18 juillet 2010

Papy n'a pas fait de résistance

Putain de crabe. 10 ans avec, qu’il a vécu, Bernard Giraudeau. Dans 8 jours, ça fera dix-huit ans que mon père en est mort. 18 ans, c’est énorme. J’en ai fait des choses, depuis ! Changé deux fois de boulot, acheté un appartement, deux voitures, quatre ou cinq ordinateurs,… 18 ans.

Et maintenant, on vit dans l’instant. L’information la plus rapide qu’il soit. C’est dans twitter que j’ai appris la mort de Bernard Giraudeau, hier. Un twit d’Antoine, résumant parfaitement ma pensée.


J’ai été vérifier Google News. Il avait raison. Un peu après, je tombe sur un twit d’Yann, qui annonçait son billet d’hommage.

J’ai répondu, je crois : « moi aussi, je ne sais pas pourquoi ». Olympe et Doudette ont tenté de trouver des explications. Olympe nous a retrouvé une récente interview de Giraudeau, dans Libé (lisez, je vous le conseille).

Mais non, c’est autre chose, une espèce de mélancolie, une page de ma jeunesse qui se tourne. Même si ça n’a rien à voir, ça fait un peu le même sentiment que lors de la mort de Ginette Garcin, le mois dernier. « Un peu triste » était le titre de mon billet, suite à une réflexion de Gaël.

Là, c’est pareil.
Yann a fait un billet. Je voulais le faire, aussi. Sortir ma tristesse en versant sans talent un modeste hommage. Ca aurait été mon boulot de blogueur. Brandir Partageons mon avis pour annoncer la mort d’un acteur. Ginette Garcin n’avait eu droit qu’au présent blog.

Mais j’ai renoncé. Je n’ai même pas pensé à faire dans la sobriété, comme Yann. Trois lignes. J’ai ouvert mon Word pour commencer mais qu’allais-je écrire ! Depuis 16 ans que j’habite bicêtre, je n’ai pas été au cinéma, j’en ai perdu l’envie, je n’aime pas ça. Dans le blog politique, je citais, ce matin, la patronne de la Comète. Au cours du même apéro, c’est moi qui ai appris à mes camarades de comptoir la mort de Bernard Giraudeau. La patronne ne le connaissait pas ! Tu parles, quand on fait les fermetures des comptoirs, l’activité au ciné du coin ou à la télé nous est étrangère.

J’ai ouvert mon Word puis j’ai pensé. J’avais appris l’information grâce à Twitter. J’étais probablement le premier blogueur à être au courant. L’information ne faisait même pas, encore, la une de la presse en ligne, juste une vague dépêche était reprise, le temps que les nécrologies soient rédigées. Dans ces conditions, si j’avais fait le billet sur PMA rapidement, comme je sais le faire, j’aurais été bien référencé. J’aurais eu un bon millier de visiteurs de plus.

Mais j’en ai marre, je ne joue plus. Putain de crabe.

La mort de Bernard Giraudeau a fait remonter en moi des souvenirs de jeunesse. Pas nécessairement plaisants, l’Année des méduses étant un des film les plus chiants que j’ai vu pendant ma carrière de cinéphile !

Je ne sais pas quoi.

Hier soir, à la Comète, j’étais le seul client au comptoir, avec Djibril. Deux ou trois gugusse dînaient en salle. La serveuse avait oublié son iPod et la patronne l’avait branché sur la sono. On a eu le droit à REM. Les souvenirs de la même période de ma vie me sont remontés en mémoire. Je ne sais pas pourquoi, j’ai pensé à nouveau à Bernard Giraudeau.


11 commentaires:

  1. Joli billet... Oui, putain de maladie. Putain de vie qui fait chier des fois...

    Bon dimanche quand même

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  2. Bel hommage qui nous ramène tous à notre propre histoire.

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  3. Yann,

    Merci. Ouais, ces histoires nous touchent pour notre propre vie.

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  4. Très joli billet. J'avais rencontré Giraudeau, c'était un homme de coeur et d'une grande gentillesse. Je l'ai vu sur scène. Il était un comédien épatant.

    A la télé, il passe une interview de lui datant de moins de 4 mois... comment peut-on passer de cet état de "vivant" sans stigmates à un état de mort ?

    Tu as raison, ce Cancer est une sale bestiole !

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  5. J'avais vu cette interview dont tu parles peu après le décès de mon épouse : ça m'avait retourné, car ses mots étaient si justes, que je m'étais cramponné pour aller au bout... J'y avais retrouvé le courage de ma chère et tendre, encore active dix jours avant son décès, malgré la douleur.
    Le mot de Doudette qui s'interroge sur le passage de la vie à la mort est très juste lui aussi. On a beau savoir l'épée suspendue, on essaie de se persuader que le fil est en acier, et que le pire n'arrivera pas. Et toujours, quand le fil a cassé, on se demande : et si on avait fait ci, plutôt que ça...
    Une grande pensée pour Giraudeau, homme de cœur, et pour ses proches.
    Philippe Chevé

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  6. Doudette,

    Merci. Oui, ça va trop vite.

    Philippe,

    Oui, j'ai été assez proche de plusieurs personnes mortes du crabe (un oncle, mais j'étais trop jeune, peut-être, mon père, Véronique, l'ancienne patronne de la Grenouille, ...) et à chaque fois, c'est pareil, on est persuadé que l'issue sera positive.

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  7. J'aimais beaucoup Giraudeau, sa discrétion, sa visible gentillesse. J'ai été peinée d'apprendre qu'il avait lutté toutes ces années pour ne retarder que l'échéance, finalement.
    Comme toi, j'ai hésité à écrire un billet mais qu'aurais-je dit ? Il est des gens comme lui qu'on n'a jamais appproché mais pour lesquels on éprouve une forme de tendresse.
    C'est toujours con à dire mais il faudrait chaque jour vivre comme si c'était le dernier et arrêter de se branler la nouille sur des conneries.

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  8. J'aimais beaucoup Giraudeau, sa discrétion, sa visible gentillesse. J'ai été peinée d'apprendre qu'il avait lutté toutes ces années pour ne retarder que l'échéance, finalement.
    Comme toi, j'ai hésité à écrire un billet mais qu'aurais-je dit ? Il est des gens comme lui qu'on n'a jamais appproché mais pour lesquels on éprouve une forme de tendresse.
    C'est toujours con à dire mais il faudrait chaque jour vivre comme si c'était le dernier et arrêter de se branler la nouille sur des conneries.

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  9. C'est une belle saloperie le cancer, ça vient t'apprendre que tu es toi-même vivant temporairement. C'est aussi mystérieux à cause de ses propres cellules qui décident de ne plus respecter l'harmonie de l'ensemble et à proliférer toutes seules, jusqu'à détruire l'organisme.
    Mon père, c'était en mai 2000…
    :-)

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  10. Fiso,

    J'ai vu des gens qui avaient fait un billet de trois lignes. Ca suffit peut-être pour Giraudeau : il n'y a pas besoin d'en dire plus.

    Poireau,

    Ouais, saloperie...

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