05 septembre 2012

Seul au comptoir. Et alors ?

Mon billet de ce matin portait un peu sur la psychologie de comptoir et sur les relations de chacun avec les bistros. Il cache deux questions qui me turlupinent...

La première : pourquoi (ou comment) un individu au comptoir peut-il penser que j'ai envie de parler avec lui pour la seule raison que je suis seul au comptoir ?

La deuxième : qu'est-ce qui permet à certains de penser que les types seuls au comptoir sont des tordus ?

Je n’ai pas les réponses. Ca touche probablement à la psychologie ou à la psychiatrie. Il y a probablement une partie de la population qui s’imagine le bistro et plus particulièrement le comptoir comme « le mal ». Peut-être cherchent-ils un prétexte pour y aller, pour se donner une contenance ?

Tout d'abord un commentaire personnel : cette habitude d’aller au bistro quotidiennement m’est venue au cours d’une courte période, il y a environ 16 ans pour deux raisons (je n'avais qu'une brasserie pour manger le midi et j'ai vraiment très rapidement sympathisé avec les clients et les salariés de la Comète).

Le commentateur que je citais mourrait de trouver une explication à ma venue au bistro : c’est tout simplement l’habitude. Je pourrais picoler chez moi et il m’arrive très souvent d’aller au bistro sans boire d’alcool. Ainsi, pendant mes vacances, j’ai fait à peu près tous les bistros de la route pour boire du café, du Vittel menthe et du Perrier : j’étais en voiture. Si ça intéresse quelques lecteurs : quand je roule sur autoroute, je m’arrête à peu près à une station sur deux pour boire un café ou acheter une bouteille d'eau. J’aime bien.

Voila la première réponse que j’apporte à une question non posée : je vais au bistro par habitude. La deuxième réponse à la même question pas posée est que j’y vais parce que j’aime ça, tout comme les stations service d’autoroute. Me coller au milieu d’inconnus et ne rien faire.

Cette deuxième réponse servira également à une question pas posée mais répondant aux deux questions du début de billet : ça ne me dérange absolument pas d’être tout seul dans un bistro. Pendant les vingt premières années de ma carrière professionnelle, j’ai fait des centaines de déplacements (plus d’une nuit par semaine à une époque). C’est une habitude à prendre. Je suppose que des millions de travailleurs connaissent ça… Et que certains n’aiment pas. Moi si.

Arrêtez donc de regarder les solitaires comme des tordus : ils ont une raison particulière de l'être. Tiens ! Pendant un temps, pour citer encore mon cas personnel, j'allais tous les soirs à 19h à l'Aéro (bistro que je fréquentais le week-end) uniquement pour éviter de rencontrer certains gugusses à la Comète, d'où ils partaient vers 19h20. J'étais donc tout seul au comptoir, papotant avec le patron d'alors s'il avait le temps.

Je vais formuler une autre réponse mais je ne sais pas à quelle question elle pourrait répondre. Cette réponse en question sera en deux volets.

D’une part, les comptoirs de bistro sont essentiellement fréquentés par des cons. L’explication est assez dure à formuler mais on est toujours le con d’un autre. Allez les écouter le matin, à l’heure du café, c’est-à-dire avant que l’ivresse ne les prenne, ce sont toujours des cons.

Pour être plus précis et sans vouloir me lancer dans une explication… qui relèverait de la psychanalyse de… comptoir, il y a une part importante de tordus, de lascars pas intégrés à la société, ayant des centres d’intérêts qui vous dépassent ! Il y en a d’autres qui ont des « sujets de discussion uniques » (voyez le nombre d’imbéciles qui ne parlent que de PMU…) qui ne vous intéressent pas.

D’autre part, les comptoirs de bistro sont aussi fréquentés par des ivrognes, occasionnels ou vraiment alcooliques qui deviennent rapidement exubérants, chiants, …

Je n’aime pas parler avec des cons ou des ivrognes. J’espère avoir répondu à une question et je vais préciser la réponse à la première question de ce début de billet : quand vous rencontrez un type dans un bistro, il y a neuf chances sur dix, au minimum, pour qu’il appartienne à une de ces deux catégories (et plus fréquemment des deux). Il aura envie de parler avec moi par nature mais pas moi, merci. Ainsi, quand un type m’adresse la parole, je fais tout pour botter en touche. Ca n’est qu’au bout de quelques temps, quand j’ai pu constater qu’il pourrait avoir de l’intérêt que je commence à l’écouter quand il me parle.

En complément, dans les bistros, il y a une partie des gens, surtout des personnes relativement âgées, qui viennent pour rechercher de la compagnie. C’est triste, bien sûr, et il est probable qu’à la retraite je devienne ainsi. Il n’empêche que vous n’avez pas forcément envie de parler avec elles, d’animer une conversation qui vous emmerde et tout ça. Vous êtes en train de vous dire que je suis un fumier mais je vous renvoie volontiers le compliment : c’est uniquement par pitié que vous daignez vous intéresser aux gens. Bravo…

Vous voulez encore une réponse sans question ? C’est simple : les amis de mes amis ne sont pas nécessairement mes amis. Le vieux Jacques, par exemple, ramène souvent des cons qu’il a rencontrés dans d’autres bistros. Le vieux aime bien tous les types un peu joviaux qui rigolent de ses jeux de mots. Du coup, quand je rencontre Jacques avec un de ses cons, je parle avec lui, je ne suis pas un ours, mais je préfère souvent changer de bistro ou me fourrer dans mon iPhone. De fait, comme on rigole bien, le gars me prend pour un type sympathique, à tort ou à raison, et s’attache à moi. Si je le rencontre dans un bistro sans le vieux Jacques, il viendra me causer. Ca me gave. Ils sont d’ailleurs à ranger dans la catégorie des cons détaillée précédemment.

Vous vous posez toujours des questions et j’ai plein de réponses.

Mais ça sera pour un autre jour.

Tout ça m’a donné soif. Je retourne au comptoir.

13 commentaires:

  1. @France15eme ça sera pour en autre jour, j'attends la suite.;)

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  2. Elle ne serait pas inversée, votre photo ?

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    1. Les bouteilles sont à l'endroit pourtant.

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    2. Ben oui. Pourquoi inversée ?

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    3. Je ne sais pas, une impression de voir le comptoir de la Comète mais à l'envers.

      Il est vrai que, lorsque je vais à la Comète, c'est moi qui suis à l'envers.

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    4. Aucun rapport (vraiment : le comptoir de la Comète est foncé sur le devant et en "zinc" - inox ? - sur le dessus). C'est une photo que j'ai pris au hasard dans Google.

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  3. Bon, t'arrêtes de me parler pendant que je bois paisiblement une bière ? (tu parles tout seul, là)

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  4. Pareil que toi.
    Dans le train aussi il y a des gens qui essaient de lier conversation ... J'aime pas qu'on me parle dans le train, souvent j'ai du travail, ou envie de rêvasser ...C'est pas parce que c'est un espace public qu'on est obligé de répondre aux sollicitations. C'est pas dans le train où il y a plein de monde, que j'ai envie de rencontrer du monde. Bizarre ? Oursonne mal léchée ? Sans doute.

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    1. Tu as raison : le train, c'est pareil. J'aurais du y penser. Il y a plein de truc comme ça, comme le bureau. J'ai horreur de ces moments - hors pause déjeuner - où des collegues nous forcent à entrer dans leur intimité.

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  5. Tu viens d'économiser 70, 100 OU 200 Euros de divan ...
    Tes états d'âme bistrotesques vont peut-être alimenter une conférence d'un éminent sociologue.

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