12 juillet 2010

Rebadgez !

Tous les midis, en semaine, je mange à la cantine. Au Restaurant Inter Entreprises, devrais-je dire. Pour se faire, j’ai un badge « sans contact » pour ouvrir la porte et un autre pour payer. On passe le badge devant une sorte de lecteur et ça s’ouvre ou ça débite mon compte.

Les deux badges sont identiques : des vulgaires carrés blancs. Un certain nombre de collègue a indiqué, sur leurs badges, le rôle de ceux-ci. Moi aussi, mais c’est effacé. Comme ça fonctionne très bien en passant les deux badges en même temps, c’est ce que nous faisons souvent.

Parfois, à la caisse de la cantine, ça merde. Il faut alors repasser le badge.

Ce midi, sur les trois caisses, seules deux étaient ouvertes. Je passe à une. La petite dame tape sur son clavier le menu que j’ai pris et me dit de « badger », affreux néologisme. Je « badge ». Elle me dit « Ah ! Ca marche pas, rebadgez ». Je rebadge. La machine se bloque.

La petite dame me dit « Ah ! Monsieur, vous avez bloqué la machine. » « Ah ! Non, je n’ai rien bloqué, c’est la machine qui s’est bloquée toute seule en lisant mon badge. »

Comme la queue s’entassait, elle passe à la troisième caisse en me disant « Vous vous attendez là, les autres vous me suivez. » Les gens suivent mais les premiers gueulaient pour avoir perdu leur bonne place dans la queue.

Comme ça durait (une trentaine de secondes, peut-être, mais dans certains cas, ça ressemble à l’éternité), elle me dit « Hé vous, changez de caisse aussi, venez ici… » Il y avait une dizaine de personnes à attendre : « Non, je ne changerai pas de caisse, je n’ai pas que ça à faire ».

Elle saute de son machin et vient me prendre mon plateau. Elle trépignait, toute rouge. Je fais semblant de lutter mais ne voulait pas insister, de peur qu’il se casse la gueule. Et elle fonce vers sa caisse et commence à taper ce que j’avais (je n’ai donc pas eu besoin de refaire la queue). « Ah ! Si vous n’aviez pas bloqué la machine ! » « Mais je n’ai pas bloqué la machine, j’ai passé mon badge, la machine s’est bloquée toute seule, je n’y suis pour rien et vous commencez à m’énerver, je suis le client, merde ! Ca fait cinq minutes que je perds du temps dans vos queues ! » J’ai pris tout le monde à témoin. Les gens, tous victimes quotidiennement de la bêtise de cette conne, y compris à l'instant puisque, comme moi, ils avaient perdu cinq minutes, ont approuvé en opinant ou en rigolant.

Elle, se voyant en minorité : « Ah ! Mais vous n’allez pas m’apprendre mon métier, repassez votre badge, là ! » « Si Madame, je vais vous apprendre votre métier, je suis un spécialiste de la norme ISO 14 443 ! » Et je passe mes badges. Par miracle ça marche.

Le coup de la norme ISO 14 443 était une blague privée à destination de moi-même. C’est elle qui définit le fonctionnement des cartes sans contact (je ne suis pas un spécialiste mais les aléas de mon boulot m’ont amené à me plonger dedans).

Je suis arrivé à table plié de rire et en colère à la fois, ce qui représente un exploit hors du commun. J’ai raconté ça à mes collègues qui avaient déjà presque fini de manger. Ils ne connaissent visiblement pas l’existence de la norme ISO 14 443, il faudra que je le dise au chef.

Finalement, j’ai bien mangé.

12 commentaires:

  1. J'adore ce genre de billets, cocasses et anecdotiques. Le quotidien de tout le monde, c'est fédérateur !

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  2. J'aime bien aussi ! Les petites histoires de tous les jours...

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  3. Nous, on a qu'un seul badge pour tout : on est une entreprise résolument tournée vers l'avenir.

    Quant à mon bento, il s'ouvre tout seul quand je lui enlève l'élastique (exactement comme une gonzesse amoureuse).

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  4. Didier,

    La cantine n'est pas sur le lieu de la boîte mais je brode un peu pour qu'on ne puisse pas faire de rapprochement en tombant sur le billet par hasard. Par contre, les conversations sont à peu près authentiques.

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  5. j'espère que ça ne t'as pas fait payer ton repas deux fois

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  6. Non, non, ... On a un site internet pour vérifier.

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  7. Pauvre petite dame...

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  8. Non. Quelle conne ! Elle mérite un licenciement pour faute grave. Elle a une heure de coup de bourre dans la journée (12h15 - 13h15), elle n'a pas à insulter les clients dès 12h20 même si elle est payée des clopinettes.

    Je veux bien défendre tout salarié, tout "exclu", ... mais à la seule condition qu'il me respecte. C'est pour ça, par exemple, que je ne suis sans concession pour les clochards.

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  9. J'adore la culpabilisation qu'elle essaie de te coller au passage, quelle conne !
    La norme 14443, c'est le RFID ?
    :-))

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  10. Poireau,

    La 14443 c'est le sans contact. J'ignore si le RFID passe par cette norme.

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  11. C'aurait été gâcher que louper ce billet. Nous, si la carte passe pas, on dit le numéro, et pi c'est tout.

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  12. Bal,

    Il y a eu un plantage Windows. L'écran s'est figé bêtement. En principe, on donne notre nom et ça passe.

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