01 février 2013

Scènes de quartier

Nous sommes le 1er du mois. Un tas de braves gens font la queue dans le métro pour renouveler leurs titres de transport. Une éternelle routine alors que ça fait 16 ans, je crois, que j'ai une carte Navigo à prélèvement mensuel. Il faut crois qu'un tas de gens sont vraiment dans la merde financière pour ne pas choisir une telle option ou pour renouveler leurs cartes Orange. Ils ne pouvaient pas le faire hier matin ?

Hier soir, j'arrive à la Comète. Tonnégrande m'attendait en terrasse. Trois jours que je ne l'avais vu. Il était en séminaire de direction avec sa boîte. Il a appris qu'elle connaissait des difficultés financières. Décidément. 

Il me dit : "c'est quoi ce bordel ? Le Jean Bart était fermé à 18h30". Un client : "Tiens ! Hier aussi."  Le Jean-Bart est un bistro de la place, diamétralement opposé à la Comète. J'y vais rarement mais c'est le repère de quelques potes, comme Marcel Le Fiacre. J'y passe à l'occasion, notamment quand l'escalator du métro est HS : autant sortir du côté opposé. 

Vers 20 heures, Tonnégrande prend son bus et je vais à l'Amandine. Il restait deux clients dont Aïcha, une dame de mon âge qui picole pas mal mais qui reste toujours correcte, sympathique (mais volubile). A côté d'elle, une espèce de type dérangé du quartier. 

Ça fait une quinzaine de jours que je le connais. Michel, le patron de l'Amandine, le connait depuis longtemps. Depuis quelques temps, il vient plus tard. J'ai rencontré ce type à l'Amandine, un soir. Nous avons échangé un peu puis il est parti. Quand je suis redescendu à la Comète, il y était. Un pote à moi aussi mais je ne sais plus qui. En un quart d'heure; ce gugusse avait drôlement changé. Là, il reprenait les propos que je tenais avec mon pote, les marmonnais dans son absence de barbe en rajoutant, parfois "ouais, c'est ça connard" ou ce genre d'amabilité. A un moment, je n'en pouvais plus et je l'ai rembarré assez sèchement. Il est parti sagement. 

Le lendemain, quand je suis arrivé à l'Amandine, il discutait avec Michel de la soirée de la veille. Il avait tout oublié de la soirée sauf qu'il s'était fait engueulé par un gros frisé avec une cravate (à chier ?). Quand je suis entré, il m'a reconnu et m'a présenté ses excuses. Je lui ai alors raconté la soirée de la veille. Il m'a à nouveau présenté ses excuses et m'a offert deux verres. Les excuses étaient acceptées. S'il fallait se fâcher avec tous les imbéciles bourrés...

Hier, il était au comptoir. Je l'ai salué après Aïcha et je me suis mis le plus loin possible (au moins trois mètres !). J'ai bien vu qu'il n'allait pas bien mais il ne titubait pas. Par moment il soulevait un tabouret de comptoir à côté de lui et en observait les pieds. C'était étrange. Avec Michel, nous étions pliés de rire. 

Il est parti, suivi de peu par Aïcha. Je suis resté avec Michel pour papoter le temps qu'il "fasse sa caisse". Je lui ai demandé s'il savait pourquoi le Jean-Bart était fermé de bonne heure le soir, depuis deux jours. Il m'a répondu qu'un client lui avait dit qu'en fait il était fermé pour inventaire, ce que m'a également dit la patronne de la Comète, ce matin. Ils n'en savaient pas plus. 

Je suis revenu à la Comète où j'ai rapidement été rejoint par le vieux Joël. Nous avons commencé à corriger les mots fléchés du Parisien de l'avant veille. Bourré d'erreurs, de ratures,... Je n'ai jamais compris comment un type pouvait être assez con pour piquer le journal d'un bistro pour y faire les mots fléchés puis mettre des mots plus ou moins au hasard parce qu'il ne trouve presque rien. Il m'arrivait de faire des mots fléchés très durs (comme, à une époque, ceux du JDD) et de ne quasiment rien trouver. Ce n'est pas pour ça que je mettais des lettres sans être sur de moi ! Les gens ont un rapport un peu spécial avec leurs propres capacités de maîtrise de la langue. 

Remarque ! J'écris bien des conneries dans des blogs, moi...

Peu après, nous avons été rejoints par un type qui s'est présenté comme une de mes connaissances de Twitter, @joncqui. Je suis resté le regarder comme un imbécile. "C'est bizarre, j'ai l'impression de te connaître !" "Ben oui, je suis déjà venu". J'étais confus. 

Martial est arrivé. De fait de leurs boulots réciproques, ils avaient un tas d'histoires à se raconter. Je suis resté les écouter. Je ne sais pas à quelle heure ils ont commencé. Je suppose que @joncqui est arrivé vers 21h ou 21h30… et nous sommes partis un peu après 22h30. Des histoires de Tour Eiffel où ils ont travaillé tous les trois...

A 21h20, j’ai envoyé un SMS à Ramdane pour lui demander ce qu’il foutait. Il était encore au bureau. A 22h, il m’a demandé si la Comète était fermée. Je lui ai répondu que ça allait arriver. Il a alors demandé si l’Aéro était ouvert. Le rideau était presque entièrement baissé. Alors il m’a dit qu’il passerait au PMU. Je lui ai dit que je venais de voir le patron rentrer.Il avait encore une bonne demi-heure de métro.

En rentrant à la maison, je lui ai envoyé un SMS pour lui dire que tout était fermé.

Ce matin, en prenant le métro, j’ai constaté que le Jean-Bart était ouvert. J’ai eu la flemme d’aller voir mais je suppose qu’il y avait de nouveaux patrons. Les anciens auront disparu du quartier et je ne les verrai plus jamais. Sensation étrange.

Nous sommes le 1er du mois. Un tas de braves gens font la queue dans le métro pour renouveler leur titre de transport. Une éternelle routine alors que ça fait 16 ans, je crois, que j'ai une carte Navigo à prélèvement mensuel.

4 commentaires:

  1. ✿ ❊ ✿ ❊ ✿ ❊ ✿
    Hello et merci Nico
    pour ces scènes de la vie quotidienne qui me replongent un peu dans la vie parisienne.

    je t'envoie des bises ensoleillées
    et je te souhaite une bonne fin de semaine!!
    ✿ ❊ ✿ ❊ ✿ ❊ ✿

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    1. Merci, toi aussi ! (tiens ! J'ai du oublier de m'abonner aux commentaires, chez toi, je n'ai pas vu ta réponse. J'y fonce...).

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  2. Où le quotidien est parfois une jolie histoire à raconter...

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    1. Oui. J'adore. Je pourrais en faire des tonnes. Rien que l'échange avec Ramdane mériterait un billet sur le blog politique. Le gars seul qui part si tard du boulot va arriver trop tard pour avoir un bistro ouvert et une vie sociale hors du travail.

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