21 août 2008

Bistro populo ou bobo

« Le peuple a changé mais c’est toujours sa rue ». Ainsi commençait le commentaire que je rédigeais chez Didier Goux à propos de ce texte que l’on pourrait qualifier de beau tout en conservant les sécurités nécessaires pour ne pas sombrer dans un conservatisme sordide (smiley ! smiley !) qui pourrait nous faire regretter notre monde moderne. Nous ne connaîtrions alors pas les Mc Do, le Coca Cola, les iPod, les Nike, les Mercédès Class A, la Techno et Zac Efron. Mais nous aurions déjà des guerres inintéressantes quoi que non télévisée : un soldat allemand émasculé à la baïonnette en direct pendant le JT de PPDA aurait de la gueule. Mais je m’égare, Montparnasse bien sûr, puisque c’était le quartier de mes débuts Parisiens.

Vous comprendrez que le commentaire que je préparais aurait été trop long : autant en faire un billet (et faire un lien dans les commentaires chez Didier de manière à lui piquer sauvagement quelques lecteurs égarés) et faire du hors-sujet…

Montparnasse ! Lieu d’accueil de tous les Bretons se rendant compte que « monter à Paris » est la seule solution pour ne pas avoir 40 ans de carrière professionnelle occupée à traire des vaches, des lapins ou tout ce qui peut se traire comme la petite serveuse du bistro d’à côté.

Ca fera vingt-et-un ans le 3 octobre que j’ai débarqué là-bas, ma valise en poche et déjà adepte des cravates hachées. J’avais réservé une semaine à l’Hôtel du Départ pour mon arrivée. Ma carrière professionnelle a alors commencé joyeusement entrecoupée d’un service militaire au Mont Valérien (pistonné par un ministre de droite, mais ne le dites à personne) et égayée de trois ans où j’ai pu bosser dans ma Bretagne natale tout en parcourant les quatre côtés de l’hexagone pour des motifs professionnels.

Jusqu’à ce jour béni de fin 1996 où, par hasard, j’ai goûté les demis au comptoir du bar tabac le Washington. Pendant 6 ans (si on enlève les trois passés en Bretagne), je considérais mon appartement comme une chambre où il faisait bon dormir, faire la fête avec les copains voire copuler, non pas avec le canari de la voisine ni avec des objets écervelés conçus pour mais avec des demoiselles, souvent aussi écervelées que les objets inanimés mais fort ludiques en question. Je considérais mon quartier uniquement comme le machin inutile mais indispensable entourant mon appartement. Le week-end, je plongeais dans le train pour retrouver la Bretagne.

Je parle de mon quartier et de mon appartement mais je devrais dire mes quartiers et mes appartements puisque j’avais pris l’habitude de déménager à chaque changement de job pour éviter les contraintes de transport, au grand dam de mes propriétaires successifs. Sans compter les quelques périodes à l’hôtel, j’ai habité successivement dans le 13ème, dans une petite rue qui faisait la jonction entre la rue Bobillot et la rue de Tolbiac, à moins de deux kilomètres de mon appartement actuel, au Mont Valérien, à Puteaux, dans le 15ème (rue de Lourmel, côté Bir Hakeim), à Poissy (un petit bled à côté, sans le moindre bistro) et, enfin, à partir de février 1994, au Kremlin-Bicêtre, qu’évoque Didier dans son billet sans mettre le moindre lien sur un de mes blogs.

Pendant 6 ans, je sortais beaucoup : des bars à bière, des concerts rock et des grandes brasseries, quelques cinés. Beaucoup de promenades à pied dans Paris, comme ce jour férié de 1989 où, avec mon copain Philippe, nous avions rendez-vous à Montparnasse à midi et devions dîner dans une brasserie dont la cuisine était mémorable, face à la Gare de l’Est. Nous avions fait tout le chemin à pied en passant par Port Royal, la Place d’Italie, … Nous avions fait le pari de faire tous les bistros de la route (sur un seul trottoir). Nous avions échoué pour des raisons qui m’échappent et ne peuvent en aucun cas être imputées à un manque d’entraînement. Contrairement à Laure Manaudou, nous étions très sérieux de ce côté-là, comme devraient l’être tous sportifs de bon niveau.

Je connaissais les trois quarts de Paris comme ma poche, le quart restant étant le nord-ouest à part un quartier où j’ai longuement bossé autour du haut des Champs.

C’est ainsi, dans ce quartier, que j’ai découvert le bar-tabac-brasserie le Washington, rue Washington. Je bossais alors, depuis mai 1996, rue de Berri. Mes collègues déjeunaient dans des « saladeries » ou achetaient des sandwiches dans des points chauds ou des paninis. J’en avais ma claque. Dix ans après, je n’ai d’ailleurs toujours pas compris pourquoi ces andouilles de cadres Parisiens des beaux quartiers préféraient manger des merdes à 5 euros plutôt que de dépenser 5 euros à se taper un sandwich à la baguette avec le pâté qu’un patron de bistro gourmet aura repéré chez son charcutier préféré accompagné d’une pression spongieuse.

Un jour, j’ai prétexté un boulot urgent à finir pour laisser les collègues partir déjeuner sans moi. Dès leur départ, j’ai foncé dans cette brasserie que j’avais repérée pour me taper un de ces plats du jour dont les petites brasseries Parisiennes ont le secret : choucroute, confit de canard, cassoulet, pot-au-feu, filet de bœuf, bœuf carottes, … J’ai progressivement pris l’habitude d’y déjeuner tous les jours, plus souvent d’ailleurs d’un sandwich au pâté et d’un pâté que d’une blanquette de veau à l’ancienne, budget oblige. Depuis cette époque, mais je sujet n’est pas là, j’ai toujours regardé d’un regard attendri mes collègues de bureau se demander s’ils allaient manger une quiche aux poireaux froide achetée à la boulangerie du coin ou chaude consommée à la cafétaria du Gymnase Club.

Le sujet n’est toujours pas là, mais à ce rythme, j’ai assez rapidement sympathisé avec les patrons (des vieux bougnats) et les loufiats (des chauves rigolards) du Washington ! Le client rêvé ! Celui qui quand il a des sous en poche se précipite sur la plat du jour et ne demande jamais à ce que les haricots verts soient remplacés par des brocolis, qui s’installe à la table ou au coin du bar qu’on lui a désigné, qui ne demande le journal qu’après avoir vérifié qu’un autre client ne l’avait pas en mains et qui paye en espèces, pas avec ces trucs modernes qui laissent des traces et obligent à déclarer tout le chiffre d’affaire ! J’ai déjà parlé du Washington, je ne vais pas recommencer, vous pouvez faire des recherches. J’ai encore l’émotion à l’œil en me remémorant quand j’ai découvert la vraie différence entre le café normal et le café décaféiné : le normal est servi dans une tasse blanche. Pour faire du déca, il faut transférer le contenu de la tasse blanche dans la tasse marron. Quand les patrons ont changé, 4 ou 5 ans après, la recette du déca avait changé. La cuiller du café normal était posé sur la soucoupe alors que celle du déca était posée en travers sur la tasse.

Vous comprenez pourquoi, maintenant, j’aime les comptoirs des bistros ! Mais je n’en suis qu’à la fin de l’introduction de mon billet que j’ai fait durer, emporté par des souvenirs… Je vais faire plus court pour le corps du billet mais la conclusion sera encore plus longue puisqu’il me faut bien extrapoler la vie Parisienne à celle de la Comète.

Progressivement, j’ai pris l’habitude d’aller me taper une bière ou deux après le boulot (j’ai découvert la Comète après le Washington), sans jamais abuser (sauf une fois, le retour durant 45 minutes, j’avais failli pisser dans le métro). Ca a duré six ans.

Six ans à boire des coups au comptoir dans ce bistro à 200 mètres des Champs. Au bout de quelques temps, je connaissais tous les clients : essentiellement des concierges et des « commerçants alimentaires » (les ouvriers habitent rarement dans le 8ème et les riches ne vont pas au comptoir mais en salle). Pour l’anecdote, dans la clientèle, on avait un neveu à Mitterrand, Micheline Dax (ainsi qu’une autre actrice de théâtre de la même époque dont le nom m’échappe) et Henri Leconte. Edouard Balladur passait parfois dans la rue, peut-être pour se rendre au restaurant le Taillevent qui se trouvait à une centaine de mètres.

Ainsi, neuf ans après mes débuts à Paris, j’ai découvert que les quartiers de Paris avaient des habitants, des petites vieilles qui passent tous les soir acheter un machin à gratter en promenant Médor, des abrutis qui vous piquent tous les soirs le journal alors que vous n’avez pas fini les mots croisés car il est plus urgent de vérifier les pronostics du tiercé, des concierges qui profitent de l’heure de sortie des poubelles pour avoir un prétexte à donner à leur épouse pour sortir de chez eux (et s’enfiler un demi), … Mais aussi des mères de familles qui viennent acheter des sucettes pour leurs mômes, des étudiants qui viennent prendre des chocolats chaud car dans la chambre de bonne de 7 m2 qu’ils louent, il n’y a pas la place pour mettre un réchaud, des « bonnes à tout faire » qui viennent se détendre en attendant que les patrons rentrent du boulot, …

Voilà ce que je voulais dire, en commentaire chez Didier : Paris a toujours ses habitants, mais on ne les voit plus.

Un petit peu parce qu’on ne les regarde pas. Trop jeune, on vadrouille dans Paris, trop vieux on s’installe en salle. Il faut rester au comptoir, bordel !

Beaucoup parce qu’ils sont masqués, surtout le midi, par les gens qui travaillent dans le quartier, traînent avec des collègues, …

Masqués aussi par la disparition de ses lieux de vie que sont les bistros mais aussi un tas de commerces de proximité. Rien que le coût de l’immobilier fait que vendre des cafés, des pressions et des Côtes-du-rhône ne suffit plus à assurer la pitance des tauliers.

Masqués surtout par l’évolution de la société et du Parisianisme idiot qui fait qu’on veut transformer toute la capitale en lieu branché en oubliant qu’il n’y a rien de plus sympathique qu’un petit bistro. Ce sont les bobos qui vont détruire Paris.

Voilà ! Il me faut maintenant conclure ce billet ce que je ne pouvais faire qu’en extrapolant cette dégénérescence à la Comète.

Peu après avoir découvert le Washington, j’ai découvert la Comète et me suis rendu compte que le Kremlin-Bicêtre avait aussi des habitants. La Comète a rythmé mon « 19 – 20h30 » pendant une douzaine d’année.

Sa récente transformation atteint le paroxysme de la bêtise collective. Avant de poursuivre mon explication, je tiens à préciser que ce n’est pas le patron que je critique mais l’environnement social ou économique qui l’a poussé à faire les modifications en question. Le patron est là pour gagner de l’oseille pas nécessairement pour animer les classes populaires du quartier !

Nous avions une brave brasserie des années 70… Pour en faire, un lieu branché, le patron a transformé le décor en celui d’un petit bistro populaire des années 30 ou 50, ceux qu’on voit dans les vieux films.

Et ça marche ! Les clients affluent, des types que nous n’avions jamais vus dans le quartier ! Ils viennent dans une imitation de bistro populaire pour boire des bières coûtant près du double (en terrasse) de ce qu’ils paieraient en face (au comptoir), à l’Aéro, où, pendant ce temps de fermeture de l’Amandine et du Jean-Bart, le vrai peuple du quartier s’entasse.

Le peuple évite l’imitation du bistro populaire faite pour les bobos… Le peuple a changé de trottoir car des bobos voulaient un bistro qui fasse peuple.

Avec Tonnegrande et le vieux Jacques, nous sommes les seuls clients du soir à continuer à venir quotidiennement à la Comète. Tonnegrande et moi pourrions aisément passer pour des bobos mais pas le Vieux ! Il y a plusieurs raisons au maintien de notre présence, la principale étant que rien ne justifierai notre absence : la Comète est de loin le bistro le plus agréable du quartier (à notre propre goût) !

En fait, les autres anciens clients ont déserté la Comète car ils ne retrouveraient plus leur environnement et car les prix avaient augmenté. Il faut dire que le peuple est parfois con. D’une part, la Comète a toujours été « la grande brasserie » rythmant les augmentations de tarifs du quartier. Je vais bien rigoler, lundi, quand l’Amandine va rouvrir après les congés et que Michel aura nettoyé son tableau des tarifs… D’autre part, les prix ont réellement beaucoup augmenté à la Comète. Par exemple, la Côte-du-rhône, au comptoir, est passée de 1€20 à 2€50. Pendant ce temps là, le verre est passé de 7cl à 14 et le pinard est passé en catégorie supérieure ! Autre exemple : le Ricard est passé de 2€ à 2€50 soit une augmentation de 25% ! Mais les bouteilles n’ont plus de doseurs… Hop ! 1 ou 2 cl en plus.

En aparté, je dois avouer une autre raison qui nous pousse, au moins Tonnegrande et moi, mais probablement aussi au Vieux, à rester à la Comète. Le « peuple » l’ayant déserté… il s’entasse dans les autres bistros du coin ce qui fait qu’on y trouve maintenant, dans ces autres bistros, une densité de cons bruyants absolument intenable. La présence de cons bruyants (populos ou bobos) est un défaut des bistros. Depuis début juin, ils sont concentrés…

La nouvelle Comète a deux mois. Il est trop tôt pour juger, il faut attendre le retour de vacances… et du mauvais temps.

J’espère simplement que je pourrais retrouver mon coin de comptoir, haut lieu d’observation des habitants du quartier, qu’ils soient bobos ou populos. Si dans le même temps, les cons bruyants, qu’ils soient bobos ou populos, peuvent disparaître, le paradis serait trouvé.

Mais si le concierge du coin ne vient plus boire son demi après avoir sorti les poubelles parce que son coin de comptoir est occupé par un bobo se tapant un Bloody Mary, je risque fort de me mettre à chercher du boulot en Bretagne, de repartir par Montparnasse vers des contrées envahies uniquement par quelques Anglais ravis de trouver des prix sympathiques et des bistros fermant tard, pas par des nouveaux branchés qui, avec 10% de la population, arrivent à masquer les 90% de types qui souhaitent vivre peinard.

Et préfèrent une Kronembourg pression à une Morito et une entrecôte frites à des sushis.

Putain ! Je suis réactionnaire. Et je fais des billets trop longs.

20 commentaires:

  1. Ce sont les bobos qui vont détruire Paris : entièrement d'accord avec vous. C'est du reste pour cela que je déteste Delanoë et sa bande de malfaisants, qui n'ont d'yeux (et d'argent) que pour eux.

    Vous avez en grande partie raison lorsque vous dites que le peuple est toujours là mais qu'on ne le voit plus. En partie seulement, à mon sens. Moi, il m'apparaît qu'on le voit toujours, mais qu'on a (ou qu'on est en train de) changer de peuple. Au fond, il ne sert pas à grand-chose de le déplorer comme je le fais trop souvent. Je suis d'ailleurs tout à fait résigné à ce sujet. Mais je trouve un peu saumâtre qu'on exige de moi qu'en plus je m'en montre heureux !

    Sinon, c'est amusant, j'ai bossé rue de Berri exactement 10 ans avant vous et j'ai plusieurs fois poussé la porte du Washington.

    Enfin, je suis bien content que mes petites pleurnicheries d'hier soir vous ai donné l'occasion d'écrire ce billet, fort bien venu.

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  2. Didier,

    Une précision avant de répondre à votre commentaire : c'est bien votre billet qui m'a inspiré celui-ci. Au début, je voulais en faire une réponse appropriée mais mon cerveau a vagabondé... Après avoir fait ce billet (ça prend quand même du temps ! dont celui de se réveiller), j'ai été relire le vôtre et je me suis aperçu que je l'avais compris à moitié de travers. Il faut toujours lire les billets deux fois (sauf les miens, ils sont trop longs).

    A moitié d'accord avec vous sur Delanoë et ses potes mais principalement sur la partie visible de l'iceberg (Paris Plage et autres conneries qui ne visent qu'à donner une "certaine image" à Paris en lui faisant perdre son âme). Par contre :

    1. La "boboisation" a commencé bien avant l'arrivée de Delanoë (je crois me décrire, dans la première partie de ce billet, pour les années 87 à 96, comme de la graine de bobo, à folâtrer d'un coin à un autre en m'accaparant de quartiers tout en m'en foutant royalement).

    2. C'est plus lié aux circonstances économiques (notamment le prix de l'immobilier qui rend impossible à une famille normale de vivre à Paris) qu'à Delanoë. Celui-ci les symbolise mais d'un autre côté, par exemple, fait tout pour limiter la circulation de leurs affreux 4x4 (oui ! les Bobos ne font pas que du vélo...)).

    Sur votre deuxième paragraphe, on a un peu changé de peuple à cause des trucs financiers ci-dessus, mais il y a d'autres phénomènes qui durent depuis cinquante ans, notamment la disparition des lieux de production dans Paris. Pas uniquement des manufactures, usines, voire des halles, mais d'un tas de petits boulots. Par exemple, il y avait un tas d'imprimeur (pour imprimer des papiers à en-tête, des cartes de visite, des cartes de resto, des affiches de spectacles, ...) qui employaient deux ou trois ouvriers hyperqualifiés pour rêgler ces machines compliquées. Ces trois ou quatre ouvrier ont été remplacé par des secrétaires qui rentrent des trucs dans l'ordinateur et qui envoient les grandes séries se faire imprimer en lointaine banlieue...

    On ne peut évidemment que regretter la disparition d'ouvrier dans Paris et ne pas s'en montrer heureux ! Mais comme vous dites, on s'y résigne.

    A propos du Washington, je crois maintenant me rappeler qu'on en avait déjà parlé.

    Pour votre dernier paragraphe : merci ! (mais mon billet est trop long : il en aurait fallu un avec l'introduction - la folle vie de ma jeunesse, un avec le corps il reste du peuple à Paris, et un avec la conclusion : la Comète dans tout ça.

    Mais quand je suis parti à rédiger un truc !

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  3. Il va de soi que la boboïsation a commencé avant Delanoë ! Je me souviens d'avoir vu, rue de Charenton, il y a presque 25 ans, disparaître une à une les vieilles épiceries yougoslaves, et aussi les bistrots à pochetrons, pour être remplacés par des boutiques de fringues et des bars à vins...

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  4. Il n'y a rien de pire que les bars à vin (à part les bars à eaux : sisi, ça existe). Ils ont néanmoins un intérêt : il y a du bon pinard.

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  5. Tiens, je regrette d'avoir trop fait de compliments avant, parce que là il faudrait en faire. Tu vas dire que je m' acharne. C'est l'usine.

    Vivre à Paris pour une famille, ça devient coton. Une fois le loyer et les courses payés, il n'y a pas franchement de quoi faire le cake au casino. (même l'épicerie Casino, tiens). Mais ça ne semble pas être un problème uniquement parisien, c'est la vie des classes moyennes, pas assez riches pour faire rouler, pas assez pauvre pour avoir des aides. Ce qui nous mène à une situation assez absurde.

    Même dans mon quartier - que Didier connait un peu - on sent que ça germe. C'est Montmartre qui va manger Barbès.

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  6. En compément pour vous tous qui vous acharnez dans la Capitale :

    LA PARISIENNE
    Marie-Paule Belle)


    Lorsque je suis arrivée dans la capitale, j'aurais voulu devenir une femme fatale
    Mais je ne buvais pas, je ne me droguais pas et n'avais aucun complexe
    Je suis beaucoup trop normale, ça me vexe

    Je ne suis pas parisienne, ça me gène, ça me gène
    Je ne suis pas dans le vent, c'est navrant, c'est navrant
    Aucune bizarrerie, ça m'ennuie, ça m'ennuie
    Pas la moindre affectation, je ne suis pas dans le ton
    Je n'suis pas végétarienne, ça me gène, ça me gène
    Je n'suis pas karatéka, ça me met dans l'embarras
    Je ne suis pas cinéphile, c'est débile, c'est débile
    Je ne suis pas M.L.F, je sens qu'on m'en fait grief, m'en fait grief

    Bientôt, j'ai fait connaissance d'un groupe d'amis, vivant en communauté dans le même lit
    Comme je ne buvais pas, je ne me droguais pas et n'avait aucun complexe
    Je crois qu'ils en sont restés tout perplexe

    Je ne suis pas nymphomane, on me blâme, on me blâme
    Je ne suis pas travesti, ça me nuit, ça me nuit
    Je ne suis pas masochiste, ça existe, ça existe
    Pour réussir mon destin, je vais voir le médecin
    Je ne suis pas schizophrène, ça me gène, ça me gène
    Je ne suis pas hystérique, ça s'complique, ça s'complique
    Oh! dit le psychanalyste, que c'est triste, que c'est triste
    Je lui dit, je désespère, je n'ai pas de goûts pervers, de goûts pervers

    Mais si, me dit le docteur en se rhabillant, après ce premier essai, c'est encourageant
    Si vous ne buvez pas, vous ne vous droguez pas et n'avez aucun complexe
    Vous avez une obsession, c'est le sexe

    Depuis, je suis à la mode, je me rode, je me rode
    Dans les lits de Saint-Germain, c'est divin, c'est divin
    Je fais partie de l'élite, ça va vite, ça va vite
    Et je me donne avec joie tout en faisant du yoga
    Je vois les films d'épouvante, je m'en vante, je m'en vante
    En serrant très fort la main du voisin, du voisin
    Me sachant originale, je cavale, je cavale
    J'assume ma libido, je vais draguer en vélo
    Maintenant j'suis parisienne et j'me surmène, j'me surmène
    Et je connais la détresse et le cafard et le stress
    Enfin, à l'écologie, j'm'initie, j'm'initie
    Et loin de la pollution, je vais tondre mes moutons.
    Et loin de la pollution, je vais tondre mes moutons. Et loin de la pollution, je vais tondre mes moutons,
    Mes moutons, mes moutons, mes moutons.


    [A force de ponctionner tout ce qui peut vivre dans les villes, on en fera des déserts pour touristes. Peut-être même qu'on pourrait créer des emplois de figurants ouvriers, boulanger, imprimeurs, etc. pour les photos !].

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  7. Balmeyer,

    Ca n'est certainement pas exclusivement Parisien, c'est sûr ! Mais Paris avait un âme qu'elle a perdu, contrairement à d'autres patelins.

    Poireau,

    Je l'avais oubliée, celle-là !

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  8. Nicolas : c'est ton (long) article qui m'y a fait penser. Je cherchais dans ma mémoire un élèment de l'arrivée des bobos et ma mémoire est retombée sur cette chanson. C'était vraiment, pour moi, la première apparition des bobos, version officielle !
    :-)
    Je garde une tendresse particulière pour Marie-Paule Belle, du coup !

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  9. A propos d'Afghanistan, Rimbus fait un bon article, je trouve :
    http://rimbusblog.blogspot.com/2008
    /08/afghanistan-rsistant.html

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  10. Vous plaignez pas, à Paris vous n'avez pas de groupes de "chants de marins" à tous les coins de rue !

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  11. Franssoit,

    Ca va nous arriver... On a déjà les bobos qui défendent les chanteurs dans le métro au nom de la création artistique.

    Alors ! Tu en dis quoi ! Vous avez ça dans le métro à Trégastel ?

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  12. @ Balmeyer : pour Montmartre qui va bouffer Barbès, hélas, je crains. Et quand ce ne sera plus bobo, mais carrément bourge, au final de l'évolution, les bobos iront ailleurs, dans le prochain endroit trendy. Et ceux qui n'ont pas les moyens iront encore ailleurs. Peut-être que la grande banlieue sera alors en Bretagne...

    @ Didier : il y a pire que les bars à vin. Les bars à tapas...

    @ Poireau : Merci pour Marie-Paule ! Bon sang, c'est presque la génération de mes parents, ça ! Si je suis née à Paris, c'est que mes parents y étaient "montés" quand ils étaient étudiants dans les années 60, avant de repartir vers d'autres horizons.

    @ Nicolas : en plus des bistros qui changent pour les bobos, il y a les boulangeries qui font de même. Et c'est une catastrophe ! On fait du pseudo-traditionnel fantaisie à des prix ridicules (pour aller avec le décor, sans doute), alors que dans la rue d'à côté, la boulangerie classique fait du *vrai* bon pain, mais les bobos ne s'en rendent même pas compte parce que les prix sont bas et que ça attire les petits vieux et les mères de familles nombreuses. Ou des petits employés méritants mais peu friqués, comme moi, bien sûr... Ah, mais !

    @ Franssoit : chants de marins ? Aaargh ! Ils aiment tant que ça l'ambiance colonie de vacance, ou quoi ?

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  13. Irène,

    Pour les boulangers, je suis d'accord ! Je crois d'ailleurs lancer deux piques dans mon billet (de mémoire, une première à propos des clowns qui achètent des tartes aux poireaux dans les boulangeries et une deuxième sur les sandwichez à la baguette Parisienne).

    Vive la baguette blanche !

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  14. Ah!!!...de mon temps...

    C'est la faute à Mai 68!

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  15. Oui, Jacques.

    Au fait, Tonnegrande, ça me rappelle que j'ai oublié de faire un billet racontant les circonstances dans lesquelles tu nous as quitté, ce soir. Tu partais te coucher après une dure journée le labeur et je te revois à cette heure ci sur les blogs !

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  16. J'ai eu un sommeil réparateur, après avoir vomi

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  17. Tiens, à propos, pourrait-on un peu exploiter le filon du vomi pour Tonnégrande, ça me ferait un break.

    ;-)

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  18. pourquoi ?
    les bobos ne vomissent-ils pas ?

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