J'avoue que lire des bons bouquins me manques, tout va trop vite, on ne prends plus le temps.

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  2. Et bien moi, je lis en principe une heure tous les soirs avant d'éteindre la lumière, quelque soit l'heure du coucher !!!
    Même après un KDB...

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  3. El Camino,

    Ouais...

    Minijupe,

    C'est bien ! Moi, dans le temps, c'était surtout le matin, vers 5 ou 6 heures...

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  4. Oui, enfin, Connelly… Un super-écrivain en bâtiment, guère plus, si j'en juge d'après les deux que j'ai lus dans le temps.

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  5. Didier,

    Je parle bien de polars américain, pas de littérature !

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  6. J'ai justement ouvert un blog lectures pour parler de ce que j'avais lu en vacances loin du PC.

    Et çà me force à lire pour l'alimenter en articles ;)

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  7. Nicolas,
    le polar américain peut s'avérer de la très belle et très puissante littérature (Elroy, ou plus ancien, et pas spécifiquement polar, David Goodis).
    Beau billet en forme d'hommage à ce que l'imaginaire nous donne, et à cet imaginaire que toi-même, par l'intermédiaire des blogs, tu nourris de ta réalité, afin de nourrir l'imaginaire des autres.
    Toujours eu l'impression qu'un livre apportait un approfondissement formidable de l'instant, cet instant figé qui disparaît si vite sur Internet et dont on n'a, bien souvent, pas suffisamment le temps de goûter.

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  8. Xapur,

    Ou ?

    Mhpa,

    Tu as gagné un longuissime billet de réponse.

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