25 juillet 2013

La vraie histoire de la Bretagne

Après avoir fait quelques billets à propos de l’histoire, hier, je me suis fait engueuler par Didier Goux, tant pis. Au comptoir, je me suis alors demandé ce que je retenais de l’Histoire, telle que je l’avais apprise à l’école ou approfondi ensuite. Finalement, on apprend l’histoire par les faits qui ont concerné la France ou influencé notre civilisation. Je me suis rendu compte que l’on passait totalement au travers d’une partie de l’histoire, celle qui n’est pas venue de « la République » pour faire des livres d’école.

Je me moque parfois des « ancêtres gaulois » de mes copains noirs et kabyles mais en tant que Breton, je ne vaux pas beaucoup mieux. Mes ancêtres sont bien gaulois, probablement, et certainement britanniques, aussi… Par contre, j’ai appris l’histoire de France et pas celle de la Bretagne. C’est idiot. Notons bien que je ne suis pas devenu régionaliste. Je fais simplement un constat.

Préhistoire

Au paléolithique, jusqu’à 7000 avant notre ère, les bretons se caillaient tellement les couilles qu’il n’y avait pas grand monde dans le patelin. Au néolithique, pour se réchauffer, ils ont inventé une nouvelle religion avec de nouveaux usages funéraires. C’est la civilisation des mégalithes avec Carnac et tout ça.

Les scientifiques ne connaissent pas grand-chose de cette époque alors moi, vous pensez bien, je ne peux résumer Wikipédia qu’en moins de cinq lignes.

Cinq peuples celtes

Les Celtes sont une civilisation (une culture, des rites religieux, une langue,…) qui a occupé une grande partie de l’Europe mais qui a été poussée vers l’ouest au fil des invasions de barbares… Certains pensent que les Celtes sont une ethnie ou un peuple mais cela semble faux : c’est uniquement une civilisation. La christianisation l’a bien mise à mal et il ne reste plus que des évolutions des langues celtes, dont le Breton.

On considère qu’il y avait cinq peuples celtes sur le territoire de l’actuelle Bretagne au début de notre ère :
-         les Osismes : à peu près l’équivalent du Finistère et de la moitié ouest des Côtes d’Armor, la capitale étant ce qui est maintenant Carhaix,
-         les Vénètes : à peu près le Morbihan, la capitale étant Vannes,
-         les Coriosolites : à l’est des Côtes d’Armor et l’ouest de l’Ille-et-Vilaine, Corseul fût la capitale (près de Dinan),
-         les Redones, à l’est de l’Ille-et-Vilaine, avec Rennes pour capitale (ça n’a rien à voir avec Redon),
-         Les Namnètes, au nord de la Loire Atlantique avec Nantes pour capitale.

L’Armorique

C’est une immense région allant, en gros, du sud de l’estuaire de la Loire à celui de la Seine mais à l’époque, ils n’étaient pas très doués pour les frontières et l’archivage des données historiques. Elle était peuplée de tribus regroupées en confédération. Les Romains n’ont pas repris ce découpage quand ils ont fait leurs régions. Plus tard, l’Armorique a même été de la Somme à l’Aquitaine.

En gros, personne ne peut dire ce qu’était l’Armorique précisément. Tout ce qu’on sait, c’est qu’elle était composée de peuples, dont ceux que je citais plus haut, les plus célèbres étant les Vénètes. Les Vénètes étaient le peuple le plus riche et se livraient au commerce grâce à une marine solide. Tous ces peuplent étaient commandées par une noblesse archaïque (les Vénètes avaient néanmoins un Sénat), des enfilades de chefs et de chefaillons.

Juste avant notre ère, la Gaule était devenue très riche et les ritals avaient des visées sur nous. Les armées Celtes étaient en déclin alors que les romains étaient parfaitement organisés. Chez nous : trop de richesses, la décadence et tout ça. La vie est un éternel recommencement.

Les peuples de Gaule n’avaient plus d’armée, ils étaient obligés de demander aux Romains de faire la police chez nous pour repousser les invasions diverses. C’était un peu l’OTAN de l’époque. César en eu ras le fion et mit fin à l’indépendance de la Gaule, d’abord les Belges puis les Armoricains (d’après Astérix, c’est l’inverse), il envahit tout ça. Plus d’un million de morts, figure-toi, lecteur.

En Armorique, les Vénètes en prirent plein la gueule et leur flotte fut anéantie. Je précise ça parce que c’est à peu près tout ce que je me souviens de ce qu’on a appris à l’école.

Les Romains imposèrent leur culture, notamment chez les classes sociales supérieures, donc dans les villes. Ils ont même débarqué après avec une religion qui nous ont refilée, toujours dans les villes, essentiellement. Tout cela a duré quatre ou cinq siècles mais les romains sont un peu parti en vrille, la Gaule était envahi par des clowns de l’est, genre Wisigoths. D’ailleurs, les peuples germaniques (Jutes, Saxons, Angles,…) ont commencé à envahir lire de Bretagne (ce qui est aujourd’hui la Grande Bretagne). Les indigènes ont été repoussés et beaucoup se sont réfugiés en Armorique (en gros, la Bretagne et la Normandie actuelles).

Dans la France, on connaît assez bien l’épisode de Clovis que l’on peut considérer comme le premier roi de ce qui devint la France, il a unifié un tas de royaumes francs.

Les Bretons envahisseurs avaient une culture proche de celles des locaux, issue des Celtes. Tout allait relativement bien. Sauf que ces andouilles ont aussi amené l’organisation religieuse. Surtout, ils ont envoyé des moines pour s’occuper des gens. Ils ont créé huit évêchés.

Toujours est-il que notre région devint « la petite Bretagne » puis « la Bretagne ». Le fait que les braves soient chrétiens a facilité les alliances avec les Francs qui ont bien essayé de foutre le bordel chez nous mais ont abandonné.

Le temps des Mérovingiens

Ces braves gens sont ceux qui ont régné sur ce qui deviendra la France, le pays à l’est de la Bretagne… Vers 450 après JC, il y a eu un tas de guerre dans tous les sens, des invasions et tout ça mais la frontière du royaume à l’ouest de « la Bretagne » allait, en gros, de Saint Malo à l’estuaire de la Vilaine. Rennes et Nantes n’étaient pas en Bretagne et ceux qui me parlent de Bretagne historique sont rigolos.

Il y a eu quelques guerres, ça a changé un peu, notamment Vannes a d’abord été pris les « grands Bretons » puis repris par les Francs de Pépin le Bref en 753. Quand Charlemagne est arrivé au pouvoir, la frontière était donc encore plus à l’ouest que cette ligne…

Charlemagne a alors créé « la marche de Bretagne », regroupant les comtés de Nantes, Vannes et Rennes, pour se protéger des invasions des « Grands Bretons » qui auraient pu se pointer par là vu qu’on était potes avec eux.

Mais nous ne sommes déjà plus à l’heure des Mérovingiens, il est temps de changer de chapitre.

Royaume de Bretagne

Ainsi, jusqu’à la fin du 8ème siècle, il y avait un tas de petits royaumes, en Bretagne. C’était le bordel. Du coup, Charlemagne a envahi tout ça pour rétablir la paix et y a ajouté « la marche de Bretagne ».

Louis 1er, dit le Pieux, fils de Charlemagne, a nommé un noble Breton, Nominoë, pour gérer le coin en 845. L’histoire ne dit pas s’il avait du poil dans les oreilles. Elle est d’ailleurs assez peu précise pour cette époque.

Nominoë fut donc le premier type à la tête de la Bretagne, dans la première moitié du 9ème siècle ce qui ne nous rajeunit pas. Pour résumer, on va dire que c’est lui qui l’a unifiée. Après, il s’est associé avec des évêques et d’autres guignols pour rendre la Bretagne indépendante et envoyer chier les descendants de Charlemagne.

C’est son fils, Erispoë, qui a été le premier à être officiellement reconnu comme roi par le petit fils de Charlemagne, Charles II le Chauve, fondant ainsi le Royaume de Bretagne en 851, même si Nominoë s’est fait couronner en 849 et reconnaître par le pape.

A force de faire la guerre aux Mérovingiens, le royaume de Bretagne était vachement gros au milieu du 9ème siècle. Il allait jusqu’en haut du Cotentin et débordait sur l’est et le sud.

Nominoë et d’Erispoë donnèrent un tas de raclée aux salopards de Mérovingiens mais ils étaient aussi emmerdés par les vikings. Cela étant, Erispoë a été assassiné par son cousin Salomon qui lui prend le poste avant de prendre sa retraite en 874. Après c’est le bordel complet comme dans « le royaume de Francie ». On est envahis de partout, notamment par les Vikings qui avaient déjà colonisé la Normandie. Une partie des bretons s’est cassée sur l’ile voisine, la Grande Bretagne, un peu comme s’ils rentraient au pays…

Les Bretons ont fini par gagner mais tellement affaiblis que le royaume devint un duché. Alain Barbeforte qui commandait l’armée devint duc et « prête hommage » à Louis IV en 942.

Le Royaume de Bretagne dura donc de 851 à 907, précisément. De 907 à 936, c’était le bordel.

Le duché de Bretagne

Alain Barbeforte était donc le premier duc de Bretagne. Duc et duchesses se sont succédés jusqu’à Anne de Bretagne et le rattachement de la France au Royaume à la fin du 16ème. L’histoire de cette période est bien plus connue car elle est plus récente mais offre peu d’intérêt, en fait.

Jusqu’en 1213, ces andouilles de Bretons se battaient beaucoup entre eux pour le pouvoir. En 1213, Alix, la duchesse de Bretagne fut mariée de force à un fervent capétien, Pierre de Dreux, qui avait été fait chevalier par le roi de France de l’époque, Philippe II Auguste, en 1209 ce dont on se fout totalement. Philippe Auguste était le premier roi de France, les prédécesseurs étant roi des Francs, qui ne change pas grand-chose. Toujours est-il que Alix est morte jeune et Pierre fut chargé de gérer la Bretagne jusqu’à ce que leur premier fils puisse le foutre dehors, 1237.

Pendant toute la durée du duché, il y a eu des alliances avec les Anglais ou les Français pour foutre sur la gueule des Français ou des Anglais. Les Bretons ont beaucoup accompagné les Français dans leurs guerres diverses et les croisades.

A la fin du 13ème, la réunion des vassaux du Duc (barons, évêques, abbés) s’appelait « le parlement » et, progressivement, une organisation s’est mise en place. Ce parlement devint « les Etats de Bretagne » avec différents domaines de compétences : finances, judiciaire et politique. Il était composé de représentants du clergé, de la noblesse et des villes mais la noblesse était largement plus représentée. Le parlement et « les Etats » coexistent et travaillent dans le même sens (en gros, diminuer le pouvoir du royaume). Le parlement avait un président qui pris le titre de président de Bretagne au début du 16ème.

Mais j’ai sauté une étape ! Anne de Bretagne fut la duchesse à partir de 1488. C’est la première Bretonne un tantinet célèbre et bien présente dans les livres d’histoire. Elle est arrivée là un peu par hasard : il n’y avait plus d’héritier mâle dans la famille.

En 1490, elle épouse le roi des Romains, futur empereur romain germanique, grand ennemi des Français. Ce sont encore des ritals qui ont foutu la merde. En 1491, elle épouse le roi de France, Charles VIII, en toute urgence. Elle devient reine de France et n’a plus le droit de porter le titre de duchesse de Bretagne. Elle passait son temps à glander de château en château mais ne revient pas en Bretagne.

Le roi est mort en 1498. Elle a épousé le suivant, Louis XII. Et hop ! La différence est qu’elle était à nouveau duchesse.

Quand elle est morte, sa fille s’est mariée à François 1er.

Comment François 1er a baisé les Bretons ?

En épousant Claude de Bretagne, la duchesse, fille d’Anne de Bretagne, en 1414, celui qui serait François 1er trois mois plus tard fut l’usufruitier de la Bretagne, comme Charles VIII quand il était marié à Anne.  

En 1532, l’unification de ce bordel était au point mort. Le président de Bretagne trouva une ruse et suggéra que ça soit son parlement, les Etats de Bretagne, qui sollicitent le rattachement (une histoire juridique, il fallait que la demande vienne des Etats). Ils ont probablement diffusé quelques pots de vin pour obtenir l’accord.

Et hop ! Nous voila à l’édit de Nantes, à ne pas confondre avec la grosse Edith qui officiait sur le port à l’époque de mes études à Nantes. Il a été promulgué le 13 août. En fait, il n’est surtout pas à confondre avec l’édit de Nantes dont je reparlerai plus loin.

Après l’édit de Nantes

En France, c’est le bordel dans le christianisme avec la réforme protestante. Les Bretons s’en foutent un peu mais ça évite les engueulades entre les Français « de souche » et les Bretons. Néanmoins, ces derniers rentrent dans ce bordel. Les catholiques se font aider par les Espagnols qui s’installent à Brest et les protestants par les anglais qui s’installent à Paimpol. Finalement, Henri IV se convertit au catholicisme et nous pond l’édit du Nantes en 1598 qui donne la liberté aux couillons d’exercer leurs diverses religions.

Et hop ! Le royaume reprend le pouvoir en Bretagne. L’économie devint florissante avec tous les ports et le fait le royaume ne fasse pas trop chier et laisse de la liberté.

Louis XIV et son compère Colbert tentent de réaffirmer l’autorité royale dans toutes les provinces, générant une belle opposition en Bretagne. Ca chauffe bien un peu partout. La politique du royaume avec l’Angleterre fout la grouille dans le commerce, en plus.

Vive la révolution !

Bon, y a 1789 et tout ça. La noblesse Bretonne n’a rien compris. Les cinq départements sont créés et la bourgeoisie occupe les postes intéressants. Les autres (paysans, clergé, nobles) sont un peu comme partout dans l’opposition. Cette dernière est particulièrement forte en Bretagne et ça chauffe beaucoup. Les conséquences économiques sont terribles.

La séparation en 5 départements fait que la Bretagne perd « son unité ».

Il y a alors différents phénomènes démographiques (la Bretagne était déjà une des régions les plus dense d’Europe) et les Bretons commencent à migrer vers Paris.

Toujours est-il que l’histoire de la Bretagne se confond avec celle de la France essentiellement depuis les années qui ont suivi la révolution…

Je résume…

La Bretagne aura été un pays unifié et relativement indépendant de la France entre son unification par Charlemagne à la fin du 8ème siècle jusqu’à son démantèlement en département à la fin du 18ème

Pendant 1000 ans, le poids de la France a augmenté progressivement et pas seulement en 1532.

11 commentaires:

  1. Bon ça manque un peu d'Alan Stivell, de Brutus gouvernant la flotte romaine qui dégomma les vénètes vers Belle-Ile et ça finit légèrement en queue de poisson (normal pour la Bretagne/ On sent le ras le bol), mais c'est très très chouette. Belle ballade dans le pays.

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    1. Merci ! On résume trop la Bretagne et son histoire à ces histoires.

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  2. C'est vrai que même les bretons ne connaissent pas l'histoire de leur pays...Merci pour ce survol historique qui m'a bien fait rigoler

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    1. De rien ... Et merci ! Je suis sidéré par le nombre de trucs que j'ai appris. Notamment le rôle des anglais dans la culture catholique de la Bretagne.

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    2. C'est drôle, ça. J'aurai pensé le contraire. La religion venant du continent vers les îles.
      Bonne suite de billets très intéressants parce qu'après tout, l'Histoire qu'on apprend à l'école est trop belle pour être la juste vérité.

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    3. Merci. Oui c'est bizarre.

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  3. Nicolas, juste une question à propos de François 1°,
    Il a baisé les bretons ou bien une bretonne (entre autres) ?

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