15 octobre 2013

La semaine commence fort sur la ligne 7

Les Parisiens sont habitués aux incidents dans le métro, les habituels voyageurs malades, les problèmes de signalisation, les incidents graves de voyageurs et autres incidents techniques, colis suspects,... Je suppose que les provinciaux en rigolent ou nous plaignent. Toutefois, ils ignorent probablement deux conséquences. 

La première : le matin. Quand on a un impératif horaire, il faut prendre de la marge. J'ai deux lignes à prendre ce qui me prend 45 minutes. Si j'ai une réunion importante, je pars 1h15 avant. La deuxième : le soir. Cette espèce de déprime qui vous prend au moindre incidents. Vous prenez le métro à 18 heures, dix heures après être partis de chez vous. Vous allez arriver à 19 heures. Subitement, la rame s'arrête. Le monsieur dit dans le micro : "Nous sommes arrêté entre deux stations suite à la détection d'un colis suspect. Les équipes de déminage sont prévenues et vont intervenir."  Vous vous mettez alors à penser au temps qu'ils vont mettre pour intervenir, à la durée de l'intervention, aux conséquences pour le trafic suite à la reprise. Alors vous vous dites que vous êtes partis pour une bonne demi-heure de retard, peut-être plus, qu'en arrivant, il vous faudra encore faire les courses puis récupérer les enfants chez la nounou, les faire manger... Et qu'il sera 21 heures quand vous pourrez commencer à vous reposer, à penser à vous... Et vous êtes là, fatigué d'une journée de travail, debout, à ne rien faire à part pester contre un abruti qui a oublié son sac de courses sur le quai, ce qui obligé des démineurs à intervenir. 

Je me rappelle d'un matin, il y avait eu un accident grave de voyageur à Villejuif. Un suicide, quoi. Un mec qui s'est jeté sur les voies. Les pompiers doivent ramasser les morceaux. Quel boulot, tiens ! J'avais eu la chance d'être correctement informé et d'avoir pu prendre le bus. Comme il y avait la foule, j'avais été prendre un café au bistro du coin. Les gens étaient bien informés aussi pour une fois. Des témoins avaient vu la scène et raconté l'histoire. Ou inventé, peu importe. 

Je me rappelle avoir réussi à prendre un bus, tassé dans la foule. J'avais alors eu un sentiment étrange. J'avais envie d'égorger ce pauvre type qui s'était suicidé et qui foutait tant de types dans la merde.

Et vous finissez par avoir honte. 

Toujours est-il qu'hier et avant-hier, j'ai eu de nouveaux incidents. 

Hier. Je me lève et était incapable de me rappeler si j'avais une réunion le matin. C'est toujours ainsi quand je rentre en Bretagne : j'oublie de consulter mon agenda professionnel avant de partir, le jeudi soir. Pestant, je décide de prendre de la marge. J'arrive dans le métro à 8h15. Arrivée normale à 9 heures, pour une potentielle réunion à 9h30. 

Le quai était noir de monde. Comme j'avais de la marge, je m'en fous. Je décide de laisser passer une rame ou deux. En fait, les rames arrivaient à un rythme normal mais étaient toutes pleines. C'était étrange. Comme s'ils avaient décidé d'évacuer Villejuif... J'ai du laisser passer sept rames...

Le plus drôle, c'est que quand j'ai vu que j'avais obligatoirement grillé la marge, j'ai envoyé un SMS à un collègue à 9h05. Pendant que je le tapais, j'ai oublié de changer de métro. Non ! Ce n'était pas le plus drôle. J'arrive au bureau à 9h35. 35 minutes plus tard que les prévisions initiales. J'avais effectivement une réunion mais elle avait été annulée. Et les participants n'avaient pas été prévenus et s'étaient déplacés quand même. Me voilà en train de faire des mondanités (payer le café...) pour faire passer la pullule.

Ce matin. Aucune réunion. Je pars donc pour arriver au bureau à 9h30 mais je me mets en retard bêtement. Arrivée prévue 9h40. Je suis arrivé à 10h05. La rame, ligne 7, n'était pas chargée, elle n'avançait pas. Elle s'arrêtait à chaque fois entre deux stations. 45 minutes de ligne 7 pour un trajet qui en dure habituellement moins de vingt. 

C'est alors une autre forme de stress qui vous prend. D'une part, la peur de croiser le grand patron en arrivant. Ces gens-la n'aime pas quand les salariés débarquent après 9h45. D'autre part, vous ne pouvez pas dire à vos collègues la vérité. Ils ne croiraient pas que vous puissiez avoir deux jours de suite le même prétexte. Il vous faut en trouver un autre. 

Ce matin, j'ai dit que je m'étais rendormi...

18 commentaires:

  1. Je ne quitte mon domicile que 5mn avant mon arrivée au bistrot Joies de la vie provinciale

    RépondreSupprimer
  2. Les seuls suicidés que je pourrais croiser le matin quand je vais au boulot 10 minutes à pied c'est les gus qui se tapent le pastaga du matin aux deux bistrots qu'il y a sur mon chemin. (Enfin, ça c'est quand je travaille)

    RépondreSupprimer
  3. Ah ! le métro ! ...
    merci Nico pour cette publication qui me replonge dans cet univers

    Bonne journée !

    RépondreSupprimer
  4. Même en province...
    Je vais prendre le tram, beaucoup trop tôt, ce matin. Zut, un avis sur tableau lumineux : une rame en panne bloque tout. J'attends, j'attends. Je sais qu'ensuite j'aurai un bus à 10h02. 9h50, enfin un tram. A la correspondance, il est 10h03. Le temps de changer de quai, je rencontre la queue devant le bus, qui n'est pas démarré (le chauffeur n'est pas là). 10h12, rien. Enfin, voilà le préposé, même pas pressé. Il attend scrupuleusement l'heure du troisième véhicule pour enfin démarrer. J'arrive à mon rendez-vous chez le kiné, après une marche à pied forcée. Chance, il est juste prêt.

    Je me demande ce que cela aurait donné, si j'étais parti à l'heure de mon domicile. Le suivant aurait déjà été dans le cabinet, et j'aurais dû me rabattre sur la séance suivante, dans quelques jours.

    RépondreSupprimer
  5. Je trouve que les gens qui choisissent ce mode de suicide devraient se voir refuser une sépulture en terre chrétienne consacrée et voir leurs morceaux jetés aux chiens des refuges SPA. Pour leur apprendre à faire chier autant de monde avec leurs petits problèmes personnelles dont personne n'a rien à secouer.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Même pas. Qu'on les laisse se faire hacher ou écraser par les roues du métro. Ça évitera de faire chier les mecs qui doivent ramasser et de mettre en retard les clients.

      Supprimer
  6. Pas le temps de commenter, j'ai un métro à prendre ... la ligne 13 !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Elle est pire. Au moins la 7 il y a des jours où ça va.

      Supprimer
  7. Tu viens de me décrire une journée de transport de fils N°2.
    Dans les quotidiens il y a une rubrique chiens écrasés, j'espère qu'il y en a une pour les malheureux usagers !

    RépondreSupprimer

La modération des commentaires est activée. Soyez patients !